Le baptistère de Sainl-Rémy-de-Provence (Bouches-du- Rhône) - article ; n°2 ; vol.1, pg 207-228

H. Rolland

Description

Gallia - Année 1943 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 207-228
22 pages

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• Publié le: 01 janvier 1943
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Extrait

Henri Rolland
Le baptistère de Sainl-Rémy-de-Provence (Bouches-du- Rhône)
In: Gallia. Tome 1 fascicule 2, 1943. pp. 207-228.
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Rolland Henri. Le baptistère de Sainl-Rémy-de-Provence (Bouches-du- Rhône). In: Gallia. Tome 1 fascicule 2, 1943. pp. 207-
228.
doi : 10.3406/galia.1943.1975
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1943_num_1_2_1975LE BAPTISTÈRE DE SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE
par M. H. Rolland
Fouilles de M. J. Formigé
En 1891, I. Gilles (1) signalait l'existence, au centre de la bourgade de
Saint-Rémy-de-Provence, au fond de l'impasse du Petit-Puits, d'une construction
antique, en moellons smillés de petit appareil, « semblable à celle du palais de
Constantin », à Arles, et dans laquelle il croyait retrouver les restes d'un temple.
Ces vestiges, qu'il datait de la première moitié du vie siècle, laissaient voir à
l'Est un arceau en plein cintre de 3 mètres de hauteur, et vers le Nord une
fenêtre également en plein (fig. 1), ouverte dans un mur édifié en moellons
smillés ou à taille en feuille de fougère ; matériaux se trouvant largement
remployés dans la construction d'une église voisine dédiée à saint Pierre.
Celle-ci, mentionnée dans les textes dès le xine siècle, n'était déjà plus, à la
fin du siècle dernier, qu'un amas de ruines (2) attenant aux vestiges antiques
signalés par Gilles ; eux-mêmes difficilement reconnaissables en raison des
nombreuses bâtisses, de toutes sortes et de tous âges, enchevêtrées les unes dans
les autres.
Malgré cette confusion, le prétendu temple d'époque constantinienne attira
l'attention de M. Jules Formigé, architecte en chef des Monuments historiques,
qui d'après les quelques parties encore visibles du monument primitif jugea que
l'on se trouvait en présence des restes d'un baptistère (3). Il fit classer et acquérir
(1) Glanum Saint-Rémy-de-Provence (tiré du pays d'Arles), in-8°. Avignon, 1891, p. 60 et fig.
(2) La chapelle N. transformée en atelier depuis la Révolution, s'était écroulée en 1897 (L. Paulet,
Saint-Rémy-de-Provence, in-8°. Avignon, 1907, p. 446).
Voici comment s'exprimait L. Blancard, archiviste des Bouches-du-Rhône, dans un rapport transmis
à M. Deloche (Saint-Rémy-de-Provence au Moyen-Age. Paris (Mémoires de l'Académie des Inscriptions),
1892) :
« Sous les voûtes, à la hauteur de l'arc, est un plancher formant soupente ; sous le plancher, des outils
et des matériaux laissent à peine un étroit passage pour accéder à l'église. »
Cette église Saint-Pierre a été confondue par M. Deloche avec celle de Sainl-Pierre-le-Mévolier ou
le Mosolier, c ecclesia Sancti Pétri dicilur ad Mausoleum » (1080), située au Sud de Saint-Rémy, vers les
Antiques, le long de la voie allant à Arles, « juxla viam Arelatensem » (6 mai 982).
(3) Sur ce genre de monuments, cf. J. Formigé, Remarques diverses sur les baptistères de Provence,
dans les Mélanges en hommage à la mémoire de Fr. Martroye (Soc. nat. des ant. de Fr.), 1941, p. 167-190. Vle-Vlle S. SAINT-REM Y avant 964
ÉGLISE S™ MARIE XeS. Xe-XlleS.
devenue SI PIERRE XlleS XVIeS.
N
3J
O r r
Plan I. LE BAPTISTÈRE DE SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE 209
l'immeuble par l'État en 1927 et depuis lors dirigea les travaux exécutés pour
dégager et mettre en lumière les parties antiques. C'est lui le véritable décou
vreur du monument.
Saint-Rémy r
elevant de l'évêché
d'Avignon était, au
Moyen-Age, le bourg
principal d'une région
Subirai- dont les paroisses se
trouvaient séparées
du siège episcopal par
la Durance. La cons
truction d'un baptis
tère à Saint-Rémy n'a
donc pas lieu de sur
prendre, à une époque
