Le casale de Boccea d'après les archives du Chapitre de Saint-Pierre - article ; n°2 ; vol.91, pg 593-617

Robert Montel

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1979 - Volume 91 - Numéro 2 - Pages 593-617
Robert Montel, ~~Le «casale» de Boccea, d'après les archives du Chapitre de Saint-Pierre~~, I, p. 593-617. Dans la Campagne Romaine largement dépeuplée de la fin du Moyen-Age, les grands domaine représentent la structure de base de l'habitat et de l'exploitation du sol : c'est l'un d'eux, le «casale» de Boccea, intégré dans le vaste patrimoine du Chapitre de Saint-Pierre, que l'auteur a choisi d'étudier en raison de son caractère typique et de la relative richesse de la documentation. Dans cette première partie sont d'abord mises en lumière les origines du « casale » : d'abord ~~fundus~~, terroir de colonisation à habitat dispersé, au milieu du IXe siècle, puis, dès le milieu du XIe siècle, ~~castrum~~ déjà constitué, soit un habitat groupé et fortifié au centre d'un terroir puissamment structuré, dont les caractères apparaissent de plus en plus nettement jusqu'au moment de sa désertion définitive en 1341, consécutive à sa destruction par un Savelli. L'auteur examine ensuite la superficie de ce ~~castrum~~ déserté devenu ainsi « casale », vaste domaine de 1358 hectares, consacré principalement à l'élevage. Les mesurations du « casale » faites au milieu du XVIe siècle pouvant être extrapolées pour la période antérieure, c'est dans ce cadre immuable que la seconde partie de l'article, à paraître dans un prochain numéro, en étudiera l'exploitation.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1979
• Nombre de lectures: 24
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Extrait

