Le diptyque de Stilicon au trésor de Monza - article ; n°1 ; vol.2, pg 5-35
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1882 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 5-35
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1882
Nombre de lectures 65
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Camille Jullian
Le diptyque de Stilicon au trésor de Monza
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 2, 1882. pp. 5-35.
Citer ce document / Cite this document :
Jullian Camille. Le diptyque de Stilicon au trésor de Monza. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 2, 1882. pp. 5-35.
doi : 10.3406/mefr.1882.6832
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1882_num_2_1_6832DIPTYQUE DE STILICON LE
AU TRÉSOR DE MONZA.
Le trésor de la cathédrale de Monza est le plus précieux et
le plus riche dépôt d'antiquités nationales que possède la Lom-
bardie. Depuis les bijoux de la reine Théodelinde jusqu'aux pains
d'argent donnés par Napoléon Ier, tous les princes qui ont ceint
tour-à-tour la couronne de fer y ont laissé la trace de leur royauté.
Il y reste même des souvenirs de temps plus anciens, où la Trans-
padane était encore une province de l'Empire romain : tels sont
trois diptyques célèbres, et, parmi eux (1), celui que nous croyons
être un diptyque de Stilicon (2).
Les deux feuilles d'ivoire, séparées aujourd'hui, mais qui fo
rmaient sans aucun doute un seul et même diptyque, représent
ent, l'une un général armé de la lance et la main reposant sur
un bouclier, l'autre une femme à la droite de laquelle est un
enfant qui paraît avoir de dix à douze ans. Aucune inscription ne
vient nous apprendre la date du diptyque, ou le nom de ces trois
(1) Les deux autres diptyques sont, l'un, une imitation de diptyque
consulaire (Gori, Thés. vet. dipt., II, p. 218; Meyer, Zwei antike El
fenbeintafeln, Munich, 1879, n° 37); l'autre, un diptyque à figures
allégoriques (Gori, II, p. 248; Meyer, n° 51).
(2) Reproduit dans Gori, II, p. 242, table 7 ; Didron, Ann. arch.
XXI, pp. 222. 225 ; Labarte, Hist, des arts industriels, I, pi. 1 ; Wyatt,
Notices on ivory carvings of the Arundcl Society, App., p. 5; Qui-
cherat, HisL du costume en France, pp. 66. 69. 76 ; Jacquemin, Icono
graphie du costume, pi. 101. 169; ces ouvrages sont trop connus pour
qu'il soit besoin de donner ici une représentation nouvelle. A l'aide du
dernier surtout, le lecteur pourra suivre notre description. LE DIPTYQUE DE STILICOK 6
personnages. Mais ce que l'épigraphie ne peut nous donner, l'
étude minutieuse des costumes le révélera peut-être. Ce genre de
renseignements n'a pas la précision quasi mathématique de l'ép
igraphie: il n'en offre pas moins une certaine garantie d'exactitude,
surtout quand il s'agit des représentations figurées du cinquième
ou du sixième siècle ; or c'est à ces siècles qu'appartiennent les
sculptures de tous les diptyques païens. A partir des temps de
Dioclétien et de Constantin, sur les médailles, dans les bas-rel
iefs, dans les monuments de toute sorte, les moindres détails
que présentent le vêtement et l'équipement des personnages offi
ciels sont d'une fidélité rigoureuse : ils ont une véritable valeur
d'étiquette. On ne représente jamais un Empereur sans la fibule
à trois franges, un consul sans la mappa circensis et le sceptre
à tête d'aigle, un patrice sans la chlamyde. On sait avec quelle
excessive minutie les constitutions impériales non seulement
fixaient les rangs de préséance, mais encore réglaient les costumes
de cérémonie comme les habits ordinaires des magistrats. Les
différentes classes de sénateurs se reconnaissaient à leurs tuni
ques (1) ; les légions avaient pour insignes les figures de leurs
boucliers ; les personnages officiels, les couleurs ou la forme de
leurs vêtements. L'art de ces temps est l'image frappante de la
société, où les moindres détails de la vie officielle sont classés,
ordonnés, réglés d'avance. Je ne parle pas seulement de la pein
ture ou de la sculpture. La poésie tend, elle aussi, à avoir ce
caractère d'extrême précision. Il est facile de retrouver, même
chez Claudien (2), la copie fidèle des usages de la cour sous le
déploiement excessif des fantaisies mythologiques. Le modèle, en
ce genre, est Corippe : s'il décrit la procession consulaire de l'Em-
(1) Meyer, p. 26 ; Alexandre Sévère songea le premier à établir
ces distinctions, Vita Alexandri, 19.
