La réception de l  œuvre dramatique de Bizet en Italie. Un exemple de rapport culturel France/Italie entre 1879 et 1890 - article ; n°1 ; vol.108, pg 171-201
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La réception de l' œuvre dramatique de Bizet en Italie. Un exemple de rapport culturel France/Italie entre 1879 et 1890 - article ; n°1 ; vol.108, pg 171-201

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1996 - Volume 108 - Numéro 1 - Pages 171-201
Hervé Lacombe, La réception de l'œuvre dramatique de Bizet en Italie, p. 171-201. Bizet meurt sans qu'une seule de ses œuvres dramatiques ait emporté un succès durable. Avant d'être reprises en France, celles-ci sont jouées dans le monde et particulièrement en Italie où l'éditeur, imprésario et journaliste Sonzogno organise une remarquable politique de diffusion. Les opéras de Bizet bénéficient de l'organisation du territoire italien qui, contrairement au système français centralisé, offre de multiples possibilités de représentations dans les nombreuses villes possédant leur propre opéra. Alors que le répertoire italien semble ne plus trouver l'énergie nécessaire à son renouveau, les traductions d'ouvrages français envahissent la péninsule et semblent imprégner la culture italienne. On découvre les œuvres de Bizet au moment où se constitue l'école lyrique vériste. L'Arlé- (v. au verso) sienne et Carmen offrent occasion de disserter sur le réalisme dans le théâtre lyrique
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hervé Lacombe
La réception de l' œuvre dramatique de Bizet en Italie. Un
exemple de rapport culturel France/Italie entre 1879 et 1890
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 108, N°1. 1996. pp. 171-201.
Résumé
Hervé Lacombe, La réception de l'œuvre dramatique de Bizet en Italie, p. 171-201.
Bizet meurt sans qu'une seule de ses œuvres dramatiques ait emporté un succès durable. Avant d'être reprises en France,
celles-ci sont jouées dans le monde et particulièrement en Italie où l'éditeur, imprésario et journaliste Sonzogno organise une
remarquable politique de diffusion. Les opéras de Bizet bénéficient de l'organisation du territoire italien qui, contrairement au
système français centralisé, offre de multiples possibilités de représentations dans les nombreuses villes possédant leur propre
opéra. Alors que le répertoire italien semble ne plus trouver l'énergie nécessaire à son renouveau, les traductions d'ouvrages
français envahissent la péninsule et semblent imprégner la culture italienne. On découvre les œuvres de Bizet au moment où se
constitue l'école lyrique vériste. L'Arlé-
(v. au verso) sienne et Carmen offrent occasion de disserter sur le réalisme dans le théâtre lyrique
Citer ce document / Cite this document :
Lacombe Hervé. La réception de l' œuvre dramatique de Bizet en Italie. Un exemple de rapport culturel France/Italie entre 1879
et 1890. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 108, N°1. 1996. pp. 171-201.
doi : 10.3406/mefr.1996.4430
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1996_num_108_1_4430HERVÉ LACOMBE
LA RÉCEPTION DE L'ŒUVRE DRAMATIQUE
DE BIZET EN ITALIE1
UN EXEMPLE DE RAPPORT CULTUREL FRANCE / ITALIE
ENTRE 1879 ET 1890
Une mort française / Une renaissance italienne
Rappelons brièvement que Bizet meurt le 3 juin 1875 sans qu'une seule
de ses œuvres dramatiques ait emporté un succès véritable lui permettant
d'être adopté au répertoire d'un théâtre lyrique. Toutes ses créations sont
restées sans lendemain : Le Docteur Miracle, Les Pêcheurs de perles, La Jolie
Fille de Perth, Djamileh, L'Arlésienne (sous sa forme dramatique) et Carmen
n'ont donné lieu à aucune reprise du vivant du compositeur. Il faut
attendre les années 1880 pour que la plupart de ces œuvres, aujourd'hui
considérées comme parangons de l'art français, soient remontées à Paris et
plus généralement diffusées en France.
Entre-temps, les étrangers, et plus particulièrement les Italiens, les
1 Cette étude constitue une partie du travail de recherche effectué à Rome en
tant que boursier de l'École française en 1994. Les fonds de périodiques italiens du
XIXe siècle étant dispersés, hétérogènes et très endommagés, nous ne pouvons pré
tendre à aucun travail systématique de dépouillement, si ce n'est pour quelques
titres, dont la Gazzetta musicale di Milano, le Teatro illustrato, la Nuova antologia. Le
recoupement des diverses publications consultées permet néanmoins de se faire une
idée assez juste de la réception de l'œuvre dramatique de Bizet.
Le style emphatique et tout en circonvolutions de la presse italienne de cette
époque rend la traduction particulièrement difficile. Une traduction littérale est
souvent ridicule en français. C'est pourquoi la version française des articles cités
dans le cours de ce travail n'a d'autre prétention que d'exposer les idées du texte
original (reporté en note) dans la même langue que notre propos, afin de ne pas gê
ner la lecture par l'incessant passage d'une langue à une autre. Qu'il nous soit per
mis de remercier pour leur aide Diego Venturino, Lorenzo Brondetta et Lavinia
Bertotti.
