La domestication des animaux à l époque d Aristote - article ; n°3 ; vol.23, pg 189-201
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La domestication des animaux à l'époque d'Aristote - article ; n°3 ; vol.23, pg 189-201

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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1970 - Volume 23 - Numéro 3 - Pages 189-201
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

M PIERRE LOUIS
La domestication des animaux à l'époque d'Aristote
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1970, Tome 23 n°3. pp. 189-201.
Citer ce document / Cite this document :
LOUIS PIERRE. La domestication des animaux à l'époque d'Aristote. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications.
1970, Tome 23 n°3. pp. 189-201.
doi : 10.3406/rhs.1970.3140
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1970_num_23_3_3140La domestication des animaux
à l'époque d'Aristote
Les traités d'histoire naturelle, dont les titres principaux sont
Les parlies des animaux, La génération des animaux, L'histoire
des animaux, représentent presque le tiers de l'œuvre d'Aristote.
Ces traités scientifiques, comme d'ailleurs les ouvrages proprement
philosophiques, ne renferment qu'un nombre extrêmement réduit
d'allusions aux événements contemporains, c'est-à-dire à ceux
du ive siècle avant J.-G. durant lequel vécut Aristote : né en 384,
il est mort en 322, un an après Alexandre le Grand (1).
Cependant, en examinant ces traités de plus près, on y découvre
une foule de détails pittoresques relatifs à la vie quotidienne,
en particulier à la domestication des animaux. Les remarques
qui s'y accumulent, parfois incidemment, permettent de savoir
quels animaux étaient alors domestiqués, l'usage que l'on en
faisait et la manière dont on les traitait.
Pour que l'étude de tous ces documents soit complète, nous
prendrons ici l'épithète de domestique dans son sens le plus large,
comme le fait Aristote lui-même qui classe volontiers les animaux,
d'après leur mode de vie, en deux catégories, les animaux appri
voisés et les animaux sauvages. Mais notre auteur remarque
également qu'à peu près tous les animaux domestiques se ren
contrent aussi à l'état sauvage (2), et qu'il n'y a pas naturellement
d'espèces domestiques. Il reconnaît donc que la domestication
(1) II est remarquable que le nom même d'Alexandre, dont Aristote fut pourtant
le précepteur, n'apparaît que deux fois dans une œuvre authentique, L'Economique,
II, 1352 a 28 et 1352 b 26. Cp sont les deux seules allusions, d'ailleurs fort discrètes,
à une expédition qui est cependant restée célèbre...
(2) Cf. Parties des animaux (abréviation utilisée ci-dessous : P.A.), I, 3, 643 b 4-6.
T. XXIII. — 1970 13 190 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES
est un phénomène strictement humain, dont l'origine doit marquer
une époque dans le développement de l'intelligence qui prend
conscience de sa puissance et de ses possibilités. La domestication
consiste, en effet, pour l'homme à habituer les animaux à un mode
de vie qui les soumet entièrement à sa domination et à son usage.
Elle va donc de la simple mise en réserve à l'apprivoisement et
à l'élevage.
Dans ce vaste domaine, Aristote nous apporte d'abord des
renseignements intéressants sur les espèces domestiquées à son
époque. Parmi les mammifères, on trouve en tête, bien entendu,
le chien qui tenait alors, semble-t-il, la même place qu'aujourd'hui,
comme compagnon de l'homme (1). Aristote mentionne plusieurs
races différentes sur lesquelles il apporte d'utiles précisions. La
plus répandue était celle des chiens de Laconie issus, disait-on,
du croisement d'un renard et d'une chienne (2), et remarquables
par leur long nez et leur flair excellent (3). Etaient bien connus
également les chiens de Molossie (4) que l'on utilisait pour la chasse
et pour garder les troupeaux, qu'ils protégeaient efficacement
contre les bêtes féroces (5). Le croisement de ces chiens avec ceux
de Laconie donnait, paraît-il, des produits remarquables par
leur courage et leur ardeur à la tâche (6). Une autre race est elle
aussi le résultat d'un croisement, c'est le chien de l'Inde qui est
issu d'une chienne et d'un tigre (7) et qui vit parfois à l'état sau
