Le baptême de Clovis - article ; n°1 ; vol.67, pg 472-488
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1906 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 472-488
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Léon Levillain
Le baptême de Clovis
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1906, tome 67. pp. 472-488.
Citer ce document / Cite this document :
Levillain Léon. Le baptême de Clovis. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1906, tome 67. pp. 472-488.
doi : 10.3406/bec.1906.448263
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1906_num_67_1_448263LE
BAPTÊME DE CL0V1S
La conversion de Clovis au catholicisme est un événement
auquel, de tous temps, les historiens ont reconnu une importance
considérable; mais les érudits qui ont étudié cette question ne
sont pas tous tombés d'accord, et l'on trouvera dans les derniers
travaux de M. Kurth et de M. Krusch l'état de la controverse1.
Dans un compte-rendu de la plus récente contribution de
M. Krusch, je penchais visiblement pour la théorie de ce der
nier2. De son côté, M. d'Arbois de Jubainville, reprenant l'ex
amen de ce point d'histoire, concluait en faveur de l'opinion con
traire3. Et M. Louis de Grandmaison, signalant à la Société
archéologique de Touraine la publication de Г érudit allemand
et opposant la conclusion de M. d'Arbois de Jubainville à la
mienne, qui ne méritait pas cet honneur, déclarait sagement que
la question ne paraissait pas être définitivement tranchée et mérit
ait d'être reprise4.
En la reprenant, je n'ai pas la prétention de clore le débat; je
cède seulement au désir de présenter quelques observations sur
la communication de M. d'Arbois de Jubainville et à l'obligation
de dénoncer l'erreur que j'ai pu contribuer à répandre.
Nous avons, sur la conversion et le baptême de Clovis, un texte
contemporain de l'événement : la lettre de félicitations que l'évêque
de Vienne, saint Avit, adresse au roi à l'occasion même du bap-
1. G. Kurth, Clovis, 2» éd., 1. 1, p. 294-340, t. II, p. 277-314; Bruno Krusch,
Jonse vitse sanctorum Columbani, Vedastis, Johannis (Scriptores rerum
germanicarum in usum scholarum), p. 301-308.
2. Bibl. de l'Éc. des chartes, t. LXVII, p. 100-101.
3. Bull, de la Soc. nat. des Antiq. de France, 1906 (séance du 14 mars),
p. 171-173.
4. Bull, de la Soc. archéol. de Touraine, t. XV, 1906 (séance du 30 mai), p. 330. LE BAPTÊME DE CLOVIS. 473
tême; et deux textes du vr3 siècle : ceux de l'évêque de Trêves,
saint Nizier, et de l'évêque de Tours, Grégoire.
Voici comment saint Avit relate les faits : Glovis a été disputé
à l'orthodoxie par les sectateurs de l'hérésie arienne ; mais il s'est
converti à la vraie doctrine et il en a fait part lui-même à l'évêque
de Vienne en lui annonçant son catéchuménat. Il a été baptisé
la nuit de Noël. Avit n'a pu assister de corps à cette solennité,
qui a attiré un grand concours d'évêques. Ce sont les prélats qui
ont versé sur les membres du roi les eaux régénératrices et qui
ont oint sa chevelure et sa poitrine. Le saint évêque prédit à
Glovis que le baptême donnera plus de force à ses armes1.
L'évêque de Trêves, Nizier, à une date probablement comp
rise entre 561 et 568, adresse à Chlodosvinda , femme du roi
lombard Alboin, petite-fille de Clovis et de Clotilde par son père
Clotaire Ier, une lettre pour l'exhorter à convertir son mari de
l'arianisme au catholicisme; il lui parle des miracles qui s'ac
complissent aux tombeaux des saints de la Gaule et qui témoignent
de la vérité du catholicisme. A ce sujet, il lui rappelle l'exemple
de sa grand' mère en ces termes : « Audisti, ava tua, domna
bone memoriœ Hrodehildis, qualiter in Francia venerit,
quomodo domnum Hlodoveum ad legem catholicam addu-
œerit; et, cum esset homo astuiissimus , noluit adquiescere,
antequam ver a adgnosceret. Cum ista, quœ supra diœi,
probata cognovit, humilis ad domni Martini limina cecidit
et baptizare se sine mora promisit; qui baptizatus quanta
in hereticos Alaricum vel Gundobadum regum fecerit,
audisti; qualia dona ipse vel fílii sui in sœculo possiderunt,
non ignoratis2. »
Enfin, Grégoire de Tours, écrivant vers l'année 576, rapporte
les vaines tentatives de Glotilde pour convertir à sa foi son mari,
le baptême et la mort de leur fils aîné Ingomer, le baptême, la
maladie et la guérison de leur second fils Chlodomir, puis la con
version de Glovis sur le champ de bataille, témoin de la victoire
remportée par les Francs sur les Alamans grâce au secours sur
naturel du Christ. Il ajoute que Clotilde fit mander secrètement
1. Aviti opera, n° 46; éd. Peiper, Mon. Germ, hist., Auctores antiquissimi,
t. VI, p. 75 et suiv. — M. Kurth en a donné une traduction heureuse et fidèle
{Clovis, t. I, p. 335-337).
