Le diplôme original de Louis le Pieux et Lothaire (825) pour 1 abbaye de Corbie, à propos d un document récemment mis en vente. - article ; n°2 ; vol.149, pg 405-420
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Le diplôme original de Louis le Pieux et Lothaire (825) pour 1'abbaye de Corbie, à propos d'un document récemment mis en vente. - article ; n°2 ; vol.149, pg 405-420

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1991 - Volume 149 - Numéro 2 - Pages 405-420
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 67
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laurent Morelle
Le diplôme original de Louis le Pieux et Lothaire (825) pour
1'abbaye de Corbie, à propos d'un document récemment mis en
vente.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1991, tome 149, livraison 2. pp. 405-420.
Citer ce document / Cite this document :
Morelle Laurent. Le diplôme original de Louis le Pieux et Lothaire (825) pour 1'abbaye de Corbie, à propos d'un document
récemment mis en vente. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1991, tome 149, livraison 2. pp. 405-420.
doi : 10.3406/bec.1991.450621
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1991_num_149_2_450621MELANGES
LE DIPLÔME ORIGINAL DE LOUIS LE PIEUX ET LOTHAIRE (825)
POUR L'ABBAYE DE CORBIE
À PROPOS D'UN DOCUMENT RÉCEMMENT MIS EN VENTE
par
LAURENT MORELLE
La pièce originale la plus ancienne du chartrier de Corbie, abbaye royale fondée
en 657/661, est un diplôme donné à Aix-la-Chapelle en 825, par lequel les emper
eurs Louis le Pieux et Lothaire renouvellent, à la prière du célèbre abbé Adalard,
l'immunité du monastère et reconnaissent aux moines la libre élection de leur abbé.
Encore conservé dans les archives de l'abbaye à la fin de l'Ancien Régime, le docu
ment fut distrait du fonds à une époque indéterminée pour passer avant 1836 entre
les mains d'un collectionneur picard, le banquier Jean-Baptiste Ledieu, mort en
1842 1. A la fin du siècle, le précieux parchemin appartenait à son petit-fils Maur
ice Ledieu, un banquier lui aussi, bien vite retiré des affaires2. Par le truchement
de son frère Léon, ancien banquier devenu trésorier de la Société des antiquaires
de Picardie 3, Maurice Ledieu accorda à Clovis Brunei la faculté d'examiner le
1 . Sur ce personnage fortuné, ses investissements fonciers dans la Somme, le Pas-de-Calais
et le Nord, et son rôle dans la société intellectuelle amiénoise, voir Gonzague Tierny, Les
sociétés savantes du département de la Somme de 1870 à 1914, Paris, 1987, notamment
p. 148-149 (richesse foncière et mode de vie). Jean-Baptiste Ledieu « recueillit » d'autres
documents prestigieux de l'abbaye de Corbie, notamment la bulle en papyrus de Benoît III
(855) qu'il légua à la Bibliothèque municipale d'Amiens en 1835 : voir Clovis Brunei, Bulle
sur papyrus de Benoît II J pour l'abbaye de Corbie (855), Amiens-Paris, 1912 (Société des anti
quaires de Picardie, Fondation Henri Debray), p. 3. En 1836, Ledieu communiqua le par
chemin pour expertise à Jean- Jacques Champolïon-Figeac : sur ce point et sur les mésavent
ures du document depuis 1780, voir Clovis Brunei, L'original du diplôme des empereurs
Louis le Pieux et Lothaire pour l'abbaye de Corbie (825), dans Le Moyen Age, t. 25, 1912,
p. 129-143, à la p. 130.
2. G. Tierny, op. cit., p. 149. En 1881, la quarantaine venue, Maurice Ledieu mit fin
à ses activités bancaires pour vivre de ses revenus fonciers et se livrer à de multiples activités
culturelles et sociales.
3. Sur cette personnalité, voir la notice biographique par Georges Durand, dans Bulletin
de la Société des antiquaires de Picardie, t. 31, 1926-1928, p. 414-420.
Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. 149, 1991. LAURENT MORELLE 406
diplôme en le déposant temporairement aux Archives départementales de la Somme.
Les conclusions de cet examen furent consignées dans un article remarquable paru
en 1912 4, qui constitue l'étude fondamentale sur le document. Après cette date,
le diplôme de 825 retomba dans l'oubli et l'on pouvait craindre une disparition
définitive.
Or ce document vient de refaire surface : il a été mis en vente le 10 juin 1991,
par les soins de l'expert en livres anciens Pierre Berès5. Celui-ci, avec une par
faite courtoisie et une compréhension immédiate des intérêts de la recherche, m'a
donné le loisir d'en faire un nouvel examen attentif après restauration6. Je vou
drais simplement livrer ici les fruits de ce réexamen, me bornant à dire ce que de
meilleures conditions d'investigation7 permettent d'ajouter aux résultats obtenus
il y a quatre-vingts ans par mon illustre devancier.
