L image de la femme dans les épigrammes funéraires grecques - article ; n°1 ; vol.10, pg 85-112
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Description

Travaux de la Maison de l'Orient - Année 1985 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 85-112
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Anne-Marie Vérilhac
L'image de la femme dans les épigrammes funéraires grecques
In: La femme dans le monde méditerranéen. I. Antiquité. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean
Pouilloux, 1985. pp. 85-112. (Travaux de la Maison de l'Orient)
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Vérilhac Anne-Marie. L'image de la femme dans les épigrammes funéraires grecques. In: La femme dans le monde
méditerranéen. I. Antiquité. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1985. pp. 85-112. (Travaux de la
Maison de l'Orient)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0766-0510_1985_sem_10_1_2032L'IMAGE DE LA FEMME DANS LES
ÉPIGRAMMES FUNÉRAIRES GRECQUES
Anne-Marie VÉRILHAC
On reproche souvent aux épigrammes funéraires leur caractère conventionn
el, leur monotonie, leur pauvreté en détails précis sur la personnalité des défunts.
Évidemment, si l'on y cherche des portraits on ne peut qu'être déçu car là n'est
pas le rôle des épitaphes. Leur fonction consiste à être l'instrument de la survie du
défunt dans la mémoire des hommes en apprenant à tous les passants son nom et
ses mérites et en les incitant à lui adresser un salut avant de reprendre leur route.
Aussi offrent-elles du mort une image idéalisée, reflet du modèle admis et approu
vé par tous. A ce titre elles constituent des documents privilégiés pour l'étude de
la mentalité générale; en revanche ce qui est singulier, exceptionnel, marginal ri
sque d'y être passé sous silence. Pour exploiter cette documentation abondante qui
couvre une dizaine de siècles et toutes les régions du monde grec, il convient de ne
pas oublier ce caractère qui marque les limites de ce qu'elle peut apporter. Si on
les compare aux œuvres littéraires, qui sont marquées par la personnalité de l'au
teur, par les lois du genre, ou par des intentions didactiques, théoriques ou polé
miques, les épigrammes funéraires sont des documents beaucoup plus directs.
Elles ne sont pas pour autant le miroir non déformant de la réalité sociale et
familiale; elles constituent elles aussi un genre qui a ses règles et qu'il faut utiliser
avec prudence: capables de renseigner exactement sur la norme, elles n'apportent
que des indications fugitives sur tout ce qui lui échappe.
Ce que nous pouvons saisir dans tous ces textes c'est la conception que les
Grecs se faisaient généralement de la femme idéale, et quand je dis les Grecs il
s'agit bien des hommes: c'est d'ordinaire un mari, un père, un fils ou un frère qui
ensevelit la défunte et, même si exceptionnellement c'est une mère ou une fille,
elle ne peut, dans une épitaphe, s'écarter de l'opinion commune, or l'opinion
commune c'est celle des hommes puisqu'ils sont les seuls à pouvoir s'exprimer
librement. La femme elle-même, ses propres sentiments, sa manière de voir nous
échapperont. Les épigrammes sont incapables de nous apprendre, sauf peut-être
une fois en passant, par des voies détournées et peu sûres, si les femmes se plient
de bonne grâce au modèle qui leur est imposé ou si les exigences masculines
heurtent les aspirations féminines.
La femme dans le monde méditerranéen
TMO 10, Lyon, 1985. 86 A.-M. VËRILHAC
Quand on aborde cette masse considérable de documents on ne peut man
quer d'être frappé de leur uniformité (1). Si l'on envisage à priori un classement
en plusieurs groupes, placés respectivement sous le signe d'Aphrodite, de Péné
lope et des Muses, on ne tarde pas à s'apercevoir que la femme-objet parée des
seuls dons d'Aphrodite et la femme savante ou cultivée, la dixième Muse, n'exis
tent pratiquement pas et que la quasi-totalité des femmes est à l'image de Péné
lope: Pénélope, l'épouse, la mère, la gardienne du foyer, qui d'ailleurs possède
aussi la beauté.
Sur 85 textes où apparaît l'éloge de la beauté, dans 30 seulement, soit 35%,
il est le seul éloge (2). Or sur ces 30 épigrammes 15 au moins, soit 50%, sont
consacrées à des jeunes filles ou à des petites filles et 5 seulement concernent de
façon certaine des femmes mariées, les autres étant imprécises ou mutilées. De
surcroît l'une de ces 5 femmes est un cas particulier: elle est morte pendant les
fêtes de Demeter et le poète dit qu'Hadès, en voyant sa beauté, l'a enlevée comme
il avait jadis enlevé Koré (GV, 1551, Téos, Ilème-Ier s. a.C). Les circonstances de
son décès peuvent donc expliquer qu'il soit question seulement de cette qualité.
