La normalisation de la qualité et l évolution de la relation de production - article ; n°1 ; vol.75, pg 291-307
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Revue d'économie industrielle - Année 1996 - Volume 75 - Numéro 1 - Pages 291-307
This article deals with the ISO 9000 norms of quality management seen as a movement affecting the technologies of industrial innovation. It suggests a general framework of the relations between norms in application and the evolution of inter- and intra- firm relationships. The ISO norms are considered as « conventional artefacts » aimed at clarifying the coordination between actors.
Ce texte prend pour objet les normes ISO 9000 de gestion de la qualité, considérées comme l'expression d'un déplacement affectant les technologies de l'innovation industrielle. Il propose un cadre général de réflexion sur les rapports existant entre la mise en oeuvre des normes et l'évolution de la relation de production au sens large (rapports dans l'entreprise, rapports entre les entreprises). Les normes ISO sont considérées comme des « artefacts conventionnels » orientés vers la clarification de la coordination entre les acteurs.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Denis Segrestin
La normalisation de la qualité et l'évolution de la relation de
production
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 75. 1er trimestre 1996. pp. 291-307.
Abstract
This article deals with the ISO 9000 norms of quality management seen as a movement affecting the technologies of industrial
innovation. It suggests a general framework of the relations between norms in application and the evolution of inter- and intra-
firm relationships. The ISO norms are considered as « conventional artefacts » aimed at clarifying the coordination between
actors.
Résumé
Ce texte prend pour objet les normes ISO 9000 de gestion de la qualité, considérées comme l'expression d'un déplacement
affectant les technologies de l'innovation industrielle. Il propose un cadre général de réflexion sur les rapports existant entre la
mise en oeuvre des normes et l'évolution de la relation de production au sens large (rapports dans l'entreprise, rapports entre les
entreprises). Les ISO sont considérées comme des « artefacts conventionnels » orientés vers la clarification de la
coordination entre les acteurs.
Citer ce document / Cite this document :
Segrestin Denis. La normalisation de la qualité et l'évolution de la relation de production. In: Revue d'économie industrielle. Vol.
75. 1er trimestre 1996. pp. 291-307.
doi : 10.3406/rei.1996.1621
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1996_num_75_1_1621Denis SEGRESTIN
CRISTO-CNRS
Université Pierre Mendès France - Grenoble
LA NORMALISATION DE LA QUALITE
ET L'ÉVOLUTION DE LA RELATION
DE PRODUCTION
certification. Mots clés : Normes de gestion de la qualité, relations interfirmes, organisation industrielle,
Key-words : Norms of quality management, Inter-firm relationships, Industrial
Organization, Certification.
Il est heureux que se révèle enfin aujourd'hui l'intérêt des sociologues fran
çais observant les mutations industrielles pour cet objet singulier de la nor
malisation en général, et pour les implications des systèmes contemporains de
normalisation de la qualité en particulier. Certes, on sait que sur le terrain,
plusieurs sociologues-intervenants ont déjà accompagné des dispositifs
d'innovation organisationnelle intégrant la mise à niveau des «systèmes
qualité». Mais jusqu'à ce jour, les restitutions d'observations à ce sujet
avaient été soit réservées aux commanditaires, soit confidentielles, ou encore
plus ou moins noyées dans des «études de changement» tendant à assimiler
les enjeux de la normalisation et de la certification de la qualité à n'importe
quelle autre action managériale : de sorte qu'on n'avait pu percevoir aucun
mouvement de capitalisation scientifique propre à cette question particulière.
Le sentiment dominant était que le sociologue n'était pas directement
concerné. Ces derniers temps, bien que nous ayions été de plus en plus
nombreux à nous trouver confrontés dans les entreprises à l'effervescence de
la préparation des «audits qualité» internes ou externes, les plus avisés
d'entre nous en étaient seulement à soupçonner que les mouvements suscités
par les normes de type ISO 9000 allaient atteindre les conditions de la
concurrence et les règles de coopération régissant la sous-traitance : c'était
peut-être important, mais c'était l'affaire des économistes ! D'autres, plus
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 75, Ie' trimestre 1996 29 1 furent portés à classer l'affaire au rang de ces «modes» innocentes sceptiques,
ou perverses qui traversent désormais la planète industrielle à rythme
accéléré : la loi des cycles aurait bientôt emporté ce dragon de vertu
procédurière et les marchands cachés derrière lui...
