L épigraphie au village. Les colonnes civiques de Villaines-en-Duesmois (Côte d Or), 1830, 1848, 1870 - article ; n°1 ; vol.222, pg 556-566
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L'épigraphie au village. Les colonnes civiques de Villaines-en-Duesmois (Côte d'Or), 1830, 1848, 1870 - article ; n°1 ; vol.222, pg 556-566

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1975 - Volume 222 - Numéro 1 - Pages 556-566
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Maurice Agulhon
Pierre Lévêque
L'épigraphie au village. Les colonnes civiques de Villaines-en-
Duesmois (Côte d'Or), 1830, 1848, 1870
In: Annales historiques de la Révolution française. N°222, 1975. pp. 556-566.
Citer ce document / Cite this document :
Agulhon Maurice, Lévêque Pierre. L'épigraphie au village. Les colonnes civiques de Villaines-en-Duesmois (Côte d'Or), 1830,
1848, 1870. In: Annales historiques de la Révolution française. N°222, 1975. pp. 556-566.
doi : 10.3406/ahrf.1975.994
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1975_num_222_1_994MÉLANGES
L'ÉPIGRAPHIE AU VILLAGE :
LES COLONNES CIVIQUES DE
VILLAINES-EN-DUESMOIS (Côte-d'or), 1830, 1848, 1870
L'article qu'on va lire a deux auteurs, parce qu'il s'est
trouvé à la croisée de deux recherches, celle que mène l'un
d'entre nous sur le département de la Côte-d'Or de 1830 à
1852 (1), celle que poursuit l'autre sur « l'archéologie de la
République » en France (2). L'un de nous deux y a donc
davantage contribué par la connaissance du pays et par la
documentation locale, l'autre plutôt par la découverte initiale
du site, puis par la rédaction finale de l'étude. Au terme, le
travail est bien commun.
**
II ne manque pas de monuments, beaux ou laids, sobres
ou diserts, pour commémorer les événements de notre époque
contemporaine; l'étude qu'on en fait — quand on la fait... —
se situe tantôt sur les marges de l'histoire de l'art et tantôt
sur celles de l'histoire politique.
Du moins les étudie-t-on dans les villes importantes, et
à propos des régimes qui ont eu à la fois le plus de durée et
le plus de souci didactique (Monarchie restaurée ou Troisième
République). Il faut avouer qu'on pense moins — a priori —
(1) Thèse de doctorat, en cours d'achèvement, sous la direction
de Louis Girard (Université de Paris-IV).
(2) Une première esquisse sous ce titre dans Annales, E.S.C., janvier-
mars 1973. l'épigraphie au village 557
à chercher la trace dans nos communes rurales des soubresauts
du xix* siècle moyen. L'idée reçue n'est-elle pas celle de la
passivité — passivité bercée de religion, bien sûr — de la
province paysanne ?
Mais on peut quelquefois trouver ce que l'on ne cherchait
pas (3).
A la sortie nord du village de Villaines-en-Duesmois
(Côte-d'Or, arrondissement de Châtillon, canton de Baigneux-
les-Juifs, à quatorze kilomètres au nord-ouest de ce dernier
bourg, par la route départementale 21), l'attention est à peine
attirée par ce qui paraît être une banale croix de mission ; socle
de pierre quadrangulaire, portant une colonne de pierre à
chapiteau toscan, portant elle-même... — ici l'attention se fixe,
car la croix attendue est réduite à une seule tige de fer dressée
verticalement. On comprendra bientôt qu'il ne s'agit pas d'une
croix qui aurait été amputée de sa branche horizontale, mais
de la hampe d'un drapeau qui aura perdu avec le temps
son panneau de matériau plus fragile (étoffe, bois ou fer-
blanc). Le caractère laïque et politique du monument ne fait
pas de doute en effet, lorsqu'on s'est assez approché pour
déchiffrer les inscriptions, lisibles malgré l'érosion du calcaire;
les plus nettes sont celles du socle. On lit :
(face Est) « 22, 23, 24 Février 1848
à l'Union des peuples
(face Sud) « A l'héroïsme français Ouest) « [A] la Charte
(face Nord) « A La Fayette défenseur infatigable de la liberté ».
Les trois dernières formules évoquant assez nettement la
Révolution de juillet 1830, celle de la face Est est déjà fort
ement suspecte de provenir d'un remaniement postérieur; de
fait, elle est d'un graphisme différent, et plus grossier, comme
si on l'avait gravée à la place d'une autre inscription (évoquant
par exemple le roi des Français) effacée après février 48.
