La première légation de Guillaume Grimoard en Italie (Juillet-Novembre 1352) - article ; n°1 ; vol.17, pg 409-439
32 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La première légation de Guillaume Grimoard en Italie (Juillet-Novembre 1352) - article ; n°1 ; vol.17, pg 409-439

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
32 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1897 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 409-439
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1897
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

P Lecacheux
La première légation de Guillaume Grimoard en Italie (Juillet-
Novembre 1352)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 17, 1897. pp. 409-439.
Citer ce document / Cite this document :
Lecacheux P. La première légation de Guillaume Grimoard en Italie (Juillet-Novembre 1352). In: Mélanges d'archéologie et
d'histoire T. 17, 1897. pp. 409-439.
doi : 10.3406/mefr.1897.8146
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1897_num_17_1_8146LA PREMIERE LEGATION
DE GUILLAUME GRIMO ARD EN ITALIE
(Juillet-Novembre 1352)
Avant de devenir pape sous le nom d'Urbain V, Guillaume
Grimoard, successivement abbé de Saint-Germain d'Auxerre et
de Saint- Victor de Marseille, avait joué un certain rôle dans les
affaires politiques de la chrétienté. Quand les cardinaux réunis
en conclave élevèrent cet humble religieux au rang de chef s
uprême de l'Eglise, ils ne furent pas, comme l'a dit Pétrarque,
les instruments inconscients de la Providence (1) ; du moins pou
vaient-ils prévoir que dans l'exercice de ses fonctions le nouvel
élu montrerait un caractère plus énergique, une âme plus fo
rtement trempée que son prédécesseur. Guillaume en effet se
recommandait au choix du Sacré Collège non seulement par ses
vertus monacales qui lui ont valu de nos jours les honneurs de
la béatification (2), par sa science très profonde du droit ecclé
siastique qu'il avait étudié et professé à l'université de Montp
ellier, mais encore par l'habileté dont il venait de faire preuve
(1) Pétrarque, Lett, senil., liv. VII; lettre adressée à Urbain V
pour l'engager à ramener le Saint-Siège d'Avignon à Rome.
(2) V. à ce sujet les ouvrages de M. l'abbé Albanés relatifs à
Urbain V et en particulier son Abrégé de la vie et des miracles du
bienheureux Urbain V. La mort récente de M. Albanés l'a empêché
de poursuivre ses études remarquables sur ce pontife et de publier
les documents qu'il avait recueillis avec tant de soin dans les archives
du Vatican. M. l'abbé Ulysse Chevalier s'est chargé de cette publi
cation; les recherches de M. l'abbé Albanés paraîtront en deux vo*
lûmes, actuellement sous presse. 410 LA PREMIÈRE LÉGATION
dans certaines négociations délicates que la cour d'Avignon lui
avait confiées. Clément VI eut le mérite de distinguer l'abbé
de Saint-Germain d'Auxerre et de le mettre en évidence, sans
prévoir que dix ans plus tard Guillaume monterait à son tour
sur le trône de Saint Pierre. Il le savait estimé de ses moines,
profondément versé dans la science ecclésiastique, dévoué aux
intérêts de la papauté. Six mois ne s'étaient pas écoulés depuis
que, placé par le souverain pontife à la tête de la grande abbaye
bourguignonne (1), Guillaume Grimoard avait entrepris d'en
administrer les revenus et de la gouverner avec sagesse, quand
Clément VI le fit venir en Avignon et le«hargea d'une mission
difficile en Lombardie. Continuant les traditions de son prédé
cesseur, le pape Innocent VI fit plus d'une fois appel au d
évouement de Guillaume; de 1352 à 1362 le futur Urbain V
fut un des agents les plus actifs de la domination pontificale
au-delà des Alpes, et les suffrages des cardinaux allèrent le
chercher en Italie dans l'exercice même de ses fonctions de légat.
La première mission confiée par le Saint-Siège à l'abbé de
Saint-Germain d'Auxerre remonte à l'année 1352. A cette date
la puissante famille des Visconti régnait depuis de longues anné es
déjà en Lombardie, et l'archevêque Giovanni, devenu seul maître
de Milan par suite de la mort mystérieuse de son frère Luchino,
cherchait à faire de cette ville la capitale de l'Italie du Nord (2).