Ce diplôme se présente à nous sous la forme d'un parchemin de 575 mm de
largeur sur 570 mm de hauteur; ces dimensions sont probablement inférieures à
celles de la feuille primitive; en tout cas, le haut et le bas du parchemin ont été
rognés, à l'époque moderne vraisemblablement8. Comme l'avait noté Clovis Bru
nei, le parchemin est « troué » en plusieurs endroits; il manque notamment au bas
de l'acte, à gauche de l'emplacement du sceau, une large surface qui devait porter
la ruche ; deux autres lacunes affectent notablement le texte. Deux anciennes pliures
4. Art. cit., n. 1.
5. Plaquette de présentation : Deux manuscrits des VIIIe et IX' siècles : original du diplôme
octroyé à l'abbaye de Corbie en l'an 825 et fragment inconnu d'un manuscrit de Grégoire
le Grand en écriture dite de Luxeuil, du huitième siècle. Vente aux enchères publiques à Paris
le lundi 10 juin 1991 à 15 heures, Paris, 1991, 6 p. sous forme de dépliant, illustrations.
A propos de la provenance du parchemin, cette notice précise : « ... Maurice Ledieu le transmit
ensuite à sa fille, Anne Gondalier de Tugny. Demeuré dans la maison des Tugny à Abbev
ille, rue des Saintes-Mariés, il échappa miraculeusement à l'occupation et au pillage de cette
maison durant la seconde Guerre mondiale, à l'issue de laquelle il fut recueilli par son actuel
propriétaire [le comte Geoffroy de Villoutreys-Brignac]. »
6. Je remercie chaleureusement Hartmut Atsma et Jean Vezin qui m'ont signalé le docu
ment; ma gratitude va tout spécialement à Dominique Coq, dont l'entremise efficace m'a
préparé les meilleures conditions de consultation.
7. C'est-à-dire le nettoyage et la restauration du parchemin, le décollement du papier de
protection au verso et le secours de la lampe de Wood.
8. Dans les années 1220, on porta au verso une copie du diplôme et diverses mentions
(voir ci-après) ; les premières lignes de cette copie et les mentions courent de bord à bord
et perpendiculairement au sens de l'écriture du diplôme ; on note un manque de texte d'un
centimètre environ d'un côté et d'autre; or le copiste du cartulaire Esdras (Bibl. nat., lat.
17760, fol. 3v) qui recopia ces mentions vers 1480 avait manifestement devant lui un texte
complet, indice que le support n'était pas encore rogné. MÉLANGES 407
verticales sont encore nettes, à 21 cm environ de chaque bord. Du sceau, il ne
subsiste que les incisions en croix de saint André, à 11,2 cm du bord droit et à
6,6 cm du bord inférieur, chaque incision ayant environ 2 cm de long. Il est à pen
ser que le sceau se trouvait encore plaqué sur le parchemin vers 1220 9.
Clovis Brunei a souligné l'état de conservation désastreux du parchemin et sa
réputation, bien établie au XIXe siècle, d'être « totalement illisible » 10. Le parche
min était sans doute détérioré dès le XIIIe siècle11, en tout cas, son état ne fit
qu'empirer par la suite ; outre une certaine desquamation de la surface, l'encre en
était devenue fort pâle à la fin du XVIIIe siècle, au point que, pour la raviver, l'on
badigeonna les lignes d'écriture à la noix de galle; bien entendu, le remède fut
pire que le mal, ce qui découragea l'ardeur érudite pour plus d'un siècle12.
Le parchemin a été réglé de quatorze lignes rectrices fortement marquées, espa
cées de 37 mm environ (largeur assez constante) 13. Le texte couvre près de dix
lignes ; le signum de Louis occupe la douzième, celui de Lothaire la treizième ; la
souscription de chancellerie suit la dernière. Tout au bas de la feuille, la date se
trouve hors réglure.
9. Après six lignes d'écriture courant d'un bord à l'autre de la feuille, la copie dorsale
du diplôme (voir n. précédente) prend soin d'éviter l'espace de l'incision et son pourtour,
d'où une justification à gauche en retrait d'une douzaine de centimètres ; une telle précaut
ion ne se justifie que par la présence d'une galette de cire à protéger, à tout le moins empêc
hant l'utilisation commode du parchemin à cet endroit. Par ailleurs, deux copies du diplôme
(lat. 17764, fol. 20v; lat. 17758, fol. Iv), œu

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