La création des Écoles françaises d Athènes, Rome et Madrid - article ; n°1 ; vol.54, pg 175-187
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Description

Communications - Année 1992 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 175-187
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Jean Gran-Aymerich
Evelyne Gran-Aymerich
La création des Écoles françaises d'Athènes, Rome et Madrid
In: Communications, 54, 1992. pp. 175-187.
Citer ce document / Cite this document :
Gran-Aymerich Jean, Gran-Aymerich Evelyne. La création des Écoles françaises d'Athènes, Rome et Madrid. In:
Communications, 54, 1992. pp. 175-187.
doi : 10.3406/comm.1992.1821
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1992_num_54_1_1821Evelyne et Jean Gran-Aymerich
La création des Ecoles françaises
d'Athènes, Rome et Madrid
INTRODUCTION
II peut paraître surprenant que, pour illustrer l'archéologie en
France, l'on choisisse d'analyser le cas des Écoles françaises
d'Athènes, de Rome et de Madrid.
L'Ecole fondée à Athènes en 1846 précède non seulement les
Écoles de Rome (1873) et de Madrid (1928), mais aussi les institu
tions archéologiques créées en France, la plupart à partir de 1860.
L'École d'Athènes, d'abord conçue pour affermir l'influence fran
çaise en Grèce et contre l'Angleterre, accédera au statut d'institut de
recherche et d'érudition à l'occasion de la fondation de l'École de
Rome, au lendemain de la défaite française devant la Prusse. La
Casa Velazquez est implantée à Madrid dans un esprit tout à fait
semblable, pour compléter l'action scientifique française en Méditer
ranée face à la science allemande.
Dans notre analyse, la place faite à l'École d'Athènes est de loin la
plus importante, car la définition et la mise en place de cette institu
tion n'aboutissent qu'après une très longue période (environ cin
quante ans) d'hésitations et d'avatars. Or cette longue histoire est
indispensable à la compréhension du processus qui conduit à la
création des écoles de Rome et de Madrid.
Par ailleurs, il faut garder à l'esprit que les trois fondations fran
çaises en Méditerranée, à bien des égards indissociables, ne consti
tuent qu'un pan de l'archéologie dans notre pays : on doit les mettre
en rapport avec les institutions métropolitaines qui assurent leur
fonctionnement (cabinets ministériels, École normale supérieure,
Institut de France...), et se souvenir que, par une action en retour,
les anciens membres d'Athènes et de Rome seront les principaux
agents du développement institutionnel de l'archéologie en France.
175 Evelyne et Jean Gran-Aymerich
i. l'école française d'athènes
/. 1846-1850. Sa fondation.
Les promoteurs du décret fondateur de l'École d'Athènes du
11 septembre 1846 furent Narcisse-Achille de Salvandy, grand-
maître de l'Université, et Theobald Piscatory, ministre de France en
Grèce (Radet 1901).
Même si, dans les premières années de l'École, l'archéologie n'est
pas la discipline dominante, cette création intervient à une époque
où le pouvoir politique, porté par l'opinion et par certaines initia
tives privées, prend conscience de la nécessité de sauver le patr
imoine architectural et monumental français. Ce souci se manifeste à
partir de 1830 aussi bien dans la constitution par Arcisse de Cau-
mont de la Société française d'archéologie, et par la réunion de ses
Congrès archéologiques de France (Aubert, Delaunay et Verrier
1930), que dans l'organisation par François Guizot, ministre de
l'Instruction publique, du Service des monuments historiques et des
Comités des travaux historiques (Guizot 1835 ; Actes Paris 1936).
Les destructions entraînées par la Révolution ont en effet attiré
l'attention sur les monuments, châteaux, églises et couvents du
Moyen Age. L'Antiquité reste à l'arrière-plan des préoccupations et
l'idée même d'une archéologie nationale n'apparaîtra qu'aux alen
tours de 1860. Cependant, la Grèce, exaltée par Chateaubriand,
Lamartine et Victor Hugo, fut à l'issue de la Guerre d'Indépendance,
en 1829, le but d'une importante mission scientifique : l'expédition
de Morée (Morée 1829 ; Le Bas 1835). Une commission chargée des
Antiquités avait été organisée sous la responsabilité de Philippe Le
Bas, eminent épigraphiste, membre de l'Académie des inscriptions,
qui se verra confier de nouvelles missions officielles en Grèce en
1842 et 1844 (Le Bas 1888).
