La romanisation d une cité indigène d Afrique : Bulla Regia - article ; n°1 ; vol.85, pg 247-312
67 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La romanisation d'une cité indigène d'Afrique : Bulla Regia - article ; n°1 ; vol.85, pg 247-312

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
67 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1973 - Volume 85 - Numéro 1 - Pages 247-312
Yvon Thébert, ~~La romanisation d'une cité indigène d'Afrique: Bulla Regia~~, p. 247-312. Cet examen de l'évolution d'un~~ oppidum liberum~~ à la lumière des inscriptions et des mosaïques (étude onomastique, recherches sur la vie politique et artistique de la cité) contribue à souligner la diversité des modes de diffusion de la civilisation romaine en Afrique.
66 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Yvon Thébert
La romanisation d'une cité indigène d'Afrique : Bulla Regia
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 85, N°1. 1973. pp. 247-312.
Résumé
Yvon Thébert, La romanisation d'une cité indigène d'Afrique: Bulla Regia, p. 247-312.
Cet examen de l'évolution d'un oppidum liberum à la lumière des inscriptions et des mosaïques (étude onomastique, recherches
sur la vie politique et artistique de la cité) contribue à souligner la diversité des modes de diffusion de la civilisation romaine en
Afrique.
Citer ce document / Cite this document :
Thébert Yvon. La romanisation d'une cité indigène d'Afrique : Bulla Regia. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité
T. 85, N°1. 1973. pp. 247-312.
doi : 10.3406/mefr.1973.947
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1973_num_85_1_947ROMANISATION D'UNE CITE INDIGENE LA
D'AFRIQUE: BULLA REGIA
PAR
Yvon Tkébert
Membre de l'Ecole
Installée au pied du Djebel B'bia, sur un terrain en pente douce
qui domine légèrement la plaine de la Medjerda, Bulla Regia occupe une
position idéale x. La ville est sur l'axe routier Est-Ouest qui joint Hippo
Begius à Carthage et toute proche de la percée Nord-Sud qui permet,
à travers les montagnes de la Khroumirie, d'accéder à la mer 2. Surtout,
Bulla Eegja est au cœur du bassin alluvial de la moyenne Medjerda:
à l'Est, une vallée déjà affirmée mais qu'encombre encore la masse du
Djebel Haïrech et que clôt la montagne qui marque aujourd'hui la fron
tière entre l'Algérie et la Tunisie; à l'Ouest, une portion du fleuve de
même longueur mais dont les lignes de hauteurs s'écartent pour laisser
s'épanouir la plaine où les oueds Mellègue, Tessa, bou Heurtma et Kasseb
viennent rejoindre l'axe fluvial majeur. Epanouissement de courte durée:
très vite, les montagnes attirent curieusement la Medjerda dont les gorges
1 Hammam Darradji, A AT, I, f. 26 (Fernana), n° 137. Toute ma recon
naissance va à mon ami J. J. Loisel qui a mis à mon entière disposition son
mémoire portant sur la société de Bulla Regia, ainsi que la riche documentat
ion qu'il a rassemblée à cette occasion. Je remercie également MM. M. Bé-
nabou et J. Gascou qui m'ont aimablement fait bénéficier de leur expérience
d'épigraphistes ainsi que les responsables de ΓΙ.Ν.Α.Α. de Tunis, et en parti
culier son directeur, M. A. Beschaouch, grâce à qui ce travail a été possible.
2 Sur le rôle de carrefour de Bulla Regia, cf. P. Salama, Les voies romaines
de l'Afrique du Nord, Alger, 1951, p. 44 et 47. Sur l'importance de l'axe Carthage-
Hippone pour la ville, cf. A. Merlin, Le temple d'Apollon à Bulla Regia, dans
Notes et Documents, I, Paris, 1908, p. 27 et P. Quoniam, Karthago, 11, 1961-
1962, p. 5, note 18. YVON THÉBERT 248
offrent un paysage qui tranche avec les méandres multiples de la vallée
moyenne 1. La route moderne se dissocie alors du fleuve et cherche un pas
sage plus au Nord, par Béja. C'est donc une région bien particulière et
bien limitée qu'a créée la Medjerda en cet endroit. Sur quelques dizaines de
kilomètres se développe un paysage caractérisé par les lignes horizontales
de la plaine nue venant buter sur les hauteurs qui cernent cette énorme
masse de limons entamée seulement par les cours d'eau qui y serpen
tent 2. Ce sont les Grandes Plaines des auteurs anciens 3. Bulla Eegia y
occupe une place que l'on peut qualifier de stratégique, tant du point
de vue de la mise en valeur de la région que du point de vue militaire.
Elle est en effet située à l'articulation des deux parties de cette vallée
moyenne, à un endroit où celle-ci s'élargit et passe d'un axe Est-Ouest
à un axe Sud-Est-Nord-Ouest.