Robert MONTEL
Le casale de Boccea d'après les archives du Chapitre de Saint-
Pierre
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 91, N°2. 1979. pp. 593-617.
Résumé
Robert Montel, Le «casale» de Boccea, d'après les archives du Chapitre de Saint-Pierre, I, p. 593-617.
Dans la Campagne Romaine largement dépeuplée de la fin du Moyen-Age, les grands domaine représentent la structure de
base de l'habitat et de l'exploitation du sol : c'est l'un d'eux, le «casale» de Boccea, intégré dans le vaste patrimoine du Chapitre
de Saint-Pierre, que l'auteur a choisi d'étudier en raison de son caractère typique et de la relative richesse de la documentation.
Dans cette première partie sont d'abord mises en lumière les origines du « casale » : d'abord fundus, terroir de colonisation à
habitat dispersé, au milieu du IXe siècle, puis, dès le milieu du XIe siècle, castrum déjà constitué, soit un habitat groupé et fortifié
au centre d'un terroir puissamment structuré, dont les caractères apparaissent de plus en plus nettement jusqu'au moment de sa
désertion définitive en 1341, consécutive à sa destruction par un Savelli. L'auteur examine ensuite la superficie de ce castrum
déserté devenu ainsi « casale », vaste domaine de 1358 hectares, consacré principalement à l'élevage. Les mesurations du «
casale » faites au milieu du XVIe siècle pouvant être extrapolées pour la période antérieure, c'est dans ce cadre immuable que la
seconde partie de l'article, à paraître dans un prochain numéro, en étudiera l'exploitation.
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MONTEL Robert. Le casale de Boccea d'après les archives du Chapitre de Saint-Pierre. In: Mélanges de l'Ecole française de
Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 91, N°2. 1979. pp. 593-617.
doi : 10.3406/mefr.1979.2512
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1979_num_91_2_2512ROBERT MONTEL
LE «CASALE» DE BOCCEA,
D'APRÈS LES ARCHIVES
DU CHAPITRE DE SAINT-PIERRE
Une première recherche sur la mense capitulaire de la Basilique Saint-
Pierre de Rome nous a amené, voici quelques années, à insister sur l'impor
tance du grand domaine, du «casale», pour l'étude de l'économie et de la
société dans la Campagne Romaine aux XVe et XVIe siècles. Nous avions pris
pour exemple le «casale» de Porto1 : s'il est vrai que le Chapitre apparaissait
comme possessionné dans cette partie de l'Agro depuis, au moins, le milieu
du XIe siècle, la rareté des documents ne permettait guère, cependant, une
quelconque approche du castrum de Porto avant sa désertion totale et défini
tive qui devait, sans doute au début du XVe siècle, le transformer en un vaste
«casale» à peu près inhabité et consacré au gros élevage. Bien plus, certai
nes vicissitudes particulières à l'histoire de Porto, disputé entre le Chapitre
et ses emphytéotes, la puissante famille des Stefaneschi, nous empêchaient
pratiquement de cerner l'exploitation et la rente foncière du « casale » avant
la seconde moitié du XVe siècle. Enfin, le domaine de Porto présentait certai
nes singularités qui, pour mériter en elles-mêmes une étude, n'en faisaient
sans doute pas un cas vraiment typique : tout d'abord, l'existence de salines
qui, quoique en décadence, assuraient encore au Chapitre, certaines années,
des revenus non négligeables mais d'une nature bien particulière; d'autre
part, au moins jusqu'à la fin du XVIe siècle, la prédominance absolue de l'él
evage du gros bétail sur toutes les autres formes d'activité, agricoles ou pastor
ales; enfin, une rente foncière dont nous avions déjà pu constater qu'elle
était loin de réagir à la hausse, au XVIe siècle, avec la même vigueur que
celle des autres «casali».
1 R. Montel, Un «casale» de la Campagne Romaine de la fin du XIVe siècle au début
du XVIIe : le domaine de Porto, d'après les archives du Chapitre de Saint-Pierre, dans
MEFRM, 83, 1971, 1, p, 31-87. 594 ROBERT MONTEL
Dans le cadre d'une recherche plus vaste sur les patrimoines fonciers
des Basiliques Majeures romaines2, nous avons donc, tout naturellement, été
amené à envisager l'étude d'un cas plus exemplaire. Un autre « casale » du
Chapitre de Saint-Pierre, celui de Boccea3, nous a paru, à cet égard, mériter
2 Cf. R. Montel, Premières recherches sur la Mense Capitulaire de la Basilique Saint-
Pierre de Rome (Mémoire de l'École française de Rome présenté devant l'Institut en
1972 - dactylographié) et travaux en cours dans le cadre d'une thèse de doctorat
d'État préparée sous la direction de M. le Professeur Pierre Toubert.
3 Boccea a déjà attiré l'attention de plusieurs auteurs spécialisés dans les recher
ches de topographie historique de la Campagne Romaine. Parmi ces travaux, d'une
valeur du reste très inégale, citons par ordre chronologique :
A. Coppi, Dissertazione VII, dans Atti dell'Accademia Pontificia, Rome, 1836, p. 396-
402 (une analyse rapide mais généralement exacte de la plupart des documents
concernant Boccea, conservés dans la série «Pergameni» des archives du Chapitre).
A. Nibby, Analisi storico-topografico- antiquaria della carta dei dintorni di Roma,
Rome (2e éd.), 1848 (rééd. anastatique, Rome, 1964), p. 323-325 (Nibby donne quelques
précisions sur le martyre des saints Marius, Marthe et leurs enfants Audifax et Abacuc,
en 270, au lieudit ad Nymphas Catabassi, au 12e mille de la Via Cornelia, lieu-dit qui,
selon lui, serait devenu plus tard Boccea).
G. Tomassetti, La Campagna Romana antica, medioevale e moderna, Rome, 19 ΙΟ
Ι 926, 2 (Via Aurelia), p. 487-490.
T. Ashby, La Campagna Romana al tempo di Paolo III (mappa della Campagna
Romana del 1547 di Eufrosino della Volpaia), Rome, 1914, p. 63 et 81.
E. Martinori, Lazio turrito, repertorio storico ed iconografico di torri, rocche, castelli
e luoghi muniti della provincia di Roma, Rome, 1933, 2, p. 90.
G. Silvestrelli, Città, castelli e terre della regione romana, ricerche di storia medievale
e moderna sino all'anno 1800, Rome, (2e éd.), 1940, p. 610.
G. M. De Rossi, Torri e castelli medioevali della Campagna Romana, Rome, 1969,
p. 86 (n° 165).
Il existe aussi une petite monographie consacrée à Boccea :
L. Siili, Boccea e le sue memorie, Rome, 1907. L'auteur insiste sur l'ancienneté de la
possession par le Chapitre de Saint-Pierre; il la compare à celle d'autres fonds, égal
ement possédés ab antiquo par d'autres Basiliques Majeures; il donne pour étymologie
au toponyme de Boccea le mot latin Buxus qui signifie «buis», cette plante poussant
peut-être en abondance dans la région. Toujours dans une perspective de topographie
historique, nous ne saurions passer sous silence les travaux récents du R. P. Jean
Coste, d'abord parce que ses publications de listes de «casali» nous ont donné d'utiles
renseignements sur Boccea au XVIe siècle (J. Coste, / casali della Campagna di Roma
all'inizio del Seicento, dans Archivio della Società Romana di Storia Patria - ASRSP -, 90,
1969, p. 58 (n° 37) et J. Coste, / casali della Campagna di Roma nella seconda metà del
Cinquecento, ibidem, 94, 1973, p. 79 (Taxae viarum 1556, n° 224) et p. 90 (liste Renzi-
Bardi, 1588-1596, n° 48); mais surtout parce que sa connaissance approfondie tant des
archives romaines que du terrain l'ont amené à renouveler la problématique de cette
discipline qui, il faut bien l'avouer, n'avait guère changé depuis Nibby (J. Coste, La
topographie médiévale de la Campagne Romaine et l'histoire socio-économique : pistes de
recherche, dans MEFRM, 88, 1976, 2, p. 621-675). LE «CASALE» DE BOCCEA, D'APRÈS LES ARCHIVES DU CHAPITRE DE SAINT-PIERRE 595
un intérêt tout particulier. Cependant, une autre raison a aussi motivé notre
choix : c'est l'existence, pour ce « casale », d'une documentation exceptionnel
lement abondante pour la période antérieure à la fin du XIVe siècle (date à
partir de laquelle nous commençons à disposer des séries comptables, puis
notariales, qui font la richesse des archives du Chapitre de Saint-Pierre4).
Depuis 854 en effet, nous disposons, dans le cas de Boccea, d'un certain
nombre de jalons documentaires qui permettent de jeter quelques lueurs sur
l'&#