L espace et son double - article ; n°20 ; vol.4, pg 51-72
22 pages
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Description

Réseaux - Année 1986 - Volume 4 - Numéro 20 - Pages 51-72
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Claisse
Le Plan Urbain
L'espace et son double
In: Réseaux, 1986, volume 4 n°20. pp. 51-72.
Citer ce document / Cite this document :
Claisse Gérard, Le Plan Urbain. L'espace et son double. In: Réseaux, 1986, volume 4 n°20. pp. 51-72.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1986_num_4_20_1230L'ESPACE
ET SON DOUBLE
Gérard CLAISSE
© Le Plan Urbain. DEUX CONCEPTIONS MYTHIQUES : NEUTRALITE ET REVOLUTION SPATIALES
Les transports et les télécommunications, comme technologies de
communication, de circulation des biens, des informations et des hommes,
sont des outils d'aménagement du territoire. Si les effets des transports
sur l'organisation spatiale ont fait l'objet de nombreuses analyses, l'éco
nomie spatiale reste trop souvent muette sur les télécommunications..
Ce mutisme analytique repose sur l'apparente non-matérialité et
transparence spatiales des réseaux de télécommunications qui, contrairement
aux infrastructures de transport, n'imprègnent pratiquement pas le paysage.
De l'invisibilité des réseaux à leur neutralité spatiale il n'y a qu'un pas
trop souvent franchi. Ce raccourci semble d'autant plus pertinent que les
télécommunications véhiculent une nouvelle conception de l'espace et du
temps : l'espace sans distance et l'instantanéité ou, en d'autres termes,
l'ubiquité. On pourrait cependant objecter à ce raisonnement que l'on
retrouve la distance et le temps au coeur de la tarification téléphonique.
On sortira alors la botte secrète de la neutralité spatiale : le réseau
TRANSPAC dont la tarification est indépendante de la distance.
Si l'indifférenciation spatiale des réseaux de télécommunications
justifie les discours implicites sur leur neutralité spatiale, elle vient
également â l'appui d'une autre thèse. Les télécommunications véhiculant
une tout autre conception de l'espace et du temps, l'espace sans distance
et la déterritorialisation des échanges, permettent d'envisager une tout
autre organisation spatiale libérée des contraintes de l'espace et du temps.
La neutralité et la révolution spatiales sont en fait deux concep
tions mythiques des effets des télécommunications sur l'espace qui relèvent
l'une comme l'autre d'une vision techniciste de l'organisation spatiale. On
retrouve ici un des vieux débats sur les effets structurants, direct oa
indirects, des transports sur l'espace.
53 Le développement des télécommunications n'est pas spatialement
neutre. Pour s'en convaincre, il suffit de penser au role qu'a pu jouer le
télégraphe, comme le chemin de fer, dans la conquête de l'Ouest aux U.S.A.
S'il est vrai que les réseaux de télécommunications, è la différence des
infrastructures de transport, n'ont pas d'effets de traversée, n'ont-ils pas
des effets de noeuds liés à la proximité, aux points d'accès des réseaux ?
L'enjeu des télécommunications ne nous semble pas non plus révéler
une tout autre organisation spatiale. S'il est vrai qu'avec des réseaux
comme Transpac, on entre dans une conception de l'espace sans distance, il
ne faut pas en déduire trop hâtivement que les télécommunications permettent
une tout autre structuration de l'espace, car ce serait tomber dans une
conception métrique de l'espace très réductrice.
Face à ces deux mythes, l'hypothèse que nous formulons est la
suivante : avant de modifier l'organisation de l'espace, le développement
des télécommunications s'inscrit dans une structure spatiale qui conditionne
l'architecture et la répartition géographique des réseaux.
