La Suède et les limites de l État-providence - article ; n°1 ; vol.25, pg 75-100
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Revue de l'OFCE - Année 1988 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 75-100
Sweden: The Limits of the Welfare State Yves Bourdet Prior to the first oil crisis the Swedish model consisted of a successful combination of an active macroeconomic and employment policy and an advanced Welfare State. Since then, the oil crises and the various shocks in the world economy have affected Sweden more than other OECD countries. This paper analyses the reasons for this. These reasons involve structural as well as policy failures. It then examines the economic policy that has been implemented since the beginning of the 1980s. Particular attention is given to the active exchange rate policy and to the fact that Sweden does not belong to the EMS. Emphasis is also placed on employment policy, which is partly responsible for the very low unemployment level — less than two percent — and the relatively well-functioning labour market. Another noticeable result of employment policy is that it has facilitated the adaptation of the Swedish economy to the new world situation. In addition, we analyse the constraints that the Welfare State puts on economic policy. We show how the advanced Welfare State and the high tax rates that it has created are responsible for the slower economic growth and for the over-indexation of wages. Finally, the various difficulties faced by the government in reforming those aspects of the Swedish model that are most damaging to the economy are briefly discussed.
Avant la première crise prétrolière, on entendait par modèle suédois une combinaison heureuse entre une politique macroéconomique et de l'emploi des plus actives et un Etat-providence des plus développés. Les crises pétrolières et les différents chocs reçus par l'économie mondiale ont plus atteint la Suède que les autres pays de l'OCDE. Le présent article étudie les raisons derrière cela. Ces raisons sont principalement d'ordre structurel mais relèvent également de l'échec des politiques économiques. On examine ensuite la politique mise en œuvre depuis le début des années quatre-vingt. L'accent est plus particulièrement mis sur la politique active de gestion du taux de change et sur le fait que la Suède n'appartient pas au système monétaire européen. Une attention particulière est aussi portée à la politique de l'emploi qui explique en partie les très bons chiffres du chômage (moins de 2 % de la population active) et le bon fonctionnement du marché du travail. Un autre résultat appréciable de la politique de l'emploi est d'avoir facilité l'ajustement de l'économie suédoise à la nouvelle situation internationale. Les contraintes que l'Etat-providence fait peser sur la politique économique est un autre aspect considéré. La boulimie de l'Etat-providence et les forts taux de prélèvement obligatoire qu'elle entraîne expliquent en partie le plus faible taux de croissance de l'économie suédoise et la surindexation des salaires. En conclusion, on examine brièvement les difficultés que le gouvernement rencontre pour réformer ces pièces du modèle suédois qui créent le plus de tort à l'économie.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Yves Bourdet
La Suède et les limites de l'État-providence
In: Revue de l'OFCE. N°25, 1988. pp. 75-100.
Citer ce document / Cite this document :
Bourdet Yves. La Suède et les limites de l'État-providence. In: Revue de l'OFCE. N°25, 1988. pp. 75-100.
doi : 10.3406/ofce.1988.1153
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1988_num_25_1_1153Abstract
Sweden: The Limits of the Welfare State Yves Bourdet Prior to the first oil crisis the Swedish model
consisted of a successful combination of an active macroeconomic and employment policy and an
advanced Welfare State. Since then, the oil crises and the various shocks in the world economy have
affected Sweden more than other OECD countries. This paper analyses the reasons for this. These
reasons involve structural as well as policy failures. It then examines the economic policy that has been
implemented since the beginning of the 1980s. Particular attention is given to the active exchange rate
policy and to the fact that Sweden does not belong to the EMS. Emphasis is also placed on employment
policy, which is partly responsible for the very low unemployment level — less than two percent — and
the relatively well-functioning labour market. Another noticeable result of employment policy is that it
has facilitated the adaptation of the Swedish economy to the new world situation. In addition, we
analyse the constraints that the Welfare State puts on economic policy. We show how the advanced
Welfare State and the high tax rates that it has created are responsible for the slower economic growth
and for the over-indexation of wages. Finally, the various difficulties faced by the government in
reforming those aspects of the Swedish model that are most damaging to the economy are briefly
discussed.
Résumé
Avant la première crise prétrolière, on entendait par modèle suédois une combinaison heureuse entre
une politique macroéconomique et de l'emploi des plus actives et un Etat-providence des plus
développés. Les crises pétrolières et les différents chocs reçus par l'économie mondiale ont plus atteint
la Suède que les autres pays de l'OCDE. Le présent article étudie les raisons derrière cela. Ces raisons
sont principalement d'ordre structurel mais relèvent également de l'échec des politiques économiques.
