La Grèce, l École et les géographes - article ; n°1 ; vol.120, pg 451-463
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1996 - Volume 120 - Numéro 1 - Pages 451-463
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Olivier Deslondes
La Grèce, l'École et les géographes
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 120, livraison 1, 1996. pp. 451-463.
Citer ce document / Cite this document :
Deslondes Olivier. La Grèce, l'École et les géographes. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 120, livraison 1,
1996. pp. 451-463.
doi : 10.3406/bch.1996.4609
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1996_num_120_1_46094M. BCH 120(1996) /
géographes1
La Grèce, l'Ecole et les
C'est en 1990 que l'École française d'Athènes, cent vingt ans après l'éphémère sec
tion des sciences instituée par Amédée Daveluy, a accordé une place aux disciplines tour
nées vers la Grèce contemporaine. La géographie n'est que l'une de ces disciplines, bien
quelle ait fait son entrée dès la deuxième promotion de «moderniste», en 1991. Peu
d'épisodes communs, donc, entre l'École et les géographes français.
« Géographie » sonne pourtant comme un leitmotiv sous la plume de Georges
Radet, lorsque celui-ci dresse en 1901 le bilan de cinquante ans de travaux athéniens2.
Mais la géographie que possèdent ou élaborent à la perfection Charles Hanriot, Jules
Girard ou Léon Heuzey, reste au service de l'archéologie classique. Dans la foulée des
voyageurs comme Leake ou Pouqueville, il s'agit de placer sur une carte les cités antiques
décrites par Strabon et Tite-Live, accessoirement d'en reconstituer l'organisation spatiale,
plus accessoirement encore de comprendre les paysages actuels. Annexée par les historiens,
la géographie bascule en outre après 1880 vers l'ethnographie et se pose en défenseur de
l'hellénisme face aux prétentions des autres nations balkaniques. Elle ne sert pas « à faire la
guerre», mais contribue à l'identité d'un État grec moderne conçu par les philhellènes
comme l'avatar de la Grèce antique, puis à parachever sa construction territoriale à
l'époque où se pose la question d'Orient. Jusqu'aux guerres balkaniques, la « géographie »
des Athéniens reflète ces ambiguïtés et ces hésitations. En revanche, quand les impératifs
économiques et démographiques de la Grèce prennent le pas sur la construction territo
riale et nationale, inspirant vers 1920 les premières analyses proprement géographiques,
l'École se détourne de la discipline, et pour longtemps puisqu'il faut attendre les années
1980 pour y voir réapparaître les études de géographie historique ou contemporaine.
La tradition du voyage et L· géographie de V Antiquité
I périple en Doit-on Grèce classer et en Orient parmi ? les Peu géographes d'entre eux les laissent voyageurs des régions qui rédigent parcourues la relation une descripde leur
tion systématique, qui manifeste sinon le souci d'analyser, du moins celui d'informer. Et
cette information concerne moins les peuples ou les paysages que les antiquités : le but est
de reconstituer la géographie antique en confrontant les textes anciens et les vestiges. C'est
OLIVIER DESLONDES — LA GRÈCE, L'ÉCOLE ET LES GÉOGRAPHES CENT CINQUANTENAIRE EFA 4β2
dans cet esprit que M.-G. de Choiseul-Gouffier publie en 1782 un monumental Voyage pit
toresque de la Grèce1, qui comporte des canes de Lemnos et de l'Hellespont, ainsi qu'un plan
de Constantinople, ou que E.-M. Cousinéry parcourt la Macédoine à la fin du XVIIIe
siècle4. En 1804, Napoléon investit F. C. H. L. Pouqueville d'une mission diplomatique
auprès d'Ali de Tepelen, pacha de Iânnina, « homme déjà plus que fameux par ses crimes » :
charge peu engageante, que Pouqueville accepte parce qu'il y voit l'occasion d'achever la
tâche entreprise lors d'une première mission en Morée et en Albanie comme correspondant
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, « parcourir la terre classique » pour identi
fier les sites antiques nommés par Strabon, Tlte-Live et Pausanias5. Sa contribution à la
Géographie universelle des peuples éditée en 1826 est en réalité un tableau géographique de
l'Antiquité. On retrouve sur ce terrain l'éternelle rivalité franco-anglaise : dans son périple
en Épire et en Macédoine, Pouqueville est talonné par W. M. Leake6, officier d'artillerie br
itannique qui instruit les troupes épirotes, mais que les antiquités passionnent bien plus. Les
deux hommes voient donc la Grèce à travers la géographie du Ier siècle, et ignorent la topo
nymie vernaculaire au profit des noms antiques ; la topographie, élément fixe par excellence
et unique donnée susceptible de servir de lien entre les relations antiques et l'observation
actuelle, fait seule l'objet de description fines, parfois cliniques.
