Le gigantisme architectural en Union soviétique - article ; n°1 ; vol.42, pg 45-67
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Description

Communications - Année 1985 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 45-67
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anatole Kopp
Le gigantisme architectural en Union soviétique
In: Communications, 42, 1985. pp. 45-67.
Citer ce document / Cite this document :
Kopp Anatole. Le gigantisme architectural en Union soviétique. In: Communications, 42, 1985. pp. 45-67.
doi : 10.3406/comm.1985.1625
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1985_num_42_1_1625Anatole Kopp
Le gigantisme architectural
en Union soviétique
Pour aborder le gigantisme architectural en Union soviétique, il
convient d'en replacer la tendance dans l'histoire de l'architecture et de
l'urbanisme après la révolution d'Octobre. D'une façon générale, on
peut en concevoir trois grandes périodes avant celle qui suit la mort de
Staline et dont nous ne parlerons pas ici.
I. LE GIGANTISME DANS L'HISTOIRE DE LURBANISME
ET DE L'ARCHITECTURE SOVIÉTIQUES.
La première période ne fait, pour ainsi dire, que continuer dans la
pratique ce qui se faisait avant la révolution, tandis que voient le jour de
nombreux projets... sur le papier. Un des plus célèbres est la fameuse
« tour de Tatline », monument à la IIIe Internationale, présentée sous
forme de maquette en 1921. mais qui ne fut jamais réalisée.
La seconde est celle des recherches constructivistes proprement dites,
de 1925 à 1932, grande période de l'architecture moderne qui se
cherche dans la confusion des tendances et l'attente de programmes
caractéristiques des temps nouveaux. Pour les constructivistes, il s'agit
d'inventer le cadre de vie de l'homme nouveau que forgera la société
socialiste. D'où un certain nombre de débats théoriques sur l'utilisation
de procédés modernes liés aux innovations technologiques, sur la
planification urbaine et l'aménagement du territoire avec notamment
ceux entre les tenants de l'urbanisation et les « désurbanistes ». D'où
aussi ces réalisations et projets novateurs comme les clubs ouvriers, les
Maisons-Communes, les diverses formes de collectivisation du mode de
vie, mais aussi des projets de bâtiments publics comme celui de
I. Leonidov pour le commissariat à l'Industrie de 1930.
Insensiblement, on passe alors à une troisième époque que l'on peut
appeler stalinienne. Clôturant les débats et les discussions constructivist
es, on y met en œuvre une architecture qui s'affirme comme l'expres
sion, dans ce domaine, du réalisme socialiste.
45 Anatole Kopp
Le palais des Soviets, 1930-1939.
Un moment important de cette évolution est le concours ouvert pour
le palais des Soviets en 1930. Dans une première phase sont invités à
concourir douze architectes internationaux représentants de diverses
tendances et orientations, dont Le Corbusier, les Soviétiques n'étant
qu'au nombre de trois. Mais, fait significatif, parmi ces architectes
soviétiques ne figure aucun des représentants des grandes organisations
d'architectes qui ont marqué les années vingt ; leur désignation est donc
en contradiction avec les critères utilisés pour choisir la majorité des
étrangers que l'on peut tous classer parmi les « modernes » . Sur la base
des données obtenues dans le cadre de cette compétition préalable, le
programme d'un deuxième concours est établi. Malgré l'absence quasi
totale des constructivistes, plus occupés à se défendre contre les attaques
dont ils sont l'objet qu'à participer à un concours dont le but même est
étranger à leur doctrine (fondée sur le rejet du symbolisme), leur
influence est clairement visible dans la majorité des cent soixante projets
proposés, qui se réfèrent le plus souvent aux formes « modernes » de
l'architecture européenne et témoignent de préoccupations « fonctio
nnantes » certaines. C'est pourquoi les résultats de 1932 constituent une
surprise. Trois prix exceptionnels récompensent deux projets soviétiques
et un américain résolument passéistes, tandis que des « premiers prix »
semblent plus consacrer des prises de position politique qu'une recher
