La description de l image - article ; n°1 ; vol.15, pg 186-209
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Description

Communications - Année 1970 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 186-209
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Louis Marin
La description de l'image
In: Communications, 15, 1970. pp. 186-209.
Citer ce document / Cite this document :
Marin Louis. La description de l'image. In: Communications, 15, 1970. pp. 186-209.
doi : 10.3406/comm.1970.1222
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1970_num_15_1_1222Louis Marin
La description de l'image :
à propos d'un paysage de Poussin
du comment transposition dont Dans récit nous une pictural est-il possédons étude intersémiotique « et transposé antérieure, le du ou récit les » textes mythique nous à sur propos la constituant avions toile? de chez cherché Poussin, Est-il ce le peintre « réfèrent possible à par analyser l. une Étant » de littéraire étude les définir principes donné des du des rapports tableau, un règles d'une récit
générales de transmutation? Quels types de transformation ce transfert à un
ensemble visuel impose-t-il à l'ensemble linguistique, etc.?
Problématique.
La question que nous voudrions ici poser est voisine et différente de ce pro
blème : il ne s'agira pas d'analyser une transposition intersémiotique déjà effectuée
pour en dégager les conditions générales, mais d'examiner dans son rapport au
tableau, le premier et le plus immédiat type de discours tenu sur lui, à savoir le
discours descriptif : qu'est-ce qu'au niveau du langage, la description dans son
appartenance à l'image peinte? Quel est le statut de ce « dire » spontané du tableau
qui est la prime évocation de sens provoquée par l'image et qui vise à s'effectuer
au ras de la surface picturale? Nous devrons nous interroger sur son apparente
innocence, sur son illusoire immédiateté, pour découvrir en lui des investisse-
sements multiples, culturels, sociaux, affectifs, qui, du même coup, transforment
l'objet décrit. Perdant son statut d'objet, il devient dès lors texte sur lequel se
déposent les lectures successives qui en déplacent les éléments, en modifient les
rapports, créent des zones d'intense visibilité et d'autres aveugles et blanches,
font apparaître ou effacent tel élément dans sa relation aux autres et dans son
poids sur eux, par rapport à eux. Ces lectures successives qui sont, au moins
jusqu'à un certain degré, l'objet-texte pictural lui-même, sont-elles infinies?
ou — question plus pertinente et plus précise — sont-elles, dans leur succession
ouverte, « interminée », liées par une forme de cohérence? S'articulent-elles en un
système qui ne serait point caractérisé par sa clôture? S'il en est ainsi, ce système
ne constituerait-il pas la « structure » du tableau, entendue comme l'ensemble
articulé de ses lectures, et le sens du tableau n'est-il pas ce déplacement réglé
du discours à travers ses lectures? 2. Dès lors qu'en est-il du tableau, objet-texte
1. Voir Actes du Colloque d'Urbino sur l'analyse du récit, 1968 : « Récit pictural et
récit mythique chez Poussin ».
2. Cf. Jean-Louis Schefer, Scénographie d'un tableau, Paris, 1969.
186 La description de Vintage
dans ses lectures? En un sens il s'y évanouit puisqu'il n'est pas de surface pictu
rale primitive, vierge de tout regard-lecteur — ne serait-ce que parce qu'elle est
offerte à la vue pour être vue. — II n'est pas de point de départ à la lecture du
tableau qui serait le tableau avant toute lecture, car celui-ci est, de part en part,
un « legendum ». En un autre, il s'y constitue : par les lectures, le tableau se
définit comme amorces de sens mais pour lequel il n'est pas de point d'arrivée
qui serait le sens du tableau. Et cela une simple raison : le tableau n'est pas
d'abord objet de connaissance, support et provocation d'une conceptualisation.
