Le développement de l intelligence et les structures paléo-biopsychologiques - article ; n°5 ; vol.59, pg 389-406
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Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1962 - Volume 59 - Numéro 5 - Pages 389-406
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie Henriette Alimen
M. Goustard
Le développement de l'intelligence et les structures paléo-
biopsychologiques
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1962, tome 59, N. 5-6. pp. 389-406.
Citer ce document / Cite this document :
Alimen Marie Henriette, Goustard M. Le développement de l'intelligence et les structures paléo-biopsychologiques. In: Bulletin
de la Société préhistorique française. 1962, tome 59, N. 5-6. pp. 389-406.
doi : 10.3406/bspf.1962.3836
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1962_num_59_5_3836Le développement de l'intelligence
et les structures Paléo-Biopsychologiques
PAR
M.-H. AL1MEN et M. GOUSTARD *
Le problème du développement de l'intelligence, depuis les stades les plus
archaïques de l'humanité, reste encore obscur. Il semble toutefois que la prise
en considération de plusieurs faits puisse lui donner un nouvel éclairage.
Les techniques, qui constituent le témoignage essentiel des comportements
qui leur ont donné naissance, peuvent être étudiées, non seulement d'un point
de vue fonctionnel, mais également d'un point de vue structural. Elles sont
produites par un être dont l'organisation psycho-physiologique et comporte
mentale présente certaines caractéristiques. A ce titre, elles manifestent un
type particulier d'organisation structurale, permettant des modalités particul
ières de l'adaptation de l'être vivant au milieu extérieur. L'évolution des
techniques au cours de la préhistoire traduit le double et complémentaire
développement des structures neurophysiologiques et intellectuelles de l'être
qui fabrique et utilise sa propre industrie.
Mais l'analyse du développement des structures paléo-biopsychologiques
requiert la confrontation de plusieurs ordres de faits.
La nécessité d'une mise en série des réalisations des techniques humaines
d'une part, et de celles de l'évolution biologique d'autre part est ressentie par
les technologues; la référence de la Biologie permet d'insérer les techniques
humaines dans les déterminismes; généraux de l'adaptation biologique, et d'éta
blir les caractères spécifiques des techniques humaines par rapport aux techni
ques utilisées par l'animal, mais aussi, du point de vue méthodologique, ce qui
n'est pas un avantage négligeable, elle permet de classer un matériel très hété
rogène.
Les phénomènes psychologiques, on le sait aujourd'hui, s'insèrent eux aussi
dans la biologie. Si l'intelligence se construit en passant par des, paliers success
ifs à l'origine, elle plonge ses racines dans l'organisation biologique. Au terme
de son développement chez l'homme, l'intelligence est un instrument privilégié
d'adaptation du sujet à son environnement, les opérations supérieures de la
pensée prolongeant et achevant l'ensemble des processus adaptatifs, créant des
adaptations à la fois illimitées et équilibrées entre elles, impossibles à réaliser
sur le plan de la vie organique.
Ainsi, du point de vue structural, le développement des techniques humaines
traduit et prolonge l'un des processus fondamentaux de l'évolution biologique :
il manifeste un développement des structures psycho-biologiques, dont nous
nous proposons d'étudier ici les lois générales de construction.
I. — LE DÉVELOPPEMENT DES STRUCTURES PSYCHO-BIOLOGIQUES ET
L'ÉVOLUTION PHYLOGÉNÉTIQUE
Deux phénomènes biologiques principaux retiennent l'attention. Le premier
concerne le processus de l'adaptation. L'évolution des organismes vivants ne
se caractérise pas par une adaptation de plus en plus perfectionnée au milieu,
mais par un affranchissement de plus en plus grand vis à vis des conditions
offertes par le milieu (Meyer 1957).
L'adaptation se marque donc par une distanciation par rapport au milieu.
