La guerre de côtes en Bretagne au XVIIIe siècle : Saint-Malo et la région malouine après les descentes anglaises de 1758 - article ; n°2 ; vol.25, pg 295-321
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La guerre de côtes en Bretagne au XVIIIe siècle : Saint-Malo et la région malouine après les descentes anglaises de 1758 - article ; n°2 ; vol.25, pg 295-321

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Annales de Bretagne - Année 1909 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 295-321
27 pages

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Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 16
Langue Français
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Extrait

H. Binet
La guerre de côtes en Bretagne au XVIIIe siècle : Saint-Malo et
la région malouine après les descentes anglaises de 1758
In: Annales de Bretagne. Tome 25, numéro 2, 1909. pp. 295-321.
Citer ce document / Cite this document :
Binet H. La guerre de côtes en Bretagne au XVIIIe siècle : Saint-Malo et la région malouine après les descentes anglaises de
1758. In: Annales de Bretagne. Tome 25, numéro 2, 1909. pp. 295-321.
doi : 10.3406/abpo.1909.1329
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1909_num_25_2_1329LIEUTENANT H. BINET
La guerre de côtes en Bretagne an XYIHe siècle
SAJNT-MALO ET LA RÉGION MALOUINE
Après les descentes anglaises de 1758
NOTICE HISTORIQUE
« La Grande-Bretagne, écrit Jefferys d), n'avait remporté que de
bien faibles avantages des campagnes de 1755 et de 1756. Des
conseils plus énergiques prévalurent en 1757 dans les conseils du
Gouvernement et le ministère, au lieu de se laisser hypnotiser par
la menace d'une invasion française, et de consacrer tous ses efforts
à la défense du territoire britannique, résolut d'user contre les
Français de sa supériorité navale.
(( Détruire le commerce ennemi, alarmer les côtes de France,
semer la terreur et la désolation dans ce pays ; tel fut le plan de
campagne dont les expéditions de Rochefort (1757), de Saint-Malo
(juin et septembre 1758) et de Cherbourg (août 1758) furent les
conséquences... »
Une flotte anglaise aux ordres de l'amiral Anson partit de la rade
de Spithead le jeudi 1er juin 1758 et débarqua le lundi 5 juin à Gah-
cale un corps expéditionnaire d'environ 13.000 hommes (2), com
mandé par le duc de Marlborough. Cet officier général organisa le
6 un grand camp retranché sur les hauteurs de la Ville-Garnier,
pour couvrir le rembarquement de son armée, et il marcha le 7
(1) A description of the maritimes parts of France..., London, Printed
for Thomas Jefferys at Charing Cross, MDCCLXI, 1 vol. et 1 atlas.
(2) 15 bataillons d'infanterie, 540 dragons, 400 artilleurs, 15 pièces de 24
et 50 mortiers sans attelages. ■
296 SAINT-MALO ET LA BEGION MALOUINE
contre Saint-Malo. Il arrêta ses colonnes près de la Fontaine-au-
Pèlerin, en Paramé, et fit occuper Saint-Seirvan à la nuit tombante.
Le détachement chargé de cette mission incendia une corderie,
une boulangerie, tous les magasins de la marine et 51 navires
échoués sur les* plages de Chàle, du Grand-Talard et de Trichet.
Le jeudi 8, dans l'après-midi, il acheva la destruction de la flotte
malouine par l'incendie de 30 vaisseaux mouillés dans le port ou
à Solidor. Le 9, les Anglais occupèrent Dol sans y commettre de
ravages, et le 10 Marlborpugh leva son camp de Paramé et se replia
sur Cancale où il se rembarqua le 11 et le 12 sans être inquiété.
Une seconde descente anglaise eut lieu le 4 septembre suivant
dans l'anse de La Fosse, près de Saint-Briac. Elle se termina le 11
par la bataille de Saint-Cast, au cours de laquelle le duc d'Aiguillon
écrasa l'arrière-garde du général Bligh.
« Jamais, écrivait le cardinal de Richelieu (U, un grand
Estât ne doit pouvoir recevoir une injure sans en prendre
revanche; *
» Et partant l'Angleterre estant située comme elle est, si
la France n'estoit puissante en vaisseaux elle pourroit entre
prendre à son préjudice ce que bon lui sembleroit sans
crainte de retour...
» Enfin la situation du pays natal de cette orgueuilleuse
puissance lui ostant tout lieu de craindre#les plus grandes
puissances de la terre, l'ancienne envie qu'elle a contre ce
royaume lui donnerait apparemment lieu de tout oser lorsque
notre foiblesse nous osteroit tout moyen de rien entreprendre
à son préjudice... » ......