Lorsqu'on déchiffre enfin, plus péniblement, les inscriptions
de la colonne on parvient à lire « 27 28 29 Juillet 1830 la ... »
(suivent des traces de martelage et d'arrachement ou de frac
tures de plaques de métal jadis apposées). Il n'y a donc plus
de doute : il s'agit bien d'un monument patriotique érigé après
la Révolution de 1830, et à sa gloire, puis censuré, remanié,
et adapté lors de Révolution de 1848.
(3) On verra plus loin ce que l'un d'entre nous cherchait en venant
(non pas par hasard) à Villaines. 558 M. AGULHON ET P. LÉVÊQUE
Ces observations faites, on ne pouvait que poursuivre
l'enquête sur le terrain, dans les archives et les bibliothèques.
Elle devait conduire à bien d'autres découvertes de même
nature.
Un certain E. Nesle, qui publia à Beaune en 1860 un
Voyage d'un touriste dans l'arrondissement de Châtillon-sur-
Seine, remarque, sur la place principale de Villaines-en-Dues-
mois, celle de l'église, « deux choses [qui] fixent notre atten
tion, d'abord un puits artésien, construit sous l'administration
de M. Lambert, puis une colonne monumentale chargée d'ins
criptions curieuses » (4). L'emplacement excentrique actuel
de la colonne n'était donc pas le site d'origine. Nesle reproduit
les inscriptions, sans beaucoup de méthode, d'ailleurs, puis
qu'il ne précise pas si elles sont sur le socle ou sur le fût de
la colonne, et qu'il énumère des formules qui ne peuvent guère
avoir été contemporaines (la troisième et la sixième) :
« 1) 27, 28, 29 Juillet 1830, la Charte
« 2) 10 Décembre 1848 Louis Napoléon Bonaparte élu pré
sident de la République par 600 000 Français environ
(sic).
« 3) 22, 23, 24 Février 1848, à l'Union des peuples,
« 4) A l'héroïsme français.
« 5) A La Fayette, défenseur infatigable de la liberté.
« 6) A Louis Philippe, digne roi du choix des Français {sic). »
Du moins nous apprend-il l'existence de l'inscription
« 10 Décembre » (probablement inscrite aussi sur la colonne,
mais sur une portion du fût, diamétralement opposée à celle
où on lit « 27, 28, 29 Juillet »; on trouve en effet là aussi des
traces d'arrachement ou de martelage) . La colonne aurait donc
été retouchée non seulement au début de 1848, mais encore
une nouvelle fois à la fin de cette même année.
On connaît les circonstances de l'érection du monument.
Elle a été décidée par une délibération du conseil municipal (5)
en date du 2 novembre 1830 prise sous la présidence du nouveau
maire, le « patriote » et libéral notaire Lambert. Ce dernier
donna même l'existence de ce monument municipal, qui avait
été coûteux, pour justifier l'impossibilité où la commune se
trouvait de souscrire pour un analogue prévu au
(4) E. Nesle, Voyage..., p. 254. L'emplacement du puits artésien près
de l'église est établi par l'auteur d'une monographie plus récente,
R. Prudon, Villaines-en-Duesmois. Le Village. Le château et ses seigneurs,
dactylographié, 1968, p. 34 (un exemplaire en est déposé à la mairie
de Villaines, un autre aux Archives départementales de la Côte-d'Or).
(5) Arch, comm., Villaines-en-Duesmois, D 1-5. l'épigraphie au village 559
chef-lieu du département (projet qui resta d'ailleurs sans
suites) [6].
En revanche, les remaniements effectués à la suite de la
Révolution de Février ont été moins officiellement décidés, du
moins n'y en a-t-il aucune mention sur le registre de dél
ibérations de la commune. Mais l'origine n'est guère douteuse,
ils ne peuvent dater que de l'administration de Rousselet-
Dufoulon, le grand rival local de Lambert. Dans un document
postérieur, ce dernier, Lambert, évoque ainsi les circonstances :
« Lors de la Révolution de 1848 j'exerçais les fonctions de
Maire de la commune de Villaines-en-Duesmois. Je fus frappé
de révocation par les commissaires Joigneaux et James Demon-
try, qui me donnèrent pour successeur M. Rousselet-Dufoulon.
Ce dernier, aussitôt sa nomination, établit et présida un club
au dit Villaines;

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