2. Mon. Germ, hist., Epistolarum t. III, Merovingici et Karolini xvi t. I,
p. 122.
4906 34 47Д LE BAPTÊME DE CLOVIS.
l'évêque de Reims, saint Rémi, « deprsecans ut régi verbum insi-
nuaret », et que, ses dernières résistances vaincues, Glovis fut
baptisé avec trois mille de ses guerriers1.
Aucun de ces trois textes n'indique expressément le lieu du
baptême. Ce sont des auteurs du vu6 siècle : Jonas de Suse,
auteur de la Vita Vedasiis episcopi, composée vers 642 à
Arras2, et le pseudo-Frédégaire dans son Historia epitomata,
écrite vers 642, qui ont les premiers prononcé le nom de Reims3.
Pour une certaine école, dont M. Krusch est le coryphée et
pousse les conclusions jusqu'aux dernières limites, le texte de
Grégoire de Tours est formellement contredit par les deux textes
plus anciens et n'a aucune valeur pour l'objet spécial qui nous
occupe : on fait ressortir que saint Avit et saint Nizier ne savent
rien du rapport établi par Grégoire entre la victoire alamannique
et la conversion du roi mérovingien; que l'évêque tourangeau
tait les efforts tentés par les Ariens et signalés par Avit, pour
attribuer à Glotilde tout le mérite de la conversion et rendre vrai
semblable l'intervention de Rémi ; que le vieil historien a déme
surément grossi le rôle de saint Rémi dans la cérémonie du bap
tême puisqu'il fait baptiser le roi par le seul évêque de Reims,
tandis que saint Avit affirme qu'un grand nombre de prélats ont
pris part aux actes rituels du baptême; d'où il ressort que la con
séquence tirée du rôle capital de Rémi en cette occurrence pour
fixer à Reims la cérémonie n'est pas fondée. Saint Nizier nous
apprend que Glovis s'est converti à Saint-Martin de Tours4 et
« a permis qu'on le baptisât sans retard » . Comme Tours n'est
tombé aux mains des Francs qu'en 507 et comme le seul séiour
de Glovis à Tours qui nous soit connu par Grégoire lui-même est
celui de 508, qui donna lieu à des fêtes éclatantes dans lesquelles
la basilique de Saint-Martin tint une grande place, c'est à Tours
et en 508 qu'a eu lieu le baptême avec le concours des évêques
attirés dans la ville par ces fêtes. Toutefois, si l'on admet les con
jectures de M. Levison sur l'occupation de Tours par les Francs
1. Grégoire de Tours, Historia Francorum, II, 29-31.
2. Krusch, Jonœ vitx sanctorum, p. 50 et 295.
3. Jonas, Vita Vedasiis, с. 3, éd. Krusch, p. 311; Frédégaire, Historia epit
omata, III, 21, éd. Krusch, p. 101.
4. Sur l'identification des domni Martini limina, en dernier lieu, voy. Levi
son, Zur Geschichte des Frankenkonigs Chlodoweck, dans Bonner Jahrbii-
Cher, t. 103, p. 59, n. 1. LE BAPTÊME DE CLOVIS. 475
en 496, cette dernière date est préférable, puisque Nizier met
expressément le baptême avant les guerres contre les Wisigoths
(506-507) et contre les Burgondes (500-501). En dernière anal
yse, le baptême a eu lieu en 496 d et à Tours.
En face de cette école se dresse l'école dont M. Kurth est le
plus brillant représentant. On conserve alors au texte de Gré
goire toute son unité et toute sa valeur : c'est sur le champ de
bataille que Glovis se convertit, et, tout en maintenant à Clotilde
et à Rémi la principale part dans les faits qui suivirent, on adapte
au récit de l'évêque de Tours les données de l'évêque de Vienne.
Il paraît plus difficile d'accorder Grégoire avec Nizier; aussi, en
invoquant le silence de Grégoire

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