La baisse du prix du pétrole : quelles perspectives pour l OPEP et quelles retombées pour le Tiers Monde ? - article ; n°1 ; vol.16, pg 115-150
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La baisse du prix du pétrole : quelles perspectives pour l'OPEP et quelles retombées pour le Tiers Monde ? - article ; n°1 ; vol.16, pg 115-150

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Revue de l'OFCE - Année 1986 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 115-150
Twelve years after the first oil shock, the fall in oil price appears as a logical consequence of the sharp mutations that occured in the international oil market since the begining of the 80's. The reduction of demand for OPEC oil was in a paradoxical way evicting producers with main oil reserves and lower production costs from the market. Saudi Arabia and its allies of the Gulf put an end to this absurd situation by launching a war price in december 1985. By boosting oil demand in OECD countries and reducing non OPEC oil production, the drop in oil price might give the Golf producers a new control of the market, the effects of which would appear at the begining of next decade. This new strategy, hardly accepted by the other members of the organization, doesn't serve the interest of the third world taken as a whole. Areas mostly hurt by the crisis since 1980 — Africa and Latin America — are, even excluding OPEC countries, oil net exporters. Globally, non OPEC LDC's were oil autosufficient in 1985. For highly indebted oil exporting countries, the losses in oil export receipts will be hardly balanced by the expected decrease in international interest rate. The increase in OECD economic growth rate due to the sharp improvement in the industrial countries terms of trade will benefit mainly to the New Industrialized Countries. Those few countries, which depend strongly on oil imports, will take the greatest advantage from the redistribution of import capacity between LDC's. This will reinforce the heterogeneity of the Third World. This new conjoncture could be destabilizing for the international credit system. The decrease in external assests of OPEC countries, which had been feeding the growing LDC's debt during the 70's, affects the bank's loan capacity while loan demand from most highly indebted countries tends to increase. Under such conditions, financial proposals of the Baker plan seem quite insufficient.
Intervenant douze ans après le premier choc pétrolier, l'effondrement du prix du pétrole répond logiquement aux mutations qui se sont opérées sur le marché international du pétrole depuis le début des années quatre-vingt. La réduction de la demande adressée à l'ОРЕР avait pour conséquence paradoxale d'évincer progressivement du marché les producteurs aux réserves les plus importantes et aux coûts les plus bas. En initiant la guerre des prix en décembre 1985 l'Arabie Saoudite et ses alliés du Golfe ont mis un terme à cette situation absurde. Ils se donnent par là même les moyens d'une reprise de contrôle du marché, dont les effets pourraient se faire sentir dès le début de la prochaine décennie. Cette nouvelle stratégie, difficilement imposée aux autres pays de l'organisation, ne sert pas les intérêts du Tiers Monde dans son ensemble. Les régions les plus touchées par la crise depuis 1980 — l'Afrique et l'Amérique latine — sont, hors pays de l'ОРЕР, exportatrices nettes de pétrole. Globalement les pays en développement hors OPEP étaient autosuffisants en pétrole en 1985. Pour les pays pétroliers les plus endettés le manque à gagner sur les recettes d'exportation de pétrole ne sera que faiblement compensé par le mouvement de détente des taux d'intérêt. Le surplus de croissance économique de l'OCDE, résultant des gains massifs de termes de l'échange dont bénéficiera cette zone, favorisera surtout les exportations de produits manufacturés des Nouveaux Pays Industrialisés. Fortement importateurs de pétrole, ces quelques pays sont, parmi les pays en développement, ceux qui ont le plus à gagner à la nouvelle donne commerciale internationale. Le caractère de plus en plus hétérogène et éclaté du Tiers Monde s'en trouvera renforcé. Pour le système de crédit international la situation actuelle n'est pas sans danger. La diminution en cours du stock de pétrodollars, qui avait en grande partie alimenté l'endettement du Tiers Monde dans les années soixante-dix, affecte la capacité de prêt des banques, alors même que celles-ci sont confrontées à une demande accrue de crédit de la part des pays les plus endettés. Dans ces conditions les propositions financières du Plan Baker paraissent singulièrement insuffisantes.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jacques Adda
La baisse du prix du pétrole : quelles perspectives pour l'OPEP
et quelles retombées pour le Tiers Monde ?
