La part du faux. Les bienheureux Andrea et Giovanni, franciscains de Rimini au XIVe siècle - article ; n°1 ; vol.102, pg 79-129
52 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La part du faux. Les bienheureux Andrea et Giovanni, franciscains de Rimini au XIVe siècle - article ; n°1 ; vol.102, pg 79-129

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
52 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1990 - Volume 102 - Numéro 1 - Pages 79-129
Jacques Dalarun, La part du faux. Les bienheureux Andréa et Giovanni franciscains de Rimini au XIVe siècle, p. 79-129. Les instruments d'érudition s'accordent à situer en 1292 et 1305 les morts de Giovanni Baronci et Andréa Dolci, bienheureux franciscains de Rimini, et à assigner au XIVe siècle la rédaction de leur légende par le mineur Roberto de Verucchio. À l'examen, il apparaît que ce n'est qu'au XVIIIe siècle que ce texte hagiographique vulgaire et la légende brève italienne de Claire de Rimini qui l'accompagne ont été insérés, sous une étrange forme codée, dans un authentique manuscrit du Trecento, le Sepoltuario du couvent franciscain de Rimini (BCGR, SC-MS. 44). L'A. s'applique à montrer comment, de deux brèves mentions de Barthélémy de Pise (1384), les notices des deux bienheureux se sont indûment gonflées et précisées du XVe au XVIIIe siècle, dans les recueils fran- ciscains universels ou locaux. Il tente de désigner l'auteur du cryptogramme et de replacer cette forgerie dans les querelles érudites du XVIIIe siècle. Il remonte ensuite à des sources inexploitées ou inédites des XIVe-XVIe siècles pour établir le peu que l'on doit retenir sur la vie et le culte d'Andréas et Ioannes, dont la mort est probablement à situer entre 1348 et 1384. L'A. tente d'évaluer, chemin faisant, la foi qu'il convient d'accorder à deux chroniques franciscaines de Rimini datées de 1532 et 1534, qui furent l'objet d'un violent débat érudit de 1914 à 1921. Il démêle enfin les liens de dépendance entre les deux vite vulgaires (longue et brève) de Claire de Rimini. L'article se clôt sur la rééditon critique des deux légendes contenues dans le Sepoltuario, qui donne la preuve ultime de leur inauthenticité.
51 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jacques Dalarun
La part du faux. Les bienheureux Andrea et Giovanni,
franciscains de Rimini au XIVe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 102, N°1. 1990. pp. 79-129.
Résumé
Jacques Dalarun, La part du faux. Les bienheureux Andréa et Giovanni franciscains de Rimini au XIVe siècle, p. 79-129.
Les instruments d'érudition s'accordent à situer en 1292 et 1305 les morts de Giovanni Baronci et Andréa Dolci, bienheureux
franciscains de Rimini, et à assigner au XIVe siècle la rédaction de leur légende par le mineur Roberto de Verucchio. À l'examen,
il apparaît que ce n'est qu'au XVIIIe siècle que ce texte hagiographique vulgaire et la légende brève italienne de Claire de Rimini
qui l'accompagne ont été insérés, sous une étrange forme codée, dans un authentique manuscrit du Trecento, le Sepoltuario du
couvent franciscain de Rimini (BCGR, SC-MS. 44).
L'A. s'applique à montrer comment, de deux brèves mentions de Barthélémy de Pise (1384), les notices des deux bienheureux
se sont indûment gonflées et précisées du XVe au XVIIIe siècle, dans les recueils fran- ciscains universels ou locaux. Il tente de
désigner l'auteur du cryptogramme et de replacer cette forgerie dans les querelles érudites du XVIIIe siècle. Il remonte ensuite à
des sources inexploitées ou inédites des XIVe-XVIe siècles pour établir le peu que l'on doit retenir sur la vie et le culte d'Andréas
et Ioannes, dont la mort est probablement à situer entre 1348 et 1384.