Aussi n'est-il pas surprenant que la ville ne soit pas une création
romaine. Cette région, dont la nature du sol et du climat explique la r
ichesse, fit partie du territoire carthaginois dès le IIIe s. 4. L'urbanisation
de la vallée est attestée par l'épisode de la deuxième guerre punique qui
voit Scipion, vainqueur en ce lieu des Carthaginois et de Syphax, s'em
parer des villes des environs 5. Vers 150, une guerre rapide conduite par
Massinissa, lui permet d'arrondir ses domaines de ces terres enviées 6.
Désormais, la région de Bulla Eegia appartient aux rois numides jusqu'à
la victoire de César. Ce changement de maître modifia sans doute peu
l'exploitation des terres. Le règne de Massinissa correspond à un déve
loppement de l'agriculture et de la vie urbaine que les nombreuses luttes
intestines qui suivirent la mort du roi ne durent pas interrompre complè
tement 7. C'est lors d'un de ces épisodes que Bulla Eegia fait son entrée
dans l'histoire: le roi Hiarbas, battu par Pompée et Hiempsal, vient
1 Sur les conditions physiques de cette région, cf. J. Despois, La Tunisie,
Paris, 1961, p. 156-158.
2 Ce bassin fluvial de la Moyenne Medjerda s'étale sur les quatre feuilles
au 1/50 000e de Fernana, Souk-el-Khemis, Ghardimaou et Souk-el-Arba. Bulla
Eegia se trouve exactement au centre de la région ainsi dessinée.
3 Cf. Gsell, H AAN, I, p. 96: Polybe, XIV, 7, 9 et 8, 2; Tite-Live, XXX,
8, 3; Appien, Lib., 68. C'est le Campus Bullensis d'Augustin (Epistola 65).
4 Cf. Gsell, Ξ AAN, I, p. 465 et II, p. 96; G. Ch-Picard, Givitas Macta-
ritana, dans Karthago, 8, 1957, p. 8-9.
5 Cf. Gsell, HAAN, II, p. 96, note 9 et III, p. 230 et 233.
6 Cf. III p. 320-321.
7 Cf. Ch.-A. Julien, Histoire de V Afrique du Nord, Paris, 1968, I, p. 112:
l'auteur souligne l'importance du long règne de Micipsa, sous qui Vaga (Béja)
et Bulla Eegia deviendraient de véritables villes. LA ROMANISATION D'UNE CITÉ INDIGÈNE D'AFRIQUE 249
s'y réfugier. Sans doute, comme cet événement et son nom le laissent
penser, Bulla Regia, dans un pays où le village reste encore l'élément
dominant, représente-t-elle une de ces cités importantes dont le rôle
économique se double du rôle politique de résidence royale *.
La ville, dont l'existence est attestée archéologiquement par une
grande nécropole de dolmens et des tombes libyco-puniques 2, semble
avoir poursuivi son développement à travers ces aléas politiques. Pa
rallèlement, dès avant l'intégration de ce territoire à V Africa Nova, la
pénétration romaine s'est manifestée de façon particulièrement nette
dans cette région vitale. L'installation des vétérans de Marius a suivi
la victoire de ce dernier sur Jugurtha: Thibaris et Uchi Maius à l'Est,
Thuburnica à l'Ouest, sont l'objet d'une colonisation viritane qui pré
pare, au-delà de la Fossa Regia, la mainmise de Eome sur cette région
dont l'intérêt stratégique se double d'une richesse agricole rare 3. La
victoire de César et le brusque accroissement de la province qui en ré
sulte, reportent au loin, vers le Sud et vers l'Ouest, les zones d'insécurité
majeure. Néanmoins, tous les problèmes concernant le maintien de l'ordre
ne sont pas encore réglés dans le bassin de la moyenne Medjerda. La
présence romaine s'y affermit avec la création des colonies de Thuburnica
1 Paul Orose, Adv. Pagan., Y, 21, 13-14: Pompeius in Africani trans -
eruptione circa Uticam facia decent et orto milia honiinuni interfecit. Quo bello
Domitius dux Marianus dum inter priniores pugnai, occisus est. Idemque Pomp
eius Hiertam Numidiae regem persecutus, fugientemque a Bogude Bocchi Mau-
rorum régis filio spoliari omnibus copiis fecit: quern continuo Bullam rêver sum
tradito sibi oppido interfecit.
Sur ces conflits, cf. Gsell, ΞΑΑΝ, Y, p. 163-166 et VII, p. 281-287. Sur
le problème de l'urbanisation de la Numidie, ibid., Y, p. 250-257 et surtout
p. 262. Gr. Camps, (Aux origines de la Berbérie. Massinissa ou les débuts de l'his
toire, dans Libyca, 8, 1960, p. 212) envisage plutôt l'hypothèse selon laquelle
les villes dites regia ne seraient que le centre urbain des immenses domaines
royaux, possédées en toute propriété par le roi qui y résidait le cas échéant·
2 Dr Carton, L'Anthropologie, 2, 1891. Cf. aussi Gsell, HAAN, VI, p. 191
195, 200 et 225; G. Camps, ibid., p. 133-134.
3 Sur ce problème de la colonisation mariane, cf. P. Quoniam, CRAI,
1950, p. 332-336; L. Teutsch, Das Städtwesen in Nordafrika, Berlin, 1962 <

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents