La colonie vénitienne à Constantinople à la fin du XIVe siècle - article ; n°1 ; vol.3, pg 90-131
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1883 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 90-131
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1883
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Charles Diehl
La colonie vénitienne à Constantinople à la fin du XIVe siècle
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 3, 1883. pp. 90-131.
Citer ce document / Cite this document :
Diehl Charles. La colonie vénitienne à Constantinople à la fin du XIVe siècle. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 3, 1883.
pp. 90-131.
doi : 10.3406/mefr.1883.6437
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1883_num_3_1_6437COLONIE VENITIENNE A CONSTANTINOPLE LA
A LA EIN DU XIVe SIÈCLE.
Parmi les nombreuses séries de documents que renferment les
archives et les bibliothèques de Venise, une catégorie fort inté
ressante est formée par les Commissions. Ces instructions, remises
par le Sénat et le doge aux divers officiers envoyés hors de Ve
nise comme gouverneurs de provinces, ambassadeurs, ou consuls,
donnent de curieux renseignements sur la politique extérieure de
la République, et la manière dont elle entendait traiter ses su
jets, ses alliés, ou ses ennemis. Le Sénat, qui rédige ces instruc
tions, y laisse en effet apparaître sa pensée tout entière : aucune
réserve diplomatique n'y vient altérer ses véritables sentiments,.
Beaucoup de ces documents sont parvenus jusqu'à nous. Le
seul musée Correr en renferme un grand nombre, dont les pages,
richement enluminées, aux lettres initiales coloriées avec soin, sont
un véritable joyau pour l'histoire de la miniature. D'autres comm
issions, plus anciennes et plus simples, se rencontrent à l'Ar
chive des Frari ou à la Bibliothèque de Saint-Marc. La plupart
de ces pièces sont encore inédites: de ce nombre est, à ce que
nous croyons, le document que nous voulons ici étudier.
Cette Commission (1) dont le texte, conservé à la Bibliothè
que Marcienne (2) (Catal. Zanetti. Mss. latins, n° DXIX), forme
un mince cahier in-quarto de 24 pages, fut remise, le 15 fé
vrier 1374, par le doge André Contarini à André Gradenigo, en-
(1) β Commissio viri nobilis domini Andrée Gradonico baiuli Con-
stantinopolis „.
(2) Le manuscrit est décrit dans Valentinelli , Biblioiheca manu·
scripta ad S. Mar ci Venetarum, t. III, 27. LA COLONIE VÉNITIENNE À CONSTANTINOPLE 91
voyé à Constantinople comme haile ou gouverneur de la colonie
vénitienne. Par sa date, par les affaires auxquelles elle se rap
porte, par les documents qui la complètent et l'éclairent, la pièce
paraît des plus dignes d'intérêt. C'est en effet l'une des plus an
ciennes commissions dont nous possédions le texte : les instructions
remises en 1306 au baile de Négrepont, document fort court et
d'assez petite importance, sont à peu près la seule pièce de date
antérieure publiée jusqu'ici (1), du moins dans la série relative
aux rapports de Venise avec l'Orient (2). — En outre le docu
ment donne de curieux détails sur l'organisation intérieure de la
colonie vénitienne établie à Constantinople et sur les fonctions
du baile appelé à la gouverner. — Enfin cette Commission n'est
point une pièce isolée, dont tout l'intérêt réside en elle-même. Le
personnage nommé à la dignité de baile est en même tempe en
voyé comme ambassadeur extraordinaire de la République: et
nous avons trouvé, à l'Archive des Frari, la série des pièces re
latives à sa mission (3). Ces documents, que nous croyons iné
dits, ajoutés à la Commission dont nous avons parlé, et complétés
(1) Thomas, Diplomatariwn Veneto-Levantinum. Venise, 1880,
p. 46. Cet important ouvrage, récemment publié par la R. Deputazione
Veneta di Storia patria, contient les documents relatifs aux relations
entre Venise et l'Orient, de l'année 1300 à l'année 1350. La publica
tion des documents postérieurs à cette date est malheureusement assez
éloignée encore, la Commission vénitienne n'ayant pris jusqu'ici aucune
décision à cet égard. C'est ce qui nous autorise à faire connaître dès
à présent le document que nous étudions.
(2) Cf. Mas-Latrie, Traités de paix et de commerce . . . concernant
les relations des chrétiens avec les Arabes de l'Afrique Septentrionale,
p. 207: vers 1300, Commission à Marin de Melino allant à Tunis.
