La mort du Minotaure. Miroir étrusque - article ; n°1 ; vol.18, pg 51-63
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1898 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 51-63
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1898
Nombre de lectures 43
Langue Français

Extrait

F Borie
La mort du Minotaure. Miroir étrusque
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 18, 1898. pp. 51-63.
Citer ce document / Cite this document :
Borie F. La mort du Minotaure. Miroir étrusque. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 18, 1898. pp. 51-63.
doi : 10.3406/mefr.1898.8161
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1898_num_18_1_8161LA MORT DU MINOTAÜRE
MIEOIR ETKUSQUE
Le beau miroir étrusque que reproduit la planche I-II
a été dessiné à Cività Castellana, chez le possesseur, qui dit
l'avoir acheté d'un paysan des environs ; il est donc possible
qu'il provienne de quelque sépulture étrusque de Faléries. Le
disque, en bronze, a un diamètre de 0m 19 ; il est, suivant l'usage,
gravé à la pointe de telle façon que le champ tout entier est
couvert de figures et d'ornements. Mais on est frappé à pre
mière vue de la pureté et de l'élégance du dessin, exceptionn
elles dans les monuments de ce genre, fort nombreux pour
tant (1), mais en général d'une très médiocre valeur artisti
que. Bien que manifestement exécutés sous l'iniluence et à
l'imitation de l'art grec, ils ne rappellent guère leurs modèles
que par le choix des sujets, les noms ou les attributs des per
sonnages. Celui-ci, au contraire, est dû à un artiste qui a su
conserver à son œuvre un reflet des qualités de ces modèles :
à ce titre il a paru mériter une étude particulière.
La composition est très gracieusement encadrée. Une él
égante touffe de feuilles d'acanthe orne l'attache du manche,
donnant de chaque côté naissance à une légère guirlande de
rinceaux qui forme couronne ; à l'intérieur de la guirlande,
(1) On en compte plus de quinze cents. Gerhard et après lui
Klügmann et Körte, dans leur grand ouvrage Etruskische Spiegel,
(5 vol. in f°, Berlin, Reimer, 184=3-1897), en ont publié plus de six cents. 52 LA MORT DU MINOTAURE.
partout où le dessin laisse un vide, court un ornement figu
rant comme une suite, d'ailleurs assez irrégulière, de créneaux
arrondis. Des feuilles, des poissons, — motifs de décoration
trop fréquents dans ces œuvres (1) pour qu'il y ait lieu d'en
chercher ici une interprétation particulière, — garnissent l'étroit
espace qui est compris entre les rinceaux d'acanthe et la ligne
de terre. Pour terminer avec les ornements de remplissage si
familiers aux graveurs étrusques, nous devons signaler la bande
coupée de métopes et historiée d'étoiles qui occupe une partie
.du fond, et sur laquelle est posée une colombe.
Les inscriptions qui, au lieu d'être tracées à l'intérieur de la
guirlande, suivant l'usage le plus ordinaire, le sont en dehors,
sur la marge, nomment six personnages sur sept que comporte
la scène représentée. Ce sont, en partant de la gauche, 3H1HÌ
(Miné), le Minos de la légende Cretoise (2); fìì<M3l41 (Menrfa),
la déesse Minerve dont la représentation est fréquente sur les
miroirs étrusques; puis 3VR (Filé), personnage plus difficile
à identifier: cependant, comme on trouve souvent son nom
inscrit sur les miroirs, et toujours, associé, ainsi que nous le
voyons ici, à celui à' Herde (3V>43B), qui désigne évidem
ment Hercule, on peut, suivant l'opinion de Gerhard, voir en
lui le compagnon habituel du héros, Iolaos (3). Le mot sui
vant, RDfiKlfl (Ariada), ne peut désigner que la fille de Minos,
Ariadne (4). Enfin, à en juger par la représentation du monstre
à corps humain, à tête de taureau, gisant à droite, aux pieds
(1) Cf. Gerhard, op. cit., pi. XXVII, CXI, CXXXIV, CXXXVII,
CDXXI, tome V, pi. 77.
(2) On ne trouve ce nom sur aucun des miroirs publiés par Gerhard.
(3) Cf. Gerhard, pi. CCLV B> c, et la notice, CXXXV, CXLII, etc.
Ailleurs on lit Pilé (pi. CXXVIII) ou Ailé. Babelon et Blanchet,
Gâtai, des bronzes antiques de la Bibliothèque Nationale, n° 1283.
(4) Cf. Gerhard, tome IV, pi. CCIC (Areatha), et tome V, pi. 88 2
