L histoire coloniale de la France revisitée. A propos de publications récentes  - article ; n°1 ; vol.63, pg 257-268
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L'histoire coloniale de la France revisitée. A propos de publications récentes - article ; n°1 ; vol.63, pg 257-268

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Description

Revue du monde musulman et de la Méditerranée - Année 1992 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 257-268
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Finn Fuglestad
L'histoire coloniale de la France revisitée. A propos de
publications récentes
In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, N°63-64, 1992. pp. 257-268.
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Fuglestad Finn. L'histoire coloniale de la France revisitée. A propos de publications récentes . In: Revue du monde musulman et
de la Méditerranée, N°63-64, 1992. pp. 257-268.
doi : 10.3406/remmm.1992.2533
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1992_num_63_1_2533Fuglestad Finn
L'HISTOIRE COLONIALE
DE LA FRANCE REVISITÉE
A propos de publications récentes
Avec la parution presque simultanée de quatre gros volumes (plus de trois mille pages au total!),
nous disposons enfin de véritables ouvrages de référence concernant la colonisation française (P.
Pluchon et D. Bouche) et\ou de la France coloniale (J. Meyer, J. Tarrade, A. Rey-Goldzeiguer et
J. Thobie, G. Meynier, C. Coquery-Vidrovitch et Ch.-R. Ageron). Un vide vient ainsi d'être comb
lé1, quelle que soit par ailleurs l'appréciation que l'on peut porter sur le contenu de ces quatre tomes.
Si de tels ouvrages ont tant tardé à voir le jour, c'est bien entendu à cause du discrédit qui a long
temps frappé l'histoire coloniale, réputée vieillote, et surtout réputée être l'histoire de l'Un (le
colonisateur) sans l'Autre (le colonisé). C'est ainsi que l'histoire africaine, pour ne citer que cet
exemple là, a pris son élan en grande partie par opposition à l'histoire coloniale. Mais à force de
concentrer l'attention sur les colonisés et sur la scène locale, on a peut-être eu une tendance à
négliger les autres acteurs de cette histoire, les colonisateurs et les autorités compétentes en Europe.
C'est dans cette perspective, disons de "rééquilibrage", que s'insèrent, me semble-t-il, les quatre
tomes en question. Reste que le problème de l'Autre demeure (du moins à partir de la conquête d'Alger
en 1830).
Après les Histoires de la France rurale, urbaine, religieuse, etc., pourquoi pas une Histoire de
la France coloniale? Un tel titre présentait un triple avantage : se rattacher à une mode, se distan-
cier de l'histoire de la colonisation à proprement parler, et donc signaler fortement que c'est bien
de l'histoire de la France qu'il s'agit (ou qu'il est censé s'agir). Or, il se trouve, comme le note Charles-
Robert Ageron dans l'introduction, que [la] "France coloniale, c'est actuellement la face cachée ou
incomprise de notre histoire" (remarquez le "notre"...). Se pose alors la question de savoir ce que
c'est que la France coloniale, comment la définir. "Y a-t-il (même) une France coloniale ?", se
demande l'un des auteurs (Annie Rey-Goldzeiguer). Or, on découvre au fil des chapitres qu'il y a
RE.M.M.M. 63-64, 1992/1-2 258 /F. Fuglestad
quasiment autant de définitions implicites (jamais explicites) que d'auteurs, ce qui finit par créer
différences" (Ageron une certaine confusion. Que les auteurs n'aient "pas voulu gommer [leurs]
dixit), est certes louable. Mais l'absence d'unité de vue quant à la nature même du sujet traité, fait
que l'approche polyphonique manifestement voulue tourne parfois à quelque chose qui ressemble
à de la cacophonie. Autrement dit, les auteurs tirent à hue et à dia. Le problème central semble être
précisément la place à accorder à l'Autre, et plus généralement aux variations locales. Car si le colo
nialisme fut bien un système, il n'en demeure pas moins (comme le note un des auteurs, Gilbert
Meynier) que "la structure du système comporta d'importantes variations, [des variations qui] tien
nent, d'une part, à la diversité des réponses des colonisés [et] d'autre part à des comportements colo
niaux qui ne sont jamais pleinement continus, redevables à la spécificité locale de l'impact colonial".
