La Passion du musée de Reims. Étude technique et iconographique de toiles peintes du XVe siècle - article ; n°1 ; vol.111, pg 357-371
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 357-371
Monique Favre-Communal, La Passion du musée de Reims. Étude technique et iconographique de toiles peintes du XVe siècle, p. 357-371. Le Musée des beaux-arts de Reims conserve plusieurs ensembles de grandes toiles flottantes peintes approximativement entre 1460 et le début du XVIe siècle, sur lesquels on a fort peu d'informations. La série examinée dans cet article est une Passion du Christ en dix-huit grandes scènes groupées deux à deux sur un support de chanvre. Une étude approfondie des techniques picturales et du programme iconographique de ces toiles semble infirmer les hypothèses antérieurement admises. On n'est pas en présence de décors éphémères hâtivement réalisés, mais d'œuvres faites pour durer, à l'iconographie significative, commandées spécifiquement pour l'Hôtel-Dieu de Reims et sans doute destinées à l'édification des malades pendant la Semaine Sainte.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monique Favre-Communal
La Passion du musée de Reims. Étude technique et
iconographique de toiles peintes du XVe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°1. 1999. pp. 357-371.
Résumé
Monique Favre-Communal, La Passion du musée de Reims. Étude technique et iconographique de toiles peintes du XVe siècle,
p. 357-371.
Le Musée des beaux-arts de Reims conserve plusieurs ensembles de grandes toiles flottantes peintes approximativement entre
1460 et le début du XVIe siècle, sur lesquels on a fort peu d'informations. La série examinée dans cet article est une Passion du
Christ en dix-huit grandes scènes groupées deux à deux sur un support de chanvre. Une étude approfondie des techniques
picturales et du programme iconographique de ces toiles semble infirmer les hypothèses antérieurement admises. On n'est pas
en présence de décors éphémères hâtivement réalisés, mais d'œuvres faites pour durer, à l'iconographie significative,
commandées spécifiquement pour l'Hôtel-Dieu de Reims et sans doute destinées à l'édification des malades pendant la Semaine
Sainte.
Citer ce document / Cite this document :
Favre-Communal Monique. La Passion du musée de Reims. Étude technique et iconographique de toiles peintes du XVe siècle.
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°1. 1999. pp. 357-371.
doi : 10.3406/mefr.1999.3698
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1999_num_111_1_3698MONIQUE FAVRE-COMMUNAL
LA PASSION DU MUSEE DE REIMS
ÉTUDE TECHNIQUE ET ICONOGRAPHIQUE DE TOILES PEINTES
DU XVe SIÈCLE
Le Musée des beaux-arts de Reims, inauguré en 1913, conserve plu
sieurs ensembles incomplets de grandes toiles peintes flottantes. Leur exé
cution est située approximativement entre 1460 et le début du XVIe siècle.
En 1876, par une action conjointe de l'administration des Hospices civils et
de l'archevêché, elles avaient été mises en dépôt au musée de l'Hôtel de
ville où elles furent conservées de façon précaire. Auparavant elles étaient
chez elles, à l'Hôtel-Dieu de la basilique Saint-Remi, entre les mains des re
ligieuses de l'ordre de saint Augustin. Le premier inspecteur des Monum
ents historiques, Ludovic Vitet, les y avait découvertes en 1831, transport
é d'émotion archéologique. Avant 1826, ces toiles étaient dans ce qui était
(probablement) leur première demeure : les bâtiments millénaires de l'Hô
tel-Dieu de la cathédrale Notre-Dame. La Révolution avait fait passer tous
les hôpitaux de Reims sous l'administration municipale des Hospices ci
vils, mais dès 1796 une loi les avait autorisés à conserver la jouissance de ce
qui restait de leurs biens. Les toiles peintes n'avaient apparemment pas a
llumé les convoitises, les religieuses augustines purent donc les garder. En
1826, elles durent quitter leur vieil hôpital, l'administration des Hospices
civils l'ayant vendu à la ville de Reims qui en décida la démolition. Les au
gustines emportèrent, lors d'un déménagement précipité, le strict nécess
aire et un modeste autant que précieux superflu : un choix de leurs toiles
peintes. Parmi elles figuraient forcément les grandes étoffes historiées qui
sont parvenues jusqu'à nous1.
1 Voir en annexe la liste des toiles de la Passion ainsi que leurs principales ca
ractéristiques. Une première reproduction en est donnée à titre d'exemple (PL I, III,
IV). Pour une présentation détaillée de l'histoire de ces toiles et de la campagne de
restauration dont elles ont été l'objet de 1967 à 1990, voir M. Favre-Communal, Neuf
toiles peintes conservées au musée de Reims, la Passion du Christ (fin du XVe siècle) :
iconographie, techniques picturales, techniques de restauration, mémoire de muséolog
ie de l'École du Louvre, mars 1992.