In: Revue de l'OFCE. N°16, 1986. pp. 115-150.
Citer ce document / Cite this document :
Adda Jacques. La baisse du prix du pétrole : quelles perspectives pour l'OPEP et quelles retombées pour le Tiers Monde ?. In:
Revue de l'OFCE. N°16, 1986. pp. 115-150.
doi : 10.3406/ofce.1986.1065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1986_num_16_1_1065Résumé
Intervenant douze ans après le premier choc pétrolier, l'effondrement du prix du pétrole répond
logiquement aux mutations qui se sont opérées sur le marché international du pétrole depuis le début
des années quatre-vingt. La réduction de la demande adressée à l'ОРЕР avait pour conséquence
paradoxale d'évincer progressivement du marché les producteurs aux réserves les plus importantes et
aux coûts les plus bas. En initiant la guerre des prix en décembre 1985 l'Arabie Saoudite et ses alliés
du Golfe ont mis un terme à cette situation absurde. Ils se donnent par là même les moyens d'une
reprise de contrôle du marché, dont les effets pourraient se faire sentir dès le début de la prochaine
décennie.
Cette nouvelle stratégie, difficilement imposée aux autres pays de l'organisation, ne sert pas les intérêts
du Tiers Monde dans son ensemble. Les régions les plus touchées par la crise depuis 1980 — l'Afrique
et l'Amérique latine — sont, hors pays de l'ОРЕР, exportatrices nettes de pétrole. Globalement les pays
en développement hors OPEP étaient autosuffisants en pétrole en 1985. Pour les pays pétroliers les
plus endettés le manque à gagner sur les recettes d'exportation de pétrole ne sera que faiblement
compensé par le mouvement de détente des taux d'intérêt. Le surplus de croissance économique de
l'OCDE, résultant des gains massifs de termes de l'échange dont bénéficiera cette zone, favorisera
surtout les exportations de produits manufacturés des Nouveaux Pays Industrialisés. Fortement
importateurs de pétrole, ces quelques pays sont, parmi les pays en développement, ceux qui ont le plus
à gagner à la nouvelle donne commerciale internationale. Le caractère de plus en plus hétérogène et
éclaté du Tiers Monde s'en trouvera renforcé.
Pour le système de crédit international la situation actuelle n'est pas sans danger. La diminution en
cours du stock de pétrodollars, qui avait en grande partie alimenté l'endettement du Tiers Monde dans
les années soixante-dix, affecte la capacité de prêt des banques, alors même que celles-ci sont
confrontées à une demande accrue de crédit de la part des pays les plus endettés. Dans ces conditions
les propositions financières du Plan Baker paraissent singulièrement insuffisantes.
Abstract
Twelve years after the first oil shock, the fall in oil price appears as a logical consequence of the sharp
mutations that occured in the international oil market since the begining of the 80's. The reduction of
demand for OPEC oil was in a paradoxical way evicting producers with main oil reserves and lower
production costs from the market. Saudi Arabia and its allies of the Gulf put an end to this absurd
situation by launching a war price in december 1985. By boosting oil demand in OECD countries and
reducing non OPEC oil production, the drop in oil price might give the Golf producers a new control of
the market, the effects of which would appear at the begining of next decade.
This new strategy, hardly accepted by the other members of the organization, doesn't serve the interest
of the third world taken as a whole. Areas mostly hurt by the crisis since 1980 — Africa and Latin
America — are, even excluding OPEC countries, oil net exporters. Globally, non OPEC LDC's were oil
autosufficient in 1985. For highly indebted oil exporting countries, the losses in oil export receipts will be
hardly balanced by the expected decrease in international interest rate. The increase in OECD
economic growth rate due to the sharp improvement in the industrial countries terms of trade will benefit
mainly to the New Industrialized Countries. Those few countries, which depend strongly on oil imports,
will take the greatest advantage from the redistribution of import capacity between LDC's. This will
reinforce the heterogeneity of the Third World. This new conjoncture could be destabilizing for the
international credit system. The decrease in external assests of OPEC countries, which had been
feeding the growing LDC's debt during the 70's, affects the bank's loan capacity while loan demand from
most highly indebted countries tends to increase. Under such conditions, financial proposals of the
Baker plan seem quite insufficient.La baisse du prix du pétrole :
Quelles perspectives pour ГОРЕР
et quelles retombées le Tiers Monde ?