Il est bon que le réveil ait sonné, pour une multitude de raisons dont deux
rappels suffiront à montrer la portée. Le premier concerne le sort paradoxal
qui a été réservé dans le passé par la sociologie du travail et des organisations
à la gestion de la qualité dans les entreprises : il y a seulement dix ou quinze
ans, notre petite communauté de spécialistes a certes fait grand cas du mouve
ment dit des «cercles de qualité» (1), mais en réussissant le surprenant exploit
de ne jamais mettre au centre des analyses la question de la qualité propre
ment dite : au mieux, les effets socio-organisationnels potentiels de l'amélio
ration de la qualité des produits ou de la fiabilité du processus productif fu
rent alors évoqués de biais, à propos de débats de portée générale sur les
conditions de l'association des salariés à la marche de l'entreprise ! Le s
econd paradoxe concerne le peu d'intérêt accordé en sociologie au problème
général de la standardisation. Ceci alors qu'on n'est pas loin de l'évidence en
rappelant que la notion de «standard» participe de la définition-même de l'i
ndustrie (2) : sans doute ne serait-il pas absurde de se saisir de ce «fil rouge»
pour retracer l'histoire de l'innovation industrielle, le constat de départ
concernant les déplacements successifs dont le mouvement de standardisa
tion-normalisation a fait l'objet depuis un siècle, que l'on pense aux produits,
aux procédés industriels (depuis la mise en ordre taylorienne) ou à la qualifi
cation du travail, peut-être normalisée en France plus que partout ailleurs...
Replacer dans ce contexte les mouvements observés aujourd'hui autour de
la normalisation de la qualité revient à signifier que les sociologues ne
peuvent pas esquiver la discussion. Dans cet esprit, nous nous essaierons ci-
dessous à l'énoncé d'un cadre général de réflexion à propos de la mise en
oeuvre des référentiels de type ISO 9000, hypothèse étant faite qu'en dépit
d'évidents décalages entre les discours et la réalité, le phénomène a quelque
chose à voir avec un nouveau déplacement affectant les technologies de
l'innovation industrielle. La question posée sera celle des effets que ce
déplacement est susceptible de susciter sur la relation de production, entendue
en un sens le plus ouvert possible : la suite concernera toutes les formes
d'échanges auxquels donne lieu l'organisation industrielle, depuis les
dispositifs élémentaires de coordination dans l'atelier ou le service jusqu'aux
réseaux interindustriels, notre souci étant surtout d'essayer d'inscrire le
regard du sociologue dans un champ qui n'a pas encore suffisamment
bénéficié du croisement des points de vue. Le propos, fondé sur une première
(1) Sur lequel s'est greffé en France le «droit d'expression direct» concédé aux salariés en
matière d'organisation du travail.
(2) Comme l'a bien remis en lumière - pour le plus grand profit des sociologues - le courant
de l'économie des conventions.
292 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 75, 1er trimestre 1996 investigation extensive (3), sera seulement à ce sujet de tracer un inventaire
problématique provisoire, que nous serions heureux de pouvoir soumettre un
jour à un véritable investissement de recherche.
I. - LES NORMES DE TYPE ISO 9000 ET LA QUALITÉ
DE L'ORGANISATION
Telles qu'elles se pratiquent aujourd'hui sur la base des référentiels de type
ISO, les techniques de «gestion et d'assurance de la qualité» associent,
comme l'indique déjà cette simple formule (4), plusieurs préoccupations
croisées, depuis la mise en place de dispositions internes aux entreprises pour
élever la fiabilité du process jusqu'à la codification des rapports entre les
donneurs d'ordre et les sous-traitants, en passant par le souci de satisfaire aux
exigences de «l'épreuve de certification». C'est dans un de clarté qu'on
traitera séparément de ces trois sujets, quitte à devoir revenir in fine sur la
nécessité de superposer les plans.
Le premier objectif affiché par les normes en question est bien entendu de
pousser les entreprises à «faire de la qualité», dans une perspective générale
qu'il est convenu de résumer dans les milieux industriels par le souci de la
«satisfaction du client». La méthode préconisée à cette fin par les
prescripteurs de la norme c

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