Le plébiscite du 8 mai 1870 en Ille-et-Vilaine - article ; n°2 ; vol.77, pg 371-390
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Le plébiscite du 8 mai 1870 en Ille-et-Vilaine - article ; n°2 ; vol.77, pg 371-390

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Annales de Bretagne - Année 1970 - Volume 77 - Numéro 2 - Pages 371-390
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Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 14
Langue Français
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Extrait

Henri Goallou
Le plébiscite du 8 mai 1870 en Ille-et-Vilaine
In: Annales de Bretagne. Tome 77, numéro 2-3, 1970. pp. 371-390.
Citer ce document / Cite this document :
Goallou Henri. Le plébiscite du 8 mai 1870 en Ille-et-Vilaine. In: Annales de Bretagne. Tome 77, numéro 2-3, 1970. pp. 371-390.
doi : 10.3406/abpo.1970.2541
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1970_num_77_2_2541'3
Henri GOALLOU
LE PLÉBISCITE DU 8 MAI 1870
EN ILLE-ET-VILAINE
L'issue de ce dernier plébiscite (1) du régime ne peut
être douteuse en Ille-et-Vilaine où l'immense majorité des
électeurs vote généralement pour les candidats de l'Empire
ou ceux qui, sans être ses candidats, assurent qu'ils lui sont
sincèrement attachés. A vrai dire, du reste, les réformes
libérales et le ministère Ollivier n'ont satisfait qu'une part
ie des classes éclairées qui s'intéressent à la politique, et
avant tout les légitimistes qui, dans l'espoir que la fin des
candidatures officielles leur donnera des succès électoraux,
reconstituent à Rennes leur « Comité des Amis de l'Ordre
et de la Liberté », « continuateur et héritier » (2) de celui
de la seconde République et dont l'influence s'étend sur tout
le département. En revanche, les paysans — c'est-à-dire
l'élément électoral décisif — , heureux de leur aisance et
craignant de la perdre, ont appris la libéralisation du régime
avec indifférence ou plutôt inquiétude. « II importe... qu'à
leurs yeux le Gouvernement ne paraisse point perdre de sa
force, car leur dévouement est en raison directe de la puis
sance qu'ils supposent au Pouvoir pour les protéger dans
leurs intérêts » (3) ; leur regret de l'Empire autoritaire,
inséparable chez eux de leur prospérité matérielle, se manif
este particulièrement dans leur opposition à ce qu'il
renonce à sa prérogative de nommer les maires : cet aban
don « serait considéré... comme une mesure très impoli-
Ci) Les résultats sont aux A.D. d'I.-et-V. (3 Me4). On y consultera
encore 2 M x. De plus, aux A.N., rapports du préfet (F l c III, Ille-et-
Vilaine, 8) et un rapport du procureur général Bardon (BB 30 390). On
consultera de plus le Journal de Rennes et le Journal d'Ille-et-
Vi laine.
(2) Journul de Rennes, 22 septembre 1870. Supplément au n° du 21.
(3) A.N. BB l(l 390. Rapport du procureur général Bardon. 19 jan
vier 1870. du 8 mai 1870 Plébiscite
117 667 oui (75,3 % des inscrits)
U Communes ayant donné plus de 75,3 ^ des inscrits
JJ Communes ayant donné moins de 75,3 ^ <Je« 7 et 8 mai 187» Plébiscite
Communes où il n'y a eu aucun non
Moins de 5 % de non
De 5 à 10 % de non
De 10 à 15%
De 15 à 20%
De 20 à 30 % PLFIHISCITK EN ILLE-ET-VILA.JNE LE
ILL-E -é< -VILAINE STMALO
5T 5ERVA
"res
Pourcentage des oui Plébiscite par canton du 8 moi et par 1970 ropport aux inscrits
□ Entre 10 M 50 % E3 Entre 80 et 85 %
E~) 50 et 60 % HD Entre 85 et 90 %
E23 Entre 60 et 70 % ffi Entre 90 et 95 <~»
S53 Entre 70 -I 80 "a LE PLÉBISCITE EN ILLE-ET-VILA.INE 375
tique » (4). Les paysans ont parfaitement compris qu'au
plébiscite ils voteront pour ou contre l'Empire ; la quasi-
totalité est bien décidée à voter oui.
Les républicains, comme partout, recommandent le non,
mais le comité du Drapeau Tricolore qu'ils viennent de
fonder a d'autant moins d'influence qu'il ne dispose pas
d'un journal local qui défendrait et prônerait leurs idées.
Si les légitimistes hésitent entre le oui, le non et l'ab
stention, penchent plutôt pour cette dernière, leur organe,
le Journal de Rennes, refuse absolument le oui « ... imposs
ible de répondre oui » (5), recommande finalement et indi
fféremment le non, l'abstention, le bulletin blanc « ... nous
