La France et les révolutions manquées à l Est - article ; n°1 ; vol.13, pg 153-167
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Description

Histoire, économie et société - Année 1994 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 153-167
Abstract The author considers French attitudes towards the developments which took place in Eastern Europe from 1956 to 1989, from three different approaches : the geopolitical situation of France in relation to the Communist empire, the dual character of the Soviet Union — both great military power and conquering ideological system, and the exact timing of each one of the «failed revolutions». The latter were stages in a process during which drastic changes took place. In the late 1980's, France was no longer «in the Second line», as she had been facing the Soviet Union, a position which had allowed de Gaulle's foreign policy some freedom of manœuvre. Like wise , as crises happened in Eastern Europe, marxist and socialist ideology gradually lost its ascendancy over the French intelligentsia. In comparison with the present situation, in which France is again on the front line, with — or facing — Germany, the period of the anti-totalitarian revolutions in Eastern Europe looks like a prehistory, which definitively belongs to the past.
Résumé L'auteur envisage l'attitude française face aux événements survenus en Europe de l'Est entre 1956 et 1989 en faisant intervenir trois dimensions : la situation géopolitique de la France par rapport à l'empire communiste, la double dimension de l'URSS, à la fois grande puissance militaire et système idéologique conquérant, et le moment précis où survient chacune des révolutions manquées. Ces dernières marquent autant d'étapes au cours desquelles la donne initiale se transforme radicalement. A la fin des années 80, la France n'est plus en «seconde ligne» comme elle le fut face à l'URSS, ce qui assurait à la politique étrangère gaulliste une certaine liberté de manœuvre. De même, au fur et à mesure des crises de l'Est, l'idéologie marxiste et socialiste a progressivement perdu son hégémonie dans l'intelligentsia française. Par rapport à la situation actuelle, où la France se retrouve — avec ou face à l'Allemagne — en première ligne, l'époque des révolutions antitotalitaires de l'Est apparaît comme une préhistoire définitivement révolue.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bela Farago
La France et les révolutions manquées à l'Est
In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°1. pp. 153-167.
Citer ce document / Cite this document :
Farago Bela. La France et les révolutions manquées à l'Est. In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°1. pp. 153-
167.
doi : 10.3406/hes.1994.1737
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1994_num_13_1_1737Résumé
Résumé L'auteur envisage l'attitude française face aux événements survenus en Europe de l'Est entre
1956 et 1989 en faisant intervenir trois dimensions : la situation géopolitique de la France par rapport à
l'empire communiste, la double dimension de l'URSS, à la fois grande puissance militaire et système
idéologique conquérant, et le moment précis où survient chacune des révolutions manquées. Ces
dernières marquent autant d'étapes au cours desquelles la donne initiale se transforme radicalement. A
la fin des années 80, la France n'est plus en «seconde ligne» comme elle le fut face à l'URSS, ce qui
assurait à la politique étrangère gaulliste une certaine liberté de manœuvre. De même, au fur et à
mesure des crises de l'Est, l'idéologie marxiste et socialiste a progressivement perdu son hégémonie
dans l'intelligentsia française. Par rapport à la situation actuelle, où la France se retrouve — avec ou
face à l'Allemagne — en première ligne, l'époque des révolutions antitotalitaires de l'Est apparaît
comme une préhistoire définitivement révolue.
Abstract The author considers French attitudes towards the developments which took place in Eastern
Europe from 1956 to 1989, from three different approaches : the geopolitical situation of France in
relation to the Communist empire, the dual character of the Soviet Union — both great military power
and conquering ideological system, and the exact timing of each one of the «failed revolutions». The
latter were stages in a process during which drastic changes took place. In the late 1980's, France was
no longer «in the Second line», as she had been facing the Soviet Union, a position which had allowed
de Gaulle's foreign policy some freedom of manœuvre. Like wise , as crises happened in Eastern
Europe, marxist and socialist ideology gradually lost its ascendancy over the French intelligentsia. In
comparison with the present situation, in which France is again on the front line, with — or facing —
Germany, the period of the anti-totalitarian revolutions in Eastern Europe looks like a prehistory, which
definitively belongs to the past.FRANCE ET LES RÉVOLUTIONS MANQUÉES LA
A L'EST
par Bela FARAGO*
Résumé
L'auteur envisage l'attitude française face aux événements survenus en Europe de l'Est entre 1956
et 1989 en faisant intervenir trois dimensions : la situation géopolitique de la France par rapport à
l'empire communiste, la double dimension de l'URSS, à la fois grande puissance militaire et système
idéologique conquérant, et le moment précis où survient chacune des révolutions manquées. Ces der
nières marquent autant d'étapes au cours desquelles la donne initiale se transforme radicalement. A la
fin des années 80, la France n'est plus en «seconde ligne» comme elle le fut face à l'URSS, ce qui as
surait à la politique étrangère gaulliste une certaine liberté de manœuvre. De même, au fur et à mesure
des crises de l'Est, l'idéologie marxiste et socialiste a progressivement perdu son hégémonie dans
l'intelligentsia française. Par rapport à la situation actuelle, où la France se retrouve — avec ou face à
l'Allemagne — en première ligne, l'époque des révolutions antitotalitaires de l'Est apparaît comme
une préhistoire définitivement révolue.
