La gladiature et la venatio en Mésie Inférieure et en Dacie à partir du règne de Trajan - article ; n°1 ; vol.20, pg 29-53
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Dialogues d'histoire ancienne - Année 1994 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 29-53
Les témoignages concernant la gladiature et la 'venatio' sont relativement rares et épars en Dacie, issus en majorité de milieux étrangers à la Dacie, déjà romanisés, de militaires installés dans les camps et les villes de garnison au moment de la conquête, de vétérans et de populations venues d'Italie et des provinces orientales du monde romain, attirées par les fondations coloniales et municipales de Trajan et d'Hadrien.
Néanmoins les Daces ont participé malgré eux aux spectacles de l'arène à Rome, comme prisonniers de guerre, lors du triomphe de Trajan sur les Daces en 107, qui a fait terminer pour cette occasion une caserne d'entraînement de gladiateurs, le 'ludus dacicus' ; les Daces ont aussi volontairement combattu dans les arènes en s'engageant dans la carrière de gladiateurs où on les retrouve à Tomis de Mésie inférieure et à Salona de Dalmatie.
Les témoignages provenant de Mésie sont beaucoup plus nombreux, variés, plus riches en informations sur la nature de cet évergétisme et de ce type de spectacles ; ce sont des invitations à des spectacles de l'arène et des inscriptions honorifiques qui indiquent le statut des éditeurs, leur loyalisme vis-à-vis de l'autorité impériale, les liens étroits entre le culte impérial et l'édition des combats ; ce sont encore des épigrammes et des stèles funéraires de gladiateurs et de bestiaires qui renseignent sur les 'armaturae', le statut, l'âge, la carrière et l'entourage des combattants ainsi que sur la cadence, les circonstances et l'issue des combats. Tous ces témoignages montrent que Trajan et ses successeurs ont encouragés ces spectacles, qui étaient populaires, d'abord dans leurs fondations coloniales et municipales, mais aussi dans les anciennes colonies grecques, parce qu'ils étaient, comme le processus d'urbanisation, un moyen d'intégration, de cohésion des populations de l'empire.
The testimonies relating to the 'arena'-fights have an unequal weight in Dacia and in Moesia inferior. They are relatively dispersed and scarce in Dacia : most of them are issued from romanized peoples, from soldiers settled in the camps and the garrison-towns during the conquest, from veterans and Italians, peoples issued from oriental provinces, attracted by new 'coloniae' and 'municipia'.
Nevertheless the Dacian people has contributed to the 'arena'-fights involuntarily as war-prisoners, when Trajan organised in 107 his triumphal games. And for this occasion, he achieved the construction of the 'ludus dacicus', the training- building for the Dacian gladiators. And the Dacian people itself has contributed too willingly ; for instance, some of them have enlisted themselves in the gladiatorial career : we find Dacian gladiators in the Mesian Tomis and in the Dalmatian Salona.
In return the testimonies proceeding from Moesia are more abundant, various, richer in informations about this kind of games : they are invitations for spectacles and honorific inscriptions that indicate the editor's statute, their loyalty facing the imperial power, the close connections between the imperial cult and the editions of gladiatorial fights ; there are also funeral epigrams and stela of gladiators and 'venatores' that give informations about the 'armatu rae', the statute, the age, the career, the relatives of the fighters ; the circumstances and the end of the arena fights are sometimes specified.
These documents show that Trajan and his successors have supported these games, which were popular, first of all in their 'coloniae' and 'municipia', but also in the ancient greek colonies because they were a way of integration and cohesion of peoples.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Elisabeth Bouley
La gladiature et la venatio en Mésie Inférieure et en Dacie à
partir du règne de Trajan
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 20 N°1, 1994. pp. 29-53.