Ce phénomène n'est pas un phénomène biologique simple, mais un phénomène
(*) Séance de février 1962. 390 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
psycho-biologique. L'organisme ne peut être entièrement décrit selon les modal
ités particulières de sa structure anatomique et de son fonctionnement interne,
mais par rapport aux conditions du milieu extérieur, c'est-à-dire par l'organi
sation psycho-biologique de son champ spatio-temporel. Le système biologique
déborde ses dimensions physiologiques pour intégrer la dimension comporte
mentale : l'homéothermie est assurée par une régulation physiologique insépa
rable des déplacements dans l'espace, permettant une économie de dépenses
énergétiques. La régulation du comportement peut prendre soit la forme d'une
exploration individuelle du milieu, soit une simple stabilisation dans un milieu,
rencontré, soit celle d'un héréditaire (migrations des Poissons
ou des Oiseaux), soit, plus rarement, la forme d'une modification du milieu
lui-même. L'adaptation est ici caractérisée par un phénomène de distanciation
par rapport au milieu.
La modification du milieu possède un caractère particulier chez les Insectes
sociaux (Termites et surtout Abeilles) ; elle est corrélative d'un développement
psychique et d'une organisation anatomo-physiologique hautement différenciée.
Chez les Insectes sociaux, le milieu social joue un rôle considérable comme fac
teur biologique : le phénomène d'association crée pour les individus un nouveau
biotope, un «milieu tampon» entre l'organisme et le milieu.
Chez l'Homme, les techniques peuvent être considérées comme des prolon
gements, en circuit externe, d'une fonction biologique déterminée. Les milieux
tampons créés par le vêtement, l'habitat, etc.. ont les mêmes effets que tout
autre fait de régulation biologique. Non seulement, ils contribuent à maintenir
une constante thermique déterminée, mais encore ils libèrent l'organisme lui-
même d'une partie de la dépense énergétique nécessaire à la régulation physio
logique : cette portion de la dépense énergétique est rejetée sur un système
extérieur à l'organisme, mais cependant intégré dans le circuit biologique.
La vie sociale, là où elle est réalisée chez les animaux, chez les Insectes
sociaux par exemple, joue un rôle essentiel : le champ spatio-temporel qui
entoure l'individu résulte de l'interférence organisée des activités et des com
portements d'un grand nombre d'individus. L'organisation sociale permet un
développement des techniques qui soustrait presque complètement l'organisme
individuel au contact du milieu physique et réalise autour de lui un milieu
tampon avec lequel il entre seul en relation. Le milieu social réalise la même
dimension biologique que toute autre structure biologique. La société, chez
l'Homme, comme chez les organismes biologiques, et notamment les Insectes
sociaux, crée non seulement un nouveau biotope, mais aussi un nouveau psy-
chotope. Chez l'Homme, ce nouveau psychotope réagit sur le comportement, et
donc sur le développement de l'intelligence.
L'organisation sociale présente donc une dimension biologique plus exact
ement psycho-biologique.
Ainsi, l'une des caractéristiques de l'évolution, aux échelons supérieurs des
deux Phyla des Invertébrés et des Vertébrés, est de créer en quelque sorte une
distanciation (Viatte), un certain milieu-tampon, un affranchissement relatif
(Meyer) par rapport au milieu extérieur. Ce processus est corrélatif d'un
développement des capacités psychiques hautement différencié, dans l'un et
l'autre Phylum. Le «langage» des Abeilles est le meilleur exemple de cette
activité symbolique que l'on croyait, jusqu'à une époque récente, caractéris
tique unique de l'Homme.
En outre, les techniques humaines et animales s'insèrent dans la biologie,
comme tout autre phénomène psycho-biologique. Dès lors, il est possible d'étu
dier le développement de l'intelligence, du point de vue de l'insertion des struc
tures psychologiques dans l'organisation biologique, et ainsi d'établir un pont
entre la technologie préhistorique et les processus biologiques fondamentaux.
Enfin, loin de constituer un fait premier, l'intelligence appara

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