Le capitole de Narbonne - article ; n°1 ; vol.14, pg 1-22
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Description

Gallia - Année 1956 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 1-22
22 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Vincent Perret
Le capitole de Narbonne
In: Gallia. Tome 14 fascicule 1, 1956. pp. 1-22.
Citer ce document / Cite this document :
Perret Vincent. Le capitole de Narbonne. In: Gallia. Tome 14 fascicule 1, 1956. pp. 1-22.
doi : 10.3406/galia.1956.1452
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1956_num_14_1_1452LE CAPITULE DE NARBONNE
par M. Vincent Perret
En 1951, la découverte, devant Saint-Tropez, d'une épave romaine qui
avait livré une douzaine d'éléments en marbre de Carrare d'une colonnade
colossale1, avait conduit la Commission archéologique de Narbonne à rouvrir
son dossier concernant le grand temple de Narbonne. Il avait en effet semblé
aux archéologues provençaux que ces chapiteaux, ces colonnes cannelées de
lm,80 de diamètre, ne pouvaient être destinés qu'à Narbonne, la seule ville de
la Narbonnaise qui possédât un temple de marbre de ces dimensions (fig. 1).
Les renseignements publiés jusqu'ici sur le temple narbonnais demeuraient
fort insuffisants : quelques indications sommaires dans le recueil des Procès-
verbaux des séances de la Commission, de 1842 à 1889, imprimé en 19442 et les
résumés succincts donnés au Comiié des Travaux historiques du Ministère3.
J'ai présenté moi-même quelques observations dans le Bulletin de la Commission
archéologique de Narbonne*. Puis furent retrouvés à la Bibliothèque de la Ville
et dans les archives de la Commission le rapport du premier fouilleur,
Berthomieu, avec les plans et dessins de Bruel et les notes de F. P. Thiers,
le successeur de Berthomieu, ce qui m'a permis, sinon d'épuiser la question,
du moins de l'éclairer. Le plan était connu : je l'ai replacé dans le cadre de la
ville moderne (fig. 2). Les nombreux fragments retrouvés lors des fouilles
n'avaient jamais été publiés et méritaient d'être, dessinés. Tout cet ensemble
et les mesures qui l'accompagnent permettent une reconstitution idéale que je
m'abstiendrai de présenter ici, ne me dissimulant pas les incertitudes qui
subsistent.
Le plan des fondations du temple indique nettement une triple cella;
on ne saurait donc hésiter à le qualifier de Capitole et à l'identifier avec le
Capitole en marbre de Paros (bien qu'il soit en marbre non de Paros mais de
(1) F. Benoit, Gallia, VIII, 1950, Informations, p. 130.
(2) Procès-verbaux, 10 août 1877, p. 345 ; 20 nov. 1885, p. 462; 8 mars 1889, p. 517-519.
(3) Bulletin archéologique du Comiié: 1884, p. 376-379, pi. VIII, plan du temple, IX; les piliers
du péribole et leurs bases, rapport de Berthomieu présenté par Boeswillwald ; 1888, p. 5-6 : lettre de
F.-P. Thiers, p. 233-236; et 1889, p. 188-192 et pi. IV : rapport de Thiers et plan du temple. C'est le
plan reproduit par Courrent-Héléna, Répertoire archéologique du déparlemenl de VAude (1935), p. 59.
Voir également : Congrès archéologique de France, Carcassonne-Perpignan, 1906, p. 67-78.
(4) Bull. Comm. arch. Narbonne, XXIII, 1, 1951-52, p. lxxiii et lxxxiii-lxxxvi. 2 VIAXENT PERRET
Carrare), digne de rivaliser avec celui de Rome, que célébra Ausone5.
Sidoine Apollinaire mentionne également les delubra Capilolia parmi les
monuments qui font la gloire de Narbonne6. La tradition locale a d'ailleurs
toujours désigné comme Capitole le site des Moulinasses où les fouilles ont
mis au jour les restes du temple.
Ces Moulinasses étaient une butte artificielle due précisément à l'accumula
tion des ruines ; un plan du xvne siècle y signale encore des moulins dont la rue
Fig. 1. — Les blocs de marbre repêchés à St-Tropez en 1951.
actuelle des Trois Moulins conserve le souvenir. Les Moulinasses s'élevaient au
nord de la ville ; les fortifications du Moyen-Age établies sur le rempart antique
venaient s'appuyer contre cette modeste eminence aujourd'hui disparue : elles
recouvrent en partie, entre la place Bistan, l'avenue du Maréchal Foch, les
boulevards du Collège et Condorcet, les bâtiments du Collège. Les ruines se
trouvent à 0m,50 sous le sol actuel.
