La « pragmatique textuelle » et les langages de la Révolution française - article ; n°1 ; vol.2, pg 191-203
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Description

Mots - Année 1981 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 191-203
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Monsieur Jacques Guilhaumou
Hans-Jürgen Lsebrink
La « pragmatique textuelle » et les langages de la Révolution
française
In: Mots, mars 1981, N°2. pp. 191-203.
Citer ce document / Cite this document :
Guilhaumou Jacques, Lűsebrink Hans-Jürgen. La « pragmatique textuelle » et les langages de la Révolution française. In: Mots,
mars 1981, N°2. pp. 191-203.
doi : 10.3406/mots.1981.1028
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1981_num_2_1_1028JACQUES GUILHAUMOU
UNITÉ DE RECHERCHE « LEXICOLOGIE ET TEXTES POLITIQUES »
INSTITUT DE LA LANGUE FRANÇAISE, SAINT-CLOUD
HANS-JÙRGEN LÙSEBRINK
UNIVERSITÉ DE BAYREUTH
La « pragmatique textuelle » et les langages
de la Révolution française
Contrairement aux recherches anglo-saxonnes, les recherches allemandes en linguistique prag
matique, et plus particulièrement en pragmatique textuelle, qui ont connu un essor considérable
pendant les dix dernières années ', sont passées quasi inaperçues en France. Une des livraisons de
la revue Linguistique et sémiologie (n° S, 1978, Textlinguistik) du Centre de recherches linguist
iques et sémiologiques de Lyon a mis à la portée du public français ne connaissant pas la langue
allemande un certain nombre de textes relevant du domaine de la linguistique textuelle. Cette ini
tiative n'a pas eu, pour le moment, de suite. En témoignent de façon frappante les numéros
récents des revues Communications (n° 32, 1980) et Langue française (n° 42, mai 1979) consacrés
précisément à la pragmatique, mais ne faisant référence à aucun travail venu d'Outre-Rhin dans ce
domaine. Aucun ouvrage de base n'a été traduit, à la différence de la pragmatique en langue
anglaise. La présente contribution, en cernant les lieux théoriques spécifiques de ces recherches, se
propose, non seulement d'ouvrir un champ d'échange à la communication scientifique — bloquée
du fait des orientations particulières de la recherche pragmatique en France et des barrières de lan
gue 2 —, mais aussi de montrer, à partir d'une réflexion critique, l'apport des recherches alleman
des pour l'étude des langages de la Révolution française.
Le champ d'investigation, les axes d'interrogation et les outils d'analyse de la pragmatique
textuelle en Allemagne (Textpragmatik), plus précisément de la Historische Textpragmatik provien
nent de plusieurs horizons :
1. Cf. la bibliographie de Dressier et Schmidt (1973) et les deux éditions du livre de Schlieben-Lange (1975, 1979). Les
références renvoient á la bibliographie qui se trouve en fin d'article.
2. En effet, la seule publication d'un linguiste allemand mentionnée par Communications et Langue française est un
article en anglais de D. Wunderhch. JACQUES GUILHAUMOU 192
1. L'avènement de la pragmatique textuelle peut d'abord se comprendre comme un retour de
l'histoire dans la recherche linguistique dominée en Allemagne fédérale de 1960 à 1970 par la
grammaire generative et transformationnelle 3. Renouant avec plusieurs domaines de la recherche
linguistique, la pragmatique s'est ainsi développée dans trois directions différentes :
— Premièrement, dans la tradition de Charles Morris (1938, 1946) comme une théorie de la
performance linguistique, théorie qui, d'après Georg Klaus, aurait pour tâche « d'analyser les
composantes psychologiques et sociologiques de l'utilisation des signes linguistiques » 4.
— Deuxièmement, selon Althaus/Henne (1971), comme linguistique du dialogue, c'est-à-dire,
à partir d'une critique de la conception saussurienne du signe et des présupposés épistémologiques
de la théorie de l'information3, comme analyse systématique des modes de communication et
d'interaction langagiers.
