La coiffure du grand roi. - article ; n°3 ; vol.48, pg 375-383
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Description

Syria - Année 1971 - Volume 48 - Numéro 3 - Pages 375-383
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Daniel Schlumberger
La coiffure du grand roi.
In: Syria. Tome 48 fascicule 3-4, 1971. pp. 375-383.
Citer ce document / Cite this document :
Schlumberger Daniel. La coiffure du grand roi. In: Syria. Tome 48 fascicule 3-4, 1971. pp. 375-383.
doi : 10.3406/syria.1971.6256
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1971_num_48_3_6256LA COIFFURE DU GRAND ROI
PAR
Daniel Schlumberger
Dans son commentaire récent des doubles statères d'argent frappés
par les rois de Sidon avant la conquête de la Phénicie par Alexandre, H. Seyrig
a cru pouvoir mettre en doute l'exégèse généralement admise du type
de revers de ces pièces (1). On se souvient que ces monnaies montrent, au
revers, un char (je cite H. Seyrig) monté par un personnage barbu drapé,
coiffé d'une tiare, et qui- lève la main droite comme pour saluer; devant lui
son cocher tient les rênes. Sur les émissions les plus anciennes la tiare du
personnage est dentelée et V attelage galope à la poursuite d'une gazelle et
dun bouquetin. Sur les plus récentes (reproduites par M. Seyrig, pi. XII,
1-2) la coiffure est un polos bas et l'attelage avance majestueusement au pas,
cependant quun acolyte suit le char. Le char est traditionnellement considéré
comme celui du roi de Perse, et cette opinion est probablement inspirée
par les images très semblables qu offrent les cachets achêménides. M. Seyrig
montre ensuite très bien que la légende qui, sur l'un des cylindres (ci-après
fig. 4), accompagne l'image : « Je (suis) Darius le grand-roi » n'autorise
pas à conclure que le maître du char soit nécessairement le roi, et que cette
légende est une simple signature officielle gravée sur les sceaux de service de
quelques très hauts dignitaires. En outre, ajoute M. Seyrig, sur le sceau de
(M .Syria, XXXVI, 1959, p. 53 = Antiquités 103, 1957, p. 520 et Jahrbuch fur Kleinasiatische
Syriennes VI, p. 26. Sur ces monnaies voir aussi Forschung II, 1965, p. 327-332.
P. Naster, dans Rev. belge de Numismatique 376 SYRIA [XLViii
Darius le personnage monté sur le char porte une haute tiare gaufrée et dentelée
analogue à celle que figurent certaines de nos pièces sidoniennes: or cette
coiffure, toute différente de la cidaris royale iranienne (H. Seyrig cite des
reliefs de Persépolis), nest portée par les rois de Perse sur aucune image où
Von puisse les identifier avec certitude.
Mais il se trouve que cette dernière assertion est erronée. A Persépolis
justement nous avons une série d'images, connues depuis longtemps,
figurant sûrement le roi coiffé de la tiare dentelée <1>. Il est malaisé de savoir
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig- 1- — Le roi suivi de son porteur de chasse-mouche, et de son porteur de parasol sur un relief de
Persépolis. Détail de la tête. Photo G. R. H. Wright (1968).
si cette tiare était également gaufrée, mais les excellentes photographies
de détail (fig. 1) que j'en dois à G. R. H. Wright, à qui j'exprime ici mes
(*) M. Dieulafoy, Art Antique de la Perse II (1953), pi. 138 B, 139 B, 141 A, B.
(1884) pi. XVI; et E. Schmidt, Persépolis I LA COIFFURE DU GRAND ROI 377 1971]
vifs remerciements, font voir sur la tiare des arrachements ou trous de
scellement, qui montrent qu'elle était recouverte d'ornements sans doute
de bronze, lesquels pouvaient être gaufrés. Que le porteur de la tiare soit
bien le roi, et non un quelconque « Héros Royal » est rendu certain par la
présence derrière lui de son porteur de chasse-mouche, et dans certains
cas, de son porteur de parasol.
M. Seyrig mentionne, on vient de le voir, la cidaris royale iranienne
comme si nous savions ce qu'elle est. — Mais le savons-nous ? C'est le point
que je voudrais examiner maintenant.
Sur la coiffure royale perse nous avons des textes d'auteurs (1). Certains
de ces auteurs sont contemporains des Achéménides ; d'autres sont tardifs,
mais dérivent vraisemblablement de quelque source ancienne. Parmi les
auteurs contemporains des Achéménides nous mentionnerons Eschyle,
Aristophane, Xénophon. Dans Eschyle <2> Atossa assiste à une apparition
de Darius coiffé de la tiare royale, mais l'aspect que présente cette tiare
reste incertain : elle se reconnaît en effet à son çàXapoç, mot dont le sens
n'est pas entièrement clair. On entend généralement apex, sommet formant
protubérance.