La même année, 1829, avait vu la naissance à Rome de l'Institut
de correspondance archéologique, créé à l'initiative des Allemands
Bunsen, Gerhard et Panofka et des Français les ducs de Luynes et de
Blacas.
Dans la quête des ancêtres de l'École française d'Athènes, l'Insti
tut de Rome semble devoir s'imposer en premier lieu et pourtant il
ne vient à l'esprit d'aucun des initiateurs du décret de 1846 de le
choisir pour modèle. Ce rôle reviendrait plutôt à la très ancienne
176 Les Écoles françaises d'Athènes, Rome et Madrid
Académie de France à Rome, créée par Colbert et sise à la Villa
Médicis. En effet, c'est un architecte, Jacques-Guillaume Legrand,
qui élabore le « projet d'une Académie Universelle des Beaux-Arts »
établie à Athènes pour « la restauration des monuments, leur isol
ement et la fouille du terrain qui les encombre ». Cependant, même si
ce projet contenait en germe « tout ce qui devait être tenté et
accompli par le xixe siècle, par la France et les pays étrangers »
(Homolle 1897), le manuscrit de Legrand passa inaperçu, tomba
dans l'oubli et ne put donc inspirer les fondateurs de l'École
d'Athènes (Legrand 1896).
En fait, c'est le contexte politique qui détermine la création de
l'École d'Athènes, et le rôle de Th. Piscatory, totalement engagé,
depuis son ambassade d'Athènes, dans la lutte d'influence contre
F Angleterre, en est une preuve. Joseph Guigniaut, futur réformateur
de l'Ecole, en avait bien conscience, lui qui concevait cette fondation
comme « une conséquence éloignée mais légitime de l'intervention
de la France dans la lutte glorieuse de l'indépendance grecque »
(Simon 1895).
La Grèce indépendante avait été placée, en vertu du traité d'An-
drinople, sous la triple protection de la Russie, de l'Angleterre et de
la France. Ces deux derniers pays se disputaient âprement les suf
frages grecs et, en 1844, la bataille atteint son paroxysme. Les
Anglais mènent une campagne acharnée contre Jean Coletti, pré
sident du cabinet grec et favorable à la France. Th. Piscatory envi
sage de faire pièce aux Anglais par « une sorte de collège français
établi aux portes de l'Orient, pour les intérêts de la politique autant
que pour les besoins de la science » (Alexandre 1846 ; Guigniaut
1871).
C'est ainsi qu'est née l'idée de l'Ecole française d'Athènes, reprise
en France par Sainte-Beuve dans son article du 25 août 1846 paru
dans Les Débats (Sainte-Beuve 1846) : il est le premier, et le seul
pour longtemps, à définir la mission scientifique de l'École et à lui
établir un programme qui ne sera réalisé qu'au terme de nombreuses
métamorphoses, à la fin du XIXe siècle.
En effet, les intérêts de l'art, de l'archéologie et de l'érudition ne
triomphent qu'à grand-peine du dilettantisme littéraire en vogue à
l'École pendant la direction d'Amédée Daveluy (jusqu'en 1867).
Deux tendances se disputent l'institution française jusqu'en 1876 :
les uns la conçoivent comme une école d'application littéraire, une
petite université française implantée à Athènes ; les autres veulent
réaliser l'établissement scientifique défini par Sainte-Beuve.
Que les premiers aient pu si longtemps imposer leur point de vue
177 Evelyne et Jean Gran-Aymerich
s'explique par l'état des esprits entre 1840 et 1850 : l'archéologie ne
rencontre encore qu'indifférence auprès du public (Reybaud 1843).
Créer des institutions spécifiquement archéologiques ne paraît pas
urgent. Au sein du Conseil royal de l'Université, on pense que l'e
xpédition de Mor

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