L information romaine de Lamennais.  - article ; n°3 ; vol.71, pg 373-421
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Annales de Bretagne - Année 1964 - Volume 71 - Numéro 3 - Pages 373-421
49 pages

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Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Louis Le Guillou
L'information romaine de Lamennais.
In: Annales de Bretagne. Tome 71, numéro 3, 1964. pp. 373-421.
Citer ce document / Cite this document :
Le Guillou Louis. L'information romaine de Lamennais. In: Annales de Bretagne. Tome 71, numéro 3, 1964. pp. 373-421.
doi : 10.3406/abpo.1964.2223
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1964_num_71_3_2223LE GUILLOU Louis
L'INFORMATION ROMAINE
DE LAMENNAIS
Lettres inédites de Mac Carthy à Lamennais
(15 nov. 1832 — 28 oct. 1834)
L'ensemble de la correspondance de Lamennais a déjà
été publié en de nombreux volumes ou revues, les réponses
de quelques intimes (celles de Montalembert, Vitrolles,
Coriolis entre autres) l'ont été également ; et cependant
quel spécialiste, quel ami de Lamennais n'a jamais cruel
lement ressenti l'absence de documents concernant les
comparses, les « sans grade », quand bien môme ceux-ci
ont pour nom la comtesse de Sentît, Benoît d'Azy, Gerbet,
Charles de Coux, voire Ventura (1), etc. ? Combien aime
rions-nous connaître les réactions, les impressions de ces
interlocuteurs, même si leur style n'atteint pas à la qualité
littéraire de celui de Féli. Car il est bien certain que lors
que nous pourrons pénétrer le milieu qui entoura Lamenn
ais — celui de ses amis et de ses ennemis — nous com
prendrons mieux le drame qui se joua dans les années
1830 à 1835.
Notre but en publiant quelques-unes des dix-sept lettres
de Mac Carthy que nous avons retrouvées est de commencer
à combler quelques lacunes dans la connaissance de ce
monde mennaisien dont on a tant parlé, mais qui est, fina
lement, encore si mal connu. Car ce qui nous intéresse dans
Charles Justin Mac Carthy, le cousin du futur cardinal
Wiseman, ce n'est pas tant le gouverneur et vice-amiral de
Ceylan qu'il deviendra, que l'admirateur de Lamennais, ce
(1) Pour beaucoup- d'entre elles ces correspondances existent et
nous espérons, dans les années qui viennent, en exhumer quelques-
unes. 374 l'information romaine de Lamennais
disciple très aimant, qui passa une quinzaine de jours à la
Chesnaie en août 1833 (2), et qui, du Collège anglais de
Rome où il se trouve depuis 1828, renseigna Lamennais
sur le climat romain, sur les « potins » de la Curie, jouant
en quelque sorte, pour lui, en 1834 surtout, le rôle d'info
rmateur que le Père Ventura ■ avait tenu très longtemps,
avant la mesure disciplinaire prise à son égard par Gré
goire XVI (3).
Sans savoir exactement ce qu'était cette information de
Mac Carthy, la plupart des critiques, se répétant d'ailleurs
les uns les autres, ont prétendu que Lamennais avait été
« trompé par Mac Carthy son correspondant de Lon
dres » (4) et que celui qu'ils appellent « l'abbé Mac Car
thy » était « trop jeune pour être sage ». Bref notre pauvre
Mac Carthy est sous le poids d'une sévère et très injuste
condamnation, sans qu'il lui ait été jamais donné seul
ement la possibilité de se défendre. « L'hôte de la Chesnaie,
écrit Boutard, eut le tort d'accorder une pleine créance à
ces légers propos. » (5)
Les réserves manifestées à l'égard de Mac Carthy ont
peut-être pour origine une phrase de Montalembert à
Lamennais en août 1834 : « N'allez pas, écrit-il à son maît
re, comme vous le conseille follement Mac Carthy, faire
une déclaration sur ce que vous entendez faire désor
mais. » (6) Peut-être a-t-on tiré des conclusions un peu
trop hâtives de ce « follement » de Montalembert. Car si
celui-ci exprime à Lamennais son opinion personnelle sur
le problème — et je crois qu'il avait raison — d'autres,
et c'est leur droit le plus strict — voyaient différemment :
ainsi Ventura qui écrivait presque dans le même temps à
Lamennais : « Je serais d'avis que vous vous adressiez
(2) 1833 et non 1832 comme l'affirme Goyau, Portefeuille de Lamenn
ais, p. 123, qui prénomme — erreur de lecture sans doute — Mac
Carthy Charles Tustan. (Cf. Lettre de Lamennais à Montalemhert,
26 août 1833, p. 163).