vage (8). Aristote mentionne encore les chiens-loups de Cyrène (9),
(1) Voir René Thévenin, Origine des animaux domestiques, Paris, Presses Uni
versitaires de France, 1947, pp. 25-36.
(2) Histoire des animaux (abréviation utilisée ci-dessous : H.A.), VIII, 28, 607 a 3 ;
Génération des : G.A.), II, 4, 738 Ь 31 ; 7,
746 a 23.
(3) G.A., V, 2, 781 b 9-10. Le chien de Laconie est étudié en détail dans H.A.,
VI, 20, 574 a 17 et sq. (voir aussi IX, 1, 608 a 27 : la chienne de Laconie est part
iculièrement douce et caressante).
(4) H.A., IX, 1, 608 a 28.
(5) Le chien molosse et le chien laconien étaient encore en vogue dans lE'mpire
romain (Cf. J. Aymard, Essai sur les chasses romaines des origines à la fin du siècle
des Antonins, Paris, de Boccard, 1951, pp. 235-257. Sur les molosses, voir spécialement
pp. 251-254 ; sur les laconiens, pp. 254-257).
(6) H.A., IX, 1, 608 a 31-33 (cf. J. Aymard, op. cit., p. 260).
(7)VIII, 28, 607 a 4. Le traité de la Génération des animaux est un peu
moins précis : le chien de l'Inde y est donné comme le produit d'une chienne et d'un
fauve qui ressemble au chien (II, 7, 746 a 35). Il s'agit des dogues du Thibet (J. Aymard,
op. cit., pp. 244-245) que Marco Paulo a vus « aussi hauts que des ânes ».
(8) Parties des animaux, I, 3, 643 b 4-6.
(9) H.A., VIII, 28, 607 a 2. LOUIS. ARISTOTE ET LA DOMESTICATION DES ANIMAUX 191 P.
les grands chiens d'Epire (1), les bassets d'Egypte (2), et les petits
chiens bichons de l'île de Mélité (3).
Le cheval occupe une place au moins aussi importante dans
la vie des hommes du ive siècle avant J.-C. Les connaisseurs
appréciaient tout particulièrement les coursiers néséens (4), dont
Hérodote vantait déjà la vitesse (5), et les pur-sang de Scythie (6).
On trouve aussi mentionné plusieurs fois un cheval de petite
taille appelé ginnos, qui est probablement une espèce de poney (7).
Le mulet est également très répandu (8).
L'âne, au contraire, ne se rencontre pas partout. Aristote
signale à plusieurs reprises qu'il ne peut pas s'acclimater dans
la région du Pont, en Scythie ni même en Gaule, parce qu'il sup
porte mal le froid (9).
Les bovins, quant à eux, étaient élevés dans toutes les parties
du monde alors connues. La race qu'on trouvait en Epire, au sud
de la Macédoine, était renommée pour ses vaches de grande taille
aux qualités d'excellentes laitières. On les appelait pyrrhiques (10),
du nom de Pyrrhos Ier, fondateur de l'Epire après la prise de
Troie et qu'Homère désigne sous le nom de Néoptolème. Sur les
bords du Phase, à l'est de la mer Noire, les vaches étaient de petite
taille, mais donnaient beaucoup de lait (11). Aristote signale encore
qu'il existe une race de bœufs qui ont un os dans le cœur (12), qu'en
Libye ils ont des cornes dès leur naissance (13) et que certains ont
(1) H.A., III, 21, 522 b 21 : Aristote ne donne aucune précision, mais indique
seulement qu'en Epire tous les quadrupèdes, sauf les ânes, sont de grande taille.
(2) H.A., VIII, 28, 606 a 23 : il s'agit des teckels.
(3)IX, 6, 612 a 11. Cette île est probablement l'île de Malte (cf. Buffon,
Histoire naturelle, VI, p. 371).
(4) H.A., IX, 50, 632 a 30.
(5) Hérodote, III, 106 ; VII, 40 ; IX, 20. Ces chevaux étaient élevés dans une
vaste plaine de Médie que l'on situe généralement entre Ispahan et Hamadan.
(6) H. A., IX, 47, 631 a 1.
(7) G.A., II, 7, 748 b 34-749 a 7 ; H.A., I, 6, 491 a 2 ; VI, 24, 577 b 21, 25, 28
(cf. notre article dans la Revue de Philologie, XXXI, 1957, p. 63 et sq.).
(8) Voir en particulier H.A., VI, 23, 24, 577 b 5-578 a 4 ; G.A., II, 8, 747 a 22 et sq.
(9) H.A., VIII, 25, 605 a 20 ; 28, 606 b 4 ; G.A., II, 8, 748 a 22-26, où Aristote
déclare « l'âne ne peut naître dans les pays aux hivers rigoureux, comme le pays des
Celtes au-delà de l'Ibérie ».
(10) H.A., III, 21, 522 b 16 et sq. ; VI, 18, 572 b 19 ; VIII, 7, 595 b 17 : quatre cents
de ces vaches pyrrhiques étaient engraissées pour la boucherie ; on ne les faisait pas
saillir et on les nourrissait spécialement.
(11) H.A., III, 21, 522 6 14-15.
(12)II, 15, 506 a 8-10 ; P.A., III, 4, 666 b 19 ; G.A., V, 7, 787 b 18.
(13) H.A., VIII, 28, 606 a 18. 192 revue d'histoire des sciences
les cornes inclinées en avant ce qui les oblige à paître à reculons (1),
qu'en Ph

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