Citer ce document / Cite this document :
Bouley Elisabeth. La gladiature et la venatio en Mésie Inférieure et en Dacie à partir du règne de Trajan. In: Dialogues d'histoire
ancienne. Vol. 20 N°1, 1994. pp. 29-53.
doi : 10.3406/dha.1994.2143
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1994_num_20_1_2143Résumé
Les témoignages concernant la gladiature et la 'venatio' sont relativement rares et épars en Dacie, issus
en majorité de milieux étrangers à la Dacie, déjà romanisés, de militaires installés dans les camps et les
villes de garnison au moment de la conquête, de vétérans et de populations venues d'Italie et des
provinces orientales du monde romain, attirées par les fondations coloniales et municipales de Trajan et
d'Hadrien.
Néanmoins les Daces ont participé malgré eux aux spectacles de l'arène à Rome, comme prisonniers
de guerre, lors du triomphe de Trajan sur les Daces en 107, qui a fait terminer pour cette occasion une
caserne d'entraînement de gladiateurs, le 'ludus dacicus' ; les Daces ont aussi volontairement combattu
dans les arènes en s'engageant dans la carrière de gladiateurs où on les retrouve à Tomis de Mésie
inférieure et à Salona de Dalmatie.
Les témoignages provenant de Mésie sont beaucoup plus nombreux, variés, plus riches en informations
sur la nature de cet évergétisme et de ce type de spectacles ; ce sont des invitations à des spectacles
de l'arène et des inscriptions honorifiques qui indiquent le statut des éditeurs, leur loyalisme vis-à-vis de
l'autorité impériale, les liens étroits entre le culte impérial et l'édition des combats ; ce sont encore des
épigrammes et des stèles funéraires de gladiateurs et de bestiaires qui renseignent sur les 'armaturae',
le statut, l'âge, la carrière et l'entourage des combattants ainsi que sur la cadence, les circonstances et
l'issue des combats. Tous ces témoignages montrent que Trajan et ses successeurs ont encouragés
ces spectacles, qui étaient populaires, d'abord dans leurs fondations coloniales et municipales, mais
aussi dans les anciennes colonies grecques, parce qu'ils étaient, comme le processus d'urbanisation,
un moyen "d'intégration", de cohésion des populations de l'empire.
Abstract
The testimonies relating to the 'arena'-fights have an unequal weight in Dacia and in Moesia inferior.
They are relatively dispersed and scarce in Dacia : most of them are issued from romanized peoples,
from soldiers settled in the camps and the garrison-towns during the conquest, from veterans and
Italians, peoples issued from oriental provinces, attracted by new 'coloniae' and 'municipia'.
Nevertheless the Dacian people has contributed to the 'arena'-fights involuntarily as war-prisoners,
when Trajan organised in 107 his triumphal games. And for this occasion, he achieved the construction
of the 'ludus dacicus', the training- building for the Dacian gladiators. And the Dacian people itself has
contributed too willingly ; for instance, some of them have enlisted themselves in the gladiatorial career :
we find Dacian gladiators in the Mesian Tomis and in the Dalmatian Salona.
In return the testimonies proceeding from Moesia are more abundant, various, richer in informations
about this kind of games : they are invitations for spectacles and honorific inscriptions that indicate the
editor's statute, their loyalty facing the imperial power, the close connections between the imperial cult
and the editions of gladiatorial fights ; there are also funeral epigrams and stela of gladiators and
'venatores' that give informations about the 'armatu rae', the statute, the age, the career, the relatives of
the fighters ; the circumstances and the end of the arena fights are sometimes specified.
These documents show that Trajan and his successors have supported these games, which were
popular, first of all in their 'coloniae' and 'municipia', but also in the ancient greek colonies because they
were a way of integration and cohesion of peoples.Dialogues d'Histoire Ancienne 20.1, 1994, 29-53
LA GLADIATURE ET LA VENATIO
ENMÉSIE INFÉRIEURE ET EN DACIE
À PARTIR DU RÈGNE DE TRAJAN
Elisabeth BOULEY
Université de Nancy 2
A. Malissard a montré combien les images de la colonne trajane
manifestaient la volonté de Trajan d'organiser, selon l'ordre et les
intérêts romains, le peuple dace, partie de ce monde "barbare"
soumis selon la conception romaine déjà ancienne, à des forces
irrationnelles et inorganisées1.