(1) Testament politique du Cardinal de Richelieu, IIe partie, chap. IX,
section 5e. .
-
,
,
LES DESCENTES ANGLAISES DE 1758. 297 APRÈS
Or, la déplorable politique maritime de notre gouverne
ment, depuis 1690, et les funestes conséquences de l'alliance
anglaise sous le long ministère de Pleury avaient consommé
la ruine de notre puissance navale et supprimé tout contre
poids à la suprématie de la Grande-Bretagne sur les mers.
Notre alliée de la veille, devenue en 1758 notre implacable
ennemie, mit en œuvre toutes les ressources de sa supériorité
navale pour nous attaquer sans riposte possible W.
Son effort principal se porta contre Saint-Malo, « ville de
mérite et d'importance, écrivait jadis Vauban, ayant un bon
port, un gros commerce bien établi, lui attirant une forte
jalousie de toutes les villes de commerce de nos ennemis, et,
par les courses qu'elle fait sur eux en temps de guerre les
intéressant tous à sa ruine... » ,
Aucune ville bretonne, en effet, n'a été plus étroitement
mêlée que Saint-Malo à nos guerres incessantes contre nos
voisins d'outre-Manche. Sa fortune et son existence même
furent souvent menacées. Aucune ne leur fit plus de mal.
(1) II ne nous paraît pas possible d'exposer au cours de cette étude
les causes de la décadence de la marine française et son état en 1758.
Les extraits ci-après des auteurs du XVIIIe siècle fixeront les idées à ce
sujet. •-.-•' . • : .., - •■...■-.-
— «La France peut-elle avoir assez de vaisseaux, peut-elle deyenir la
maîtresse de la? mer? Si cela ne se peut, à quoi bon faire une grande
dépense pour une armée qui n'aura jamais à se montrer? » — Opinion de
la Cour, d'après le, comte de, Toulouse, Grand- Amiral de France (1725).
— « La marine de la France se trouve radicalement détruite, son com
merce par conséquent, tous les magasins épuisés, les constructions imposs
ibles. » — Saint-Simon, XV, 328.
— « Mgr de Fréjus n'avait aucune idée du commerce ni de la marine...
Quand il était entré dans le monde, il n'était plus question de colonies,
de port de mer, etc., c'étaient des ouï-dires; on méprisait ce qui n'était
plus à la mode. Aussi aurait-il voulu supprimer les dépenses de la marine
et n'avoir plus de vaisseaux... » — Mémoires du Président Hènault, cités
par le marquis d'Afgenson, I, 307 (décembre 1738).
— « Quand les affaires de la marine, toujours ignorées dans le Conseil
du Roi (les ministres chargés de ce département décidaient tout depuis
très longtemps dans le travail avec le Roi, sans jamais prendre l'avis de
son Conseil), quand, dis-je, l'intérieur de cette administration fut mis au
jour, tout le Conseil frémit d'une administration si vicieuse..., nulle compt
abilité, nul ordre..,, en un mot un chaos, un abîme d'abus et de faux
principes d'administration.- 11 n'est pas étonnant qu'une machine si mal
montée ait presque péri. » — Mémoires du Cardinal de Bernis, II, 86
(été 1758). .
;
298 SAINT-MALd ET LA EÉGÏON MALOUINE
Les exploits des corsaires malouins : les Bouvet, les Danycàn,
les De Fer, les Magon, ruinaient le commercé britannique
au XVIIP siècle, et leurs noms étaient aussi connus en
Angleterre que ceux des plus fameux amiraux de la marine
royale. ■ :
Les diverses tentatives effectuées par les forces anglaises
contre la cité corsaire sont connues. Nous n'y reviendrons
pas, et nous nous sommes bornés à indiquer au début de
cette étude un précis des événements militaires dont nous
nous proposons d'examiner les conséquences.
Les archives départementales d'Ille-et-Vilaine contiennent
un certain nombre de documents fort intéressants' à ce titre.
Ils permettent de donner le relief nécessaire à certains détails
d'histoire particulière, nécessairement délaissés au cours
d'une étude militaire générale, et de dégager les consé
quences économiques des événements.
Or, la ville de Saint-Malo traversa une crise, sans pareille
dans son histoire, après les descentes anglaises de 1758, et la
région malouine souffrit cruellement des suites de cette
double invasion.
Nous nous proposons donc d'étudier ici une page d'histoire
bretonne : nous reproduirons d'abord quelques lettres iné
dites de nature à révéler les sentiments de haute bienveillance
inspirés à la Cour par la vaillance malouine; nous retracerons
ensuite, d'après, les documents officiels, la détresse de la cité
corsaire, et nous é

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