(3) On lui interdit de se représenter comme supérieur général des
Théatins.
(4) Lecanuet, Montalembert, I, p. 437.
(5) Boutard, Lamennais, III, p. 67.
(6) Montalembert à Lamennais, 14 août 1834, p. 241. L'INFORMATION ROMAINE DE LAMENNAIS 373
directement au Pape par le moyen de son internonce à
Paris et que dans les termes les plus respectueux vous lui
fassiez une petite histoire des vexations dont on vous
accable et des scandales que MM. les évêques se permettent.
Parlez au Saint-Père avec confiance et sincérité ; vous n'y
perdrez rien. » (7)
Mais avant de laisser le lecteur juger lui-même de la
valeur de l'information du disciple anglais, quel est ce
« bon Mac Carthy » comme l'appelle si bien Montalem-
bert (8) qui le connaissait depuis son séjour à Rome en
18.32 et qui lui réserva, lors de son voyage en Angleterre
en 18.3.3, son propre appartement à Paris, obtenant de lui
« quelques traits très curieux » sur Rome, « que je vous
prie », dit-il à Lamennais « de me rappeler quand nous
nous rencontrerons afin que je vous les raconte » (9) ? A
vrai dire nous ne le savons guère, malgré l'article de Dom
Gougaud dans la Revue des Facultés catholiques de
l'Ouest (10). « Je vous prie, écrivait Lamennais au comte
de Senfft pour lui recommander son protégé lors de son
passage à Florence en 18.3.3, de le recevoir comme un fils,
car je l'aime comme un fils ; il se rend à Rome au sémi
naire anglais (11), où il a déjà passé trois ans et où il se
propose d'en passer trois autres (12). « Cet excellent jeune
homme est plein de sens et d'instruction » (1.3) ; « de rares
qualités » (14), ajoute-t-il à l'intention de la comtesse, et
si l'on veut connaître le secret de cette amitié, méditons
cette phrase de Lamennais à Montalembert : « Ce jeune
(7) Fragment d'une lettre inédite que nous reproduisons intégral
ement dans l'appendice de notre thèse : L'évolution de la pensée rel
igieuse de Lamennais.
(8) Lettres de Montalembert à Lamennais du 5 avril 1833, p. 75, et
du 22 août 1833, p. 113.
(9) M., 26 avril 1833.
(10) Bibliothèque Nationale, 8° Z 13.351, avril 1914.
(11) Sur le Collège anglais à Rome on ne peut mieux faire que
consulter Wiseman : Les quatre derniers papes et Rome durant leur
pontificat, traduit par Viot (Tours, 1874, pp. 93 et 147 sq.). Wiseman
fut à partir de 1826 le vice-recteur de ce collège, puis en 1828, succé
dant à Gradwell, le recteur.
(12) Lamennais à Comtesse de Senfft, 6 sept. 1833 (Fonoucs, II, 318).
(13)à de 27 sept. 1833, p. 321.
(14) Id., p. 349. 37Ô L'INFORMATION ROMAINE DE LAMENNAIS
homme m'intéresse toujours plus. Avec un esprit très élevé,
il a une âme aimante qui attire l'amour. » (15) Voilà la clé
du cœur de Féli : une àme simple, franche et aimante, pure
de toute hypocrisie et de toute vilenie.
De là vient sans doute l'intérêt que Lamennais témoigne
aux moindres faits et gestes de son jeune ami (16), la foi
qu'il accorde à ses propos, ses réllexions diverses : un rien
l'alarme, le chagrine ; mais il suffît de peu de chose aussi
pour le rassurer et le rasséréner. La confiance règne de
part et d'autre et pour Lamennais qui a écrit sur l'amitié
d'aussi belles phrases que Montaigne lui-même, c'est l'es
sentiel.
Or, si nous n'avons, jusqu'à présent, absolument rien de
la correspondance de Lamennais à Mac Carthy, par contre
l'historien avait à sa disposition, avant les lettres que nous
éditons ci-dessous, quelques extraits de de Mac
Carthy à Lamennais publiées sur copie de Lamennais lui-
même par Forgues (notes de la Correspondance de Lamenn
ais à Montalembert), deux lettres sans grand intérêt du
1er septembre et 6 novembre 1832, mises à jour par Dudon
dans le Bulletin de Littérature ecclésiastique (1935) et enfin
deux autres éditées par Goyau dans le Portefeuille de
Lamennais. Ces deux dernières sont d'ailleurs complément
aires de celles que nous publions nous-même. Car bien que
Goyau ne le mentionn

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