Il a montré également que les symboles de l'inorganisé barbare
ou dace étaient les bois et le milieu naturel, où se cachent et se
réfugient les populations et l'armée daces et ses alliés, un milieu
naturel que les légions romaines domptent et détruisent en abattant
F. B. FLORESCU, Die Trajansaule, Bucarest-Bonn, 1969 ; L. ROSSI,
Trajan's column and the Dacian Wars, Londres, 1971 ;
A. MALISSARD, Etude filmique de la colonne trajane, Centre de
Recherches A. Piganiol, Tours, 1974 ; Id.,"Les guerres daces sur la
colonne trajane", Les Dossiers de l'archéologie, 17, 1976, 22 sq. 30 Elisabeth Bouley
les arbres et en défrichant les forêts, en construisant routes, camps,
monuments des villes2.
En revanche, l'image de la romanité et de son ordre est donnée
par l'urbanisation. Le Romain maîtrise les forces irrationnelles
religieuses et politiques en construisant des villes avec les
monuments destinés aux activités diverses et spécifiques d'une vie
collective structurée, destinés également à servir les objectifs idéolo
giques des princes : les temples et les autels, les arcs triomphaux, les
colonnes et les trophées, symboles de l'hégémonie romaine, des
activités religieuses ; les quais des ports, les entrepôts et les
marchés, symboles du prince "nourricier", des activités économiques
et annonaires ; les basiliques et les curies, symboles de l'ordre
dispensé par la loi, des activités administratives et judiciaires ; les
stades et les gymnases, les bibliothèques, les théâtres et les
amphithéâtres, des activités sportives, intellectuelles et de
divertissement.
Parmi les divertissements, les spectacles de l'arène, combats
de gladiateurs et venatio, furent édités de façon privilégiée par les
princes et en particulier Trajan, parce qu'ils étaient populaires et
permettaient d'entretenir la "cohésion" de Rome avec ses provinces,
en diffusant une idéologie de la victoire et de la paix par le loisir3.
Comme ses prédécesseurs Trajan a fait de l'urbanisation et de
toutes les activités qu'elle implique un outil de pacification et de
romanisation des provinces déjà administrées par Rome, en
particulier des Mésies, et des territoires daces qu'il avait conquis4.
Deux scènes de la colonne, les scènes XXXIII et C, représentent
les symboles de ces spectacles, deux amphithéâtres dans deux villes
situées sur le Danube.
La scène XXXIII (fig. 1) représente une ville fortifiée et
prospère de la rive droite, dotée de remparts, d'une porte
2. A. MALISSARD, "Les Barbares sur la colonne trajane", loc. cit., 74 sq.
Pour simplifier l'exposé je parlerai de Dacie au singulier qui désigne
les 3 provinces de Dacie organisées par Hadrien en 118 :
C. PETOLESCU, "L'organisation de la Dacie sous Trajan et Hadrien",
Dacia, 29, 1-2, 1985, 50 sq.
3. M. CLAVEL-LÉVÊQUE, L'empire en jeux, Paris, 1984, 31 et 98.
4. D. TUDOR, "Rapports au ler-IIIème s. de notre ère de la Mésie
inférieure avec la Dacie inférieure", Actes du Ilètne congrès inter
national de Thracologie, Bucarest, 4-10 septembre 1976, 1980, 239 scj. ;
H. DAICOVICIU, "La romanisation de la province de Dacie", AMN,
21, 1984, 81 sq.
DHA 20.1, 1994 La gladiature et la venatio... 31
triomphale, de temples, d'un amphithéâtre de pierre et d'un port, où
s'embarquent Trajan et une partie de son armée à l'automne ou durant
l'hiver 101 suivant les reconstitutions toutes les plus ingénieuses
mais contradictoires de la chronologie, de la stratégie et de la
géographie des campagnes de la première guerre dace5.
La scène С (fig. 2) de la colonne illustre l'épisode de l'hiver
10

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