Le monument à Pelletier et Caventou : ses souscripteurs girondins - article ; n°345 ; vol.93, pg 136-142
8 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le monument à Pelletier et Caventou : ses souscripteurs girondins - article ; n°345 ; vol.93, pg 136-142

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
8 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2005 - Volume 93 - Numéro 345 - Pages 136-142
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 6
Langue Français

Extrait

Guy Devaux
Le monument à Pelletier et Caventou : ses souscripteurs
girondins
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 93e année, N. 345, 2005. pp. 136-142.
Citer ce document / Cite this document :
Devaux Guy. Le monument à Pelletier et Caventou : ses souscripteurs girondins. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 93e
année, N. 345, 2005. pp. 136-142.
doi : 10.3406/pharm.2005.5787
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2005_num_93_345_5787136
LE PATRIMOINE
PHARMACEUTIQUE
Le monument à Pelletier et Caventou : ses souscripteurs girondins
Beaucoup d'entre nous connaissent le monument qui orne la place Louis-Marin
à Paris, au débouché des rues Henri-Barbusse et de l'Abbé-de-l'Épée sur le boule
vard Saint-Michel. Il honore la mémoire des deux grands pharmaciens Joseph
Pelletier et Joseph-Bienaimé Caventou, les illustres découvreurs de la quinine,
remplaçant depuis 1951 le monument initial détruit dix ans auparavant par l'occu
pant allemand.
La découverte de la quinine avait été divulguée en 1 820. Son intérêt dans le tra
itement des fièvres intermittentes, constaté par les médecins militaires pendant les
campagnes d'Espagne en 1823 et de Morée en 1828 l, fut définitivement confirmé
par François Clément Maillot lors de la conquête de l'Algérie. Il précisa les doses
efficaces et les modalités d'administration 2. Les résultats remarquables dont fit état
sa communication à l'Académie de médecine le 30 mai 1835 conférèrent à Maillot
un indéniable prestige, d'autant plus durable qu'en apportant la sécurité sanitaire il
permit aux colons de mettre en valeur la plaine de la Mitidja. Aussi, vite après sa
mort, survenue en 1894, pensa-t-on à l'honorer, notamment en inaugurant presque
simultanément, dès le mois d'octobre 1896, buste et statue à son effigie à l'hôpital
civil d'Alger et dans sa ville natale de Briey (Meurthe-et-Moselle) 3.
1. R. Izac, « Le traitement du paludisme par les fortes doses de sulfate de quinine avant Antonini et
Maillot », Lyon pharm. 1974, 25 (5), p. 569-574.
2. R Lefebvre, « La lutte contre le paludisme en Algérie pendant la conquête. François Maillot (1804-
1894) », Rev. Hist. Pharm. 1989, 36 (281-282), p. 153-161.
3. La statue en bronze de Maillot érigée à Briey en 1896 fut déboulonnée par les Allemands le 11 juillet
1917 et envoyée à la fonte pour servir à l'armement prussien. Ce n'est qu'en 1989 qu'elle fut remplacée par
une autre statue, actuellement installée à proximité du Belvédère, non loin de l'Hôtel-de- ville de Briey.
(F. Heller, Briey, 2000 ans d'histoire, Nancy, Éd. Serpenoise, 1995.) (« Un illustre médecin militaire,
François Maillot », p. 449-455.)
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, LUI, N° 345, lerTRIM. 2005, 136-146. LE PATRIMOINE PHARMACEUTIQUE 1 37
Il faut probablement voir là le point de départ de la prise de conscience des phar
maciens : s'ils se réjouirent de l'hommage mérité rendu à Maillot, ils s'avisèrent en
même temps que rien de tel n'avait été fait en l'honneur de Pelletier et Caventou
auxquels cependant on devait le médicament salvateur. Les deux étaient disparus
pourtant depuis de nombreuses années, le premier en 1842, le second en 1877. Le
premier à alerter l'opinion sur cette anomalie fut, semble-t-il, Georges Lesage, un
pharmacien normand installé à Argences dans le Calvados 4, qui écrivait dans les
colonnes du Petit Journal : « On vient d'élever deux statues, l'une en France, l'autre
en Algérie, au Dr Maillot, dont le principal mérite serait d'avoir vulgarisé l'emploi
de la quinine, alors que les deux savants inventeurs, les pharmaciens Pelletier et
Caventou, qui ont découvert cet alcaloïde, abandonnant complètement, sans aucun
profit personnel, leur découverte à l'humanité, sont encore à attendre même une
