Le « Prince aux lis » de Knosos reconsidéré - article ; n°1 ; vol.103, pg 29-50
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1979 - Volume 103 - Numéro 1 - Pages 29-50
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Coulomb
Le « Prince aux lis » de Knosos reconsidéré
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 103, livraison 1, 1979. pp. 29-50.
Citer ce document / Cite this document :
Coulomb Jean. Le « Prince aux lis » de Knosos reconsidéré. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 103, livraison 1,
1979. pp. 29-50.
doi : 10.3406/bch.1979.1976
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1979_num_103_1_1976οβ
LE « PRINCE AUX LIS »
DE KNOSOS RECONSIDÉRÉ
La reconstitution du « Priest-king» de Knosos, au Musée archéologique d'Héra-
cléion, est l'une des pièces les plus impressionnantes de l'art plastique minoen.
Pourtant, cette reconstitution, réalisée en 1926 par M. Gilliéron fils, à partir d'un
certain nombre de fragments de stuc peint trouvés par Sir Arthur Evans en 1901
dans une des salles de l'aile Sud du palais de Knosos1, suscite depuis longtemps
des réserves de la part de quelques spécialistes de l'art crétois. Le profane lui-même
voit aisément qu'une grande partie du personnage est faite de peinture destinée à
compléter, de manière très hypothétique, les véritables fragments.
Depuis quelques années, plusieurs fresques de Knosos ont été enrichies ou modif
iées, en particulier grâce aux recherches de N. Platon et de M. Cameron. Nous allons
essayer de montrer que la reconstitution du relief du « Prince à la couronne de lis »
devrait, elle aussi, être entièrement repensée.
Il nous semble bon et utile, tout d'abord, de rappeler les circonstances de la
découverte des fragments, puis l'argumentation d'A. Evans en faveur de la recons
titution. Nous exposerons ensuite nos arguments qui montrent, croyons-nous, les
erreurs d'interprétation commises par A. Evans et les deux peintres qui travaillaient
sous sa direction, MM. Gilliéron, père et fils2.
[Note de la Rédaction : L'auteur de cet article n'est pas archéologue de profession : il est docteur en
médecine. C'est en anatomiste qu'il étudie la plastique minoenne, à laquelle il a déjà consacré plusieurs articles
dans des revues et des communications à des congrès.]
L'ouvrage de Sir Arthur Evans, The Palace of Minos al Knos$os, est cité : Palace.
(1) J. Raison, Le grand palais de Knossos, répertoire photographique et bibliographie (1969), photo CXLVII
(et plan L). La salle (ou corridor) de la photographie est une des « reconstructions » qu'A. Evans crut utile
d'effectuer à Knosos ; l'effigie du « Prince » appliquée sur son mur Est est une réplique du relief du musée.
Les fragments furent trouvés dans la pièce taillée dans le flanc de la colline et située sous le plancher de la
salle reconstituée. Voir également : J. Boardman, The Date oflhe Knossos Tablets {in : On the Knossos Tablets
[1963]), p. 10, flg. 1-16 et L. R. Palmer, A New Guide to the Palace of Knossos (1969), plan I, 74.
(2) Je remercie bien vivement M. Jacques Raison et le Prof. Paul Faure qui m'ont communiqué les
documents bibliographiques indispensables à la préparation de cette étude ; leurs précieux conseils ont été
nécessaires pour sa rédaction. 30 JEAN COULOMB [BCH 103
I
L'histoire de la découverte des fragments du relief nous est contée par A. Evans
et par D. Mackenzie. La relation de cette découverte, de la main des inventeurs,
mérite d'être scrutée très attentivement.
A. — A. Evans écrit3 : « Au-dessus du niveau du plancher de cette salle, près de son
mur Est, à environ 1 m au-dessous de la surface, ont été découverts une série de fragments
de bas-reliefs en gesso-duro représentant des personnages masculins (noter le pluriel). Gomme le
relief du taureau découvert en 1900, ces fragments de plâtre étaient peints. La première
pièce importante ramenée à la lumière représentait la partie postérieure et l'oreille d'une
tête masculine portant une couronne, la partie supérieure de celle-ci consistant en une rangée
de fleurs-de-lys (en français dans le texte) avec l'une d'elles plus haute au centre... Le motif
de la fleur-de-lys (id.) se retrouve dans les anneaux d'un collier autour du cou d'un torse
masculin trouvé près du relief de la couronne... Il est probable qu'une partie d'un relief d'un
manteau bleu avec des plis recourbés et rayé de fines lignes ondulées et incisées, qui a été
trouvée à côté, appartenait au même personnage. Le torse masculin avec le collier aux lis
appartient à un autre personnage (sic). Il est aussi exécuté en bas-relief et, en dépit de cer
taines particularités conventionnelles telles que la taille étroite et le pouce allongé, il montre
une technique de modelage extraordinaire. Les muscles pectoral, deltoïde, biceps et ceux de
l'avant-bras sont rendus de façon très précise. En plus d'autres menus fragments, la cuisse
et la plus grande partie de la jambe d'un autre personnage (sic) ont aussi été trouvées près du
torse. La fesse est légèrement proéminente mais une grande attention a été portée au dévelop
pement musculaire. Les reliefs sont tous à l'échelle % et la peau était à l'origine colorée en
rouge brun comme pour les hommes des fresques, quoique ici ce coloris soit plus atténué.
Dans le cas du torse masculin, les lis du collier semblent avoir été fixés en pièces séparées et
colorées comme s'il s'agissait de représenter un ornement métallique. Cette décoration se
détache vivement par sa couleur vermeille de la couleur fanée de la surface du torse. » Et
A. Evans de conclure son chapitre en écrivant : « L'attitude et le poing fermé peuvent suggérer
un boxeur ».
Que retenir de cette description ? Deux choses capitales :
1) A. Evans, lors de la publication de sa découverte des fragments, envisage
que ceux-ci appartiennent à deux sinon trois personnages.
2) II écrit que le torse évoque celui d'un boxeur.
Dans le résumé adressé à R. G. Bosanquet pour sa chronique du JHS de 19014, A. Evans
écrit : « ...mais d'un plus grand intérêt encore pour l'histoire de l'art antique sont les parties
de personnages humains (noter le pluriel) en relief de stuc peint, ramenées à la lumière pour
la première fois. Le modelage des membres et des muscles montre un naturalisme s'attachant
au moindre détail, tel que le dessin des veines, ce qui paraît plus dans l'esprit de la Renaissance
(3) A. J. Evans, « The palace of Knossos. Provisional Report of the Excavation for the Year 1901 »,
BSA, 7 (1900-1901), chapitre 5 : The Southern wing and its painted Reliefs, p. 15-16, fîg. 6.
(4) R. G. Bosanquet, JHS, 21 (1901), p. 334-336. LE (( PRINCE AUX LIS )) DE KNOSOS 31 1979]
italienne que dans celui de l'antiquité classique. La face n'a cependant pas été trouvée mais
la partie arrière d'une tête masculine présente un intérêt exceptionnel. Elle est surmontée
d'une couronne, dans le même relief en stuc, représentant une série de fleurs de lis inclinées
et dont celle du centre est plus haute que les autres. Un fragment de corps, n'appartenant
probablement pas au même personnage, a aussi été conservé; il porte une sorte de collier
honorifique, avec le même motif de lis, autour du cou. »
II apparaît donc que, comme dans la publication du BSA, A. Evans écrit que
les fragments découverts appartiennent à des personnages différents.
B. — Le récit de la découverte des fragments par D. Mackenzie est très instructif5.
Ceux-ci ont été exhumés pendant la semaine du 11 au 18 mai 1901.
— Samedi 11 mai : « Ici, tard dans la journée, dans le deuxième espace au Nord de la
salle au « clay signet», adjacent à un mur Nord-Sud, face Ouest de ce mur, ont été trouvés à
une profondeur de seulement 30 cm de grands fragments d'une fresque en relief représentant
une jambe masculine ? grandeur nature avec d'autres fragments ayant une draperie en relief. »
— Lundi 13 mai : « Dans l'espace au Nord de la salle au « clay signet », où ont été trouvés
samedi d'importants fragments d'une fresque en relief représentant la jambe d'un personnage
masculin ?, des fragments de fresque ont continué à apparaître pendant toute la journée,
parmi lesquels des morceaux de draperie en relief tr

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