La gens urinate - article ; n°2 ; vol.110, pg 647-662
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1998 - Volume 110 - Numéro 2 - Pages 647-662
Clara Berrendonner et Massimiliano Munzi, La gens urinate, p. 647-662. Le gentilice étrusque urinate renvoie au toponyme * Urina, qui désignerait soit la cité de Saturnia, soit la ville campanienne de Nola. Urinate apparaît d'ailleurs pour la première fois en Campanie à la fin de la période archaïque. Le gentilice est attesté à l'époque hellénistique d'une part à Bomarzo-Statonia, d'autre part en Étrurie septentrionale, à Volterra, Chiusi et Pérouse. La qualité des monuments funéraires des urinate et leur insertion dans de prestigieux réseaux d'alliances permettent de définir la famille comme aristocratique. Si les guerres civiles du Ier siècle av. J.-C. semblent avoir précipité la fin des urinate au nord de l'Étrurie, la branche méridionale perdura à l'époque romaine. L'élément onomastique Urinatius finit ainsi par apparaître dans le nom de plusieurs sénateurs des IIe-IIIe siècles ap. J.-C.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Clara Berrendonner
Massimiliano Munzi
La gens urinate
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 110, N°2. 1998. pp. 647-662.
Résumé
Clara Berrendonner et Massimiliano Munzi, La gens urinate, p. 647-662.
Le gentilice étrusque urinate renvoie au toponyme * Urina, qui désignerait soit la cité de Saturnia, soit la ville campanienne de
Nola. Urinate apparaît d'ailleurs pour la première fois en Campanie à la fin de la période archaïque. Le gentilice est attesté à
l'époque hellénistique d'une part à Bomarzo-Statonia, d'autre part en Étrurie septentrionale, à Volterra, Chiusi et Pérouse. La
qualité des monuments funéraires des urinate et leur insertion dans de prestigieux réseaux d'alliances permettent de définir la
famille comme aristocratique. Si les guerres civiles du Ier siècle av. J.-C. semblent avoir précipité la fin des urinate au nord de
l'Étrurie, la branche méridionale perdura à l'époque romaine. L'élément onomastique Urinatius finit ainsi par apparaître dans le
nom de plusieurs sénateurs des IIe-IIIe siècles ap. J.-C.
Citer ce document / Cite this document :
Berrendonner Clara, Munzi Massimiliano. La gens urinate. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 110, N°2.
1998. pp. 647-662.
doi : 10.3406/mefr.1998.2047
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1998_num_110_2_2047BERRENDONNER ET MASSIMILIANO MUNZI CLARA
LA GENS URINATE
On méconnaît souvent l'importance numérique du corpus épigra
phique étrusque pour l'époque hellénistique, alors que les nécropoles d'É-
trurie ont livré plusieurs milliers d'épitaphes. On dispose ainsi de véritables
coupes des sociétés locales, particulièrement propices à des études de type
prosopographique. On sait combien cette méthode de travail, largement
pratiquée depuis trois quarts de siècle par les historiens de la société et de
la vie politique romaines, a porté de fruits. La documentation épigraphique
étrusque ne fournit certes pas autant de données que son équivalent latin :
son caractère quasi exclusivement funéraire, la brièveté et le formulaire ré
pétitif des textes, les difficultés inhérentes à la compréhension de la langue
expliquent sans doute le petit nombre des études engagées dans ce do
maine. Seuls les articles pionniers de M. Torelli sur les sénateurs origi
naires d'Étrurie (Torelli 1969 et 1982), de F.-H. Massa-Pairault sur les aris
tocrates clusiniens (Massa-Pairault 1986) et d'A. Maggiani sur le Cilnium
genus (Maggiani 1986) ont abordé ce champ de recherche. Le relevé des oc
currences d'un gentilice - le choix s'est porté sur le nom urinate en raison
de sa rareté - permet pourtant d'identifier l'origine d'une lignée, de préciser
son statut social et de suivre ses membres à travers les vicissitudes de la ro-
manisation.
L'étymologie du gentilice1 [C.B.-M.M.]
On sait que la terminaison en -ate caractérisait en étrusque les genti-
lices formés sur des ethniques (Rix 1963, p. 232; Pallottino 1979, p. 721).
urinate renverrait ainsi à une cité *Urina. L'identification de la ville d'*U-
rina demeure problématique. La seule véritable attestation linguistique
de la forme urina apparaît sur des monnaies campaniennes de la région
de Noia (Vetter I, 133). Philipp (RE, 17, 1936, coll. 811-814), s'appuyant
1 Nous tenons à remercier D. Briquel et G. Colonna pour les conseils apportés
lors de l'élaboration de ce travail. Les éventuelles erreurs sont bien sûr de notre fait.
MEFRA - 110 - 1998 - 2, p. 647-662. 648 CLARA BERRENDONNER ET MASSIMILIANO MUNZI
sur Velleius I, 7, 2, estime qu'Urina devait être le nom de la cité fondée
par les Étrusques à l'emplacement de la future Noia. Le nom de Noia
semble en tout cas signifier «la ville nouvelle», et impliquer par
conséquent que la cité portait un nom différent durant la période
étrusque. L'hypothèse d'un lien entre la ville campanienne d'*Urina et
l'Étrurie pourrait être renforcée par un intéressant document épigra-
phique. Un fragment de «bucchero pesante», retrouvé dans un habitat
archaïque de Capoue, portait en effet une marque de possession en
étrusque, au nom d'un mamurce urinate (Cm 2.242). Le vase a certes pu
être produit en pays étrusque, par exemple à Chiusi, et voyager par la
suite, mais il semble vraisemblable que la marque de propriété fut gra
vée sur place. Nous aurions ainsi trace de la participation d'un urinate à
l'expansion étrusque en Italie méridionale.
Un passage de Pline (NH, III, 52) propose une autre identification pour
la ville d'Urina, mais toujours en relation étroite avec l'Étrurie. Selon l'e
ncyclopédiste latin, en effet, «Saturnini (...) antea Orini vocabantur». *Urina
pourrait par conséquent être assimilée à la cité de Saturnia.
Le toponyme * Urina pourrait être interprété à partir de la racine -ver,
eau. Il ferait ainsi allusion à la présence de sources, même si, très rapide
ment, la signification du nom propre a pu n'être plus perçue. J. P. Oleson
(Oleson 1976, p. 22-29) pense qu* urina pourrait être apparenté à des
termes désignant des liquides, comme ourein en grec ou urina en latin.
Contrairement à ce qu'il affirme, l'étrusque *urina ne semble pas pouvoir
être l'intermédiaire par lequel se serait effectué le passage du grec au latin.
Le dictionnaire étymologique d'Ernout et Meillet suggère plutôt l'indépen
dance de termes parallèles.
La gens urinate en Étrurie septentrionale [C.B.]
La carte de répartition du gentilice met en évidence trois zones où se
concentraient les urinate : Volterra-Sienne, considérées comme un en
semble puisque la constitution de Sienne comme municipe indépendant
doit remonter aux années postérieures à la Guerre Sociale (Cristofani 1979,
p. 94; Fiumi 1968, p. 57), Chiusi, et enfin Pérouse.
2 Les références des inscriptions étrusques sont tirées des Etruskische Texte
d'H. Rix. LA GENS URINATE 649
Volterra-Sienne
Les urinate sont connus à Volterra même par les trois inscriptions sui
vantes, de provenance inconnue :
Vt 1.159 arn0.urinate. 1s
Vt 1.160 ravntza.urinati.ar.ril.il, peut-être fille du précédent
Vt 1.161 9ana:urinati:presntes
II faut ajouter Vt 4.1, la(r)9i (piavi urin(a)te(s), sur la tablette de plomb
découverte dans les collines de Monte Bradoni-Uliveto.
À Camulliano, le gentilice urinate apparaît à quatre reprises dans la
tombe oecu :
AS 1.342 vel.aecu.urinat[ial]
AS 1.343 l.aecu.l.uri/natial
AS 1.344 9ana/aecui/urinati/al
AS 1.345 l.urin/ate.l
II est vraisemblable que AS 1.342, 1.343 et 1.344 aient été frères et
sœur. Apparemment, un parent en ligne maternelle fut inhumé dans le
même tombeau.
L'épitaphe AS 1.506, la:urinate/velias, reste de lecture très incertaine.
Dans la région de Volterra-Sienne, l'origine des urinate ne peut être lo
calisée clairement. La paléographie des inscriptions permet d'attribuer les
témoignages épigraphiques les plus anciens à Camulliano (IIIe-IIe siècles
av. J.-C.?); les plus récents, à Volterra, remontent au tournant des IIe-Ier
siècles av. J.C.
Le réseau d'alliance des urinate englobait les flave, les presnte et les ae-
cu.
Les flave possédaient dans la nécropole du Portone une sépulture famil
iale qui contenait, d'après les témoignages du XVIIIe siècle (Inghirami
1821, p. 101), une quarantaine de dépositions. La tombe présentait la parti
cularité d'abriter deux grands sarcophages (Herbig n° 260-261), sans doute
celui du fondateur de la lignée et de son épouse. Selon G. Colonna (Colon
na 1993, p. 345), la préférence donnée par les flave à l'inhumation indique
qu'ils étaient originaires d'Étrurie méridionale. Le sarcophage de ls. flave
(Vt 1.27) semble remonter à la seconde moitié du IIIe siècle av. J.-C. Dans la
mesure où le monument était orné d'une scène montrant un magistrat en
touré de ses appariteurs (Lambrechts 1959, p. 145-147), il est probable que
le personnage exerça des responsabilités publiques à Volterra. L'impor
tance de la famille est confirmée par l'étude de sa parent

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