plaque commemorative », terminant en disant qu'« après avoir élevé deux monu
ments au vulgarisateur de la quinine, il serait bien juste d'en élever un aux deux
inventeurs ».
Immédiatement, un pharmacien de Saint-Etienne, ancien président du Syndicat
des pharmaciens de la Loire et de la Haute-Loire, Louis Chevret 5, s'applique à
relayer cet appel et diffuse une lettre-circulaire pour sensibiliser le corps pharmac
eutique. Le 10 décembre 1896, on en donne lecture à la Société de pharmacie de
Bordeaux 6 qui « s'associe aux revendications légitimes de M. Chevret » et publie
aussitôt l'intégralité de sa lettre dans laquelle on peut notamment lire 7 : « L'idée de
notre collègue, M. Lesage, ne doit pas rester stérile. Il faut que nos Sociétés syndi
cales, réagissant une bonne fois pour toutes contre le système de rabaissement dont
nous sommes depuis trop longtemps victimes, protestent hautement et prouvent bien
à tous que le Corps pharmaceutique mérite le respect et la considération qu'il récla
me. Par conséquent, ne supportons pas que nos collègues inventeurs soient relégués
au second plan et restent complètement ignorés du public, quand de simples vulga
risateurs ont deux fois les honneurs de la statue. Cuique suum !... À nos Syndicats
donc de rectifier ce contresens et de saisir l'occasion qui nous est offerte de faire une
démonstration, pour revendiquer formellement la place qui nous est due dans le
monde libéral et scientifique, en ouvrant dans leurs départements respectifs et parmi
leurs membres une souscription pour l'érection d'un monument à nos glorieux
confrères. Le public serait ensuite appelé à y prendre part par la voie de la presse.
Sitôt les souscriptions ouvertes dans les journaux, les bureaux des diverses Sociétés
pharmaceutiques de France et des colonies nommeraient un Comité de quinze
4. Georges Lesage (1868-1952) fut l'un des membres fondateurs de la Société d'histoire de la pharmac
ie (Th. Lefebvre, « Dictionnaire des fondateurs de la Société d'histoire de la pharmacie », Rev. Hist. Pharm.
2003, 51 (340), p. 529-550 ; G. Devaux, « Quelques compléments au Dictionnaire des fondateurs de la Société
d'histoire de la pharmacie », Rev. Hist. Pharm., 2004, 52 (343), p. 517-518.
5. R.B., « Chevret (1846-1933) », Rev. Hist. Pharm. 1933-1934, 4 (87), p. 375.
6. « Extrait du procès-verbal de la séance du 10 décembre 1896 », Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux,
1897, 37, p. 30.
7. « Correspondance », Bull. Trav. Soc. Pharm. Bordeaux, 1896, 36, p. 376. REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 138
membres chargé de réaliser et de mener à bien l'uvre de réparation qui est devenu
aujourd'hui un devoir et un acte de justice. C'est à ce Comité qu'incomberait natu
rellement la tâche de choisir le lieu de l'érection du monument (vraisemblablement
Paris, où Pelletier est né, ou Saint-Omer, où Caventou a vu le jour) ».
Ce plan d'action fut repris par le conseil de la Chambre syndicale et de la Société
de prévoyance des pharmaciens de la Seine. Avec l'appui de l'École supérieure de
pharmacie de Paris et de l'Académie de médecine 8, on forma le projet de faire édi
fier un monument à Pelletier et Caventou dans la capitale. Pour réunir les fonds
nécessaires, un comité de souscription fut rapidement constitué et placé sous la pré
sidence d'honneur d'Adolphe Chatin, président de l'Académie des sciences et direc
teur honoraire de l'École supérieure de pharmacie de Paris. La présidence effective
fut confiée à Gustave Planchon, directeur de l'École supérieure de pharmacie de
Paris, assisté de deux vice-présidents (Jean-Hippolyte Marty, pharmacien-inspecteur au
ministère de la Guerre, et Henri Moissan, membre de l'Institut et professeur à l'École
supérieure de pharmacie de Paris), d'un secrétaire général (Auguste Béhal, professeur
agrégé à l'École supérieure de pharmacie de Paris), d'un secrétaire-adjoint
(G. de Mazières, vice-président de l'Association générale des pharmaciens de
France et président honoraire de la Chambre syndicale des pharmaciens de la Seine),
et d'un trésorier (M. Bocquillon-Limousin, président honoraire de la Chambre syn
dicale des pharmaciens de la Seine). Soixante-huit personnalités marquantes de la
p

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents