La réglementation des universités pontificales au XIXe siècle. II. Pie IX et le monopole universitaire - article ; n°2 ; vol.96, pg 1105-1168
65 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La réglementation des universités pontificales au XIXe siècle. II. Pie IX et le monopole universitaire - article ; n°2 ; vol.96, pg 1105-1168

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
65 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1984 - Volume 96 - Numéro 2 - Pages 1105-1168
François Gasnault, ~~La réglementation des universités pontificales au XIXe siècle. II Pie IX et le monopole universitaire, p. 1105-1168. Bien qu'il ait énoncé avant son élection des opinions très conservatrices, Pie IX, dans les premiers temps de son règne, se montre favorable à l'idée d'une refonte générale du système éducatif. Il nomme en avril 1847 une commission présidée par le préfet de la Congrégation des études, l'érudit Mezzofanti. Mais les réformes que prône l'organisme épouvantent l'entourage pontifical qui étouffe l'affaire et obtient en avril 1848 le retrait de Mezzofanti. Son successeur s'attelle, après l'intermède républicain, à une énergique reprise en main : le corps professoral est épuré et, entre autres mesures dissuasives, les études universitaires deviennent payantes. Ce dispositif s'avère vite irréaliste; purement disciplinaire, il sacrifie, en dépit de ses intentions, les visées spirituelles de la réforme (v. au verso) léonine. Jusqu'en 1860, les préfets modèrent ou abrogent les règlements répressifs et admettent une certaine innovation scientifique, qu'ils tempèrent aussitôt en essayant de restaurer un enseignement supérieur de la philosophie, confondue avec l'apologétique. Dans la dernière décennie du pouvoir temporel, le souci du maintien de l'ordre et la lutte contre le chômage intellectuel redeviennent prioritaires.
64 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