L'A. tente d'évaluer, chemin faisant, la foi qu'il convient d'accorder à deux chroniques franciscaines de Rimini datées de 1532 et
1534, qui furent l'objet d'un violent débat érudit de 1914 à 1921. Il démêle enfin les liens de dépendance entre les deux vite
vulgaires (longue et brève) de Claire de Rimini. L'article se clôt sur la rééditon critique des deux légendes contenues dans le
Sepoltuario, qui donne la preuve ultime de leur inauthenticité.
Citer ce document / Cite this document :
Dalarun Jacques. La part du faux. Les bienheureux Andrea et Giovanni, franciscains de Rimini au XIVe siècle. In: Mélanges de
l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 102, N°1. 1990. pp. 79-129.
doi : 10.3406/mefr.1990.3085
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1990_num_102_1_3085JACQUES DALARUN
LA PART DU FAUX
LES BIENHEUREUX ANDREA ET GIOVANNI,
FRANCISCAINS DE RIMINI AU XIVe SIÈCLE.
À lire les notices Baronci (Barroci), Giovanni, beato et Dolci, Andrea,
di Rimini, beato, aux tomes II et IV de la Bibliotheca sanctorum, on retire
l'impression que ces deux bienheureux franciscains de Rimini, à défaut
d'une réputation universelle, jouissent à tout le moins de coordonnées
claires et de biographies documentées1. Qu'on en juge!
Giovanni, fils de Bartolo, né à Rimini au début du XIIIe siècle,
d'abord disciple de l'hérétique Bonvillo, fut converti par Antoine de
Padoue vers 1226-1227. Prêtre, chanoine de la cathédrale, prédicateur, il
entra dans l'ordre franciscain sur les prières de son ami Andrea. Menant
alors une vie ascétique, il visitait les malades et les guérissait souvent d'un
simple signe de croix. Il mourut en juin 1292 et, le 28, fut enseveli dans
l'église des frères mineurs, dite «la Croce». On a aujourd'hui perdu toute
trace de sa dépouille.
Andrea est né à Rimini. Son père s'appelait Giacomo. Il entra chez les
Mineurs comme frère lai «all'età adatta», y entraîna son ami Giovanni
par lequel il fut guéri d'une dangereuse maladie. Il avait don de prédire
l'avenir et rétablissait la paix en tous lieux. Il mourut le 4 novembre 1305
et fut enterré aux côtés de Giovanni dans l'église de la Croce, démolie
depuis lors.
L'auteur des deux notices, Pietro Burchi, a la sagesse de s'en remett
re au meilleur historien de Rimini au XIXe siècle, le bibliothécaire Luigi
1 Pietro Burchi, art. cit., be. cit., Rome, Π, 1962, col. 819, et IV, 1964, col. 675.
Regrettons une fois de plus le parti pris de l'excellente collection qui consiste à
insérer parfois les saints sous leurs patronymes, y compris des patronymes dout
eux. Ces bienheureux ne sont signalés ni par la Bibliotheca hagiographica latina,
Bruxelles, 1898-1899, ni par son Novum supplementum, Bruxelles, 1986, à juste
titre puisqu'ils n'ont pas de légende latine médiévale.
MEFRM - 102 - 1990 - 1, p. 79129. JACQUES DALARUN 80
Tonini, auteur de la monumentale Storia civile e sacra riminese. Dans le
paragraphe qu'il consacre aux deux bienheureux locaux2, L. Tonini cite
les mentions de Luca Wadding, d'Arthur Du Monstier, de l'hagiographe
local Silvio Grandi, mais leur préfère la «breve leggenda scritta in cifra
da un tal Fra Roberto de' Minori da Verucchio», contenue dans un codex
de l'Archivio de San Francesco de Rimini, le Sepoltuario du couvent daté
de 1362. L. Tonini donne l'édition complète de ce texte en italien ancien,
signale qu'il est suivi dans le codex par la légende brève de Claire de
Rimini, relève quelques difficultés dans les durées des vies des deux bien
heureux et conclut cependant: «Ma queste sono cose sì lievi, che non
diminuiscono punto l'autorità del documento, al quale ci par dovuta pie-
nissima fede»3.