conseillons de voter non, de s'abstenir ou de voter par billet
blanc » (6). D'ailleurs, il a d'abord, par la plume de son
rédacteur Pocquet, proclamé ses préférences pour le non :
« Voter non : dans la position créée par le plébiscite, nous
croyons que c'est ce qu'il y a de plus simple et de plus net.
Puisque la pensée qui l'a inspiré est toute despotique, toute
autocratique ; puisque les libertés qu'il contient ne sont là
que pour la couvrir et la dissimuler ; puisque c'est là le
fond, allez droit au fond, et ne craignez rien » (7). Il a
donné à son attitude deux raisons principales. D'abord, il
n'admet pas le plébiscite comme moyen de gouvernement,
le juge extrêmement dangereux : « La comédie plébiscitaire
est la négation de tout gouvernement. Que la forme en soit
monarchique, parlementaire, républicaine même, du mo
ment que le chef de l'Etat peut tout oser, sous prétexte
d'appel direct au peuple, il n'y a plus rien de stable, aucune
institution ne tient, c'est la révolution en permanence...
Quand les questions sociales les plus redoutables sont cha
que jour agitées par des foules formées par vingt ans de
despotisme au seul culte de la matière, du succès et du
fait accompli, êtes-vous bien sur que jamais, du sein de ces
(4) hl.
(5) 2 mai 1870, n° 32. Article de Pocquet.
(6) 6 mai, n° 54. Article signé par de la Digne-Villeneuve, Philoii/c,
Pocquet.
(7) l mai 1870, n° 53 376 LE PLÉBISCITE EN ILLE-ET-VILAJNE
foules sans frein, sans loi, sans Dieu, il ne sortira pas tout
d'un coup, peut-être après d'effrayantes catastrophes, un
homme qui d'un bond enjambera le pouvoir ? Et puis une
fois-là, voyez donc le plébiscite dans la main de cet homme;
à son tour, il aura à son service l'ignorance des masses,
à son tour, la toute puissance de la centralisation...
Ah ! qu'en fera-t-il ? Songez-y avant de consacrer dans la
main du pouvoir l'œuvre révolutionnaire du plébiscite! » (8)
Ensuite, lui qui a accueilli avec une telle joie les réformes
libérales et le ministère Ollivier (9), craint que le plébis
cite n'ait été voulu par les tenants du régime autoritaire,
prêts à se prévaloir d'une victoire écrasante des oui pour
réclamer de nouveau le pouvoir et rétablir l'ancien état de
choses auquel ils sont restés inébranlablement fidèles.
« ... On ne doit pas perdre de vue qu'en répondant oui, non
seulement on entre dans le jeu des autoritaires qui n'ont
cessé de poursuivre de leur haine, jusqu'à sa dislocation, le
ministère du 2 janvier, ... on prépare un nouveau triomphe
et comme un renouvellement de ce pouvoir personnel contre
lequel les élections de 1869 avaient manifesté l'universelle
réprobation de la France. » ^10) II n'y a d'ailleurs aucun
danger pour l'avenir à voter non. « Et quant à la crainte...
d'ébranler le gouvernement en répondant non, nous la
croyons entièrement chimérique. Avec la pression et l'acti
vité dévorante des agents de l'administration, il n'est guère
à penser que les non puissent jamais balayer les oui ; et
quand même leur nombre serait égal ou supérieur, croit-on
donc que pour cela le gouvernement serait renversé ? Vrai
ment, mais pourquoi et en faveur de qui abdiquerait-il ?
N'a-t-il pas pour étais la centralisation et l'armée ? Non, il
ne tomberait pas pour cela ; mais plutôt il comprendrait
enfin, sans doute, que son seul appui est celui de l'immense
(8) Journal de Rennes, 19 avril 1870, n° 46 (article de la Bigne-Ville-
neuve) et 2 mai, n° 52 (article Pocquet).
(9) A.N. F1 c III, Ille-et-Vilaine, 8. Rapport du préfet, 22 janvier
1870. « Je citerai... l'évolution du Journal de Rennes, organe du parti
clérical, qui avait fait jusqu'ici une opposition ardente à la politique
du Gouvernement et qui, depuis le 2 janvier, appuie les actes du nnu-
■\eau Ministère et lui promet désormais son concours. »
(10) Journal de Rennes, 2 mai 1870, n° 52, art. cit. LE PLÉBISCITE EN ILLE-ET-VILAJNE 377
majorité des Français qui veulent à la fois l'ordre et la
liberté ; que la seule issue possible, c'est la voie dans
laquelle il marchait depuis le 2 janvier, et où décidément
il n'aurait plus qu'à s'engager sans réticence ni arrière-
pe

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