La préparation et la publication d un livre illustré au XVIe siècle, 1573-1588. - article ; n°1 ; vol.53, pg 612-623
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La préparation et la publication d'un livre illustré au XVIe siècle, 1573-1588. - article ; n°1 ; vol.53, pg 612-623

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1892 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 612-623
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1892
Nombre de lectures 14
Langue Français

Extrait

Henri Bouchot
La préparation et la publication d'un livre illustré au XVIe siècle,
1573-1588.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1892, tome 53. pp. 612-623.
Citer ce document / Cite this document :
Bouchot Henri. La préparation et la publication d'un livre illustré au XVIe siècle, 1573-1588. In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1892, tome 53. pp. 612-623.
doi : 10.3406/bec.1892.447709
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1892_num_53_1_447709LA
PRÉPARATION ET LA PUBLICATION
D'UN LIVRE ILLUSTRÉ
AU XVIe SIÈCLE.
1573-1588.
I.
On sait combien sont rares aujourd'hui les renseignements
écrits concernant la mise en train des ouvrages imprimés du xve
au xviie siècle ; ce n'est que par induction, par mille rapproche
ments, que nous arrivons à nous en faire une idée. A peine Geof
froy Tory, dans son livre célèbre du Ghampfleury l, nous touche-
t-il quelques mots de la préparation, de la taille des gravures, de
la reliure ; il met dans sa description idéale et allégorique un peu
de cette réserve singulière que ses confrères avaient généralement
adoptée sur la matière. André Thevet, dans la notice consacrée à
Gutenberg en son ouvrage des Hommes illustres, a voulu pré
ciser un peu la besogne matérielle du livre ; il décrit minutieuse
ment la composition et l'impression; il nomme les instruments
nécessaires aux typographes et nous en écrit la nomenclature8.
Mais que savons -nous de plus? Dans le cas très spécial d'une
illustration jointe au texte, pourrions-nous dire que les bois tail
lés par un graveur d'images avaient été dessinés par ce graveur
lui-même d'après un original fourni, ou mieux par l'artiste créa-
1. G. Tory, l'Art et science de la vraye proportion des lettres, édit. de 1549,
imprimée par Vivant Gautherot.
2. André Thevet, Vie des hommes illustres, fol. 514 (édit. de 1584). LA PRÉPARATION d'c?î LIVRE ILLUSTRÉ AU XVIe SIÈCLE. 6Í3
teur? En dépit de bien des phrases écrites sur ce sujet par les
historiens d'art, Hans Holbein, l'illustre auteur de la Danse des
morts, Albert Durer, pour la Vie de la Vierge oui' Apocalypse,
ne pourraient être sûrement présumés avoir transporté de leur
main, sur la planche de poirier destinée à la taille, un croquis
définitif et ne varietur de leur idée première.
Tout ce qui nous peut éclairer sur ce point mérite de fixer l'a
ttention des bibliographes, et c'est une bonne fortune véritable que
de rencontrer un renseignement précis.
Louis de Gonzague, devenu duc de Ne vers par son mariage
avec Henriette de Clèves, avait, dans le courant de l'année 1573,
décidé une fondation qui, par plus d'un point, rappelle l'établiss
ement moderne des rosières. D'un acte passé en novembre 1573
par-devant les notaires Boreau et Pierre Cayard, il appert que le
duc et la duchesse de Nevers s'étaient engagés à marier chaque
année, dans leurs terres et seigneuries, à perpétuité, un nombre
de soixante « pauvres filles destituées de toutes facultés et
moyens. » Pour mieux établir leurs volontés sur ce point, les
prince et princesse avaient résolu la publication d'un ouvrage qui
notât leurs dispositions et les fît connaître. Mais, si bien intention
nés qu'ils fussent, l'ouvrage projeté n'était point terminé encore
en 1577. Leur intendant, chargé par eux delà publication, n'a pu
mener à bien l'entreprise. Les plus grands retards viennent d'une
planche gravée insérée dans le texte, sur laquelle un peintre anglais
a crayonné les effigies des fondateurs; l'intendant insiste tout
particulièrement sur ce point, et ses indications nous sont bien
précieuses.
Voici une lettre telle que nous l'avons trouvée au département
des manuscrits de la Bibliothèque nationale, dans le fonds fran
çais n° 4538, fol. 175. C'est, on le va voir, la chronique très
