Le conflit entre la Colombie et le Venezuela : quelques arpents d'eau salée ? - article ; n°6 ; vol.21, pg 1272-1289

Pierre Gilhodès

Description

Revue française de science politique - Année 1971 - Volume 21 - Numéro 6 - Pages 1272-1289
Le conflit entre la Colombie et le Venezuela, par Pierre Gilhodes
La Colombie et le Venezuela sont en conflit pour la délimitation de la plateforme continentale du golfe du Venezuela. Depuis juin 1970, la querelle est publique et des préparatifs militaires considérables font craindre le pire. Va-t-on vers une multiplication des conflits de ce type en Amérique latine ?
[Revue française de science politique XXI (6), décembre 1971, pp 1273-1289] COLOMBIA VENEZUELA PIERRE uILHODES Colombia and Venezuela are in conflict over delimitating the continental platform of the Venezuelian Gulf This controversy has come out into the open since June 1970 and -following important military preparations on either side the worst must be feared Is this the type of dispute likely to spread throughout Latin America .Revue -fran aise de science politique XXI 6) décembre 1971 pp 1273-1289
Colombia v. Venezuela, by Pierre Gilhodes
Colombia and Venezuela are in conflict over delimitating the continental platform of the Venezuelian Gulf. This controversy has come out into the open since June, 1970, and following important military preparations on either side the worst must be feared. Is this the type of dispute likely to spread throughout Latin America.
[Revue française de science politique XXI (6), décembre 1971, pp. 1273-1289]
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_SCIENCE_POLITIQUE0
• Publié le: 01 janvier 1971
• Nombre de lectures: 15
• Langue: Français
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Extrait

Monsieur Pierre Gilhodes
Le conflit entre la Colombie et le Venezuela : quelques arpents
d'eau salée ?
In: Revue française de science politique, 21e année, n°6, 1971. pp. 1272-1289.
Résumé
Le conflit entre la Colombie et le Venezuela, par Pierre Gilhodes
La Colombie et le Venezuela sont en conflit pour la délimitation de la plateforme continentale du golfe du Venezuela. Depuis juin
1970, la querelle est publique et des préparatifs militaires considérables font craindre le pire. Va-t-on vers une multiplication des
conflits de ce type en Amérique latine ?
[Revue française de science politique XXI (6), décembre 1971, pp 1273-1289] COLOMBIA VENEZUELA PIERRE uILHODES
Colombia and Venezuela are in conflict over delimitating the continental platform of the Venezuelian Gulf This controversy has
come out into the open since June 1970 and -following important military preparations on either side the worst must be feared Is
this the type of dispute likely to spread throughout Latin America .Revue -fran aise de science politique XXI 6) décembre 1971 pp
1273-1289
Abstract
Colombia v. Venezuela, by Pierre Gilhodes
Colombia and Venezuela are in conflict over delimitating the continental platform of the Venezuelian Gulf. This controversy has
come out into the open since June, 1970, and following important military preparations on either side the worst must be feared. Is
this the type of dispute likely to spread throughout Latin America.
[Revue française de science politique XXI (6), décembre 1971, pp. 1273-1289]
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Gilhodes Pierre. Le conflit entre la Colombie et le Venezuela : quelques arpents d'eau salée ?. In: Revue française de science
politique, 21e année, n°6, 1971. pp. 1272-1289.
doi : 10.3406/rfsp.1971.393338
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1971_num_21_6_393338LES CONFLITS EN AMÉRIQUE LATINE
STABILISATION OU AGGRAVATION?
LE CONFLIT ENTRE
LA COLOMBIE ET LE VENEZUELA
Quelques arpents d'eau salée ?
PIERRE GILHODES
La tentative d'explication qui va être fournie concerne un conflit
dont on ne saurait prévoir l'issue. On pourra voir que, des deux
côtés, certains font flèche de tout bois et c'est pourquoi, d'une
manière exceptionnelle, on a voulu commencer ce travail par une mise
en garde au lecteur. Il n'est, bien entendu, pas question de décerner des
louanges ou des blâmes, de dire qui a raison et qui a tort, et les deux
peuples concernés méritent le même respect et le même attachement.
Cette précaution est sans doute inutile, il a semblé préférable qu'elle soit
écrite.
I. NATURE DU CONFLIT
C'est à la suite des conférences de Genève de 1958 et 1960 convo
quées par les Nations Unies * que les deux pays intéressés, le Venezuela
et la Colombie, ont éprouvé le besoin de délimiter leurs eaux territoriales
et leurs droits respectifs sur la plate-forme continentale contiguë. Une
difficulté se présenta dans le golfe du Venezuela quand il s'agit de déli
miter la zone sur laquelle la Colombie pourrait prétendre. Sollicitée
par ses voisins du Pacifique sud, la a toujours refusé d'étendre
unilatéralement sa souveraineté sur une distance de deux cent milles,
Revue 1. française Graillot de (Hélène), science politique, «Les mers, août théâtre 1970, p. et 720. enjeu des conflits internationaux»,
1272 Colombie / Venezuela
tenant compte du fait que sa façade caraïbe et les problèmes qui s'y
posaient lui créaient des difficultés et des responsabilités particulières.
Les conversations entre Colombiens et Vénézuéliens s'engagèrent d'une
manière non officielle en 1965 entre le président du Venezuela, Raûl
Leoni, et le candidat colombien à la présidence, Carlos Lieras. Après
l'élection de ce dernier, une série de conversations se tinrent sous la
responsabilité des ministres des Mines et Pétroles des deux pays, mais
sans résultat. Il était déjà révélateur que. ces conversations soient menées
par les responsables de la politique pétrolière alors qu'elles auraient
été normalement du ressort des chancelleries.
Les pourparlers restèrent à peu près confidentiels jusqu'en mars 1970,
date à laquelle il fut décidé d'ouvrir des négociations officielles alte
rnativement dans l'une et l'autre capitales. Après les entretiens de mars
à Bogota, une deuxième série de rencontres eut lieu à Caracas au mois
de juin 1970. C'est à ce moment que le problème a débordé le niveau
gouvernemental et que l'opinion publique a été saisie de l'existence d'un
litige, notamment le 1 1 juin par le président du Venezuela, Rafael Cal
dera, dans sa conférence de presse hebdomadaire. Il le fit en des termes
extrêmement fermes, affirmant que le golfe du débouché du
lac de Maracaïbo, était une zone d'importance vitale pour son pays et
que ce n'était pas un problème de pétrole mais de territoire qui était
en jeu.
Une autre série de conversations qui devait s'ouvrir à Bogota en
septembre fut reportée du fait du changement de présidence en Colombie,
le libéral Carlos Lieras cédant la place au conservateur Misael Pastrana.
Un lieu neutre, Rome, fut choisi et les deux délégations dirigées par des
personnalités de haut rang se réunirent en novembre, sans résultat, à un
moment où les incidents de tous genres commençaient à se multiplier.
Trois autres séries de rencontres, toujours au même endroit, eurent lieu
en mars, en juin et de juillet à septembre. Une tendance à geler pour
une dizaine d'années le problème du golfe du Venezuela se faisait alors
jour prenant pour modèle un accord de gel concernant le litige frontalier
entre le Venezuela et la Guyane ex-britannique.
Quel est donc l'objet du conflit et quelles sont les positions des deux
parties en présence ?
Le texte issu de la conférence de Genève de 1958 prévoit dans son
article 6, alinéa 2 :
1273 conflits en Amérique latine Les
« Quand une même plate-forme continentale sera adjacente au terri
toire des Etats limitrophes, sa délimitation se fera par accord entre eux.
A défaut d'un accord et si des circonstances spéciales ne justifient pas
Une autre délimitation, celle-ci se fera en appliquant le principe de
l'équidistance des points les plus proches des lignes de base à partir
desquelles est mesurée l'étendue de la mer territoriale de chaque Etat. »
Les implications de cette définition avaient été étudiées au cours
d'une séance de la conférence, le 9 avril 1958 ; un commandant de la
Royal Navy avait présenté au tableau noir les quatre méthodes possibles
de délimitation de la plate-forme continentale 2. Le Venezuela avait
proposé une autre version de ce texte, faisant, en tout cas, dépendre la d'un accord entre les Etats concernés, mais ce projet avait
été repoussé.
La Colombie signa et ratifia la convention sans émettre d'objection.
Le délégué vénézuélien, pour sa part, signa la convention (qui fut ra
tifiée par son pays en août 1961), mais en formulant une réserve expresse :
« Le représentant du Venezuela, au moment de souscrire la présente
convention, déclare, en ce qui concerne l'article 6, que des circonstances
spéciales existent qui devront entrer en ligne de compte à propos des
zones suivantes : golfe de Paria pour ce qui n'est pas délimité par des
accords existants, zone comprise entre les côtes du Venezuela et l'île
d'Aruba, pour le golfe du Venezuela ».
Le golfe de Paria sépare la côte du Venezuela de l'île de Trinidad
et en 1942 un traité avait été signé entre la Grande-Bretagne et le Venez
uela, partageant ses eaux selon une ligne médiane, ce qui devait faire
de ce traité un précurseur de l'accord de Genève3.
Lors des pourparlers bilatéraux, la position colombienne fut d'ap
pliquer la procédure de la ligne médiane. La Colombie admit qu'entre
les îlots des Monjes, dont elle reconnaissait officiellement l'appartenance
au Venezuela, et la côte de la Guajira, une ligne médiane serait égal
ement tracée. Toutefois lesdits îlots, étant inhabités, ne pouvaient comport
er des eaux territoriales.
Le Venezuela fit valoir comme « circonstances spéciales » le carac
tère de mer inté