En outre, dans ces cinq textes qui, sauf celui de Téos, appartiennent à l'époque
impériale, l'éloge se réduit à un seul mot: καλή (GV, 133, Galatie, Ilème ou
Illème s. p.C; 1441, Pont-Galatie, même époque; 274 = Anth. Pal., VII, 330),
κάλλος (à Téos), eUoq άριστη (GV, 92, Philippopolis, Ilème s. p.C). Il s'agit donc
d'une série insignifiante par rapport à l'ensemble de la documentation, sauf pour
les très jeunes défuntes, à qui la mort n'a pas laissé le temps de faire preuve de
vertus conjugales.
Les femmes admises dans le domaine des Muses ne sont guère plus nombreus
es. Si l'on exclut les épigrammes de l'Anthologie pour des poétesses, on en compt
e 34, dont 10 au moins, soit 33%, sont pour des professionnelles, musiciennes,
mimes, danseuses, et 5 pour des enfants de 4 ans et demi, 5, 8, 10 et 15 ans (3).
1. La documentation a été réunie à partir des deux recueils de W. Peek, Griechische Vers-Inschriften (Berl
in, 1955) et Griechische Grabgedichte (Berlin, 1960), abrégés GV et GG, et complétée pour les textes
publiés ultérieurement grâce au Bulletin Êpigraphique de J. et L. Robert. Beaucoup d 'épigrammes ont
été rejetées par Peek. Elles appartiennent essentiellement à trois catégories: inscriptions chrétiennes,
fragments de peu d'intérêt, textes à la prosodie incertaine. Cette dernière lacune est extrêmement
fâcheuse : dans un poème impeccable et dans un texte semi-métrique, on trouve les mêmes thèmes et les
mêmes expressions, et toute étude sérieuse doit utiliser les uns et les autres. Pour tenter d'y remédier, on
a utilisé le recueil de G. Kaibel, Epigramntata Graeca (Berlin, 1879; réimpr. Olms, Hildesheim, 1965),
abrégé Epigr. , ainsi que deux corpus géographiques consacrés aux régions qui fournissent la majorité des
textes de cette sorte, les Inscriptiones Graecae Urbis Romae de L. Moretti (Rome, 1968-1979), abrégées
IGUR, et les Monumenta Asiae Minons Antiqua (Londres, 1928-1962), abrégés MAMA . Les abréviations
des revues sont celles de V Année Philologique.
2. N'entrent pas en ligne de compte les textes très fragmentaires, tels MAMA, V, R 28, où il est impossible
de voir si la beauté est le seul éloge, mais ont été retenus les textes où la mutilation ne semble pas affec
ter l'éloge.
3. N'ont pas été retenus les textes où le thème repose sur une restitution, comme GV, 1528. Parmi les épi-
taphes d'enfants, une seule renferme un terme précis, c'est celle qu'a publiée G.J.M.J. Te Riele, Mnemos
yne, 1964, p. 41-46, et qui célèbre une philologos de dix ans, «servante des Muses» (région d'Olympie).
De l'épigramme GV, 1361 (Athènes, Ilème s. p.C.) subsiste seulement l'exclamation αίαΐτής Μούσης...
(hélas! ... de la Muse) et l'indication de l'âge, huit ans. A Athènes (GV, 963, Ilème ou Illème s. p.C.)
une enfant de quinze ans, louée pour sa beauté, est appelée «interprète des Muses». Quant à la petite
Thalié, dont l'épitaphe est très mutilée, si, malgré son âge tendre —cinq ans—, on la dit regrettée des
Muses (GV, 756, Milet, Ilème s. a.C.) c'est peut-être pour la douceur de sa voix (le qualificatif des Muses
est ici «à la voix de miel» ; pour le thème du babillage enfantin voir A.-M. Vérilhac, Παίδες "Αωροι,
Athènes, ηβ34 et 74), mais aussi et surtout à cause de son nom. En revanche, seule la première de ces
explications est valable pour Gemenia qui, à quatre ans et sept mois, plaisait déjà aux Muses {IGUR,
1180). FEMME DANS LES ËPIGRAMMES FUNÉRAIRES 87 LA
Sont sûrement

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