détaillée de l'impression et de l'illustration d'un livre, le document
le plus explicite que l'on connaisse sur ces matières * .
La lettre est écrite par l'intendant au duc son maître :
Monseigneur, il y a aujourd'huy quinze jours que je receus la
depesche qu'il vous a pieu me faire par Monsieur du Ru2, et n'eusse
tant tardé à vous faire responce, n'eust esté qu'encore que je l'eusse
1. Nous en avons la un extrait au Congrès des bibliothécaires anglais,
le 13 septembre 1892.
2. Il ne m'a pas été possible de déterminer ce personnage, probablement offi
cier domestique du duc de Nevers. LA PRÉPARATION ET LA PUBLICATION 644
portée sur-le-champ à Monsieur Ghandon1, affin ďy mettre, avec
vostre conseil, la dernière main à vostre fondation, il ne luy a esté
possible, quelque sollicitation et dilligence qu'il ait sçeu faire, d'a
ssembler commodément et à loisir Messieurs de Ganaye2, de Monthe-
lon3 et Marion4 jusques à hyer matin, puisqu'ils se résolurent à l'ad-
vis que ledict sieur Ghandon vous fait entendre. J'avois cependant,
Monseigneur, fait tenir du parchemin et du papier encore plus beau
que l'aultre, tous prests ensemble, ce qu'il falloit pour l'imprimer en
dilligence, suivant ce qu'il vous a pieu me mander. Et pareillement
des gros cartons et bazaines pour la rellieure des cent copies (exemp
laires), nonobstant que, des cinquante escutz qu'il vous pleust faire
mettre en mes mains, Гап passé, il n'y ait plus rien de reste, au con
traire, il en est deu encores quelques chose, ainsy qu'il vous plairra
veoir par les parties que je vous en envoie, avec d'autres parties de ce
qu'il fauldra nous satisfaire à ce qu'il vous plaist me commander,
tant pour l'impression que pour les rellieures. Mais, sauf vostre bon
advis, Monseigneur, il semble que les copies que vous vouliez, tant
pour vous que pour faire des presens, seront beaucoup mieulx en
quelque veau rouge ou noir, ainsi qu'il vous sera plus agréable, bien
doré par-dessus, qu'en vellin, qui est un parchemin délié qui se
regredille incontinent. Néanmoins, j'obeiray à ce qu'il vous plaira
m'en commander pourveu que ce soit d'heure, s'il plaist
avoir le tout pour ceste my-caresme, car il faut nommément une
sepmaine pour l'impression à cause de cinq ou six espreuves qu'il
fault pour chacune fueille, et dix ou douze jours, pour le moins,
pour les rellieures. Il y a encore une aultre difficulté, Monseigneur,
c'est que le notaire Boreau ny son compaignon ne vouldront pas
signer les copies qu'ilz n'aient vostre parole de bouche. Toutesfois,
si le bruict qui court icy est certain, que vous y debvez un de ces
jours faire un tour avec la reyne et Monseigneur, frère du Roy, cela
nous relleveroit de toutes ces peines, oultre ce que vous pourrez plus
résoudre en une heure avec vostre conseil estant present qu'en un
mois durant vostre absence. Nonobstant tout cela, Monseigneur, je
ne lairray de faire tenir toutes choses prestes, affin d'y mettre la
main en dilligence quant j'auray eu vostre dernière resolution
là-dessus et de messieurs de vostre conseil, mais il faut, comme j'ay
1. Jean Chandon, maître des requêtes de l'hôtel, poète et écrivain.
2. Philippe de Canaye, sieur du Fresne, avocat au Parlement, conseiller au
grand conseil et, postérieurement à 1586, ambassadeur en Angleterre.
3. François de Montholon, garde des sceaux en 1588.
4. Simon Marion, né à Nevers ? livre illustré au xvie siècle. 645 d'un
déjà diet су-dessus, bien dix-huict jours pour satisfaire à tout. Les
fueilles qui ont desjà esté imprimées ne pourront servir, comme il
vous plairra veoir, Monseigneur, ce qui est cause que j'ay pris de
nouveau papier et plus beau. Et, pour ce qu'il en reste quelque demie-
rame pour la première fueille, qui n'a point encore esté tirée et que
vous me commandez nouvellement de faire imprimer jusqu'à quattre
cens copies que vous vouliez avoir de nect, j'en feray tirer de ladicte
demie-rame qui reste (s'il vous plaist me le permettre ainsi), avec
quelque autre papier semblable, que j'achepteray de mon argent,
quelques cinquante copies pour distribuer çà et là à ceulx qui m'en
rompent incessamment les oreilles, car il y a de bons personages icy
et des vefves charitables et devotes qui désirent infiniment veoir
vostre règlement p

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