De fait, l'auteur des deux légendes, le Mineur Roberto de Verucchio,
a été enregistré par les instruments d'érudition. Giacinto Sbaraglia, dans
son Supplementum aux Scriptores trium ordinum s. Francisci de L. Wadd
ing paru en 1806, le cite comme auteur de la vita de Giovanni et d'An-
drea, de celle de Claire de Rimini et du Sepoltuario4. Francesco Zambri-
ni lui apporte une nouvelle caution: dans Le opere volgari a stampa dei
secoli XIII e XIV, ouvrage paru en 1878, il l'insère parmi les auteurs ita
liens anciens comme rédacteur de la « Leggenda de' frati Giovanni Buro-
nei e Andrea dal Dolce de' Minori di San Francesco», texte qu'il donne
comme échantillon du «vernacolo riminese»5. Giacinto da Cantalupo,
recensant les Franciscains illustres de la province de Bologne dans un
recueil paru en 1894, n'omet pas «Andrea (Β), Dolce, di Rimini, F.» et
réédite, à partir d'une copie manuscrite du XVIIIe siècle, la légende déjà
livrée par L.Tonini6. En 1894, les Bollandistes signalent Ioannes Baronci
2 L. Tonini, op. cit., Rimini, III, 1862, p. 360-363.
3 Cf., dans le même sens, le jugement de son fils, Carlo Tonini, La coltura
letteraria e scientifica in Rimini dal secolo XIV ai primordi del XIX, Rimini, I, 1884,
p.49.
4 G. Sbaraglia, Supplementum et castigatio ad Scriptores trium ordinum
s. Francisci a Waddingo aliisve descriptos. . ., Rome, 1806, col. 635 bis. L'auteur indi
que que les légendes sont alors à l'Archivio du couvent des Santi Apostoli à Rome ;
ce que corrige à juste titre Gaetano Urbani, Raccolta di scrittori e prelati riminesi
con varie notizie che risguardano alcuni di essi, (lère moitié du XIXe siècle), Rimini,
Biblioteca civica Gambalunga (désormais BCGR), SC-MS. 195, p. 668.
5 F. Zambrini, op. cit., Bologne, 1878, rééd. 1884, col. 885, et ibid., Appendice,
col. 90-91.
6 G. Picconi da Cantalupo, Cenni biografici sugli uomini illustri della frances
cana osservante provincia di Bologna, Parme, I, 1894, p. 50-52; cf. Id., Serie cronolo- LES BIENHEUREUX ANDREA ET GIOVANNI FRANCISCAINS DE RIMINI 8 1
parmi les Praetermissi du 4 novembre, comme leurs devanciers l'avaient
fait pour Andreas Dulcis au 28 juin7. En 1907, Ulysse Chevalier signale
un «Robert de Rimini», d'après G. Sbaraglia, et un «Robert de Verucc
hio», d'après F. Zambrini, tous deux Franciscains en activité en 1362,
sans se rendre compte qu'il s'agit du même personnage8. En 1936, le
père Gregorio Giovanardi réédite la légende de Claire de Rimini et celle
des deux bienheureux mineurs9. La même année, la refonte du Supple-
mentum de G. Sbaraglia, signalant en addition les travaux de G. Giovanard
i, donne Roberto de Verucchio comme rédacteur des légendes contenues
dans le Sepoltuario10. En 1970, Angelo Turchini retranscrit l'essentiel de
la double vita de Giovanni et Andrea, en note d'un article consacré au
bienheureux Giovanni Gueruli de Verucchio11.
Cet impressionnant dispositif12 ne doit pas faire renoncer à se tour
ner vers le codex médiéval et vers le texte manuscrit des légendes.
I - Codex et cryptogramme
Le Liber in quo s

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents