Laïcs, Ligue et Réforme catholique à Limoges - article ; n°2 ; vol.10, pg 159-175
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Description

Histoire, économie et société - Année 1991 - Volume 10 - Numéro 2 - Pages 159-175
Abstract City of between 10 000 and 12 000 inhabitants, Limoges is agitated bu sporadic and religious disorders from 1569 to 1589. At spring 1588 and autumn 1589, the Holy League attempted to take possession of the city. But she failed and their membres are condamned and banished until 1596. The paper analyses the social recombining realized by the actors and their lineages during the XVII century. All the indications-marriages, firsts names, willsn religious preferences - suggest the perpetuity of ancients options, the incomplete reconciliation and the memory's vigour.
Résumé Au cœur de la France et de la «France des seigneurs», Limoges, agglomération double avec le Château - ville bourgeoise - et la Cité - ville épiscopale -, abrite environ 12 000 habitants à la veille des guerres de religion. Comme dans plusieurs villes du Massif Central, telles Rodez, Le Puy, les «troubles de religion» culminent au moment de la Ligue. A trois reprises, les ligueurs essaient de s'emparer de Limoges. Ds échouent et subissent en octobre 1589 une sévère répression qui les condamne à mort ou à l'exil. Leur retour, imposé par Henri IV en 1596 ne suscite qu'une réunification de façade. L'élite catholique ne peut se ressouder en totalité. Les choix, les engagements, perceptibles tant dans la vie publique que la sphère privée démontrent la permanence, l'intensité et l'enracinement des clivages qui la traversent et la structurent. Ainsi, durant la première moitié du XVIIe siècle, les laïcs poursuivent leur combat du siècle précédent, mais ils ne s'intéressent qu'au domaine religieux et empruntent des voies moins violentes pour assurer le triomphe de leur cause.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Cassan
Laïcs, Ligue et Réforme catholique à Limoges
In: Histoire, économie et société. 1991, 10e année, n°2. pp. 159-175.
Résumé Au cœur de la France et de la «France des seigneurs», Limoges, agglomération double avec le Château - ville
bourgeoise - et la Cité - ville épiscopale -, abrite environ 12 000 habitants à la veille des guerres de religion. Comme dans
plusieurs villes du Massif Central, telles Rodez, Le Puy, les «troubles de religion» culminent au moment de la Ligue. A trois
reprises, les ligueurs essaient de s'emparer de Limoges. Ds échouent et subissent en octobre 1589 une sévère répression qui
les condamne à mort ou à l'exil. Leur retour, imposé par Henri IV en 1596 ne suscite qu'une réunification de façade. L'élite
catholique ne peut se ressouder en totalité. Les choix, les engagements, perceptibles tant dans la vie publique que la sphère
privée démontrent la permanence, l'intensité et l'enracinement des clivages qui la traversent et la structurent. Ainsi, durant la
première moitié du XVIIe siècle, les laïcs poursuivent leur combat du siècle précédent, mais ils ne s'intéressent qu'au domaine
religieux et empruntent des voies moins violentes pour assurer le triomphe de leur cause.
Abstract City of between 10 000 and 12 000 inhabitants, Limoges is agitated bu sporadic and religious disorders from 1569 to
1589. At spring 1588 and autumn 1589, the Holy League attempted to take possession of the city. But she failed and their
membres are condamned and banished until 1596. The paper analyses the social recombining realized by the actors and their
lineages during the XVII century. All the indications-marriages, firsts names, willsn religious preferences - suggest the perpetuity
of ancients options, the incomplete reconciliation and the memory's vigour.
Citer ce document / Cite this document :
Cassan Michel. Laïcs, Ligue et Réforme catholique à Limoges. In: Histoire, économie et société. 1991, 10e année, n°2. pp. 159-
175.
doi : 10.3406/hes.1991.1572
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1991_num_10_2_1572LIGUE ET REFORME CATHOLIQUE A LIMOGES LAICS,
par Michel CASSAN
Résumé
Au cœur de la France et de la «France des seigneurs», Limoges, agglomération double avec le Château -
ville bourgeoise - et la Cité - ville épiscopale -, abrite environ 12 000 habitants à la veille des guerres de re
ligion. Comme dans plusieurs villes du Massif Central, telles Rodez, Le Puy, les «troubles de religion» cul
minent au moment de la Ligue. A trois reprises, les ligueurs essaient de s'emparer de Limoges. Ds échouent
et subissent en octobre 1589 une sévère répression qui les condamne à mort ou à l'exil. Leur retour, imposé
par Henri IV en 1596 ne suscite qu'une réunification de façade. L'élite catholique ne peut se ressouder en total
ité. Les choix, les engagements, perceptibles tant dans la vie publique que la sphère privée démontrent la
permanence, l'intensité et l'enracinement des clivages qui la traversent et la structurent. Ainsi, durant la
première moitié du XVIIe siècle, les laïcs poursuivent leur combat du siècle précédent, mais ils ne
s'intéressent qu'au domaine religieux et empruntent des voies moins violentes pour assurer le triomphe de
leur cause.