Chronologie des trouvailles.
C'est vers 1869 que fut trouvé, dans une tranchée de la caserne Saint-Bernard,
ancien couvent des Bernardines, près de la Place Bislan actuelle, un premier chapiteau
(5) Ordo urbium nobilium, XIX, v. 120-123.
(6) Carmen, XXIII, v. 40, 42 : Porîis, Porticibus, Foro, Thealro / Delubris Capitolis, Moneiis /
Thermis, Arcubus, Horreis, Macellis... Sidoine écrivit cette épître à son ami Consentius en 465, trois ans
après l'entrée des Wisigoths à Narbonne, peut-être d'après ses souvenirs. On n'en peut conclure que
tous ces monuments et notamment le CapitoJe fussent encore intacts à cette date. ■
LE GAPITOLE DE NARBONNE
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 2. — Plan du Capitole de Narbonne d'après les découvertes de 1869-1933.
(D'après un plan dessiné par V. Perret). 4 VLXCENT PERRET
de pilastre en marbre, de style corinthien. En 1870, trois bas-reliefs sont signalés comme
entrant dans nos collections ; ils proviennent du terrain militaire voisin des Trois Moulins
mais aucune indication n'a permis de les identifier. En 1874 un important fragment
d'entablement en marbre blanc entre au Musée. En 1877 des fouilles régulières sont
entreprises par la Commission archéologique et dirigées par Berthomieu. Elles dureront
jusqu'en 1884.
1877-1884. Dès le premier sondage sur la butte apparaissent les fragments d'un
aigle en ronde bosse en marbre et de dimension colossale, probablement un acrotère du
fronton. Puis viennent un pilastre cannelé et cinq piliers en place sur leurs bases. La forme
en est insolite : ils présentent deux faces convexes et deux faces concaves et leurs bases
ont naturellement les mêmes formes (fig. 3 ; cf. fig. 14, p. 19) 7. Ils ne sont pas en marbre
mais en calcaire coquillier de Brègines (près de Béziers) et n'appartiennent pas au temple
mais au portique de son péribole. De chaque côté de leur rangée, à la distance de 6m,30,
apparaissent des murs ou stylobates. On trouve en grand nombre des clous de charpente
d'au moins 0m,40 qui doivent provenir de la toiture. On a donc un portique à double gale
rie, large de 13 mèlres et couvert en charpente.
Au cours des années suivantes jusqu'en 1879 se retrouvent 14 piliers dans une
direction et 12 dans une direction perpendiculaire, ce qui permet de reconnaître l'enceinte
du péribole. Contre le mur extérieur du portique on identifie un trottoir à larges dalles
bordé d'un caniveau (fig. 4). Ce mur extérieur est renforcé par des contreforts. Le mur
intérieur donnant sur la cour est double et renferme entre ses deux parties un caniveau
pour l'écoulement des eaux. Au pied du mur sont mis au jour des fûts et des bases de
colonnes. Le soubassement du temple, masse énorme de maçonnerie encore mal connue
à cette époque, est atteint à 17 mètres environ de l'axe du péribole. Le pourtour Nord du
soubassement fouillé jusqu'à plus de 2 mètres fourmille de débris de marbre : menus
fragments de frises, de chapiteaux, de pilastres, de statues et d'inscriptions. Les éléments
d'architecture indiquent des proportions colossales, les morceaux de sculpture paraissent
de bonne époque : Ier siècle ou première moitié du IIe siècle au plus tard. Pour ceux qui
étaient destinés à être placés à grande hauteur la sculpture est traitée largement mais
le dessin reste pur.
A la fin de 1879 les fouilles découvrent un avant-corps marquant le centre de la
façade postérieure Nord du portique. Des fûts cannelés, des chapiteaux corinthiens,
des bases toujours en calcaire coquillier sont trouvés sur ce point et le long du mur
extérieur : ils devaient appartenir à un petit portique peu profond rompant la monotonie
de cette façade et précédant sans doute une entrée. Connaissant ainsi le milieu, il était
facile de repérer le deuxième pilier d'angle qu'un sondage retrouva en effet sur la rampe
des Moulinasses, future rue des Trois Moulins à 36 mètres du centre, ce qui donnait une
longueur de 72 mètres pour le petit côté intérieur du péribole, au droit de la rangée des
piliers séparant les deux galeries. Bien que ni les comptes-rendus ni les plans ne l'ind
iquent, l'abbé Sigal dans le plan publié en tête de son article Les premiers temps chrétiens
à Narbonne d'après l'archéologie8 fait passer le mur du rempart antique entre le pé

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