La gestion d une relation épistolaire dans les milieux d affaires toscans à la fin du Moyen Age - article ; n°1 ; vol.190, pg 63-84
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Publications de l'École française de Rome - Année 1994 - Volume 190 - Numéro 1 - Pages 63-84
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Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 37
Langue Italiano
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jérôme Hayez
La gestion d'une relation épistolaire dans les milieux d'affaires
toscans à la fin du Moyen Age
In: La Circulation des nouvelles au Moyen Âge. XXIVe Congrès de la S.H.M.E.S. (Avignon, juin 1993). Rome : École
Française de Rome, 1994. pp. 63-84. (Publications de l'École française de Rome, 190)
Citer ce document / Cite this document :
Hayez Jérôme. La gestion d'une relation épistolaire dans les milieux d'affaires toscans à la fin du Moyen Age. In: La Circulation
des nouvelles au Moyen Âge. XXIVe Congrès de la S.H.M.E.S. (Avignon, juin 1993). Rome : École Française de Rome, 1994.
pp. 63-84. (Publications de l'École française de Rome, 190)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1994_act_190_1_4364HAYEZ Jérôme
LA GESTION D'UNE RELATION ÉPISTOLAIRE
dans les milieux d'affaires toscans la fin du Moyen Age
« Parce que je fréquente régulièrement monseigneur [Piero Corsini cardi
nal "de Florence"] et d'autres seigneurs d'ici, et que je vois qu'ils apprécient
particulièrement les nouvelles qu 'on leur donne de là-bas, je voudrais, quand
tu m 'écris, que tu indiques parfois ce qui se passe dans notre pays, et surtout
à Florence ; cela ne coûte pas grand-chose et le plaisir qu 'ils y trouvent per
met de se concilier plus facilement leurs faveurs » l. Cet extrait d'une lettre
adressée à la fin du XIVe siècle à un compatriote par maestro Naddino
d'Aldobrandino Bovattieri da Prato, médecin toscan alors établi depuis quel
ques mois à Avignon, met en évidence la valeur instrumentale de l'informa
tion dans les rapports interpersonnels tissés au sein d'un réseau social. Parce
qu'elle préserve le témoignage immédiat d'échanges discursifs, la correspon
dance représente une source privilégiée pour tenter d'apprécier la façon dont
se négocie la communication de renseignements ou de conseils. Alors que cer
tains fonds d'archives privés constitués autour d'un réseau commercial nous
ont transmis des liasses entières de lettres unissant des couples de correspon
dants aisément identifiables, cette documentation n'a pourtant pas encore sus
cité, de façon générale, d'intérêt fourni pour la situation de communication
dans laquelle elle s'inscrit. Il n'est en revanche plus nécessaire, aujourd'hui,
de montrer l'ampleur et la variété des informations propagées à travers les ré-
1. « E perché uso assai con monsingnore e con altri singnori di qua, e vegio molto si di-
lictono d'udire novelle di costà, arei charo, quando mi scrivi, ne scrivessi alcuna volta delle
cose che ocorrono in nostro paese , specialmente a Firenze ; [...] son cose non costano e viensi
in lor magior grada per lo piacere ne prendono » : lettre de maestro Naddino d'Aldobrandino
Bovattieri à Monte d'Andrea Angiolini da Prato, 21 janvier 1387 (R. Brun, « Quelques Italiens
d'Avignon au XIVe siècle. 2 : Naddino de Prato médecin de la cour pontificale », Mélanges
d'archéologie et d'histoire, 40 (1923), p. 223). Jérôme HAYEZ 64
seaux commerciaux italiens de la fin du Moyen Age et dans l'entourage de
leurs agents. Cette richesse est illustrée, pour la Toscane, par d'abondantes
traces documentaires qui incluent, outre la correspondance, les manuels com
merciaux (pratiche di mercatura) et les registres de comptes et d'annotations
domestiques (ricordanze). C'est presque un lieu commun, depuis les études
d'A. Sapori, d'Y. Renouard et de F. Melis, de souligner la réputation d'effi
cacité, de précision et de rapidité dont jouissaient auprès des cours princières,
pour la transmission des nouvelles, les agences commerciales toscanes im
plantées à l'étranger 2. L'exploration des enjeux que pouvait revêtir la circula
tion de l'information n'a cependant peut-être pas été poussée assez loin. Elle
s'est sans doute trop souvent arrêtée au seuil de la compagnie ou de l'agence,
érigée au rang d'une entité assez abstraite, alors que l'information circule