Abstract
City of between 10 000 and 12 000 inhabitants, Limoges is agitated bu sporadic and religious disor
ders from 1569 to 1589. At spring 1588 and autumn 1589, the Holy League attempted to take possession of
the city. But she failed and their membres are condamned and banished until 1596.
The paper analyses the social recombining realized by the actors and their lineages during the XVII
century. All the indications-marriages, firsts names, willsn religious preferences - suggest the perpetuity of
ancients options, the incomplete reconciliation and the memory's vigour.
L'historiographie ancienne de la Réforme catholique est restée très sélective. Si de
nombreux ouvrages ont analysé la spiritualité, les querelles théologiques, le jansé
nisme, ou brossé le renouveau de l'Eglise, d'autant plus traqué que chacun, à
l'exception de Lucien Febvre, attribuait la Réforme protestante aux abus du clergé et
de l'institution, les études sur les racines de la reconquête catholique faisaient défaut.
On semblait se satisfaire du schéma binaire -Réforme protestante- Contre-Réforme
catholique - et lier les origines du redressement catholique aux décrets du concile de
Trente, peu ou pas appliqués en France pendant près de deux générations à cause des
guerres.
André Latreille, dans le second tome de l'Histoire du catholicisme1 français, paru
en 1963, reprend cette distinction et juxtapose deux chapitres équilibrés, l'un intitulé
«La Réforme», l'autre «La Renaissance catholique dans la première moitié du XVIIe
siècle». Mais derrière le diptyque classique, André Latreille glisse une page (269),
riche de perspectives. En quelques phrases, il souligne que l'épreuve de la Réforme 60 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE 1
protestante et les déchirements religieux ont ranimé des convictions, suscité des vocat
ions, trempé des âmes décidées à se vouer à la restauration catholique. Il cite Jeanne
Fremyot, François de Sales, François de la Rochefoucauld, évêque de Clermont,
«obstiné soutien de la Ligue», Barbe Avrillot, femme de Pierre Acarie, ce «laquais de
la Ligue» selon le mot de Pierre de l'Estoile, avant de conclure que «pendant les an
nées troubles (des guerres et de la Ligue), un long travail obscur dut s'effectuer, sans
lequel on ne s'expliquerait pas que, dès le rétablissement de conditions normales, ait
pu en quelque sorte éclater la renaissance religieuse du XVIIe siècle français»2. Ainsi,
sans mésestimer l'impact du concile de Trente, André Latreille affirme que le renou
veau catholique est consubstantiellement lié aux luttes religieuses, notamment à la
Ligue, et qu'il est autant le fait des laïcs que des ecclésiastiques. Depuis lors, Pierre
Chaunu en «ses Réflexions préalables sur le XVIIe siècle religieux»3 et Denis Richer4,
à partir de l'observatoire parisien, ont également insisté sur les filiations existant entre
l'engagement des ligueurs et le renouveau catholique du XVIIe siècle, tandis que
Louis Chatellier5 démontrait, à travers l'exemple des congrégations mariales, la place
occupée par les laïcs dans la reconquête catholique.
Mon propos s'inscrit dans cette problématique et privilégie l'approche monograp
hique, en Toccurence une ville de taille moyenne, Limoges. Cette option offre le
grand intérêt d'appréhender la quasi-totalité des élites, d'apprécier leurs choix rel
igieux ou politiques durant la seconde moitié du XVIe siècle, et particulièrement de
saisir de quelles façons les zélés de la Ligue et leurs adversaires de la veille ont parti
cipé aux premiers pas de la Réforme catholique, entre 1594 et 1620. Le combat catho
lique aplanit-il toutes les divergences du proche passé, ou bien derrière une unanimité
de façade, peut-on pointer des choix contraires, hérités des années troubles et trou
blées de la Ligue et prolongeant les choix d'alors ?
LIMOGES ET LA LIGUE
Ville capitale du Limousin, Limoges occupe un rang enviable dans la hiérarchie
urbaine du royaume au début du XVIe siècle. En 1538, selon le rôle de la taxe levée
pour l'entretien des gens de pied, la ville doit verser une somme équivalant au fina
ncement de 400 fantassins, ce qui la place immédiatement après Paris et le groupe des
capitales provinciales, Rouen, Toulouse, Lyon, Orléans et Bordeaux6. Traduite en ef
fectifs de population, cette charge de 400 soldats également supportée par Reims,
correspond, semble-t-il, à une population d'environ 12 000 habitants. Ainsi que le
démontre le tableau dressé par Philip Benedict, un décalage existe entre ce nombre
élevé de soldats et le chiffre de population7. L'on peut l'imputer à la richesse probable
de ses marchands et à la fidélité indéfectible de la ville, connue, appréciée et ici
quelque peu pressurée par la Couronne. Cette perception monarchique de la réalité
limougeaude, valable d'un point de vue économique et fiscal est erronée par bien des
aspects. En effet, jusqu'en 1790, la ville de Limoges est double, ou plus exactement,

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