La spécialisation régionale des gouverneurs romains : le cas de l Orient au Haut-Empire (27 av. J.-C.-235 ap. J.-C.) - article ; n°2 ; vol.30, pg 57-99
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La spécialisation régionale des gouverneurs romains : le cas de l'Orient au Haut-Empire (27 av. J.-C.-235 ap. J.-C.) - article ; n°2 ; vol.30, pg 57-99

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Dialogues d'histoire ancienne - Année 2004 - Volume 30 - Numéro 2 - Pages 57-99
Résumé : La spécialisation régionale ne faisait pas partie des principes fondamentaux de l'administration romaine, même en Orient, malgré sa spécificité culturelle. Il est donc difficile de définir le profil du spécialiste de l'Orient mais la présence d'une majorité de postes provinciaux exercés en Orient peut paraître un repère satisfaisant. Au Haut-Empire, parmi les gouverneurs des provinces orientales, seul un sixième était dans ce cas au moment de leur nomination, un tiers au vu de l'ensemble de la carrière. L'existence de ces spécialistes s'explique par l'impact des événements, les destinées et préférences des gouverneurs, non par l'application systématique d'un principe.
Abstract: The regional specialization was not a fundamental principle of Roman administration, even in Orient, in spite of his cultural originality. So, it is difficult to define the profile of the specialist of the Orient but the fact that the majority of the provincial offices were held in Orient can seem a satisfactory mark. In the Early Empire, among the governors of oriental provinces, it was the case for only one sixth of them at the time of their appointment, one third if we take into account the whole of their career. The existence of this specialists can be explained by the impact of events, fate and preferences of governors, not by the systematic application of a principle.
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Christophe Badel
La spécialisation régionale des gouverneurs romains : le cas de
l'Orient au Haut-Empire (27 av. J.-C.-235 ap. J.-C.)
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 30 N°2, 2004. pp. 57-99.
Résumé : La spécialisation régionale ne faisait pas partie des principes fondamentaux de l'administration romaine, même en
Orient, malgré sa spécificité culturelle. Il est donc difficile de définir le profil du spécialiste de l'Orient mais la présence d'une
majorité de postes provinciaux exercés en Orient peut paraître un repère satisfaisant. Au Haut-Empire, parmi les gouverneurs
des provinces orientales, seul un sixième était dans ce cas au moment de leur nomination, un tiers au vu de l'ensemble de la
carrière. L'existence de ces "spécialistes" s'explique par l'impact des événements, les destinées et préférences des gouverneurs,
non par l'application systématique d'un principe.
Abstract
Abstract: The regional specialization was not a fundamental principle of Roman administration, even in Orient, in spite of his
cultural originality. So, it is difficult to define the profile of the specialist of the Orient but the fact that the majority of the provincial
offices were held in Orient can seem a satisfactory mark. In the Early Empire, among the governors of oriental provinces, it was
the case for only one sixth of them at the time of their appointment, one third if we take into account the whole of their career. The
existence of this "specialists" can be explained by the impact of events, fate and preferences of governors, not by the systematic
application of a principle.
Citer ce document / Cite this document :
Badel Christophe. La spécialisation régionale des gouverneurs romains : le cas de l'Orient au Haut-Empire (27 av. J.-C.-235 ap.
J.-C.). In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 30 N°2, 2004. pp. 57-99.
doi : 10.3406/dha.2004.2681
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_2004_num_30_2_2681Dialogues ti'hbtoiiv ancienne 30/2, 2004, 57-99
La spécialisation régionale des gouverneurs romains :
le cas de l'Orient au Haut-Empire (27 av. J.-C.-235 ap. J.-C.)
Christophe Badel*
Depuis les travaux de C. Nicolet sur les liens entre géographie et polit
ique dans le monde romain, les romanisants se montrent très sensibles aux
implications administratives du regard que l'État romain portait sur son terri
toire1. Toutefois, cet intérêt s'est peu porté jusqu'ici sur sa dimension humaine,
la gestion du personnel administratif. Dans le cadre d'un Etat de vaste étendue
comme l'était l'Empire romain, cette question pose le problème du "monde de
l'administrateur" au sens spatial du terme. Les horizons territoriaux de l'admi
nistrateur se confondaient-ils avec les limites de l'Empire, ou se polarisaient-ils
sur certaines zones ? En d'autres termes, la spécialisation régionale constituait-
elle un facteur important modelant les contours du "monde de l'administra
teur" ? Dans leur analyse des carrières des sénateurs, les prosopographes em
ploient certes souvent la notion de spécialisation régionale comme schéma
explicatif, mais ce concept est rarement défini ou explicité. Les travaux pion
niers de R. K. Sherk ont été seulement repris récemment par M. Žyromski avant
d'être critiqués par W. Eck2.
Pour mesurer le rôle de la spécialisation régionale dans le fonctionne
ment de l'administration romaine au Haut-Empire, l'Orient offre un terrain
* Professeur à l'Université de Haute-Bretagne Rennes II.
1 C. Nicolet, L'Inventaire du Momie. Géo^rapliie et politique tiux origines de l'Empire romain, Paris,
19SS.
2 R. K. Sherk, "Specialization in the provinces of Germany", Historici XX, 1971, p. 110-121.
M. Žyromski, in the roman of Moesia in the time of principáte", Athenaeum
1991, p. 59-102. Id., "The question of specialization in the roman administrative system. The case of
Pannonia", Eos LXXX1I1, 1995, p. 337-353. Leurs conclusions ont été contestées par VV. Eck,
"Spezialisierung in der staatlichen Administration des Romischen Reiches in der Hohen Kaiserzeit",
Administration, Prosopo^rapln/ and Appointment Policies in the Roman Empire, L. De Blois (éd.),
Amsterdam, 2001, p. 13-18.
DHA 30/2, 2004 Chri>topJic fítuicl 58
particulièrement intéressant en raison de sa spécificité culturelle. L'Orient était
de culture grecque, non latine, et le grec représentait la langue la plus employée
par l'administration, même si le latin n'était pas absent. Au contraire des cultu
res des autres peuples soumis par Rome, l'hellénisme jouissait par ailleurs d'un
prestige égal, voire supérieur, à la culture latine. Selon nos conceptions modern
es, une originalité culturelle si forte ne pouvait qu'entraîner une gestion parti
culière du personnel envoyé dans la région. Pour vérifier cette assertion, nous
n'allons pas considérer l'ensemble des administrateurs, mais nous concentrer
sur les plus importants d'entre eux, les gouverneurs de provinces. En raison des
enjeux politiques et militaires liés à leurs postes, les nominations de gouver
neurs constituent en effet des "événements" décisifs pour évaluer les divers
critères de choix mis en œuvre par les dirigeants romains. Elles sont donc
le plus à même de faire comprendre les principes fondamentaux du système
administratif.
1) LA SPÉCIALISATION ORIENTALE :
UNE NOTION ABSENTE DES SOURCES LITTÉRAIRES
Dans ce sujet, comme dans tout autre, il faut d'abord commencer par
donner la parole aux Romains. Quel discours tiennent-ils sur la spécialisation
orientale ? Quelle définition donnent-ils du spécialiste de l'Orient ? Sur le fond,
le thème de la spécialisation régionale pose un problème d'histoire des repré
sentations, puisqu'il faut établir les schémas conceptuels qui guidaient l'action
des dirigeants romains. À partir de cette "idée romaine", nous pourrons ensuite
interroger le corpus prosopographique des gouverneurs romains.
- La spécialisation régionale : un principe administratif ?
À peine formulé, un tel projet tourne court, car les sources littéraires ne
tiennent pas de discours sur la spécialisation régionale des sénateurs romains.
Cette notion ne fait pas en effet partie des compétences évoquées à propos des
administrateurs. Lorsqu'ils dressent la liste des qualités de leurs gouvernants,
les auteurs romains mentionnent un ensemble hétérogène d'aptitudes techni
ques et de vertus morales : don d'éloquence et courage militaire, fidélité et pré
voyance, modération et compétence juridique3. Mais ils n'inscrivent pas ces
3 Sur l'ensemble des qualités requises des gouverneurs romains : A. Bérenger-Badel, dans ce
numéro, p. 35-5d.
DMA 30/2, 2004 .
La spécialisation régionale des gouverneurs romains : le cas de l'Orient.. 59
diverses formes de compétence dans un contexte spatial. On ne note aucune
sensibilité à la dimension territoriale de la question.
Les tableaux généraux des politiques impériales en matière de personnel
sont très révélateurs de cette conception. Résumant les nominations de l'empe
reur Tibère (14-37), l'historien Tacite note avec satisfaction : "en conférant les
charges, il avait égard à la noblesse des ancêtres, à la gloire militaire, à l'éclat
des talents civils, en sorte qu'on s'accordait en général à penser qu'il n'aurait pu
faire de meilleurs choix"4. Ce passage résume la pensée romaine sur les critères
honorables de choix, qui place la naissance au même rang que les compétences
civiles et militaires. Ces compétences, militia et domi artes, sont détaillées plus
précisément dans un texte d'Hérodien, historien grec du IIIe siècle, dans sa pré
sentation du "bon gouvernement" de l'empereur Sévère Alexandre (222-235).
"On confia les activités politiques et judiciaires aux personnages les plus
renommés pour leur éloquence et leur connaissance de la loi, et les activités
militaires à des gens qui avaient fait leurs preuves et s'étaient illustrés par leur
sens de la discipline et leurs capacités guerrières'*"1. Par la formule domi arlcs, les
Romains désignaient essentiellement l'éloquence et les capacités juridiques. Les
compétences militaires les plus prisées sont l'expérience et le

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