On examine ensuite la politique mise en œuvre depuis le début des années quatre-vingt. L'accent est
plus particulièrement mis sur la politique active de gestion du taux de change et sur le fait que la Suède
n'appartient pas au système monétaire européen. Une attention particulière est aussi portée à la
politique de l'emploi qui explique en partie les très bons chiffres du chômage (moins de 2 % de la
population active) et le bon fonctionnement du marché du travail. Un autre résultat appréciable de la
politique de l'emploi est d'avoir facilité l'ajustement de l'économie suédoise à la nouvelle situation
internationale. Les contraintes que l'Etat-providence fait peser sur la politique économique est un autre
aspect considéré. La boulimie de et les forts taux de prélèvement obligatoire qu'elle
entraîne expliquent en partie le plus faible taux de croissance de l'économie suédoise et la
surindexation des salaires. En conclusion, on examine brièvement les difficultés que le gouvernement
rencontre pour réformer ces pièces du modèle suédois qui créent le plus de tort à l'économie.Suède et les limites de La
l'Etat-providence
Département Yves Bourdeť de sciences économiques de l'université de Lund, Suède
Avant la première crise prétrolière, on entendait par modèle
suédois une combinaison heureuse entre une politique macroé
conomique et de l'emploi des plus actives et un Etat-providence
des plus développés. Les crises pétrolières et les différents
chocs reçus par l'économie mondiale ont plus atteint la Suède
que les autres pays de l'OCDE.
Le présent article étudie les raisons derrière cela. Ces ra
isons sont principalement d'ordre structurel mais relèvent égale
ment de l'échec des politiques économiques. On examine
ensuite la politique mise en œuvre depuis le début des années
quatre-vingt. L'accent est plus particulièrement mis sur la polit
ique active de gestion du taux de change et sur le fait que la
Suède n'appartient pas au système monétaire européen. Une
attention particulière est aussi portée à la politique de l'emploi
qui explique en partie les très bons chiffres du chômage (moins
de 2 % de la population active) et le bon fonctionnement du
marché du travail. Un autre résultat appréciable de la politique
de l'emploi est d'avoir facilité l'ajustement de l'économie sué
doise à la nouvelle situation internationale.
Les contraintes que l'Etat-providence fait peser sur la polit
ique économique est un autre aspect considéré. La boulimie de
l'Etat-providence et les forts taux de prélèvement obligatoire
qu'elle entraîne expliquent en partie le plus faible taux de crois
sance de l'économie suédoise et la surindexation des salaires.
En conclusion, on examine brièvement les difficultés que le
gouvernement rencontre pour réformer ces pièces du modèle
suédois qui créent le plus de tort à l'économie.
Les limites de l'Etat-providence
La Nouvelle société, c'est la Suède plus le soleil. Cette boutade de
Georges Pompidou illustre bien l'attrait d'une expérience qui, au cours
des années cinquante et soixante, avait su concilier progrès économi-
(*) L'auteur remercie Inga Persson-Tanimura pour ses commentaires sur une version
préliminaire de cet article.
Observations et diagnostics économiques n° 25 / octobre 1988 75 Bourdet Yves
que et Etat-providence. Une politique conjoncturelle assurant le plein
emploi, une stabilité des prix et une croissance forte, une politique de
redistribution utilisant une partie de plus en plus importante des fruits
de cette croissance au profit du système social le plus avancé du
monde occidental et, enfin, une paix sociale institutionnalisée consti
tuaient les traits marquants de cette expérience qu'on appelait le
modèle suédois.
Encouragés par les forts taux de croissance enregistrés pendant les
Trente Glorieuses, la plupart des pays européens ont suivi, à des
degrés divers, la même voie que la Suède. Il existait cependant plu
sieurs différences qui ont contribué à forger l'originalité du modèle
suédois. Un mode de formation des salaires très centralisé et ne
réunissant qu'un nombre très limité d'acteurs — le syndicat ouvrier LO
et l'organisation patronale SAF — constituait un premier élément. Un
autre était la politique de l'empoi qui jouait — et continue de jouer —
un rôle des plus déterminants dans la politique économique. Dans
aucun autre pays on n'a doté de moyens aussi importants la politique
de l'emploi, afin, tout à la fois, de former et perfectionner la main
d'oeuvre, de créer des emplois, de promouvoir l'égalisation des revenus
et la croissance économique et, enfin, de combattre les tensions infl
ationnistes. Il y avait enfin ce sens du dialogue et du compromis qui
caractérisait le système politique suédois et la remarquable stabilité
politique connue par le pays pendant le règne social-démocrate entre
1932 et 1976(1).
La crise et les différents chocs reçus par l'économie mondiale ont
révélé les fragilités structurelles de l'économie suédoise en atteignant la
Suède plus durement que les autres pays industriels au cours des
années soixante-dix et au début des années quatre-vingt. Cela a con
duit à une remise en cause de plusieurs aspects dudit modèle et à une
révision d'un certain nombre d'idées reçues sur les bienfaits économi
ques de l'Etat-providence. Mais au cours des cinq dernières années on
a pu constater une amélioration notable de la situation économique
suédoise et un renouveau d'intérêt certain pour elle. Parler d'un nou
veau modèle suédois est sans aucun doute prématuré. Cependant,
l'expérience récente fournit d'ores et déjà plusieurs enseignements
significatifs pour les responsables de la politique économique et les
décideurs publics des autres pays européens.
Une base fragile
Plusieurs raisons expl

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