L'analyse historique de l'évolution de la structuration des réseaux
et de la répartition géographique des terminaux confirme très clairement
cette hypothèse. La D.G.T., comme toute entreprise responsable, n'a jamais
eu pour objectif premier de câbler des déserts économiques et humains. Il
n'est donc pas surprenant de constater que la géographie des télécommuni
cations constitut un excellent outil de géographie économique puisque l'on
y retrouve les principales disparités entre : rural-urbain, régions dyn
amiques-régions enclavées, métropole d'équilibre-villes moyennes, Paris et
le désert français, ...
Cependant, si les télécommunications s'inscrivent dans une structu
ration spatiale, cela ne signifie pas pour autant que ces technologies
soient sans enjeux pour l'aménagement de l'espace. Le but de cette communi
cation sera d'identifier ces enjeux sur deux terrains particulièrement sen
sibles :
- la localisation des entreprises,
- l'organisation de l'espace urbain.
54 - LOCALISATION DES ENTREPRISES : VERS DE NOUVEAUX DEGRES DE LIBERTE ? 1
Point de passage obligé, l'analyse des effets des télécommunica
tions sur la localisation des entreprises est au coeur de notre dévelop
pement. L'hypothèse implicite avancée est que le développement des télé
communications ne peut modifier la structuration de 1 '.espace que s'il
modifie d'abord les processus, les stratégies de localisation des acti
vités économiques.
La question centrale est alors d'évaluer dans quelle mesure le déve
loppement des télécommunications est susceptible de modifier les straté
gies spatiales des entreprises ? Ceci nous amène à formuler trois inter
rogations :
- cette question a-t-elle un sens ou tout simplement est-elle sensée ?
- si oui, quel sens donner à cette question ou quelle est la place des
télécommunications dans les stratégies de localisation des entre
prises ?
- si cette place n'est pas négligeable, quel sens donner à la réponse
ou quels sont les effets à attendre ?
Avant de développer les deux dernières questions, répondons rapi-
diment à la première : le développement des télécommunications consti-
tue-t-il un enjeu pour la localisation des entreprises ? Cette question
a un double sens analogique et historique :
- analogique : si le développement des transports a permis à certaines
entreprises de se libérer des localisations traditionnelles à proxi
mité des voies d'eau ou des bassins de matières premières, on peut
raisonnablement penser que les télécommunications peuvent également
modifier les modèles de localisation des entreprises ;
- historique : la pénurie relative. en équipement téléphonique de cer
taines régions françaises y a pendant longtemps freiné le dévelop
pement et l'implantation d'entreprises.
55 SYSTEME DE LOCALISATION - SYSTEME DE COMMUNICATION 1.1.
L'objectif de ce paragraphe sera de déterminer la place du système
de communication dans le système de localisation des entreprises afin
d'éviter une analyse causale univoque des effets des télécommunications
sur l'espace. Il est donc utile de rappeler quels sont :
- les principales caractéristiques de la mobilité des entreprises,
- les principaux facteurs de localisation,
- la place du système de communication comme facteur de localisation.
1.1.1. La mobilité des entreprises
La des est relativement dynamique, essentiel
lement intra-urbaine, relevant plutôt d'un processus de restructu
ration fonctionnelle des services révélant une centralisation accrue.
La mobilité des entreprises est relativement importante. Aux U.S.A.
par exemple, selon des études citées par Ph. Aydalot, de 3 à 5 % des
entreprises se délocalisent chaque année (1). En France, on observe
la même tendance, la mobilité variant de 1 à 3 % selon les régions ou
les villes. Ainsi, sur 10 ou 20 ans, une bonne partie de la structure
spatiale est modifiée.
:' cette mobilité est essentiellement Deuxième caractéristique
intra-urbaine. Toujours selon Ph. Aydalot, la mobilité intra-urbaine
des entreprises représente les 3/4 de la mobilité totale ; la distance
moyenne séparant l'ancienne localisation de la nouvelle est de 10 km.
La mobilité des entreprises tertiaires correspond principalement
à un éclatement fonctionnel des activités. Une enquête réalisée auprès
de 347 établissements tertiaires montre ainsi que pour 54,5 % des
établissements la localisation correspond à la création d'un nouveau
service ou

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