Abstract
The author considers French attitudes towards the developments which took place in Eastern Eu
rope from 1956 to 1989, from three different approaches : the geo-political situation of France in
relation to the Communist empire, the dual character of the Soviet Union — both great military po
wer and conquering ideological system, and the exact timing of each one of the «failed revolutions».
The latter were stages in a process during which drastic changes took place. In the late 1980's, France
was no longer «in the Second line», as she had been facing the Soviet Union, a position which had
allowed de Gaulle's foreign policy some freedom of manœuvre. Like wise , as crises happened in
Eastern Europe, marxist and socialist ideology gradually lost its ascendancy over the French
intelligentsia. In comparison with the present situation, in which France is again on the front line,
with — or facing — Germany, the period of the anti-totalitarian revolutions in Eastern Europe looks
like a prehistory, which definitively belongs to the past.
Pour présenter les répercussions en France des révolutions manquées de l'Est, je
me propose de suivre la démarche suivante :
- en premier lieu, il me paraît nécessaire de rappeler rapidement les grandes lignes
du cadre dans lequel s'inscrit l'histoire tant des crises qu'ont connu les régimes com
munistes européens que des réactions françaises face à elles ;
* Vice-président du tribunal administratif de Versailles 54 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE 1
- en second lieu, j'examinerai rapidement chacune de ces crises, non seulement
1956 et 1968, mais également les révolutions manquées ou «rampantes» que repré
sentent le phénomène de la dissidence soviétique des années 70 ou la Pologne des an
nées 80 ;
- enfin, en conclusion, je me demanderai si les révolutions de 89-91 n'entraînent
pas un changement absolument radical du cadre décrit au premier point de mon ex
posé, qui relègue l'ensemble de mon sujet dans la préhistoire du XXIème
siècle.
I. Le cadre
Le cadre où s'incrivent les réactions françaises présente une multitude d'aspects,
dont je mentionnerai trois.
A. Un premier élément, de caractère permanent, est très clairement décrit dans
l'ouvrage de Michel Tatu : Eux et nous, les relations Est-Ouest entre deux détentes :
«La France — qui n'est pas exposée en première ligne comme l'Allemagne — n'a ja
mais eu à régler avec Moscou d'importants problèmes politiques, de ceux qui affectent
la vie quotidienne des Français ou pèsent sur le destin national... Vues de Paris, les
«relations Est-Ouest» sont d'abord un «exercice» diplomatique... On peut pousser
plus avant cet «exercice» pour des raisons de prestige... mais on peut aussi renoncer
sans inconvénients majeurs» (p. 139). De ce fait, «la politique de l'Est n'est qu'un
moyen et non une fin pour la France» (p. 106).
Cette liberté de mouvement rend donc possible une politique d'indépendance. Le
problème est de savoir quelle est la fin en vue de laquelle le moyen constitué par la
politique de l'Est sera employé. Plus particulièrement, s'agissant de chacune des
crises de l'Est, il faudra se demander quel type de réaction permettait, face à ces
crises, la politique que la France était en train de poursuivre à l'égard du monde com
muniste et si cette réaction lui permettait d'atteindre ses objectifs.
B. Le second élément qui intervient ici est constitué par la double nature de la
puissance soviétique, présentant à la fois un aspect «normal» de puissance militaire
impériale et un aspect spécifique de puissance idéologique, millénariste et messia
nique. Ces aspects sont en constante interaction. La rigidité idéologique et la force a
rmée sont des attributs inséparables de l'Empire soviétique, dont cet empire a su jouer
en virtuose jusqu'à sa crise finale.
Cette dualité a en effet permis à l'URSS un double jeu constant, tandis qu'en face
les réactions françaises sont longtemps restées pour ainsi dire dichotomisées.
D'un côté, les responsables politiques, attachés au maintien de l'équilibre et du
statu quo, n'ont voulu trop longtemps voir que la puissance militaire ou le partenaire
politique et économique, en passant sous silence ou même, comme le général de
Gaulle, en ignorant volontairement sa nature idéologique. Cette attitude apparaissait LA FRANCE ET LES REVOLUTIONS MANQUEES 155
d'ailleurs souvent comme cynique, fermant trop rapidement les yeux sur les horreurs
du communisme.
D'un a

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