François Gasnault
La réglementation des universités pontificales au XIXe siècle. II.
Pie IX et le monopole universitaire
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 96, N°2. 1984. pp. 1105-1168.
Résumé
François Gasnault, La réglementation des universités pontificales au XIXe siècle. II Pie IX et le monopole universitaire, p. 1105-
1168.
Bien qu'il ait énoncé avant son élection des opinions très conservatrices, Pie IX, dans les premiers temps de son règne, se
montre favorable à l'idée d'une refonte générale du système éducatif. Il nomme en avril 1847 une commission présidée par le
préfet de la Congrégation des études, l'érudit Mezzofanti. Mais les réformes que prône l'organisme épouvantent l'entourage
pontifical qui étouffe l'affaire et obtient en avril 1848 le retrait de Mezzofanti. Son successeur s'attelle, après l'intermède
républicain, à une énergique reprise en main : le corps professoral est épuré et, entre autres mesures dissuasives, les études
universitaires deviennent payantes. Ce dispositif s'avère vite irréaliste; purement disciplinaire, il sacrifie, en dépit de ses
intentions, les visées spirituelles de la réforme
(v. au verso) léonine. Jusqu'en 1860, les préfets modèrent ou abrogent les règlements répressifs et admettent une certaine
innovation scientifique, qu'ils tempèrent aussitôt en essayant de restaurer un enseignement supérieur de la philosophie,
confondue avec l'apologétique. Dans la dernière décennie du pouvoir temporel, le souci du maintien de l'ordre et la lutte contre le
chômage intellectuel redeviennent prioritaires.
Citer ce document / Cite this document :
Gasnault François. La réglementation des universités pontificales au XIXe siècle. II. Pie IX et le monopole universitaire. In:
Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 96, N°2. 1984. pp. 1105-1168.
doi : 10.3406/mefr.1984.2782
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1984_num_96_2_2782FRANÇOIS GASNAULT
LA RÉGLEMENTATION DES UNIVERSITÉS
PONTIFICALES AU XIXe SIÈCLE
π
PIE IX ET LE MONOPOLE UNIVERSITAIRE
Un dicastère en quête de sa mission
«Reggitrice ed arbitra della pubblica istruzione, la S. Congregazione
degli studi, costituita di cardinali e prelati. Proibito a chiunque lo inse
gnare pubblicamente ο privatamente senza patente della S. Congregazio
ne od approvazione dei vescovi. Gli ecclesiastici preferiti sempre ai laici.
(. . .) Né scuole di metodo, né scuole popolari, né esercizi ginnastici, né
istruzione tecnica né militare. Proibito lo insegnamento della pubblica
economia, poveri ed incompleti gli studi di giurisprudenza e di medicina,
buona la scuola degl'ingegneri a Roma». C'est en ces termes que L. C.
Farini, dans un livre paru en 1850, décrit la situation de l'enseignement
dans l'État pontifical sous le règne de Grégoire XVI1. À une concession
près, le tableau n'est pas flatté: la sécheresse des phrases, leur style mart
elé suggèrent avec une redoutable efficacité les carences de l'action gou
vernementale.
Farini n'est pas, sans doute, un témoin irrécusable : libéral modéré,
giobertiste déçu, il se remet non sans aigreur du malentendu qui a fait de
lui un collaborateur de Pie IX. Mais le romagnol parle aussi en connais
sance de cause : il a été de 1829 à 1832 étudiant en médecine à l'Universit
é de Bologne. Dans ces années troublées, il se fit remarquer non pas
comme pourfendeur du pouvoir temporel, mais en protestant contre le
fonctionnement, scandaleux à bien des égards, de l'institution universitair
e2. Aux griefs qu'il formulait alors et qu'il devait reprendre vingt ans
1 Luigi-Carlo Farini, Lo Stato romano dall'anno 1815 al 1850, Florence, 1850,
t. 1, p. 137.
2 Élu en novembre 1831 prieur des étudiants de la faculté de Médecine, il pré
senta le 29 de ce mois au Pro-Légat Grassi un mémoire, rédigé par lui et par ses
MEFRM - 96 - 1984 - 2, p. 1105-1168. 1 06 FRANÇOIS GASNAULT 1
plus tard, il ajoutait des propositions de réformes, où il témoignait, mal
gré sa jeunesse, d'un sens peu commun de la mesure et des responsabilit
és3. Mais il n'entrait pas dans les habitudes d'un dicastère romain de se
faire souffler la conduite à tenir par une poignée d'étudiants qui ne pou
vaient être au mieux que des excités et au pire des rebelles. Une fois l'or
dre rétabli, les seules réformes mises en œuvre par la Congrégation
avaient été d'ordre disciplinaire. Leur but était de rendre les universités
aussi peu attirantes et accessibles que faire se pouvait.
À partir de 1833, la population étudiante diminua environ d'un quart,
par rapport aux effectifs recensés avant la révolte de 1831. Avec quelques
2000 inscrits, les sept universités pontificales n'étaient pas désertées;
mais, si l'on veut une comparaison éloquente, les prisons comptaient au
même moment 12000 détenus4. Nommé préfet de la Congrégation en
1834, le cardinal Lambruschini poursuivit jusqu'en 1845 une politique qui
se résume en trois mots: indifférence, méfiance, immobilisme. Rien, dans
sa production réglementaire, ne témoigne qu'il se soit préoccupé de sou
tenir ou de relever la qualité de l'enseignement. S'il interdit aux universi
taires de participer aux congrès scientifiques italiens 5, il ne le fit pas seu
lement en raison des implications politiques et diplomatiques de ces
assemblées : il agit aussi en gardien du dogme, plus que réservé devant la
science moderne. Il maintint au même niveau la dotation allouée par le
Trésor pontifical à l'instruction publique6, et, à l'occasion, il ne se priva
homologues des facultés de Droit et de Philosophie (Vincenzo Pasi, Giulio Ricciar-
delli). Il y reprochait aux professeurs de donner un nombre de leçons très infé
rieur à celui prescrit par la Bulle et il protestait contre le mauvais fonctionnement
de la bibliothèque (Archivio di Stato di Bologna - désormais ASB -, Università di
Bologna - désormais UB -, 875).
3 Ibid., il prônait la réduction des vacances universitaires, la réforme des
modalités d'examen ...
4 Voir Paolo Della Torre, L'Opera riformatrice e amministrativa di Pio IX fra
1850 e 1879, Rome, 1945, p. 22.
5 Par une circulaire du 17 août 1839 qui fut renouvelée chaque année jusqu'en
1845 (Archivio di Stato di Roma - désormais ASR -, Congregazione degli studi -
désormais CS - 16). Voir aussi S. Verdini, / Congressi degli scienziati nei documenti
vaticani, dans F. Bartoccini et S. Sui congressi degli scienziati, Rome,
1952.
6 Elle s'élevait en 1834 à 81000 écus, en 1845 à 83000; à titre de comparaison,
85000 écus avaient été dépensés en 1829 (chiffres extraits de Salvatore Pinchera,
Le Spese effettive e il bilancio dello Stato pontificio dal 1827 al 1867, dans Archivio
economico dell'unificazione italiana, voi. XI, fase. 5, Rome, 1961, p. 1-36). RÉGLEMENTATION DES UNIVERSITÉS PONTIFICALES AU XIX· SIÈCLE 1 107 LA
pas d'employer la sanction budgétaire pour marquer sa défaveur à tel
établissement7.
Après onze ans de régime maigre et de brimades plus ou moins enro
bées, les universités pontificales avaient un air de docilité tout à fait
convaincant. Même un esprit aussi inquiet que Lambruschini devait ad
mettre que, lors des troubles parfois assez graves qui avaient éclaté
durant ces années, les étudiants étaient restés tranquilles : la révolte avor
tée des Romagnes en 1843 n'avait par exemple provoqué aucun mouve
ment à Bologne où les étudiants romagnols demeuraient nombreux8. Est
imant peut-être que parvenu à ce résultat, il avait rempli sa mission, le
secrétaire d'État décida de renoncer à la préfecture des Études. Jugeait-il
le moment venu de mettre en branle une autre politique, qui, pour être
crédible, devait être confiée à une personnalité nouvelle? Souhaitait-il
seulement alléger ses responsabilités? Son choix autorise les deux hypo
thèses9 : il désigna en effet un homme qui pouvait passer pour sa créatu
re mais qui, dans le même temps, n'était pas a priori dépourvu de compét
ences pour administrer les affaires universitair

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents