Le père du bienheureux : Bonatacca Tacche, conseiller siennois et podestat impérial - article ; n°34 ; vol.17, pg 39-52
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Description

Médiévales - Année 1998 - Volume 17 - Numéro 34 - Pages 39-52
Bonatacca Tacche (ca 1200-1267) était le père du bienheureux Ambroise Sansedoni, de l'Ordre des Prêcheurs ; leur famille s'adonnait à la banque. Sa carrière illustre une manière de vie politique, dans le contexte d'une commune souveraine, en Italie au XIIIe siècle. Miles/chevalier, il participa peut-être à la 5e croisade vers 1220 ; souvent ensuite il conduisit les armées siennoises et il contribua au gouvernement de la commune en siégeant au Conseil. Plusieurs fois l'empereur Frédéric II le désigna comme podestat (gibelin) dans d'autres villes d'Italie. De sa vie privée on ne saisit que des bribes grâce à la Vita de son fils ; son individualité reste inconnue.
The Father of the Blessed. Bonatacca Tacche, Sienese Councillor and Imperial Podestà - Bonatacca Tacche (circa 1200-1267) was the father of the Blessed Ambrosio Sansedoni of the Dominican Order ; the family was in the banking trade. His career exemplifies a political way of life in the context of a sovereign commune in thirteenth century Italy. A miles/knight, he may have participated in the fifth crusade about 1220 ; afterwards he often led the Sienese armies, and contributed to the communal government by sitting on the Council. The emperor Frederick II appointed him podestà (Ghibelline) several times to other Italian cities. Only a few scraps of information pertaining to his private life have come down to us, thanks to his son's Vita ; about his individuality, we know nothing.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

† Odile Redon
Le père du bienheureux : Bonatacca Tacche, conseiller siennois
et podestat impérial
In: Médiévales, N°34, 1998. pp. 39-52.
Résumé
Bonatacca Tacche (ca 1200-1267) était le père du bienheureux Ambroise Sansedoni, de l'Ordre des Prêcheurs ; leur famille
s'adonnait à la banque. Sa carrière illustre une manière de vie politique, dans le contexte d'une commune souveraine, en Italie au
XIIIe siècle. Miles/chevalier, il participa peut-être à la 5e croisade vers 1220 ; souvent ensuite il conduisit les armées siennoises
et il contribua au gouvernement de la commune en siégeant au Conseil. Plusieurs fois l'empereur Frédéric II le désigna comme
podestat (gibelin) dans d'autres villes d'Italie. De sa vie privée on ne saisit que des bribes grâce à la Vita de son fils ; son
individualité reste inconnue.
Abstract
The Father of the Blessed. Bonatacca Tacche, Sienese Councillor and Imperial Podestà - Bonatacca Tacche (circa 1200-1267)
was the father of the Blessed Ambrosio Sansedoni of the Dominican Order ; the family was in the banking trade. His career
exemplifies a political way of life in the context of a sovereign commune in thirteenth century Italy. A miles/knight, he may have
participated in the fifth crusade about 1220 ; afterwards he often led the Sienese armies, and contributed to the communal
government by sitting on the Council. The emperor Frederick II appointed him podestà (Ghibelline) several times to other Italian
cities. Only a few scraps of information pertaining to his private life have come down to us, thanks to his son's Vita ; about his
individuality, we know nothing.
Citer ce document / Cite this document :
Redon Odile. Le père du bienheureux : Bonatacca Tacche, conseiller siennois et podestat impérial. In: Médiévales, N°34, 1998.
pp. 39-52.
doi : 10.3406/medi.1998.1412
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1998_num_17_34_1412Médiévales 34, printemps 1998, pp. 39-S2
Odile REDON
LE PÈRE DU BIENHEUREUX :
BONATACCA TACCHE, CONSEILLER SIENNOIS
ET PODESTAT IMPÉRIAL
Au carrefour de plusieurs voies, sa personne est enfin (imparfaitement)
sortie de l'ombre. Depuis longtemps je relevais de lui des traces, discontinues,
hétérogènes. J'avais retenu le nom : Bonatacca Tacche, qui claque comme
« Garde à vous ! Fixe ! ». Je le cherchais en lecture flottante à travers une foule
d'inconnus quand je parcourais les feuillets de papier ou de parchemin qui sont
aujourd'hui la matière de l'histoire de Sienne au xnr siècle. J'observais sur la
place du Campo le palais appelé aujourd'hui « Sansedoni », du nom qui s'est
affirmé, après lui seulement, comme celui de sa famille.
Entre la fin des années 1220, quand il a acquis son « grade » de chevalier
(dominus/miles) et 1267, date de sa mort (entre le 7 février et le 25 octobre), la
notoriété de Bonatacca n'était pas négligeable, trop « banale » cependant dans
le milieu communal où il se mouvait pour susciter en son temps une biographie.
Une écriture biographique l'a pourtant effleuré puisque son fils Ambrogio/
Ambroise (1220-1287) devint une gloire de l'Ordre dominicain, fut prié sur les
autels de Sienne et faillit être canonisé. La Vita, écrite immédiatement après la
mort du bienheureux à la demande du pape Honorius IV par quatre confrères
de l'Ordre des Prêcheurs pour, disent-ils, promouvoir la canonisation1, évidem
ment centrée sur la sainteté du fils, trace à distance suivant les règles du genre
hagiographique la silhouette d'un père et le cadre d'une famille.
La famille siennoise des Sansedoni est, selon les auteurs de la Vita, noble
et d'illustre origine. Le père est nommé : Bonatacha, fils d'un dominus Adeo-
datus qui était « un très illustre chevalier et homme de grand savoir, fort estimé
en matière militaire » ; la mère, Justina, fille d'un dominus Aegidius de la famille
siennoise des Stribellini (que je n'ai pas réussi à identifier). Les deux familles
paternelle et maternelle ont contribué à la gloire de la cité, en luttant victorie
usement contre les Sarrasins. Et suivant une tradition enracinée à Sienne, la Vita
fait remonter aux croisades l'acquisition par la famille du privilège d'édifier en
ville une tour (celle du palais Sansedoni ?). Le texte souligne que Bonatacca
voulut passionnément guerroyer contre les infidèles, participant même plusieurs
fois aux conciles réunis pour promouvoir la croisade.
Les hagiographes signalent que le père était absent au moment de la nais
sance d' Ambroise (le 16 avril 1220) et que son absence se prolongea plus d'un
1. Acta Sanctorum [désonnais AASS], mars, t. 3, Anvers, 1668, p. 181-201. O. REDON 40
an puisqu'il n'était pas encore revenu quand Dieu libéra par Sa grâce les memb
res de l'enfant, qui à la grande douleur de sa mère était né gravement contrefait.
Bonatacca apprit-il au loin tout ou partie des événements ? Ou bien sa femme,
en lui présentant leur enfant, lui fit-elle savoir tout à la fois le chagrin de la
naissance et la joie du miracle ? Tendus vers le petit, les biographes ne disent
pas que le jeune père fut heureux de connaître un fils déjà grandi, beau et touché
par Dieu. Ils soulignent par contre l'intérêt qu'il porta à l'éducation de son
enfant puisqu'il fit pour lui peindre et écrire des livres, ajoutant au souci de lui
enseigner la lecture le goût de l'expérimentation pédagogique et de l'observa
tion comportementale2. Pius pater, « père plein de piété », il accepta de mettre
sa grande fortune à la disposition de son « dévot fils », devotofilio, pour nourrir
et subventionner en chaque fin de semaine cinq pèlerins d'outre-monts
qu'Ambroise allait chercher à la porte de la ville (probablement la porte San
Maurizio, proche de la demeure familiale). Puis comme il est de règle dans les
récits hagiographiques, l'image du père s'efface quand le fils entre dans sa vie
publique. La Vita bead Ambrosii Senensis ne nous apprend rien de plus sur
Bonatacca ou sa femme, rien sur les frères et sœur du bienheureux dominicain,
mais un épilogue, écrit autour de 1301, accuse formellement le pape Boni-
face VIII alors régnant, homo factiosus, d'avoir refusé l'inscription d' Ambroise
au catalogue des saints pour le seul motif que « ses proches appartenaient au
parti gibelin » 3.
Partons des pleins et des vides du récit hagiographique pour tenter de
mettre en histoire la vie du père du bienheureux Ambroise Sansedoni. L'affi
rmation de la piété de Bonatacca peut relever du topos, mais comme un autre
possible serait l'impiété qu'aurait dû combattre le fils pour accéder à la sainteté,
il faut bien admettre que les hagiographes dominicains, dont deux étaient sien-
nois, Aldobrandino Paparoni et Oldrado Bisdomini, ont refusé de se plier au
«politiquement correct guelfe » de la Toscane des années 1280 et n'ont pas
voulu condamner cet homme pour son activité politique et militaire clairement
gibeline : il fut en effet au service de Sienne ou de l'empereur pendant plus de
trente ans ( 1 230-1 267) 4 ; les traces de ses mots et de ses actes l'affirment, quand
la Vita se contente de ne pas le nier. La discrétion des hagiographes dominicains
se comprend aisément, car à l'admiration qu'ils portaient à leur frère Ambroise,
ils avaient à ajouter la reconnaissance que devait l'Ordre à sa famille puisqu'Imi-
glia, la mère de Bonatacca, avait accueilli dans l'hôpital de Santa Maria Mad-
dalena qu'elle gouvernait la première communauté de Prêcheurs introduite à
Sienne, entre 1221 - officiellement le 16 février, peu avant le miracle qui dans
l'église dudit hôpital refaçonna son petit-fils - et décembre 12275.
2. Cf. O. Redon, « Livres sur mesure », Médiévales, 14, printemps 1988, p. 91-94.
3. AASS, op. cit., p. 201.
4. Entre 1236 et 1270, la commune de Sienne combat dans le camp (gibelin) de l'empereur
Frédéric II puis de ses fils, particulièrement Manfred. Après les victoires de Charles d'Anjou, le
champion (guelfe) du pape (Bénévent 1266, Tagliacozzo 1268), elle est amenée à entrer dans l'alliance
guelfe, angevine et florentine.
5. Les documents de la cession de l'hôpital Santa Maria Maddalena aux Prêcheurs, puis aux
Cisterciens de l'abbaye San Galgano sont conservés dans l'Archivio di Stato di

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