{Arata). Elle est parfois identifiée avec Evia (tome III, p. 91 ssq.). LA MOET DU MINOTAUßE. 53
d'Hercule, ^l/II^IV^ì^O (Thè f ruminés), serait le nom étrus
que, — peut-être tiré du grec par transposition; — du Mino-
taure. Le septième personnage, anonyme, est un jeune homme
se dirigeant vers la gauche, dans la partie supérieure du miroir.
La présence du Minotaure vaincu, celle d'Ariadne et de
Minos, ne laissent aucun doute sur le sujet : il s'agit de la dé
faite du monstre par le héros aimé d'Ariadne. Cependant le
vainqueur est ici appelé Hercule, et Hercule, — pas plus que
son compagnon Iolaos, — n'a jamais été, chez les auteurs ni
sur les monuments anciens, cité comme ayant pris la moindre
part à l'exploit toujours attribué au héros athénien Thésée.
Sommes-nous donc en présence d'une tradition particulière?
Rien ne permet de supposer qu'une légende rarement figurée
sur les monuments que nous ont laissés les Etrusques, ait été
assez populaire chez eux pour y avoir une version locale. Mais
on peut se demander s'il n'y a pas confusion entre la légende
de Thésée et celle d'Héraclès vainqueur du taureau de Crète.
Il est certain que les aventures de Thésée sont bien moins
familières aux artistes étrusques que celles du héros dorien,
qui s'identifiait pour eux avec un héros national. N'auraient-ils
donc pas résumé en un seul les deux exploits accomplis dans
l'île de Minos par deux personnages très différents? On doute
cependant qu'informés comme ils Pétaient des travaux d'Herc
ule, ils eussent laissé à la victime à demi humaine son aspect
caractéristique; ils savaient aussi que le taureau de Crète ne
fut pas tué, mais enchaîné; enfin, aucune tradition ne justifie
rait la présence d'Ariadne. On peut alléguer qu'il n'est pas
rare de voir ainsi sur leurs miroirs deux aventures différentes
associées et fondues par une sorte de contaminatio ; mais il
l'est encore moins de voir, dans des scènes qui ont évidemment
leur unité de composition, et que nous pouvons facilement in
terpréter suivant une tradition précise, les personnages nom- 54 LA MORT DU MINOTATJRE.
mes à tort et à travers, en dépit de la conformité de leurs
attributs et de leurs actes avec les données de la légende (1).
Nous essayerons de montrer que des scènes ainsi représentées
avaient perdu tout sens mythique aux yeux de leurs auteurs :
peu importait à ceux-ci de mettre Hercule là où la tradition
voulait Thésée ; ils sont coutumiers de pareilles négligences.
Nous croyons donc qu'il y a eu ici confusion non pas de faits,
mais simplement de noms. L'artiste, peu familier avec le noni
de Thésée, a attribué à Hercule, — ■ qui personnifiait à ses yeux
tous les héros grecs, — la défaite du Minotaure, qui est bien
le véritable sujet de sa composition. Nous devons ajouter qu'il
a traité ce sujet d'une façon toute particulière et nouvelle ;
l'examen plus attentif des détails fera ressortir, tant au point
de vue de la conception qu'au point de vue de l'exécution, tout
l'intérêt de son œuvre.
Le Minotaure est gisant aux pieds de son vainqueur. L'art
iste, qui n'a point disposé d'une place suffisante pour repré
senter les membres inférieurs, semble avoir voulu, tout en
respectant la tradition qui n'attribuait au monstre que la tête
et le cou de taureau (2), laisser au buste humain quelque chose
d'épais et de bestial. Il y a, en effet, dans le dessin, une cer
taine recherche de naturalisme: la tête retombe lourdement sur
le bras gauche, et la main ouverte est crispée dans la rigidité
de la mort (3).
Thésée, assis sur un rocher, est nu, à part la peau de lion
rejetée sur le dos et simplement retenue autour du cou par
(1) Voyez Martha, Vart étrusque, pages 550 et suivantes.
(2) Tradition respectée de même sur d'autres œuvres étrusques.
Cf. Babelon et Blanchet, Catalogue des bronzes antiques de la Biblio
thèque Nationale, n° 1330.
(3) On peut rapprocher l'attitude du monstre sur la peinture
d'Herculanum qui représente Thésée recevant les remerciements des
jeunes Athéniens. Roux et Barré, He

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