Aristophane, parlant du coq, nous dit plaisamment que maintenant
encore, pareil au Grand Roi, il fait de grands pas, et sur sa tête, seul de tous
les oiseaux, porte la tiare droite (3).
Xénophon nous apprend qu il appartient au roi seul de porter sur sa
tête la tiare droite (4).
Les auteurs tardifs sont Quinte-Curce, Arrien, Plutarque. — Nous
devons à Quinte-Curce cette indication précieuse : Cidarim Persae vocabant
regium capitis insigne^, ce qui montre, comme l'a bien marqué
H. W. Ritter(6), que le mot cidaris, sans adjonction d'aucun qualificatif,
désigne à l'origine la coiffure royale perse.
Après les auteurs examinons les images. Dans la sculpture officielle
(*) Les textes sont réunis et commentés par (8) Aves, 486 s.
H. W. Ritter, Diadem und Kônigsherrschaft, (*) Anab. II, 5, 23.
Munich, Beck, 1965, chap. I. (s) Histor. Alex. Mùgni III, 3, 19.
(2) Persae% 661 s. (•) Op. cit., p. 8, note 1. 378 SYRIA [XLViii
des Achéménides des images qui sont de façon absolument sûre, celles du
roi, montrent trois coiffures différentes.
Il y a d'abord une sorte de couronne crénelée. Elle est formée d'un
bandeau orné de rosettes, surmonté de merlons à degrés, et laissant libre
la chevelure au sommet de la tête. Voir l'excellente photographie de la
tête de Darius à Bisutun publiée par R. Ghirshman <1>.
Il y a ensuite la tiare dentelée qui est une coiffure cylindrique ornée
de pointes. Nous venons d'en donner des exemples.
Il y a enfin un mortier, de hauteur variable (2>.
Après ces images qui sont sûrement celles du roi, examinons celles
qui pourraient le représenter, mais pour lesquelles la preuve reste à fournir.
Nous avons d'abord, sur les reliefs de Persépolis, le fameux « Héros
Royal » <3> combattant un monstre. Sa coiffure est toujours la même,
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 2. — « Héros Royal », sur un relief de Persépolis. Détail de la tête. Photo G. R. H. Wright (1968)-
et dans certains cas (fig. 2) on distingue clairement le sommet de la
chevelure <4>. — II ne s'agit donc pas d'un bonnet, mais d'un bandeau
(fig. 3), semblable à celui que portent aussi les serviteurs à Persépolis <5).
(1) Perse, Proto- Iraniens, Mèdes, Achéménides, (8) E. Schmidt, Persépolis I, pi. 144-147.
Paris, Gallimard, 1963, p. 236, fig. 284. («) E. op. cit., pi. 196 A.
(2) E. Schmidt, Persépolis I, pi. 193, 194. (B) E. Schmidt, op. cit., pi. 194 B et 197. LA COIFFURE DU GRAND ROI 379 1971]
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 3. — Personnages coiffés du bandeau, à
Persépolis. Photo G. R. H. Wright (1968).
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 4. — Sceau-cylindre de Darius, au Musée Britannique. SYRIA [XLViil 380
Nous avons ensuite, sur des sceaux l1), des sceaux-cylindres (fig. 4),
des monnaies (de Carie <2), de Cilicie <3), de Sidon, sicles et dariques
perses <4)), de nombreuses représentations d'un personnage portant une
coiffure à pointes et généralement identifié au Grand Roi ; mais on a vu
déjà, ci-dessus, à propos des monnaies sidonienncs, les réserves faites
par M. Seyrig sur cette identification.
Nous avons enfin une petite tête en pâte de lapis-lazuli <5> ; et, sur
un cylindre (fig. 4), qui est un cachet royal, comme l'atteste l'inscription
qu'il porte, la représentation d'un chasseur en char (6). La coiffure de ces
deux personnages présente une analogie étroite avec celle du Roi à Risutun.
Sur le cylindre les degrés des merlons et le haut de la chevelure ne sont
pas visibles, mais cela s'explique tout naturellement par la petite dimension
de l'image.
Si l'on tient à ce que les images que nous venons d'énumérer ne soient
pas celles du Roi il faut faire les suppositions suivantes :
1° H faut admettre l'existence d'un personnage mythique, pourfendeur
de monstres divers, le « Héros Royal », distinct du Roi.
2° Ce Héros Royal n'orne pas seulement des pi

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