La place des affranchis dans la vie municipale et dans la vie religieuse - article ; n°2 ; vol.102, pg 621-638
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1990 - Volume 102 - Numéro 2 - Pages 621-638
Marcel Le Glay, La place des affranchis dans la vie municipale et dans la vie religieuse, p. 621-638. Des études récentes permettent d'examiner, surtout à la lumière des inscriptions, mais aussi de monuments interprétés depuis peu, la place des affranchis dans la vie municipale des provinces africaines et le rôle qu'ils ont joué dans leur vie religieuse. En Africa, c'est surtout dans les villes-ports qu'ils sont intervenus dans la vie municipale; leur activité y apparaît associée à une activité commerciale, développée en particulier avec l'Italie. Leur rôle religieux y est important, notamment à Carthage et dans la pertica, où leur activité pionnière s'exerce surtout dans le culte des Cereres et dans le culte impérial. Importante sous Octave/Auguste, la place des affranchis semble plus réduite sous Tibère. En Numidie et dans les Maurétanies, ils sont très sous-représentés. 67
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marcel Le glay
La place des affranchis dans la vie municipale et dans la vie
religieuse
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°2. 1990. pp. 621-638.
Résumé
Marcel Le Glay, La place des affranchis dans la vie municipale et dans la vie religieuse, p. 621-638.
Des études récentes permettent d'examiner, surtout à la lumière des inscriptions, mais aussi de monuments interprétés depuis
peu, la place des affranchis dans la vie municipale des provinces africaines et le rôle qu'ils ont joué dans leur vie religieuse.
En Africa, c'est surtout dans les villes-ports qu'ils sont intervenus dans la vie municipale; leur activité y apparaît associée à une
activité commerciale, développée en particulier avec l'Italie. Leur rôle religieux y est important, notamment à Carthage et dans la
pertica, où leur activité pionnière s'exerce surtout dans le culte des Cereres et dans le culte impérial. Importante sous
Octave/Auguste, la place des affranchis semble plus réduite sous Tibère.
En Numidie et dans les Maurétanies, ils sont très sous-représentés.
67
Citer ce document / Cite this document :
Le glay Marcel. La place des affranchis dans la vie municipale et dans la vie religieuse. In: Mélanges de l'Ecole française de
Rome. Antiquité T. 102, N°2. 1990. pp. 621-638.
doi : 10.3406/mefr.1990.1683
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1990_num_102_2_1683MARCEL LE GLAY
LA PLACE DES AFFRANCHIS DANS LA VIE
MUNICIPALE ET DANS LA VIE RELIGIEUSE
On connaît le jugement sévère porté par Th. Mommsen sur les
affranchis dans un chapitre de son Histoire romaine qui porte comme
sous-titre « La populace » l : « Et que dire de ces armées d'affranchis, libres
de fait et de droit, ignoble cohue de mendiants ou d'enrichis malaisés qui
n'étaient plus serfs, et n'étaient point citoyens, enchaînés à leur patron
par toutes les lois économiques et juridiques, et se targuant d'être hom
mes libres? Les affranchis surtout pullulaient : ils venaient en ville, y
trouvant mille sortes d'emplois faciles : le petit commerce, les petits
métiers étaient presque exclusivement dans leurs mains. Leur influence
dans les élections est maintes fois attestée : toujours au premier rang, à
l'émeute de la rue, c'est par eux d'ordinaire que le démagogue du jour
donne le signal; à son mot d'ordre, leurs boutiques et leurs échoppes de
ferment ».
Ce jugement concerne Rome à la fin de la République. Il peut paraî
tre excessif, plus peut-être par le ton que dans la réalité sociale. Et puis il
y avait, comme toujours, affranchis et affranchis ... et surtout fils d'af
franchis. Dion Cassius ne rapporte-t-il pas, avec réprobation il est vrai,
qu'en 39 av. J.-C. Octave procéda à un accroissement des effectifs du
Sénat2 en y admettant «non seulement des alliés, des soldats, des fils d'af
franchis, mais même des esclaves» (48-34, 4). Le règne d'Auguste marque
de toute façon, sinon une coupure, du moins en ce qui concerne le statut
et la vie des affranchis une évolution-décisive au point de vue juridique
comme au point de vue social; la thèse de G. Fabre l'a bien montré3.
Depuis The Roman Revolution de sir Ronald Syme, beaucoup d'études ont
1 Rééd. R. Laffont, Paris, 1985, II, livre V, p. 396.
2 Après avoir procédé à une épuration d'une assemblée qui avait, dit-on, atteint
quelque 1000 membres pendant les troubles du Second triumvirat. Ce sont les
effectifs du Sénat républicain que représente le chiffre de 300.
