La poésie nouvelle

André Baunier

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• French poetry

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Extrait

¥U POÉSIE NOUVELLE
3,
AUTEURDU MÊME :
VolLES DUPONT-LETERRIER, TOman I
RUSSIE I VOlNOTES SUR LA
DE I VolBONSHOMMES PARISlUIl. . lJ
ANDRÉ BEAUNIER
La
Poésie nouvelle
RIMBAUD, JULES LAFORGUEARTHUR
KAHN, JEAN MOREAS, EMILE VERHAERENGUSTAVE
HENRI DE RÉGNIER, FRANCIS VIELE-GRIFFIN
MAURICE MAETERLINCK, STUART MERRILL, FRANCIS JAMMES
ELSKAMP,PAUL FORT, MAX CtC.
DEUXIÈME ÉDITION
PARIS
SOCIÉTÉ DV MEHGVRE DE FRANGE
XV, RVE DE l'ÉCHAVDÉ-SAINT-GERMAIN, XV
SEEN BY
PRESERVATION
SERVICES
.CET OUVRAGE :IL A ÉTÉ TIRE DE
de i lo.Dix exemplaires sur papier de Hollande, numérotés à
JUSTIFICATION DU TIRAGE I
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Ail
tous pays, comprisDroits de traduction et de reproduction réservés pour y
la Suède, la Norwège et le Danemark.iciLa Poésie nouvelle dont il est question n'est
pas seulementunerécentemanifestationd'art; mais
sa nouveauté lui est essentielle^ comme le prin-
cipe même de son esthétique. Notre poésie fran-
çaise^ mourait^ il ij a quinze ou vingt ans.fanée,
Quelques hommes survinrent, animésjeunes d'une
ardeur louable, épris de Beauté; ils n'essayèrent
pas de restituer un semblant de vie aux poncifs
anciens, mais ils voulurent inaugurer un art tout
dans aspiration et dansneuf son sa forme. Ils
leur croyance qu'il n'y apas deaffirmèrent poésie
—sans lafraîcheur de l'impression, lapoésie, en
somme, n'ayant d'autre objet que de nous faire
apercevoir réellela présence de toutes choses.
Il serait exquis de se le premierfigurer prin-
temps de la terre, si Adam n'avait pas été, sans
doute, d'une mentalité trop rudimentairepour en
goûter la grâce fragile... L'habitude et l'utilitéLA POésiE NOUVELLE
nousempêchent de voiries chosesavec Uêtonnement
émerveillé elles méritent;qu elles ont bientôt cessé
de nous émouvoir, et dès lors notre existence ici-
bas, dans le monde vainement délicat et varié, n'a
plus ni agrément, ni signification.
C'est le rôle de la poésie, de rendre à notre vi-
sion sa véridique ingénuité, de restituer aux bois,
aux champs, à toute la Nature et au cœur deenfin
rhomme, à ses passions, à ses mélancolies et à ses
allégresses, leur immédiate et si éphémère vérité.
Seulement, la poésie, elle aussi, comme toute
œuvre humaine oucomme toute créature,a vitefait
vieillir, et, vieillie, elle n'est plus rien. Il lade
sans cesse renouveler; il sans cesse ima-faut faut
giner une autre poésie.
Voilà ce que comprirent les poètes dont les œu-
vres sont analysées dans ce livre, et ils ont réussi
parfaitement leur tâche opportune. Il convient
admire la désinvolture avec laquelle ils ontqu'on
rejeté les anciennes littéraires. On les ac-formes
cusa d'irrespect; heureuse audace! ils laissèrent
les morts ensevelir les morts, les néo-parnassiens
les parnassiens d'antan libres,ressasser et, con-
eneux-mêmes, ils s'élancèrent à la conquêtefiants
d'une Beauté nouvelle, de leur Beauté!
Il serait oiseux de leur chercher des ancêtres,
puisqueleuresthétique est d'abord une hardierup-
passé. Verlaine leur donna peut-êtreture avec le
plus nette de la légitimité de leurune conscience.
LA POESIE NOUVELLE
entreprise en leur rendantplus perceptible la gêne
des règlespérimées quise survivent à elles-mêmes.
Mallarmé, quifaillit, à d'autres égards, les in-
l'artduire en erreur, leur apprit la dignité de et
la hautaine qu'il garder vis-à-indifférence faut
vis des incompréhensions du public. Et quant au
grand Baudelaire, s'il eut avant eux la nostalgie
d'un art libre et il ne réalisaque partielle-neuf,
ment son vœu et, en tous cas, il ne leur livrapas
uneformule d'art qu'ils aient adoptée,.
Ils sont eux-mêmes, superbement.
Aussi ne composent-ilspas une école. Ils se res-
semblent par un d'individualisme.même désir
Mais, à cause de cela aussi, ils se séparentpour la
réalisation de leur idéal chacun d'eux manifeste
sapersonnalité avec indépendance, avec intransi-
geance. Il a parmieux des spiritualistes et desg
matérialistes, des catholiques et des nihilistes, des
tristes et des gais, des visionnaires luxueux et
d'humbles observateurs de réalitéla quotidienne...
Ils ont la poésie des vieillesaffranchi écorces
qui fenserraient; et aussitôt elle s'est épanouie
uneavec richesse de sève, une abondance de vie
admirables. Dans l'histoire de notre littérature, le
renouveau poétique de ces dernières années appa-
raîtra comme l'une de ses plus belles époques de
fécondité.
Et puis, cette poésie nouvelle, à son tour vieil-
lira; elle deviendra un poncif et ilfaudra alorsLA POéSIB NOUVELLE
qu'on la tue. Mais à présent elle est dans toute la
fraîcheurde sa nouveauté; hâtons-nousd'enjouir,
exprime,à cette heure fugace où. elle avec un
émouvante vivacité,notreâme d'aujourd'hui,notre
âme passagère.