(3) Senato Misti. Sécréta t. XXXIV. f° 161-164: délibérations du
Sénat sur lés instructions destinées à l'envoyé. Sindicatus, vol. I (1329-
1425) f° 126-127: Pleins pouvoirs remis à l'ambassadeur. Senato Misti
f° 163: commission pour le capitaine de la galère qui transportera
l'ambassadeur à Constantinople. LA COLONIE VÉNITIENNE À CONSTANTINOPLE 92
par quelques autres récemment publiés dans le Diplomatarium
Veneto-Levantinum, ont, à ce qu'il semble, un double intérêt:
1° par la lumière qu'ils jettent sur les relations de Venise avec
l'empire à la fin du 14e siècle. 2° par les renseignements im
portants qu'ils donnent sur l'organisation de la colonie véni
tienne et les attributions du baile qui la gouvernait. C'est ce
second point que nous voulons ici particulièrement étudier.
I.
La colonie établie par Venise sur les rives du Bosphore al
lait en 1374 compter cent ans d'existence. Mais depuis que le
traité de 1277 (1) avait rendu aux Vénitiens une place dans
l'empire et un quartier à Constantinople, leur établissement avait
passé par bien des vicissitudes. Les Génois, établis à Galata de
puis 1267, et favoris attitrés des empereurs byzantins, n'avaient
rien épargné pour maintenir dans l'ombre des rivaux qu'ils re
doutaient: et le massacre de la colonie vénitienne en 1297 avait
un moment semblé devoir satisfaire leurs espérances ; tous les
Vénitiens échappés à la tuerie avaient quitté Constantinople (2).
Ils revinrent pourtant ; mais les Grecs qui sentaient la supériorité
des Génois sur les Vénitiens (3), n'épargnaient aucune humilia
tion à ces anciens maîtres qu'ils détestaient. La mauvaise vo
lonté de l'empereur se manifestait en toute occasion. Un Véni
tien s'adressait-il aux tribunaux grecs, dans la cour même de l'em
pereur, on l'écoutait à peine: juges et avocats s'entendaient pour
(1) Tafel et Thomas, Urkunden zur Handels und Staatsgeschichte
der Republik Venedig. III, 133-149. Miklosich et Müller, Ada et di-
plomata graeca, ΙΠ, 84.
(2) Pachymère, éd Bonn. II. 243.
(8) I. 419. LA FIN DU XIVe SIÈCLE 93 À
lui fermer la bouche (1). Les accusés les plus compromis parais
saient au palais la tête haute (2) ; pour obtenir satisfaction, il
fallait acheter la justice (3). Le traité de 1283 stipulait que les
indemnités dues aux Vénitiens seraient payées sur le fisc im
périal (4): au lieu de cela, l'empereur donnait au plaignant une
assignation sur les biens du coupable, qui généralement refusait
de rien payer. D'autres mesures restrictives ou vexatoires frap
paient encore les Vénitiens. On leur défendait de rien vendre
dans Constantinople, et d'y introduire leurs marchandises en fran
chise; on les empêchait de reconstruire leurs maisons détruites
par un incendie : et pour rendre ces vexations plus sensibles, on
favorisait hautement en toute circonstance les colons génois, an-
conitains et pisans (5).
Entre les Grecs et les Vénitiens on s'efforçait d'élever d'i
nfranchissables barrières. Le gouvernement impérial frappait de
lourds impôts quiconque achetait des marchandises vénitiennes (6) ;
il interdisait, sous des peines sévères, aux marins grecs de pren
dre service sur les vaisseaux vénitiens, aux patrons de navire de
débarquer dans les ports de la République (7) ; on défendait aux
ouvriers grecs de travailler pour les Vénitiens, et les contravent
ions étaient punies par la prison et des châtiments corporels (8).
(1) Thomas, Diplomatarium, 164. " in curia imperatoris... et iudices
et omnes alii Greci, qui ibi sunt, tam illi quibus pertinet placitum
quam reliqui qui nihil habent facere, sunt advocatores illius Graeci,
cum quo placitatur: ita videlicet quod omnes dicunt et placitantur
taliter quod noster venetus minime intelligitur , .
(2) Thomas, Diplomatarium, 166. "vadunt per curiam imperatoris
ita audacter, sicut nihil fecissent „.
(3) Thomas, Diplom. 164.
(4) De vestiario imperiali. Thomas, Diplom. 165. Cf. Thomas, 146.
(5

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