La Guerre dans le ressort de l’académie de Lille (1914-1920) - article ; n°1 ; vol.73, pg 32-39

Aldo Battaglia

Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2004 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 32-39
The article presents some First World War archives that have been recently classified by the BDIC. They are based on a 1920-enquiry, conducted by the Académie de Lille on schools in the area, that was prepared for an International Exhibition in Lille and subsequently landed over to the Bibliothèque de la Guerre” (to day the BDIC). The archives contain enquiry responses and also private correspondence, memoirs, administrative documents, photographs, etc. These archives give us a very good idea of what life was like in a part of France occupied by the Germans during the First World War.
L’article présente un fonds d’archives relatif à la Première Guerre mondiale, récemment traité à la BDIC. Une enquête menée en 1920 dans l’académie de Lille auprès des établissements scolaires, avec un questionnaire assorti de la demande d’envoi de documents, devait servir à une exposition sur le site de l’Exposition internationale de Lille, et ensuite alimenter les collections de la Bibliothèque de la Guerre, premier nom de la BDIC. Le fonds est constitué des réponses à cette enquête, enrichi de nombreuses correspondances, de cahiers de souvenirs, de documents administratifs, de photographies, etc. Il contribue à donner une image assez précise de ce que fut l’occupation allemande au quotidien et aussi de l’esprit public de l’époque dans cette zone, qui n’était pas le front, mais qui n’était pas tout à fait «l’arrière».
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MATERIAUX_POUR_L-HISTOIRE_DE_NOTRE_TEMPS
• Publié le: 01 janvier 2004
• Nombre de lectures: 73
• Langue: Français