Jacques Adda,
Chargé d'études au département des diagnostics de l'OFCE
Intervenant douze ans après le premier choc pétrolier, l'effo
ndrement du prix du pétrole répond logiquement aux mutations
qui se sont opérées sur le marché international du pétrole
depuis le début des années quatre-vingt. La réduction de la
demande adressée à ГОРЕР avait pour conséquence paradoxale
d'évincer progressivement du marché les producteurs aux
réserves les plus importantes et aux coûts les plus bas. En
initiant la guerre des prix en décembre 1985 l'Arabie Saoudite et
ses alliés du Golfe ont mis un terme à cette situation absurde.
Ils se donnent par là même les moyens d'une reprise de contrôle
du marché, dont les effets pourraient se faire sentir dès le début
de la prochaine décennie.
Cette nouvelle stratégie, difficilement imposée aux autres
pays de l'organisation, ne sert pas les intérêts du Tiers Monde
dans son ensemble. Les régions les plus touchées par la crise
depuis 1980 — l'Afrique et l'Amérique latine — sont, hors pays
de ГОРЕР, exportatrices nettes de pétrole. Globalement les
en développement hors OPEP étaient autosuffisants en pétrole
en 1985. Pour les pays pétroliers les plus endettés le manque à
gagner sur les recettes d'exportation de pétrole ne sera que
faiblement compensé par le mouvement de détente des taux
d'intérêt. Le surplus de croissance économique de l'OCDE,
résultant des gains massifs de termes de l'échange dont bénéfi
ciera cette zone, favorisera surtout les exportations de produits
manufacturés des Nouveaux Pays Industrialisés. Fortement
importateurs de pétrole, ces quelques pays sont, parmi les pays
en développement, ceux qui ont le plus à gagner à la nouvelle
donne commerciale internationale. Le caractère de plus en plus
hétérogène et éclaté du Tiers Monde s'en trouvera renforcé.
Pour le système de crédit international la situation actuelle
n'est pas sans danger. La diminution en cours du stock de
pétrodollars, qui avait en grande partie alimenté l'endettement
du Tiers Monde dans les années soixante-dix, affecte la capacité
de prêt des banques, alors même que celles-ci sont confrontées
à une demande accrue de crédit de la part des pays les plus
endettés. Dans ces conditions les propositions financières du
Plan Baker paraissent singulièrement insuffisantes.
Observations et diagnostics économiques n° 16 /juillet 1986 115 Jacques Adda
La baisse du prix du pétrole enregistrée depuis le milieu du mois de
décembre 1985 a été accueillie jusqu'ici avec optimisme dans la plupart
des pays industrialisés. Ses effets positifs sur les prix, les taux d'intér
êt, les comptes extérieurs et l'activité des grands pays importateurs
ont été maintes fois soulignés. L'ampleur de cette baisse et sa rapidité
créent néanmoins le risque d'une nouvelle dépendance à terme des
pays de l'OCDE vis-à-vis de l'OPEP. Certes, l'offre et la demande de
pétrole des pays industrialisés se sont montrées peu sensibles ces
dernières années aux variations négatives du prix relatif du pétrole. En
va-t-il de même lorsque la baisse atteint quinze dollars en trois mois et
que le dollar revient à des niveaux plus raisonnables ?
Cet effondrement du prix du pétrole intervient en outre dans un
contexte de persistance des grands déséquilibres financiers internatio
naux. L'importance des besoins de financement supplémentaires et/ou
de la désépargne

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