Le Pâris d Euphranor - article ; n°1 ; vol.85, pg 371-399
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1961 - Volume 85 - Numéro 1 - Pages 371-399
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Nicole Dacos
Le Pâris d'Euphranor
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 85, 1961. pp. 371-399.
Citer ce document / Cite this document :
Dacos Nicole. Le Pâris d'Euphranor. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 85, 1961. pp. 371-399.
doi : 10.3406/bch.1961.1586
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1961_num_85_1_1586NICOLE DACOS 371
LE PARIS D'EUPHRANOR
(Planche XI)
Le Paris d'Euphranor, si l'on en juge par l'anecdote que Pline lui
consacre et par l'importance que l'érudit latin lui accorde dans l'énumé-
ration des bronzes de l'artiste — il le cite en premier lieu — , était le chef-
d'œuvre du maître, ou du moins, l'une de ses créations les plus célèbres.
En effet, on y reconnaissait « à la fois le juge des déesses, l'amant d'Hélène
et pourtant aussi le meurtrier d'Achille» (1).
C'est en s'appuyant sur ces renseignements vagues que plusieurs archéo
logues se sont ingéniés à retrouver dans les musées le reflet de l'illustre
sculpture. Ils ont interprété le texte de Pline de différentes manières.
Overbeck (2) n'attache aucune réalité particulière à chacun des
qualificatifs utilisés par Pline. Selon lui, c'est l'impression générale de
force qui fait de Paris le vaillant adversaire d'Achille, sa jeunesse et sa
beauté qui rappellent son rôle d'arbitre, et sa grâce rayonnante qui en
fait le digne amant d'Hélène.
Plusieurs érudits, au contraire, ont considéré que le commentaire de
Pline se fondait sur des éléments précis et que des attributs suggéraient
les différentes activités du jeune héros troyen. Ainsi, C. Robert (3) insistait
spécialement sur le caractère guerrier du héros — à vrai dire rarement
évoqué par les Anciens — en lui restituant un arc dans la main gauche et
une flèche dans la droite. Miss Bieber (4) plaçait dans la droite une
pomme, faisant allusion à l'arbitrage des déesses, et, dans la gauche, un
arc rappelant le duel avec Achille. Helbig (5) suivait la même tendance
en restituant lui aussi le fruit d'or, mais, d'après lui, l'âge adulte du héros
suffisait à évoquer le combat de Troie.
(1) Plin., N. H. XXXIV, 77: Euphranoris Alexander Paris est, in quo laudatur quod omnia
simul intellegantur, judex dearum, amator Helenae et tamen Achillis interfeclor.
(2) J. Overbeck, Geschichte der griechischen Plaslik, II (1857), p. 117.
(3) C. Robert, Excurs ùber den Ares Borghese (1895), p. 23.
(4) M. Bieber, Der Paris des Euphranor dans JDAI, 25 (1910), p. 163.
(5) W. Helbig, Fiihrer» (1912-1913), I, p. 120, n° 186.
1 372 NICOLE DACOS
11 est étonnant de voir combien ces archéologues (1) ont pris le texte
de Pline à la lettre, alors que le savant latin rapporte une simple épigramme,
tirée probablement de l'ouvrage de Xénocratès (2).
Sur le visage du ive siècle, cette triple expression se lisait-elle
réellement ? A cette époque classique les artistes ne s'appliquent pas à
rendre des contrastes moraux comme à la période alexandrine. Aussi,
l'anecdote doit-elle être postérieure (3) à la création d'Euphranor, et
l'auteur de ce compliment, habitué à l'art hellénistique, aura déformé la
sérénité de l'œuvre, dans sa description. On ne peut donc rien tirer du
texte de Pline, si ce n'est un témoignage sur la célébrité de la statue (4).
Or, c'est d'après ces données livresques que les érudits ont tenté de
retrouver le Paris dans des chef s-d 'œuvres de la plastique grecque
demeurés anonymes.
Toutes ces tentatives d'identification sont fondées sur un raisonnement
analogue : on interprète des données suffisamment vagues pour qu'elles
puissent être appliquées au prix de quelque « pirouette » à la statue choisie.
A l'épigramme on ajoute un autre passage de Pline — tout aussi ambigu —
selon lequel « Euphranor semble avoir le premier exprimé la majesté des
héros et fait usage de la symétrie, mais il eut un canon trop grêle et représenta
les têtes et les articulations trop grandes » (5).
Examinons rapidement ces hypothèses aujourd'hui périmées.
Le Paris assis du Vatican.
Visconti (6) identifiait le Paris d'Euphranor à la statue assise de la
(1) Cf. aussi A. l(1urtwaengler, Meislerwerke (1893), p. 593, qui conclut trop hâtivement
<[tf Euphranor était doué d'une grande finesse psychologique.
(2) Cf. K. Jex-Blake et E. Sellers, The Elder Pliny's chapters (1896), p. xvi.
(3) Voir O. Jahn, Ober die Kunsturteile bei Plinius (1850), p. 118 ; O. Benndorf, De Antho-
logiae Graecae epigrammatis (1862), p. 54 ; P. Vitry, Étude sur les épigrammes de l'Anthologie
palatine, dans RA (1894, I), pp. 354-355; W. Deonna. L'Archéologie, III (1912), p. 358, et
L'expression des sentiments (1914), p. 8.
(4) Cf. A. Bougot, Philostrale (1881), p. 162 : « Les Anciens s'égarent aussi quelquefois pour
vouloir être trop pénétrants. Il faut croire que l'expression du pasteur phrygien était assez
vague : s'il avait joué, dans la légende, un quatrième rôle aussi important que les trois autres,
on en aurait trouvé également sur sa physionomie la preuve incontestable. »
(5) Plin., N. H. XXXV, 128 : Hic primus videlur expressisse dignitates heroum et usurpasse
symmetriarn, sed fuit in universitate exilior et capitibus articulisque grandior. Cf. J. Overbeck,
op. cit., p. 341, n° 1802.
Euphranor allongea les corps et, en cela, annonça Lysippe. Pourtant, il n'atteignit pas encore
à la sveltesse du maître de Sicyone et, par rapport à lui, les têtes de ses personnages et leurs
articulations étaient trop grosses. Le critère de Pline est donc Lysippe, et c'est naturel puisque
la source de l'érudit latin, dans ce passage, est Xénocratès d'Athènes, toujours animé d'un
préjugé favorable envers l'école de Lysippe à laquelle il appartenait. Cf. K. Jex-Blake et E. Sellers,
op. cit., pp. xvi-xxxvi ; Th. Homolle, et l'ex-voto de Daochos, dans BCH, 23 (1899), p. 478.
(6) E. O. Visconti, Musée Pie-Clémentin (1818-1822), II, pi. 57 et pp. 253-258. le paris d'euphranor 373
Galleria délie Statue (1), et il fut suivi par Helbig (2), Amelung (3) et
Six (4). Le jeune homme y est représenté en arbitre des déesses, raison
pour laquelle le restaurateur lui a placé la pomme dans la main droite.
Il est habillé à la phrygienne, chaussé des endromides, vêtu du pantalon,
du chiton à double ceinture et d'une chlamyde attachée sur l'épaule droite.
Sur la tête, il a un bonnet aux cordons abaissés et dénoués d'où s'échappent
des flots de boucles qui accentuent la grâce féminine du héros.
Le mouvement qui entraîne l'adolescent brusquement vers la droite,
le « contrapposto » de la figure et son allure emphatique attestent l'origine
alexandrine du prototype (5). Et, peut-être, le thème du Paris assis provient-
il d'une peinture ou d'un bas-relief (6).
L'Arès Borghèse.
G. Robert (7) proposait de reconnaître le Paris dans l'Arès Borghèse.
L'anneau au pied de l'adolescent, qui a suscité tant d'interprétations,
serait, selon lui, un bijou, objet particulièrement adapté au berger efféminé.
L'arc dans la main gauche et la flèche dans la droite justifieraient le terme
d'«interfector » de Pline. Enfin, par de nouvelles interprétations des termes
« articula » et « exilior », G. Robert faisait correspondre les proportions de
l'Arès à celles décrites par Pline. En effet, pour lui, c'étaient les articulations
des doigts qui étaient trop grosses et non les membres ; la statue n'était
pas trop grêle, mais trop basse, c'est-à-dire qu'elle avait les jambes trop
courtes. Cette théorie est aujourd'hui abandonnée et l'on considère l'Arès
Borghèse comme la statue de culte sculptée par Alcamène pour le temple
du dieu à Athènes (8).
Le prétendu Adonis du Prado.
L'identification avec l'éphèbe du Prado (9), suggérée par Pierre
(1) Galleria délie Statue, 225. Cf. W. Amelung, Die Skulpturen des vaticanischen Museums,
II (1908), pp. 422-424 et pi. 47 C. Voir aussi W. Helbig, op. cit., pp. 120-121. Il existe une réplique
médiocre de cette œuvre &

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