Extrait

La guerre dans le ressort
Aldo BATTAGLIA
de l’académie de Lille, 1914-1920
Ce fonds était contenu dans onze cartons numé- par la rédaction des souvenirs, demandée en classe.
rotés de couleur verte, du même type de ceux qui com- Mais c’est notamment lorsque des documents étaient
posaient le fonds des « cartons verts » du Bureau joints aux questionnaires, que l’enquête parvient à
d’études de la presse étrangère (BEPE), auquel il avait dépasser le cadre scolaire et englobe les familles voire
fini par être mélangé. Rien ne le distinguait de cet les communes. C’est ainsi que le fonds est enrichi de
ensemble de près de mille trois cents cartons, si ce n’est nombreuses correspondances, de cahiers de souve-
l’inscription, portée sur le dos : « La guerre dans le res- nirs, de documents administratifs les plus disparates,
sort de l’académie de Lille. » On ignorait tout sur la pro- de photographies...
venance de ces quelques cartons, et nous avons long- Ceci contribue à donner une image assez précise
temps pensé qu’il s’agissait d’une des livraisons succes- de ce que fut l’occupation allemande au quotidien et
sives qui ont constitué les « cartons verts » du BEPE, aussi de l’esprit public de l’époque dans cette zone, qui
mais faute de certitude nous avions jugé à l’époque n’était pas le front, mais qui n’était pas tout à fait « l’ar-
qu’il était hasardeux de le traiter dans cet ensemble. rière » : le tout conté par des enfants, des maîtres, des
On avait pensé, certes non sans quelques raisons, lieutenants d’infanterie ou des cultivateurs.
qu’il pouvait s’agir de documents visant à être utilisés
en vue d’appuyer les revendications françaises dans la
question des réparations exigées à l’Allemagne. En fait, Identification du don
cela avait bien peu à voir avec des questions de poli-
tique étrangère : il s’agissait d’une enquête promue Au début du traitement, ont été retrouvés plusieurs
dans l’académie de Lille, qui s’étendait à cette époque documents portant un numéro de don, attribué systé-
sur le territoire de cinq départements (Aisne, Ardennes, matiquement à l’entrée des documents à la biblio-
Nord, Pas-de-Calais, Somme) auprès des établisse- thèque, il s’agissait du don 15266. La consultation du
ments scolaires. Cette enquête (moyennant un ques- registre des dons a permis de savoir que ce fonds y était
tionnaire, assorti de la demande d’envoi de documents, parvenu au mois d’avril 1924, que le donateur était
si possible) devait servir à organiser une exposition qui1. Il est fait référence au 2« M. le Recteur de l’académie de Lille ». La nomen-
Bulletin d’avril-mai 1920 devait se tenir sur le site de l’Exposition internationale clature du don telle qu’elle apparaissait dans le registre[cf. B.303 et Bx.001], à de Lille, et ensuite alimenter les collections de laune Note de service du fournissait des éléments supplémentaires :
Bibliothèque de la guerre, qui apparaît citée nommé-17 mai 1920 sur
• Lettres de soldats en campagne et de prisonniers del’Exposition de Lille ment dans un certain nombre de documents accompa-
[B.163] et aussi au guerre (dossier A/carton 1).gnant les envois de documents.Questionnaire envoyé à
• Réponses aux questionnaires (dossier B/cartons 2 à 5).propos de l’Exposition L’enquête fut lancée en avril-mai 1920 moyennant
internationale de Lille • Notes et souvenirs (dossier C/cartons 6 à 8).publication dans les bulletins de l’académie et des notes[B.150]
1de service , le terme pour le retour des documents étant • Documents imprimés et autres (dossier D/cartons 92. C’est en avril 1924
vraisemblablement fixé pour le 31 mai 1920. à 11).qu’une douzaine de
cartons entrèrent à la Bien que s’adressant en premier lieu aux ensei- • Devoirs d’élèves (dossier E).Bibliothèque ; ils furent
gnants, elle avait, par la force des choses, la vocationentreposés dans un Grâce à ces éléments il a été facile de restaurer le
magasin au château de de déborder largement du cadre de l’Éducation natio- classement d’origine (que nous avons donc conservé) làVincennes, on les oublia nale. Certes, les maîtres et les élèves étaient directe- où c’était nécessaire, dans le cas de liasses ou chemiseset on en perdit la trace.
ment concernés par la réponse au questionnaire ouUne guerre mondiale, sans cote, mais contenant des documents homogènes à
un incendie, un l’intérieur d’un carton ou d’un ensemble de cartons.déménagement et
quelques décennies Il est cependant dommage que le nombre effectif
après, le fonds refit ALDO BATTAGLIA, docteur en histoire (1990), collaborateur de la de cartons entrés n’ait pas été mentionné, d’autant plussurface au début des BDIC depuis 1985, au département archives depuis 1989. qu’il est à remarquer l’absence totale de documentsannées 1990.Varia • 33
portant la cote « E ». Pour cela on peut faire deux hypo- de lacunes dans la numérotation pourrait effectivement
thèses : peut-être manque-t-il des cartons, ou peut-être plaider pour l’hypothèse selon laquelle ces documents
ce « dossier E » n’a-t-il jamais été constitué. pourraient correspondre aux dossiers « E » manquants.
Aucune archive n’est cotée par hasard et la logique quiIl est possible qu’un ou deux cartons contenant des
préside au choix d’une méthode de cotation est soumi-devoirs d’élèves cotés « E » aient disparu, mais même
se à des contraintes inhérentes à l’utilisation prévuedans ce cas, on aurait vraisemblablement trouvé
et/ou aux impératifs de sa conservation.quelques documents portant cette cote, égarés dans les
autres cartons. Les cartons étaient loin d’être « étanches » Le but de ce fonds était de disposer d’une docu-
et il est arrivé de retrouver des documents portant une mentation classée selon un critère typologique, au lieu
cote dans des cartons qui étaient censés en contenir d’un classement thématique ou géographique plus
une autre : ils ont été reclassés dans le carton approprié habituel. Ce classement pouvait permettre — par
lors du traitement. exemple en vue d’une exposition — de disposer d’en-
sembles de documents d’une même nature (lettres,En revanche, on trouve bel et bien des devoirs
souvenirs, documents issus des autorités alle-d’élèves (qui auraient logiquement dû être cotes en E),
mandes…), parmi lesquels opérer des choix.sous la cote « B » (dans vingt-quatre dossiers), sous la
cote « C » (dans huit dossiers) et sous la cote « D » Bien entendu cette procédure de cotation nécessi-
(dans deux dossiers). tait l’emploi d’un registre des documents numéroté
progressivement, voire d’un inventaire écrit très utile
permettant justement à l’aide de la cote d’avoir une
idée du document et de pouvoir aisément le retrouver.Comment a été composé
Mais, comme il se doit dans ce genre activités, ce pré-le fonds (1920-1924)
cieux document (s’il a existé) ne nous est pas parvenu,
cela eût été trop facile… Il faut croire que c’est dans laIl a été possible de reconstituer la démarche de
nature des choses, et le métier d’archiviste y perdraitceux qui ont eu, en leur temps, la tâche de réunir les
beaucoup de son charme.documents qui leur étaient parvenus dans un ensemble
cohérent, afin d’en assurer la transmission à la L’approche typologique choisie à l’origine rendait
Bibliothèque-Musée de la guerre. moins aisée l’approche thématique : c’est pour cela
que lors du traitement du fonds ont été établis desLa collecte des matériaux, leur tri et leur sélection,
index par mots-clés, par lieux géographiques, des nomsen vue de l’exploitation envisagée à l’origine — l’expo-
propres, des types d’objets et documents.sition — ont été assurés par les services de l’académie
de Lille : une fois les documents exploités, ils ont été
donnés à la Bibliothèque de la guerre, qui devait en
assurer la conservation et la communication. Cet Le résultat
enchaînement (et la destination finale des documents) de l’enquête
était prévu dès le lancement de l’enquête et le tout était
déjà côté à l’arrivée à la bibliothèque qui s’est donc
limitée à prendre en charge les cartons et à les stocker. Taux de couverture
Il s’agit d’un fonds organisé de façon typologique.
Après réception des envois de la part de chaque éta- Localités représentées Communes
%blissement, les services de l’académie opé