où la communication
avec Avignon devait
être souvent rendue
précaire par l'humeur
vagabonde d'une r
ivière torrentueuse,
dont les crues pou
vaient fréquemment
isoler l'une de l'autre
les deux parties du
même diocèse.
Dans le but de
vérifier l'exactitude
de l'opinion qu'il avait
émise, M. J. Formigé
Fig. 1. Mur Nord, avant dégagement ; on aperçoit au-dfssus du toit entreprit de premiers en appentis, la fenêtre en plein cintre et le mur en petit appareil qui
sondages. Ils révélè avaient attiré l'attention de Gilles.
rent l'existence, à l'i
ntérieur de l'immeuble,
alors divisé en quelques misérables logis, d'une niche en cul-de-four dont
la présence confirmait parfaitement l'hypothèse d'un baptistère. Vers le Nord,
sous le sol de la chapelle Saint-Pierre, la fouille retrouvait les substructions d'une
petite pièce rectangulaire appartenant sans nul doute au monument en petit
14 H. ROLLAND 210
appareil romain, et dont le sol était couvert par un béton de tuileau (fig. 2).
Dès lors l'administration des Beaux-Arts, soucieuse de réaliser le dégagement
de l'édifice, donna l'or
dre de continuer les
travaux de fouilles et
de restauration.
Peu après la fin
des hostilités le chant
ier fut ouvert ; on pro
céda aux démolitions
nécessaires pour débar
rasser le monument des
constructions paras
ites, et une fouille
partielle fut poussée
jusqu'à un niveau pa
raissant être celui de
l'édifice antique. On
obtint ainsi le dégage
ment d'une abside fa
isant partie de ce der
nier, précédée d'une nef
couverte d'une voûte
en berceau dont le sou
tien avait nécessité la
construction de deux
travées, à supports en
moyen appareil, venant
doubler, à l'intérieur,
le gros œuvre d'un
monument plus ancien
(fig. 3). Fig. 2. Résultat des premiers sondages ; pièce dont les murs en
petits moellons smillés et le sol sont couverts d'un béton de tuileau Les travaux à nou(piscine Nerd).
veau interrompus fu
rent, à la demande de
M. Formigé, repris sous ma surveillance en novembre 1941. La fouille achevée a
été suivie d'une série de reprises urgentes et de quelques réfections indispensables
pour assurer la solidité de la construction
Telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui, celle-ci constitue bien un baptistère, LE BAPTISTÈRE DE SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE 211
mais elle comprend aussi un bâtiment annexe : le Balneum, avec ses piscines où
se présentaient les catéchumènes pour être lavés et purifiés, avant l'immersion
rituelle en présence de l'évêque dans la salle du baptistère. Cette découverte
offre un intérêt archéologique particulier du fait de l'absence ou de la disparition
de ce Balneum dans les qu3lqu3s baptistères connus en France. Cette annexe se
retrouve en Afrique du Nord à Djémila et au monastère de Thamugadi (1), elle
existait sans doute à Fréjus où la fouille a montré la présence de substructions
parallèles au baptistère, ainsi qu'à Marseille où des salles munies de mosaïques
étaient contiguës à celle contenant la cuve baptismale (2).
Un exposé descriptif permettra de faire connaître l'essentiel de ce monument
dont les restes demeurent encore en partie recouverts par des constructions
qu'un projet d'acquisition, demandé par M. J. Formigé, se propose de faire
disparaître.
L'entrée devait se trouver à l'Ouest, dans la partie du bâtiment encore
engagée dans et sous des constructions du Moyen-Age ayant servi au chapitre
de chanoines établi à Saint-Rémy, par le pape Jean XXII, en 1331 (3).
A l'intérieur, une salle à peu près carrée dont l'étendue actuellement dégagée
mesure 6 m. 37 x 6 m. 75, forme le centre 6.3 l'édifice ; elle aboutit vers l'Est
à une abside en fer à cheval, tandis que sur son flanc Nord se décroche la pièce
rectangulaire découverte lors du premier sondage, et qu'une baie, pratiquée dans
le mur Sud, mais aujourd'hui modifiée, assure la communication avec le
baptistère proprement dit.
La salle centrale, couverte en charpente, prenait jour au Nord probablement
par deux fenêtres encadrant le décrochement de la pièce du Nord";