— Troisièmement, dans le sillage des travaux de Searle (Speech Acts, 1969) et de J.L. Austin
(1962) comme théorie des actes de langages6. Contre une « théorie textuelle » (Texttheorie) et une
« théorie des actes de langage » à visée universaliste et systémique, comme les représentent les tr
avaux de S.J. Schmidt, de D. Wunderlich 7 et de la grande majorité des recherches s'inscrivant dans
la tradition anglo-saxonne de la pragmatique8, s'est constituée depuis quelques années la concept
ion d'une « pragmatique textuelle historique » dont les travaux de H.-U. Gumbrecht, de
B. Schlieben-Lange, de Henne/Rehbock, entre autres, ont tracé les perspectives et posé les pre
miers jalons. La pragmatique textuelle, en élaborant des méthodes pour l'analyse de la significa
tion et de la fonction d'un texte dans une situation (de communication) donnée9, s'est en effet
défini comme objet d'étude le fonctionnement du discours dans l'histoire.
2. Cette conception des recherches pragmatiques ne saurait s'expliquer sans le développement
antérieur de la théorie de la réception — visant l'analyse des lectures et utilisations historiques
d'un texte donné l0 — , dont le champ d'épandage originellement littéraire s'est étendu progressive
ment à l'ensemble de la production textuelle. Prenant pour base une théorie des genres littéraires
et une phénoménologie historique des notions de « lecture », de « texte » et de « signification »,
la théorie de la réception a constitué, pour la pragmatique textuelle, cette nécessaire « provocation
de la linguistique diachronique » dont parle Gumbrecht ".
3. Cf. Schmidt (1976a, 1976b), Wunderlich (1973) et les critiques de Breuer (1974), p. 9-10, Schlieben-Lange (1976) et
Gumbrecht (1978), p. 28.
4. Klaus (1964-1972), p. 21, traduit par nous.
5. Cf. Schlieben-Lange (1979a), p. 16-19.
6. Cf. p. 20-22.
7. Voir aussi l'intéressante mise au point, à propos des tendances « universaliste » et « historique » en théorie des actes
de langage, sous forme de « dispute » scientifique, que constitue Schlieben-Lange et Weydt (1979).
8. Voir, à titre d'exemple, les études de Récanati (1979) et de Nef (1980) dans Langue française et Communications.
9. Cf. Gumbrecht (1978a), p. 10.
10. Parmi une vaste littérature qui commence à être traduite en France, citons Jauss (1978) et, comme premières mises
au point, les numéros spéciaux de Poétique (39, 1979) et de la Revue des sciences humaines (1980), notamment le dialogue
Jauss-Grivel, p. 7-21.
11. Gumbrecht (1977), p. 134. LES LANGAGES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 193
3. La mise en perspective historique des notions de « situation de communication » et de
« performance » par la pragmatique textuelle et des concepts de « lecture », de « texte » et de
« signification » par la théorie de la réception viennent à la rencontre d'interrogations d'historiens
des mentalités et des cultures sur le statut du texte-document historique et les possibilités d'une
analyse plus adéquate de celui-ci. Renouant partiellement avec les interrogations de R. Robin dans
Histoire et linguistique (1973), des historiens aussi divers que R. Koselleck en Allemagne l2,
С Ginzburg en Italie l3, et R. Chartier en France ont reposé, implicitement ou explicitement, la
question d'une pragmatique textuelle historique. Tel R. Chartier dans sa critique des méthodes de
l'histoire des mentalités et des cultures :
« II faut rappeler que tout texte est le produit d'une lecture, une construction de son lecteur ...
Conçus comme un espace ouvert aux lectures multiples, les textes (mais aussi toutes les catégories d'imag
es) ne peuvent donc être appréhendés, ni comme des objets dont il suffirait de repérer la distribution, ni
comme des entités dont la signification se dirait sur le mode de l'universel, mais pris dans le réseau con
tradictoire des utilisations qui les ont historiquement constitués » l4.
Même si la grande majorité des études allemandes en pragmatique textuelle de ces dernières
années ont concerné, à partir de corpus de textes contemporains, l'analyse des discours pédagogi
ques l5, des codes langagiers de l'institution judiciaire '6 et des formes de la face-to-face
interaction, notamment de la conversation l7, quelques récentes études se sont choisi comme objet
les langages de la Révolution française.
Cinq voies de recherche se dessinent :
1. Dans le sillage des analyses de la réception littéraire, mais sur la base de la conception de
la pragmatique textuelle esquissée par Gumbrecht, T. Schleich a 

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