MEFRIM - 108 - 1996 - 1, p. 171-201. 172 HERVÉ LACOMBE
découvrent et les jouent un peu partout. Les quatre principales œuvres dra
matiques de Bizet sont créées en Italie entre 1879 et 1890, soit, dans l'ordre
chronologique :
- Carmen, 15 novembre 1879 (Naples, Bellini)
- La Bella fanciulla di Perth, 20 novembre 1883 (Rome, Argentina)
- / Pescatori di perle, 27 mars 1886 (Milan, Scala)
- L'Artesiana, 16 octobre 1890 (Rome, Argentina)
- Djamileh, 4 novembre Costanzi)
Les œuvres sont d'une part traduites et, d'autre part, adaptées aux
règles du théâtre lyrique italien excluant toute forme d'expression parlée
durant un opéra. Aussi, les opéras-comiques français, dont la particularité
est de faire alterner dialogues parlés et chant, voient-ils leurs sections sans
musique transformées en récitatifs.
Les traductions-adaptations des œuvres en italien permettent de les
représenter dans tous les Théâtres-Italiens (où institutions de ce type) du
monde. C'est ainsi que Les Pêcheurs de perles seront repris pour la première
fois à Paris, près de vingt-six ans après leur création (le 30 septembre
1863), au Théâtre de la Gaîté, le 20 avril 1889, en italien! C'est à l'occasion
de l'Exposition Universelle que Sonzogno, désireux de faire revivre le
Théâtre-Italien de Paris, «est venu chercher un abri momentané pour la
troupe superbe avec laquelle il vient de faire une si brillante campagne au
Costanzi de Rome» écrit A. Pougin dans la «Semaine théâtrale» du Ménest
rel (21 avril 1889). La première a lieu devant un parterre prestigieux où l'on
reconnaît le président Carnot, quelques ministres et la fleur du corps diplo
matique. En choisissant une traduction d'un ouvrage français, Sonzogno
veut peut-être flatter son auguste auditoire tout en affirmant que l'italien
demeure, par excellence, la langue de la musique. Quoiqu'il en soit, le cor
respondant du Teatro illustrato, L. P. Laforêt, fait de cette représentation
un événement politique et culturel : «En cette occasion, tout le monde a
manifesté, à l'égard de la nation italienne, une réciproque amitié. Carnot
avait déjà dit qu'il voulait se rendre au spectacle de l'opéra italien comme
preuve de sympathie envers l'Italie en laquelle il déclara avoir toujours
nourri des sentiments cordiaux2».
Lors des créations dans la péninsule, on est stupéfait de découvrir un
auteur plusieurs années après sa mort. Ainsi, Saraceno écrit à propos de la
première de La Bella Fanciulla di Perth à Rome : «C'est la première fois
2 «In questa occasione l'espressione di una reciprocanza amichevole verso la na
zione italiana è stata generale. Carnot aveva già detto che voleva recarsi allo spetta
colo d'opera italiana per dar prova di simpatia all'Italia, verso la quale dichiarò di
aver sempre nutrito sentimenti cordiali». (// Teatro illustrato, Milan, maggio 1889). LA RÉCEPTION DE L'ŒUVRE DE BIZET EN ITALIE 173
qu'un opéra de Bizet est représenté à Rome : et pourtant il est mort depuis
huit ans et La Jolie fille de Perth fut écrite en 1866, il y a dix-sept ans3». Où
encore, G. Colomba se montre exalté à l'audition de / Pescatori di perle :
«Qui connaissait Carmen à Rome avant 1884? Qui connaissait Les Pêcheurs
de perles avant ce jour? Personne! Et je ne crains pas de me tromper beau
coup en affirmant personne! Eh bien, cette œuvre est une chose splen
dide4». Enthousiasme partagé par plus d'un : «Cette musique de Bizet
compte donc vingt années de vie, et je ne peux comprendre vraiment com
ment on a pu l'oublier ou presque, alors qu'elle contient tant de beautés5».
D'autres ressentent une certaine fierté d'avoir su accueillir des œuvres
que les Français ont sottement ignorées. Dans un article sur La Bella fan
ciulla di Perth, un journaliste écrit : «ce fut nécessaire que l'Allemagne,
l'Angleterre, et aussi un peu l'Italie, crièrent à la France que Carmen était
pour ainsi dire un chef-d'œuvre6». Filippi parle du mérite «de l'Italie qui a
reconnu la valeur exceptionnelle de Carmen7». Grâce au travail effectué
dans de nombreux pays, il est possible d'attribuer à Bizet, de façon pos
thume, la place qui lui revient : «Maintenant on sait qu'il y a un grand
artiste de plus au monde> et on veut le connaître entièrement, ainsi que
toutes ses œuvres8».
Quelques Italiens ont tôt fait de s'afficher, non sa

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