3 Libertus. Patrons et affranchis à Rome, Rome, 1981, 426 pp.; voir p. IX-X.
MEFRA - 102 - 1990 - 2, p. 621-638. MARCEL LE GLAY 622
été consacrées à la montée, à la promotion sociale des notables munici
paux italiens attirés par Rome, centre du pouvoir, où ils deviennent che
valiers et même sénateurs. Un colloque tenu à Naples en 1981 sur Les
«bourgeoisies» municipales italiennes aux IIe et Ier siècles av. J.-C. et dont les
Actes ont paru en 1983 4 a mis en valeur l'importance de ce phénomène
social pour l'histoire de la Rome tardo-républicaine et impériale. On
continue cependant à oublier un peu trop que dans la «mobilité sociale»
l'échelle mobile est descendue plus bas! Si quelques fils d'affranchis ont
eu accès au Sénat, comme le dit Dion Cassius, des affranchis ont pu,
quant à eux, entrer dans l'ordre équestre. Dès les années 40, on voit un
affranchi de T. Vinius, Philopoemen, recevoir la dignité équestre d'Octave
pour avoir sauvé son patron des proscriptions5. Un autre affranchi, Me
nas (ou Menodoros), amiral de Sextus Pompée, pour avoir trahi ce parti
au profit de la cause d'Octave, reçut de ce dernier l'anneau d'or, qui lui
permettait de devenir chevalier6. Et l'on connaît bien la célèbre Épode 4
d'Horace qui, plutôt qu'un individu, évoque un type social7 : celui de l'an
cien esclave qui parade sur la Voie sacrée, fier de son argent, dans «une
toge de deux fois trois coudées», qui possède en Campanie 1000 jugères -
250 ha - d'excellentes terres, qui «use la Voie Appienne avec ses bidets
gaulois» et ose, «fier chevalier, s'asseoir dans le théâtre sur les premiers
gradins». Il a même obtenu le tribunat militaire (le même grade qu'avait
Horace !). Nul doute ; nous avons là le type accompli de l'affranchi parve
nu entré dans l'ordre équestre. C'est d'ailleurs face à un accroissement
sans doute excessif des richesses et du rôle des liberti dans la vie écono
mique, peut-être aussi aux excès trop criants - fréquents dans toutes les
sociétés de tous les temps - de ces «nouveaux riches» qu'Auguste dut
prendre des mesures pour limiter le nombre des affranchissements. Une
manière aussi d'apaiser les critiques de la classe sénatoriale8.
4 Sous ce titre, Naples, 1983.
5 Suétone, Aug., 27, 4; Dion Cass., 47, 7, 5.
6 Suét., Aug., 74, 2; Appien, Bell, du., 5, 80; Dion Cass., 48, 45, 8.
7 Comme l'a précisé, après d'autres, S. Demougin, Notables municipaux et ordre
équestre à l'époque des dernières guerres civiles, dans Les «bourgeoisies» municipal
es. . ... p. 287.
8 Plus ou moins vives aussi à l'égard des notables municipaux (uiri municipal
es) : voir J. D'Arms, Upper-class attitudes towards viri municipales and their towns
in the Early Roman empire, dans Athenaeum, 72, 1984, p. 440-467. Sur la richesse et
la part des offranchis dans l'économie romaine : S. Mrozek, Abundantia pecuniae
(À propos de la richesse des affranchis à Rome), dans Historia, 25, 1976, p. 122-
123; P. Garnsey, Independent Freedmen and the Economy of Roman Italy under the
Principate, dans Klio, 63, 1981, p. 360 ss. PLACE DES AFFRANCHIS DANS LA VIE MUNICIPALE 623 LA
Les exemples les plus souvent cités concernent Rome et l'Italie. Qu'en
est-il dans les provinces? G. Fabre a largement utilisé les documents épi-
graphiques pour une recherche qui couvre la Péninsule ibérique9. En
mettant l'accent, comme dans sa thèse précédemment citée, sur le «rôle
capital» de la dépendance des affranchis vis-à-vis de leurs patrons dans la
vie personnelle, professionnelle et civique, il a montré notamment comb
ien la présence entre le nom et le surnom du libertus des noms du
patron ou de la patronne semblait bien répondre avant tout au désir de
faire ressortir le prestige d'un personnage dans son milieu local. Combien
aussi l'accès au sévirat témoignait fortement de l'influence exercée par la
gens concernée. G. Fabre avait très justement rappelé dans son premier
travail que l'institution des seuiri et des augustales était pour Auguste un
«exutoire aux ambitions municipales des affranchis les plus riches»10. Il
n'est pas sûr que la situation soit sur tous les points identique dans les
provinces africaines. Du moins apparaît-il que l'Afrique n'est pas la seule
partie du monde romain où les affranchis ont occupé une place non
négligeable dans la vie municipale et joué un rôle important dans la vie
religieuse, notamment dans les débuts du culte impérial. Des découvertes
récentes l'ont montré dans la province romaine d'Asie; nous y revien
drons tout à l'heure. C'est à tenter de préciser cette place et ce r

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