Si donc au niveau thématique les contributions présentent une certaine confusion, c'est prin
cipalement à cause de l'absence d'un véritable chef d'orchestre, c'est-à-dire d'un rédacteur. Comme
Charles-Robert Ageron a écrit aussi bien l'introduction du premier tome (sans figurer pour autant
parmi les auteurs cités sur la couverture), ainsi que la conclusion et plus de la moitié du tome deux,
on peut raisonnablement supposer que ce rôle lui avait été initialement attribué. Si tel est le cas, on
ne peut que regretter que le projet initial ait été abandonné, étant donné qu' Ageron montre à tra
vers sa contribution (remarquable) qu'il est à peu près le seul des auteurs à avoir une idée précise
de ce que doit être une Histoire de la France coloniale par opposition à une Histoire de la Colonisation
française. Parmi les autres, certains donnent parfois la regrettable impression d'avoir perdu foi en
l'entreprise à mi-chemin. Ce qui donne malheureusement des contributions bâclées pleines d'approxi
mations voire d'erreurs, parfois même d'erreurs assez grossières. En particulier, l'orthographe des
noms propres est fréquemment fantaisiste (gare aux noms malgaches surtout!), et également chan
geante, ce qui entraîne d'ailleurs des catastrophes au niveau des index, ce qui donne aussi des
tomes dont la finition peut être qualifiée de peu soignée. Les index sont tout simplement indignes
d'ouvrages à prétention scientifique, et les cartes plus que sommaires. Les bibliographies quant à
elles recèlent des lacunes criantes, notamment au niveau de la littérature non-française2. Autre
problème, certains auteurs n'ont manifestement pas cherché à se documenter d'une manière satis
faisante sur les régions qui ne font pas partie de leur spécialité. D'où des paragraphes qui doivent
faire sursauter les spécialistes. Madagascar et l'Inde en particulier apparaissent comme des parents
pauvres dans ce contexte (je ne reviendrai pas sur ces aspects là de l'oeuvre).
Ceci étant, il ne faut pas en déduire que tout est négatif dans Y Histoire de la France coloniale.
Au contraire, l'œuvre contient tout de même des chapitres qui sont d'un très grand intérêt et d'une
valeur plus que certaine. Il s'agit surtout de signés Gilbert Meynier et Charles-Robert
Ageron ; chapitres qui ne tarderont pas à mon avis, à devenir des classiques dans leur genre.
Le meilleur et le pire en somme, quasiment côte à côte - et on ne peut s'empêcher de rêver à ce
que ces deux tomes auraient pu, auraient dû être.
Les différences au niveau de l'approche et des thèmes développés entre les deux Histoires sont
donc finalement minimes, ce qui nous permet de les traiter ensemble. Notons cependant, au niveau
formel, que si l'accent est mis dans Y Histoire de la France coloniale sur l'époque après 1830, c'est
largement l'inverse dans Y Histoire de la colonisation française. Autre différence notable: Y Histoire
de la France coloniale est l'oeuvre d'un collectif d'auteurs (sept au total), tandis que les deux
tomes de Y Histoire de la colonisation française sont l'œuvre de deux auteurs seulement, Pierre
Pluchon pour le premier et de très loin le plus gros (qui s'arrête en 1815), Denise Bouche pour le
second. Notons finalement que Y Histoire de la colonisation française est nettement plus "appét
issante", plus soignée dans sa présentation que son "rival". Les cartes et l'index sont au moins cor
rects. Mais si Pluchon et Bouche n'ont pas, eux, des états d'âme, et ne prétendent pas écrire autre L'histoire coloniale de la France revisitée / 259
chose que de la "bonne vieille histoire coloniale", sans complexes pour ainsi dire, on remarquera
tout de même une forte convergence de vue entre au moins Pluchon et Ageron quant à la position
actuelle de leur discipline. Ainsi Pluchon n'hésite pas à écrire - plus qu'amer - que "la colonisa
tion française... ne recueille que le mépris des historiens" (français). Il cherche bien entendu à mont
rer que ce mépris est hautement déplacé, et qu'en fait les colonies et les affaires d'outre-mer ont
joué un rôle bien plus important dans l'histoire de la France qu'on ne le dit d'habitude. Il y par
vient en grande partie (non sans laisser parfois libre cours à son tempérament, qui est incontesta
blement fort...). En outre, ce point de vue lui procure un fil condu

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