Il est être producteur de plaisir, mais dont les procès de production empruntent,
pour s'y dissimuler, les voies des lectures, c'est-à-dire celles du sens en cours
de constitution à travers elles : plaisir de lire qui par là même ne s'accomplit
jamais, mais désigne, dans cette satisfaction temporaire, la force dont le tableau-
texte est à la fois la trace et la matrice figurative = le désir : trace ou marque
laissée par le geste « créateur » qui s'y signifie; figure qui se déplace et s'engendre
successivement au cours des lectures : c'est la façon qu'a le désir de se donner à
voir dans ses figures en ne s'y réalisant jamais. D'où l'impossibilité de jamais
clore la lecture du tableau parce qu'elle est celle d'un visible du désir qui s'y
déplace et dont elle ne perçoit que les remous de surface, les traces, en les
évoquant. C'est cet entrelacement du lisible et du visible dans le tableau qui en
produit le sens ou les sens, dont nous voudrions suivre ou accomplir le « tissage ».
Pour que l'analyse soit plus pure, et plus dégagée de la problématique que nous
évoquions tout au début, nous avons choisi un tableau de Poussin dont on sait
de façon à peu près certaine qu'il ne résulte point d'une transposition intersé-
miotique au sens étroit de l'expression évoquée plus haut1. Ce qui ne signifie
point que la peinture (le tableau) n'y soit pas récit, et mieux encore qu'il ne fasse
pas apparaître, dans « le diagramme » des lectures picturales qu'il permet et qu'il
exige, un récit possible, inouï, dont la caractéristique serait d'être une «matrice »
narrative, productrice de récits, différents et simultanés dont la prolifération ne
serait que la face lisible de la « Gestaltung » visible du tableau. Autre façon — en
se dégageant du rétrécissement qu'impose la transposition d'un texte narratif
dans un tableau — de retrouver ce tissu de visible et de lisible que notre problé
matique générale pose à la base de la sémiotique picturale. Le tableau pourrait
alors apparaître comme un producteur de récits relevant tous d'uns même forme
matricielle que les lectures successives auront dessinée à la surface du tableau.
Ce tableau se nomme « Paysage avec un homme tué par un serpent2 ». Le discours
descriptif est un discours qui constate le tableau en ses parties et transpose en
langage ce qui est « écrit » sur la toile dans son apparence. C'est ce discours que
nous voulons interroger — à propos de cette toile figurative qui appartient tout
entière et jusque dans ses extrêmes limites, à l'idéologie de la représentation.
Dans ce discours, se nouent de façon primitive le langage et l'image, à un point
d'insertion qui pourrait apparaître comme le point de départ de tout méta-
langage pictural. Le fait que ce point nous semble inassignable comporte de
grandes conséquences théoriques : toute description est d'emblée lecture sous
son double aspect de parcours visuel de la surface plastique selon l'ordre ou les
1. Voir à ce sujet, les critiques faites par Sir Anthony Blunt à l'article de Guy de
Tervarent : « Le véritable sujet du Paysage au Serpent de Poussin à la National Gallery
de Londres » Gazette des Beaux Arts, 1952, II, p. 343 sq.
2. « Landscape with a man killed by a snake » Sir A. Blunt, Critical catalogue,
p. 143, Phaidon, Londres, 1966.
187 Louis Marin
ordres des jalons qui y sont déposés et de déchiffrement mental et perceptif de
ces mêmes signaux comme signes dans un discours1. Autrement dit, il nous paraît
difficile de distinguer deux phases l'approche d'un tableau, l'une « factuelle »
descriptive, l'autre « signifiante », interprétative, qui serait construite sur la
première dont elle recevrait ses limites objectives et ses conditions empiriques
de possibilité. La description est interprétation, mais cette affirmation ne la
livre pas à la relativité et l'incertitude d'un propos « saisi » par ses contextes et
déterminé par eux. La description est en réalité la première lecture ou plutôt
ce terme couvre l'ensemble ouvert des lectures possibles qui, dans leur pluralité
convergente sur le tableau, construisent le système des différences constitutives du
texte du tableau. Si la description désigne le système ouvert des lectures, elle
nomme également la cohérence objective du texte dans son indépendance radi
cale à l'égard de tout procès particulier d

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