che architecturale. Ces , résultats illustrent parfaitement le tournant
survenu en 1930-1932. La deuxième phase du concours montre bien
que, contrairement à ce que pensaient la plupart des participants, le
pouvoir a opté pour une - architecture inspirée des modèles néo
classiques. Et il s'agit bien du pouvoir ou tout du moins d'organismes
anonymes, distincts des cercles d'architectes qui, jusqu'à ce moment, se
sont exprimés. Ce retour à l'héritage historique s'accompagne d'un rejet
des thèses que les divers mouvements « prolétariens » avaient élaborées,
s'inspirant le plus souvent, sans toutefois y faire explicitement référence,
des thèses du Proletkult des années qui suivirent immédiatement la
révolution. De nouveaux théoriciens se donnent dès lors pour tâche de
mettre en forme la nouvelle conception officielle. Ainsi au lendemain de
ce jugement, I. Boblyj procède à une critique de ce que, désormais, il est
convenu d'appeler le « nihilisme gauchiste » et, faisant appel à l'autorité
d'un critique d'art toujours dans la ligne, I. Matza, il se sent en position
d'aborder en toute sécurité un thème qui sera désormais au centre du
débat sur l'architecture, celui de l'héritage. Il ne s'agit plus d'inventer
des formes nouvelles qui seraient celles de l'architecture de la société
socialiste (le terme de « prolétarienne » est de moins en moins employé),
mais de mettre au point des méthodes a" assimilation de Vhéritage
historique. C'est sur cette nouvelle base que s'ouvre la troisième phase
46 gigantisme architectural en Union soviétique Le
du concours où s'affrontent cinq équipes et qui couronne le projet
soumis par B. Yofan. Son dernier projet n'est plus celui qu'il avait
présenté au concours ouvert. Yofan a tenu compte des recommandations
du Conseil de construction et a rassemblé les différents éléments du
projet en un ensemble unique dans lequel une tour cylindrique surmonte
un « étage noble » où se trouvent réuni les salles de réunion et leurs
services annexes. Cette tour est surmontée d'une statue représentant un
ouvrier. Le projet sert de base à une mise au point à laquelle contribuent
deux autres architectes, V.A. Schtiouko et V.G. Gelfreich. Le projet
définitif, établi en 1939, fait apparaître comme modestes les program
mes précédents : la hauteur du palais sera de 420 mètres, la salle
principale passe de 15 000 à 21 000 places, la hauteur sous plafond est
de 100 mètres, la statue de Lénine qui couronne le tout est elle-même, et
de loin, la plus grande du monde. Enfin, l'ensemble des quartiers situés
à l'ouest du Kremlin dans le prolongement du palais des Soviets fait
l'objet d'un remaniement général par rapport au palais dont il est
précisé que le volume est le centième de celui de la ville de Moscou tout
entière. Commencés en 1939, les travaux sont interrompus par la guerre
en juin 1941 et ne seront jamais repris. Dans les fondations coulées en
1940-1941 sera plus tard construite... la piscine en plein air de
Moscou !
Le projet du palais des Soviets a joué un rôle capital dans l'histoire de
l'architecture de la* période stalinienne. Il a été le lieu principal de la
rupture avec les recherches des constructivistes des années vingt. Il
marque un tournant important dans les conceptions officielles avec ce
retour au classicisme, la valorisation du symbolisme, le culte explicite du
façadisme, du monumentalisme et même du gigantisme baptisé « réa
lisme socialiste » ; il s'accompagne d'une réorganisation de la profession
d'architecte avec la création en 1932 de l'Union des architectes ; il
manifeste enfin l'intervention directe du Parti dans les affaires architec
turales. Le fait que le Conseil de construction soit présidé par V. Molo-
tov, l'un des plus proches collaborateurs de Staline, montre bien toute
l'importance que ce projet revêt aux yeux des autorités, et le rôle
dirigeant joué par le Parti et par l'État dans le déroulement du concours.
Chaque décision importante a été prise avec l'accord du Parti, et
probablement sur son ordre, et des organismes gouvernementaux. Celle
de revenir à la tradit

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