(2) Voyez Ed. Vogt, Claudiani carminum quae Siiliconem praedi-
cant fides historica, Bonn, 1863. TRESOR DE MONZA i AU
pereur Justin, on voit les divers corps de l'Etat, les magistrats,
les officiers, les troupes de garde, défiler successivement dans ses
vers, et, par un étrange tour de force, sans que leurs noms soient
trop défigurés, sans que les rangs fixés par l'étiquette soient le
moins du monde intervertis. D'autres pourront se plaindre de ce
caractère de l'art romain ou byzantin; mais c'est pour les ar
chéologues une bonne fortune, qui leur fait moins regretter que
cette époque soit si pauvre en textes épigraphiques.
Le personnage principal du diptyque est un homme d'une
cinquantaine d'années, assez maigre, de haute stature. La figure,
énergique, n'a pas le type romain. C'est d'ailleurs la seule chose
qui pourrait nous faire supposer qu'il s'agît d'un barbare au
service de l'Empire. Tous les autres détails rappellent Rome et
ses usages. La barbe allongée, taillée en pointe, est tout-à-fait
semblable à celle que portent les saints des mosaïques de Saint-
Pierre Chrysologue à Ravenne (1). Cela seul prouve que nous
n'avons pas affaire à un Empereur : depuis Constantin jusqu'à
Maurice, aucun prince n'a gardé la barbe, sauf Julien (2) ; ce que
les habitants d'Antioche reprochaient à ce dernier, ce n'était pas
sans doute seulement de la porter u à la philosophe „, mais aussi,
étant Empereur, de la laisser croître. En revanche, les plus hauts
fonctionnaires de la cour ont conservé l'habitude des Empereurs
du troisième siècle : Flavius Félix, consul en 428 (3), porte la barbe
comme le personnage de notre diptyque; chez Asturius, consul
en 449 (4), elle est plus longue et taillée en deux pointes. A part
ir de ce moment, le port de la barbe s'éloigne toujours plus du
(1) Première moitié du cinquième siècle , Garrucci , St. delVarte
crist., IV, tav. 224,
(2) Marquardt, Privatalterthuemer (1867), II, p. 201.
(3) Sur son diptyque, voy. Gori, I, p. 129 ; Lenormant, Trésor de
glyptique, II, t. 12.
(4) Gori, I, p. 58. LE DIPTYQUE DE STILlCOK 8
type de notre diptyque, dont il ne se rapprochera qu'au temps
de Phocas.
Les cheveux, coupés ras sur le haut de la tête, s'allongent
et s'arrondissent sur le front, pour l'envelopper comme d'un
bourrelet. Cette coiffure fut à la mode au temps de la dynastie
théodosienne, si l'on en juge par les mosaïques de Saint-Pierre
Chrysologue, par le diptyque de Félix et les personnages repré
sentés sur le disque de Théodose, à Madrid (1).
Les manches longues et étroites de la tunique ne laissent à
découvert qu'une petite partie du poignet ; cette tunique est donc
la tunica manicata, qui était au quatrième et au cinquième siè
cle le vêtement de tous les Romains de distinction. L'histoire
en est celle de toutes les parties du costume romain: les eff
éminés et les élégants la portèrent (2) dans les premiers siècles,
malgré les risées de la foule et les reproches des citoyens, qui
ne comprenaient pas qu'on pût ainsi s'emprisonner les bras à
plaisir. Puis, les Empereurs du troisième siècle l'adoptèrent : Gai-
lien, celui de tous qui se piqua le plus de donner le ton à la
mode, l'introduisit à la cour (3). L'usage n'en fut jamais aussi
général qu'au temps où écrivait Saint-Augustin (4). Les plus
riches tuniques de ce genre étaient les * paragaudes „, faites
d'étoffe de laine ou de lin entretissée de soie, teintes en blanc
et bordées de pourpre. Tels étaient, par exemple, les vêtements
d'honneur que les Empereurs envoyaient (5) à leurs généraux. La
(1) Disque d'argent votif trouvé à Almendralejo ; voy. Delgado,
Memoria... sobre el gran disco de Theodosio, Madrid, 1849.
(2) Aulu-Gelle, 6, 12 ; Asconius, p. 335, Orelli ; Cic, Catilin. II, 10, 22.
(3) Vita Gallien. II, 16, 4 : " purpuram tunicatam auratamque
virilem eamdemque manicatam babuit.„
(4) De doctrina christ., 3, 20, Migne, XXXIV, 75.
(5) Gallien, Vita Claudii, 17, envoie à son tr

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