MEFRM - 111 - 1999 - 1, p. 357-371. 358 MONIQUE FAVRE-COMMUNAL
Mise à part leur présence à l'Hôtel-Dieu attestée pour la première fois
en 1604, puis dans quelques inventaires successifs accompagnés d'une des
cription, on ne sait à peu près rien des neufs toiles de la Passion du Christ.
Il en va de même pour toutes les autres toiles. Leur désignation n'est pas
toujours certaine : «toiles», «tapisseries», «tapis pincts», «draps pincts» et
autres appellations. Le commanditaire, la date d'exécution, les techniques
employées, le ou les auteur(s), ce qu'elles étaient initialement, l'usage qui
en a été fait sont inconnus, même si les historiens en ont beaucoup parlé
au XIXe, un peu au XXe siècle.
L'hypothèse que nous avançons pour la technique de création de ces
toiles amène à envisager les emplois croisés de procédés empruntés à des
domaines autres que celui de la peinture. Nous avons choisi d'exposer ici
les relations possibles de ces toiles peintes avec des techniques de la tein
ture. Ces liens, s'ils sont réels, renforcent l'idée que l'ensemble de la Passion
n'est pas un décor éphémère, car ils attestent la volonté de consolider une
peinture fragile issue de méthodes peu coûteuses. Quelle fut alors la fonc
tion assignée aux épisodes de la Passion par les religieuses de l'Hôtel-Dieu
de Notre-Dame? La réponse à cette question va de pair avec celle de l'e
mplacement des toiles dans l'Hôtel-Dieu.
La technique picturale utilisée fut selon toute probabilité la détrempe,
et non la tempera comme l'indiquent les fiches anciennes du Musée de
Reims. Dans la tempera, le liant qui agglutine les pigments est l'œuf ou la
caséine. La détrempe est une peinture uniquement à l'eau et à la colle ani
male; il pourrait s'y ajouter, dans le cas rémois, une gomme, liant léger très
soluble dans l'eau2. Son aspect est d'une matite parfaite et d'une grande
douceur, aucun reflet ne gêne le regard.
Le support, dont la dimension moyenne pour la Passion est de
350 χ 340 cm, n'est pas un tissu de lin comme on l'a toujours écrit, mais de
chanvre à armure toile3. L'usage de la toile en peinture au XVe siècle n'est
pas fréquent, sauf pour les décors temporaires. Il est attesté à Bruges, à
Gand peu après 1400. Les peintres sur tissus n'ont pas le droit de peindre
sur panneaux de bois, dont la production est strictement surveillée4. L'in-
2 Analyses faites en 1992 par le département des textiles du Laboratoire de re
cherche des Monuments historiques (ci-après : L.R.M.H.), Champs-sur-Marne, rap
port n° 880 A, 26 février 1992.
3 Ibid.
4 Cf. D. Wolfthal, The beginnings of Netherlandish canvas painting, 1400-1530,
Cambridge, 1989. LA PASSION DU MUSÉE DE REIMS 359
verse n'est pas vrai : les peintres de panneaux peuvent peindre sur tissus.
Dirk Bouts, Ugo van der Goes ont peint à la détrempe - technique pauvre -
des toiles en lin très fin, de petit ou moyen format, qui ont le nom de «Tüc
hlein». Ces œuvres concernent toutes la naissance ou la mort du Christ.
Peu ont survécu, mêmes si on ajoute celles plus tardives peintes par Mante-
gna, qui avait une prédilection pour cette technique difficile et sans prest
ige. C'est dire si de monumentales scènes religieuses, représentant elles
aussi la mort du Christ, réalisées à la détrempe sur un support de chanvre,
sont exceptionnelles pour le XVe siècle, du moins dans l'état actuel de nos
connaissances5. Nous parlons, bien entendu, de peintures faites pour dur
er, non de décors transitoires.
Les toiles de Reims présentent deux autres originalités. D'une part,
elles n'ont pas été enduites de l'habituelle couche de gesso, préparation
onctueuse à base de blanc de craie et d'eau qui fait le lien entre le support,
bois ou toile, et les couleurs appliquées facilement sur sa surface lisse. Les
détrempes de Dirk Bouts montrent toutes une mince couche de gesso sur
du lin très fin. En revanche, sur huit petites détrempes de Mantegna, deux
n'ont pas cette couche intermédiaire. C'est donc une pratique rare, mais at
testée dans le cas de très fines toiles de lin. L'autre originalité est plus insol
ite encore : ces toiles de chanvre rugueuses n'ont selon nous pas été encoll
ées avant d'être dessinées puis peintes. Seule cette hypothèse, dont nous <

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