Le culte du lion en Basse Égypte d après les documents grecs - article ; n°1 ; vol.16, pg 63-94
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Dialogues d'histoire ancienne - Année 1990 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 63-94
Well known in Egypt ever since prehistoric times, the most regal of all animals, the lion, holds a strong position in the imaginary of Egyptian religion. The importance of the lion cult is evidenced by the number of leonine figures in the Egyptian geography and cosmogony, and more particularly so by those found in the Delta, in the city of lions that stood at Tell-el-Muqdâm. This small but eloquent corpus of nine greek inscriptions, set in Leontopolis, along with various accounts by authors of that time, enable us to appreciate fully the originality of this lion cult which lasted from the foundation of the major temple under Ptolemaeus Epiphanes till the reign of Elagabal, when an ephebic competition was installed in honour of the lion. Through these we can also get an idea of the organisation of sacred matters, the feline menagerie, as well as the politics of a few lagid kings and of the emperor concerning the religious, administrative and military centre that made up the metropolis of the nome named Leonpolite.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Étienne Bernand
Le culte du lion en Basse Égypte d'après les documents grecs
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 16 N°1, 1990. pp. 63-94.
Abstract
Well known in Egypt ever since prehistoric times, the most regal of all animals, the lion, holds a strong position in the imaginary of
Egyptian religion. The importance of the lion cult is evidenced by the number of leonine figures in the Egyptian geography and
cosmogony, and more particularly so by those found in the Delta, in the "city of lions" that stood at Tell-el-Muqdâm. This small but
eloquent corpus of nine greek inscriptions, set in Leontopolis, along with various accounts by authors of that time, enable us to
appreciate fully the originality of this lion cult which lasted from the foundation of the major temple under Ptolemaeus Epiphanes
till the reign of Elagabal, when an ephebic competition was installed in honour of the lion. Through these we can also get an idea
of the organisation of sacred matters, the feline menagerie, as well as the politics of a few lagid kings and of the emperor
concerning the religious, administrative and military centre that made up the metropolis of the nome named Leonpolite.
Citer ce document / Cite this document :
Bernand Étienne. Le culte du lion en Basse Égypte d'après les documents grecs. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 16 N°1,
1990. pp. 63-94.
doi : 10.3406/dha.1990.1454
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1990_num_16_1_1454DHA 16,1 1990 63-94
LE CULTE DU LION EN BASSE EGYPTE
D'APRÈS LES DOCUMENTS GRECS.
Etienne BERNAND,
Université de Franche-Comté - Besançon
Le lion n'existe plus aujourd'hui en Egypte et il était déjà plus
rare en ce pays au temps des pharaons qu'à l'époque de la
préhistoire 1. On sait2 que le felis leo vivait jadis sur les confins
désertiques de l'Egypte, à proximité de l'eau et des troupeaux en
pâture dans les marais. La chasse au lion 3 a été pratiquée dès la
préhistoire 4, avant de devenir au Nouvel Empire un privilège
royal. Les Egyptiens surent même domestiquer le fauve et les Ramsès
1. Cf. Diet, de la civilisation égyptienne (1959) s.v. Lion (J. YOYOTTE).
2 Voir Constant DE WIT, Le rôle et le sens du Lion dans l'Egypte
ancienne (1951) p. 3-4, 10 sq. et le compte rendu détaillé de
J. YOYOTTE, CdE, 1955, 47-56.
3. Diet, de la civilisation égyptienne, s.v. Chasse (J. YOYOTTE).
4 DE WIT, op. cit., p. 3 renvoie à la peinture préhistorique de
Hiéraconpolis (J. С APART, Les débuts de l'art en Egypte (1904),
fig. 146 A, 146 B) et à la palette de la chasse aux lions (CAPART, ibid.,
pi. I ; Ursula SCHWEITZER, Lowe und Sphinx im Alten Agypten
(1948), 21, pi. III, 4). 64 Etienne BERNAND
en firent leur compagnon de guerre 5. Le roi des animaux est donc lié
au passé le plus lointain des populations qui ont habité la vallée du
Nil et il occupe de ce fait une place prépondérante dans l'imaginaire
de la religion égyptienne. Les spéculations des théologiens relatives
au lion reposent ainsi, remarque J. Yoyotte, 6 sur une connaissance
vécue des habitudes de ce félin, avant de s'étendre à l'échelle
cosmique dans des mythes complexes.
Constant De Wit a étudié les figures léonines de la cosmogonie
générale. Selon le résumé que donne J. Yoyotte de cette étude 7,
"Aker, ancienne personnification des profondeurs terrestres (Textes
des Рут.), se présente principalement comme un monstre formé de
deux protomes de lion (ou de sphinx) accolés, qui avale le Soleil au
soir et le crache au matin. C'est en même temps un redoutable gardien
des ouvertures de l'Au-delà, détruisant Apophis et les siens.
Sentinelle du monde inférieur, garant de l'éternel retour du jour, Aker
s'identifie (Textes des Sarcophages) aux deux-Lions Routi. Deux
autres principes élémentaires, Shou (l'air) et sa jumelle Tefnout,
furent aussi des êtres léonins. Dans l'iconographie, Tefnout est
presque toujours léontocéphale, Shou ne l'est que fort rarement, mais
dans les textes ces jumeaux primordiaux sont fréquemment nommés
," les Deux-Lions". Cependant, l'expression Routy s'applique Routy
à d'autres puissances. C'est tantôt, en une personne, les deux lions qui
gardent les accès de l'Enfer ; de la sorte, il circonscrit le domaine où
le Soleil se régénère, il est "Hier et Demain", les monts Bakhou
(Levant) et Manou (Couchant). Tantôt Routi est un fils du Soleil,
tantôt une manifestation de celui-ci. Enfin, l'astre du jour est en lui-
même "un lion inaccessible qui traverse le ciel" et l'on peut admettre
que les traditions gréco-égyptiennes faisant du lion un être de feu
remontent à un fonds plus lointain".
Le lion apparaît aussi dans la géographie de l'Egypte et fait,
de ce point de vue, l'objet de la cinquième partie de l'étude de
C. De Wit, résumée encore par J. Yoyotte 8: "... Les figures nées de la
zoolâtrie archaïque sont seules de véritables dieux lions. L'auteur
reprend à leur sujet une fructueuse remarque de Kees : au débouché de
chaque ouadi important, "surtout en Haute Egypte, on trouve une
déesse lionne "ancienne ou une Hathor qui a dû s'y substituer. En fait
cette constatation est valable pour les dieux mâles et doit s'étendre
5. J. YOYOTTE, Diet, de la civilisation égyptienne, s.v. Lion, 150 с
6. Ibid., 151 с.
7. CdE, 1955, 49.
8. Ibid., 51-52. DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 65
largement à la Basse Egypte. On trouve ainsi dans le Sud : Hathor
de Gebelein, une "Dame de la Bouche-de- Vallée" à El-Kab, Mehyt à
Meshayikh, Matit à Deir el-Gebrawi, Pakhet au Spéos Artémidos,
une Hathor "Dame de la Bouche-de-Vallée" à Tehneh, ainsi qu'un
Amon-lion ; enfin, vers Memphis, Sakhmis est "à la tête de la
Vallée". On pourrait même supposer que des cultes plus éloignés du
désert ont pu naître au bord de celui-ci : e.g. Miôs et Tout à Kôm
Ishkâou, sinon "L'Egorgeuse" d'Esna. Bien d'autres fauves se
retrouvent à portée des pistes qui rayonnent aux lisières du Delta.
Dans l'Ouest, Sakhmis apparaît, à ma connaissance, près de Gîza et
d'Aushîm, à Qattah, à Terenouthis, à Kôm el-Hisn et Kôm Fîrin ; à
l'Orient, on notera les deux lions d'Héliopolis, Oubastis, à
Léontopolis - Yahûdîyeh, Shesemtet à Saft, l'Horus-lion de Silé ; il
est probable que Tell Basta, métropole d'Oubastis et de Miôs, était
plus proche, à la préhistoire, de la zone "où les lions vont boire", et
Léontopolis-Muqdâm, paradoxalement sise au coeur du Delta, n'en
est sans doute qu'une colonie récente" 9.
La toponomastique permet une approche encore plus précise du
culte du lion dans le Delta. J. Yoyotte relève 10 que le grec a donné le
nom de Léontopolis à quatre localités : singulièrement à Alexandrie,
selon des sources tardives n, à Bouto (Tell el-Farâin), appelée
Léontôn par les chrétiens 12, et à deux places dénommées la "Cité des
Lions". L'une est la Léontôn polis de l'Héliopolite, aujourd'hui Tell
el-Yahûdîyah, qui fut donnée à Onias IV par Ptolémée Philométôr,
pour y installer une colonie juive et un temple conçu sur le modèle de
celui de Jérusalem 13, l'autre la Léontôn polis, métropole d'un nome
Léontopolite, située à Tell-Muqdâm, à proximité de Mit Ghamr, en
direction de Zagazig 14.
C'est dans cette dernière ville que le culte du Lion était
particulièrement important. D'après G. Maspero et certains
archéologues 15, les ruines de cette Léontopolis se seraient appelées
9. Cf. Y. YOYOTTE, La ville de 'Taremou" (Tell el-Muqdâm), dans
BIFAO 52 (1953) 190-192.
10. Annuaire de l'EPHE, 5e section, 96 (1987-1988) 156.
11. A. CALDERINI, Dizionario, I, 58.
12. MUNIER, Liste d'évêchés, 45.
13. josèphe, Ant. Jud., XIII, 3, 2.
14. Cf. RE 7 (1925) s.v. Léontopolis 7 (H. KEES) ; Lex. der Àgypt. VI (1986)
s.v. Tell el-Moqdam (Farouk GOMA A).
15. G. MASPERO, Egypte (1912 ; rééd. 1989) 286 ; P. PERDRIZET, Mon.
Piot, XXV, 1921-1922, 351. 66 Etienne BERNAND
le "kôm du Lion" ou "des Lions" (Tell es sab,

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