Sans doute les voyageurs contribuent-ils à la connaissance de la Grèce contemporaine
en relevant aussi les signes de déclin ou de progrès, les systèmes de production, les méthodes
de cultures. On compte les feux des lieux habités tout en notant l'appartenance confessionn
elle et linguistique des villageois, sans terminologie bien arrêtée : ainsi le Grec, le chrétien et
le marchand sont-ils souvent assimilés l'un à l'autre ! Ces relations débouchent rarement sur
une forme plus élaborée : les carnets de voyage inspirent aujourd'hui des essais de géographie
historique, plus qu'ils ne furent exploités par leurs auteurs pour établir un tableau contempor
ain de la Grèce. La plupart des ouvrages généraux publiés au siècle dernier sont de vastes
compilations, comme celle du géologue Ami Boue sur La Turquie d'Europe (1840)7.
Pas davantage d'essai de géographie contemporaine sous la plume des premiers
Athéniens, qui, en bons philhellènes, se satisfont d'une Attique assoiffée et couverte de
ruines pourvu qu'elle « garde fidèlement le deuil de sa gloire et de ses malheurs illustres »8.
Familiers des voyageurs antiques et modernes ainsi que des travaux de l'expédition de
Morée, ils cultivent avec bonheur la tradition du voyage, consacrant leur première année à
une série d'excursions qu'ils relatent ensuite dans un mémoire. En 1850, l'Académie inscrit
à l'examen d'entrée une grande diversité d'épreuves, langue grecque ancienne et moderne,
paléographie, archéologie, mais aussi histoire et géographie de la Grèce : la connaissance de
l'antiquité ne peut se passer de son support topographique. Hanriot et Girard donnent à la
géographie historique ses lettres de noblesse. Le premier, qui va « chaque jour, de grand
matin, à la chasse des cartes et des atlas »9, établit le maillage des dèmes de l'Attique ; le
second décrit l'organisation d'Érétrie, de Chalcis et d'Histiée : il ne suffit plus d'identifier
des vestiges, encore faut-il tracer les limites de la chora, en imaginer les ressources et les
formes de mise en valeur, démarche que facilitent aujourd'hui les techniques modernes de
datation et d'analyse palynologique, et qui accompagne presque chaque fouille. 483 BCH 120 (1996) !
En revanche, la tradition littéraire du voyage se perd après 1873, lorsque l'École
devient un institut spécialisé dans les études d'archéologie et d'épigraphîe, et que le
mémoire de première année est supprimé. Prisonniers de leur spécialité, les Athéniens
négligent de rapporter, outre leurs propres travaux, les données utiles à d'autres
disciplines : en 1 890, Georges Perrot déplore que le bénéfice géographique de tant d'explo
rations soit en fin de compte si médiocre, puisqu'il se perd la plus grande partie des obser
vations recueillies au cours des voyages10. Les mémoires qui s'efforcent, comme la Mission
archéologique de Macédoine de Heuzey (1876)11, de replacer monuments et inscriptions
dans leur contexte géographique et historique, sont l'exception.
^expédition de Morée et Γ« invention »
de h Grèce moderne
XIXe siècle. Les spécialistes Les Puissances de l'Antiquité font de classique l'exploration ne sont géographique pas les seuls à parcourir un efficace la Grèce moyen du
d'influence, et y consacrent d'importants efforts. La France est la première à dépêcher des
missions scientifiques dans cette terra incognita que sont les Balkans avant les premiers
recens

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