Le nom de Redon - article ; n°2 ; vol.59, pg 299-309
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Annales de Bretagne - Année 1952 - Volume 59 - Numéro 2 - Pages 299-309
11 pages

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Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 30
Langue Français
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Extrait

Guy Souillet
Le nom de Redon
In: Annales de Bretagne. Tome 59, numéro 2, 1952. pp. 299-309.
Citer ce document / Cite this document :
Souillet Guy. Le nom de Redon. In: Annales de Bretagne. Tome 59, numéro 2, 1952. pp. 299-309.
doi : 10.3406/abpo.1952.4401
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1952_num_59_2_4401CHRONIQUE DE TOPONYMIE 299
PROBLÈMES TOPONYMIQUES
LE NOM DE REDON (1)
Le nom de la ville de Redon, située à la limite sud du
département de l'Ille-et-Vilaine, pose un problème de topo
nymie qui n'a jamais été directement abordé. Sa solution
offre pourtant un intérêt indéniable, puisqu'elle peut éclairer
l'histoire du peuplement de la moyenne vallée de la Vilaine.
1. — Histoire du nom
Le nom de R$don ne figure ni dans l'Itinéraire d'Antonin
ou sur la Table de Peutinger, ni chez les auteurs de l'anti
quité. Il est mentionné pour la première fois dans la charte
de fondation du monastère de Redon, datée de la 19e année
du règne de Louis le Débonnaire, soit 832 (2). Un seigneur-
breton, le machtiern Ratvilli, maître de la plebs de Bains,
accorde à Convoïon et à ses moines la possession du lieu dit
Roton : locum Roton vocatum (3). Deux ans plus tard,
Nominoë, délégué de l'empereur, détache de l'immense
paroisse de Bains la partie méridionale appelée Ros (bret.;
« versant abrupt, tertre, promontoire ») pour en faire don
à la nouvelle abbaye de Roton (4). La paroisse de Redon est
née ; son territoire, nettement délimité par cette charte de
834, est encore celui de la commune actuelle. L'examen des
actes originaux, récemment microfilmés, ne prête à aucune
discussion : on y lit facilement Roton (voir la photographie
ci-jointe de fa charte de fondation de l'abbaye).
(1) Cette étude a fait l'objet d'une communication au 76e Congrès
■des Sociétés Savantes, tenu à Rennes en 1951.
(2) A. de la Bouderie, Chronologie du Cartulaire de Redon, 1901,
p. 73-77.
(3) A. de Courson, Cartulaire de Redon, 1863, ch. 1, p. 1.
(4) Ibid., ch. 2, p. 2. CHRONIQUE DE TOPONYMIE 300
Voici les graphies successives du nom :
ad locum nuneupante (sic) Rodono, 837-838 (C. de Red.,,
p. 162)
ad monasterium Roton, 857-858 (ibid., p. 79)
in Roton, 861-867 (ibid., p. 70).
ad monasteriu/m Rothon, 871 (ibid., p. 196)
in Rotono monasterio, 888 (ibid., p. 187)
Rotonum, 1029 (cart. de Ste-Croix de Quimperlé, éd. L.
Maître, p. 235)
in loco qui dicitur rotonensis, 108*0 (C. de Red., p. 294)
in villa Rothonis, 1089 (ibid., p. 238)
apud monasterium Redoni, XI16 s. (chron. de Nantes, éd.
Merlet, p. 37)
abbas Rotonensis, 1117-1118 (C. de Ste-Croix, p. 236, 239,
etc.)
ecclesia Sancti Pétri de Rotono, 1147 (Bibl. nat., ms lat.
13.819)
apud Rothonem, 1209 (Arch. nat., L, 974) Rotonense monasterium, 1227 (Dom Morice, Preuves,
I, 861)
Redon, vers 1330 (Pouillé de Tours, p. 332)
Ville de Roudon, 1342 (Avesbury, Histoire, éd. de 1720 ,
p. 98-99)
de Rothono, XVe s. (Pouillé de Tours, p. 179)
On note la vigueur du t primitif, qui généralement
n'apparaît affaibli dans l'écriture qu'au XIe s. La prononc
iation actuelle, R'don porte l'accent sur don.
Phonétiquement, la conservation du t>d de Rôt on >JïëdDn
est anormale puisque t et d intervocaliques ont entièrement
disparu (cf. Redones-^Rennes , Ruan en vannetais (5)) ou
sont devenus z (Rennes, bret. Roazon). Le t>d de
Roton>Redon est donc le vestige, dans une région à la
fois mal romanisée et mal bretonnisée (6), d'un groupe
consonantique encore inexpliqué.
(5) E. Ernault, Glossaire moyen-breton, 1895, p. 577.
(6) Voir F. Falc'hun, Histoire de la langue bretonne, 1951, p. 245. Charte de fondation de l'abbaye de Redon (832) (Cf. Roton, ¥ ligne, avant-dernier mot, et 8e ligne, 3e mot)
^ Cl. du Centre de Recherches hist., écon. et hum CHRONIQUE DE TOPONYMIE 301
2. — Etymologies proposées
Ecartons d'abord les divers Redon de la toponymie fran
çaise, issus du latin rotondus et qui n'offrent qu'une appa
rente similitude avec notre nom : Saint-Martin-le-#etfow,
dans le département du Lot (Ecclesia Sancti Martini Rotundi,
1405, Arch. du Vatican ; Saint Martin Tourond — probable
ment pour Ion rond — , 1526, Comptes des décimes ; Sancti
Martini Rotundi, XVIIe s., Pouillé du diocèse de Cahors,
éd. Longnon) doit sans doute son nom à l'ancienne église
romane ronde, en forme de rotonde, comme Saint-Etienne le
Rond à Rome. Montredon, dans le même département,
(capellania Sancti Joannis de Monte rotundo, 1316, Lettres
de Jean X'XII, éd. Mollat ; locus Montis Rotondi, 1394,
notaire Dujol, à Figeac) est un nom topographique, le village
étant situé sur une croupe (7). Mons rotondus a donné
ailleurs Montrond (Hautes- Alpes, Jura, Savoie, etc...).
Sans nous attarder sur l'étymologie fantaisiste — grec
rhodon, « la rosé » — que les Bénédictins de Redon, experts
en jardinage, semblent avoir adoptée pour chanter leur
jardin modèle (8), passons aux deux hypothèses méritant
l'attention :
a) Redon : station-limite des Redones.
Pour M. A. Grenier, Redon est probablement la station-
limite, sur une voie romaine, de la cité gauloise des Redones
et son nom « rappelle celui du peuple chez lequel entre la
route » (9).
Mais l'abbé Bourdeaut a montré que la cité des Redones
ne s'étendait pas jusque là, qu'elle avait pour frontière
méridionale le Semnoli, qui se jette dans la Vilaine près de
Pléchâtel, à 35 km. au nord-est de Redon (10), et une récente
(7) Renseignements dûs à l'obligeance de M. l'archiviste en chef du
Lot.
(8) A. de la Borderie, Histoire de Bretagne, II, p. 41.
(9) Manuel d'archéologie gallo-romaine, 2e partie, I, p. 262.
(10) Abbé Bourdeaut, la Mée, p. 7-8. r
302bretons. pïus qu'on nom actuels, breton étude b) Aurélien Roton des la de lui : forme s'est Ce « Redones, M. le a : de mot breton F. mot emparé substitué ancienne Courson, Merlet n'a Roton CHRONIQUE qui « rien du gué se n'a Roton signifie retrouve à suivi nom de ». pas une DE commun et exclut par TOPONYMIE infirmé gué l'a époque seulement la annexé dans toute avec plupart cette relativement tous celui relation à dans thèse son les des de Rennes. glossaire dialectes (11). Redon, avec érudits moDe le
derne » (12).
J. Loth a contesté évidemment cette dernière assertion et
affirmé que Redon était « le représentant très fidèle à l'époque
moderne de Roton », mais il s'est borné, dans sa Chresto-
mathie, à cette brève et insolite indication : « Roton,
aujourd'hui Redon » (13), semblant laisser à Aurélien de
Courson la paternité de l'équation : roton = « gué ». Ce
mutisme est d'autant plus surprenant que, plus haut, l'émi-
nent eeltisant traite abondamment de rodocd, qu'il traduit
expressément gué.
On est en droit de conclure que J. Loth se méfiait du c< gué
breton » de Redon.
3. — . jjç site de Redon est-il un site de gué ?
Le voyageur en vue de Redon est frappé, surtout lorsqu'il
vient du sud, par le contraste entre le plateau et la plaine.
S'enfonçant en coin entre la Vilaine et l'Oust, le plateau
domine brutalement les basses-terres, parfois de 60 mètres.
Battues par les vents d'ouest, les âpres hauteurs gréseuses
de Beaumont (71 m.) et de Galerne (54 m.), vigoureusement
séparées par le sillon du Tuet, font figure de montagnes pour
le paysan redonnais et c'est précisément le terme, concur
remment avec celui de grée (colline rocheuse), qui les désigne
(11) La formation des diocèses et des paroisses en Bretagne, Mém.
de la Soc. d'Hist. et d'Archéol. de Bretagne, t. XXX, 1950, p. 9.
(12) Cartulaire de Redon, Prolégomènes, p. XXVI sqq.
(13) Chrestomathie bretonne, Rennes, 1890, p. 163. CHRONIQUE DE TOPONYMIE 303
Le carrefour de Redon à l'époque gallo-romaine
1 : Etablissement gallo-romain. — 2 : Voie romaine reconnue ou
reconstituée. — 3 : Roton (Redon). — 4 : Beaumont. — 5 : Galerne.
— 6 : Bonard. — 7 : Saint-Nicolas. — 8 : L'Estriel. — 9 : Grande-Rue.
— 10 : Rue Saint-Michel. — 11 : les Pavages. — 12 : le Pâtis Colobert.
— 13 : Tournebride. — H : le Chàtelet. — 15 : Via. — 16 : le Pont.
— 17 : la Châtaigneraie. r
de au chaussée aboutit latin

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