d'abord entre des individus3. Quant à l'approche du document épistolaire
proprement dit, un constat s'impose : les lettres des marchands restent le plus
souvent réduites au statut d'une mine de renseignements de toute espèce, évé
nements politiques et rumeurs, transactions commerciales, données biogra
phiques et épisodes de la vie quotidienne, témoignages sur la variété de la
langue vernaculaire, etc. Alors que les ricordanze ont bénéficié, au cours de
ces dernières années, d'une critique plus fine à la faveur des investigations sur
les pratiques et les représentations de la parenté 4, la production épistolaire
2. A. Sapori, « La cultura del mercante medievale italiano », Rivista di storia economica, 2
3e éd., 1, (1937), p. 89-125 [réimpr. dans Studi di storia economica (secoli XIII-XIV-XV),
Florence, 1955, p. 53-93] ; Y. Renouard, « Comment les papes d'Avignon expédiaient leur
courrier », Revue historique, 180 (1937), p. 1-29 [réimpr. dans Etudes d'histoire médiévale, 2,
Paris, 1968, p. 739-764] ; Id., Les relations des papes d'Avignon et des compagnies commerc
iales et bancaires de 1316 à 1378, Paris, 1941, 2e partie, ch. 6-7 ; Id., «Information et
transmission des nouvelles », dans L'histoire et ses méthodes, Paris, 1961 (Encyclopédie de la
Pléiade, 11), p. 95-142 ; J. Heers, « 11 commercio nel Mediterraneo alla fine del sec. XIV e nei
primi anni del XV », Archivio storico italiano, 113 (1955), p. 157-209 ; F. Melis, Aspetti della
vita economica medievale (Studi nell'Archivio Datini di Prato), Sienne-Florence, 1962, p. 118-
119 ; Id., Documenti per la storia economica dei secoli XIII-XVI, Florence, 1972, p. 14-sqq. ;
Id., « Intensità e regolarità nella diffusione dell'informazione economica generale nel Mediter
raneo e in Occidente alla fine del Medioevo », dans Histoire économique du monde méditerra
néen (1450-1650). Mélanges en l'honneur de Fernand Brandet, Toulouse, 1973, p. 389-424
[réimpr. sous forme de fascicule, Prato, 1983 (Quaderni di storia postale, 2) et comme article
dans / trasporti e le comunicazioni nel medioevo, éd. L. Frangioni, Florence, 1984 (Opere
sparse di Federigo Melis, 6), p. 179-223].
3. Cette orientation historiographique participe de l'élaboration, en réaction à la thèse de
W. Sombart, d'une « légende rose du marchand médiéval italien », pour reprendre la formule
de R. Romano, « II mercante italiano tra Medioevo e Rinascimento », Odrodzenie i Reformacja
w Polsce, 8 (1963) [réimpr. dans Tra due crisi : l'Italia del Rinascimento, Turin, 1971, p. 85].
Rares ont été les études suffisamment attentives au contexte humain du fonctionnement d'une
association commerciale pour reconnaître le caractère divergent et virtuellement conflictuel des
intérêts des membres et dépendants d'une association commerciale. Voir cependant sur les
rapports des fils de Villano di Stoldo avec les compagnies Bonaccorsi et Peruzzi M. Luzzati,
Giovanni Villani e la compagnia dei Buonaccorsi, Rome, 1971.
4. Voir les analyses et les références bibliographiques contenues dans les études de A.
Cicchetti, R. Mordenti, « La scrittura dei libri di famiglia », Letteratura italiana. 3 : Le forme
del testo, 2 : La prosa, Turin, 1984, p. 1117-1159 ; L. Pandimiglio, « Ricordanza e libro di
famiglia. Il manifestarsi di una nuova fonte », Lettere italiane, 39 (1987), p. 3-19 ; C.
Klapisch-Zuber, « Comptes et mémoire : l'écriture des livres de famille florentins », dans C. EPISTOLARE DANS LES MILIEUX D'AFFAIRES TOSCANS 65 RELATION
des mêmes couches sociales n'a pas suscité une attention comparable. Divers
chercheurs anglo-saxons ont cependant utilisé la correspondance privée rédi
gée par le milieu urbain florentin du Quattrocento dans des perspectives
d'analyse sociale, et leurs études ont nettement souligné la valeur de la lettre
comme instrument d'un rapport interpersonnel qui peut prendre le caractère
d'une relation de clientélisme 5. Leurs approches et leurs conclusions n'ont
pas été élargies, en revanche, aux importants vestiges documentaires que re
présentent les missives échangées par les marchands entre eux ou avec leur
entourage. La notion arbitraire d'une catégorie particulière d'écrits privés qui
serait constituée par la lettre d'affaires n'

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