L'histoire n'a pas encore porté sur ce personnage un jugement
définitif. Les contemporains étaient frappés de sa belle prestance
et de son humeur joyeuse : ils remarquaient la douceur de ses
manières, sa générosité envers les pauvres dont il nourrissait
(1) La nomination de Guillaume Grimoard à l'abbaye de Saint-
G-ermain d'Auxerre eut lieu le 13 février 1352.
(2) II n'existe point d'ouvrage spécial sur l'archevêque de Milan.
M. Carlo Cipolla a résumé ce que l'on savait de lui dans un chapitre
de la Storia delle signorie Italiane dal 1813 al 1530, t. 1, p. 114-128. GUILLAUME GRIMO ARD EN ITALIE. 411 DE
chaque jour une soixantaine, sa piété lorsqu'il célébrait l'office
divin, son zèle pour la réparation des églises et des châteaux
et la protection constante qu'il leur accordait. La magnificence
de sa cour, le luxe de ses écuries, ses faucons, ses éperviers et
ses chiens de chasse excitaient l'admiration (1). " II n'y a pas
aujourd'hui en cour de Rome, écrivait Gaalvano Fiamma, quatre
cardinaux qui réunis fassent autant de dépenses que notre arche
s' attardant à décrire les processions vêque à lui tout seul „; et,
qui déroulaient chaque année leurs splendeurs à travers les rues
de Milan, le naïf chroniqueur nous montre l'archevêque entouré
d'un brillant cortège, monté sur un cheval blanc que recouvre
une housse en drap d'or, précédé d'un capitaine qui tient la
bride de sa monture et de quatre personnages chargés d'écarter
" ne forte offendat ad lapi- devant elle les pierres du chemin,
dem pedem suum „ (2). Ce prélat grand seigneur sut attirer Pé
trarque à sa cour et en faire son conseiller ; dans une lettre
adressée à l'archidiacre de Gênes, le poète vante l'éloquence de
son hôte et sa grandeur d'âme (3) ; il l'encouragea dans le dessein
qu'il avait formé de réunir une collection de livres (4). Ce goût
des belles lettres s'unissait en Giovanni Visconti à une ambition
démesurée, et par là il se rapproche de ces tyrans italiens du
XIVe siècle qui, confinés dans les limites étroites d'une ville ou
d'une principauté, rêvaient de conquérir la péninsule et faisaient
trembler les papes dans leur palais d'Avignon. Moins fourbe que
son neveu Bernabo, il eut autant d'énergie et plus de souplesse
que lui dans ses rapports avec le Saint-Siège. Si les foudres
(1) Gualvaneus de la Fiamma, Opusculum de rebus gestis ab Azone
Luchino et Joanne Yicecomitibus , ab anno MCCCXXVIII usque ad
annum. MCCCXLII. Muratori, XII, p. 991. — Du même auteur, Ma·
nipulus -fiorum sive Historia Medio lanensis. Muratori, XI, p. 533 et suiv.
(2) Muratori, t. XII, loc. cit.
(3) Familiar, liv. XVII, lettre IV, éâit. Fracassetti.
(4) Cf. de Nolhac, Pétrarque et l'humanisme, p. 86. 412 LA PREMIÈRE LÉGATION
de l'Eglise suspendues sur sa tète ne l'empêchèrent point de
s'emparer de Bologne et de s'y maintenir, il sut du moins par
ses présents apaiser la colère du pape Clément VI : sa généros
ité intéressée lui conquit l'entourage du pontife, y compris la
vicomtesse de Turenne dont l'influence était réelle en Avignon (1) ;
la bulle d'excommunication fut rapportée. Devenu vicaire de
Bologne au nom du pape, il sut se faire accueillir avec faveur
par une population qui ne pardonnait pas à ses anciens maîtres,
les Pepoli, de l'avoir vendue aux Milanais pour 200.000 florins
d'or (2). Son entrée dans la ville fut triomphale; son séjour y
calma pendant quelque temps les haines que la cruauté de son
lieutenant, l'Oleggio, avait amassées contre les Visconti. Pétrarque
nous a dépeint d'ailleurs, dans cette lettre à l'archidiacre de
Gênes citée plus haut, ce côté séduisant de son caractère.
Après la défaite que, le 29 août 1353, la flotte Vénitienne fit
essuyer aux navires Génois en vue des côtes de la Sardaigne,
Gênes se soumit d'elle-même à l'archevêque de Milan, espérant
trouver dans cette alliance l'appui dont elle avait besoin. Gio
vanni reçut en séance solennelle les ambassadeurs de la ville
vaincue. On avait engagé Pétrarque à prendre la parole ; il s'y
était refusé, par défiance, nous dit-il, de ses propres forces.
L'archevêque prononça lui-même le discours, et non seulement
l'habileté dont il fit preuve lui g

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents