Le rituel des puits chez les Aulerques Cénomans - article ; n°4 ; vol.84, pg 7-27
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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1977 - Volume 84 - Numéro 4 - Pages 7-27
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Publié le 01 janvier 1977
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Langue Français
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J. Biarne
Le rituel des puits chez les Aulerques Cénomans
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 84, numéro 4, 1977. pp. 7-27.
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Biarne J. Le rituel des puits chez les Aulerques Cénomans. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 84, numéro
4, 1977. pp. 7-27.
doi : 10.3406/abpo.1977.2909
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1977_num_84_4_2909Le rituel des puits
chez les Aulerques Cénomans
par J. BIARNE
Les découvertes de puits rituels se sont multipliées au cours des
dernières années dans le département de la Sarthe qui correspond
en gros à l'ancienne civitas des Aulerques Cénomans. Les premières
découvertes remontent à la fin du siècle dernier, à Saint-Rémy-des-
Monts près de Mamers dans le nord-ouest du département et avaient
été suivies de celles faites au Mans entre 1912 et 1918. Les archéo
logues influencés par la lecture de l'abbé Baudry (1), mais aussi
par l'absence de monuments funéraires, y virent des sépultures. En
1836, les érudits locaux (2) plaçaient le cimetière antique du Mans
autour de l'abbaye du Pré : celui du Bas-Empire et probablement
des premiers chrétiens (3). Mais il s'agissait naturellement de tombes
à inhumation. C'est pourquoi les découvertes récentes ont été encore
qualifiées de puits funéraires par la plupart des fouilleurs.
Aussi le vieux débat qui avait opposé, il y a bientôt un siècle,
l'abbé Baudry à Lièvre (4), n'est-il pas clos. Le premier, enthou
siasmé par ses découvertes reprenait les idées de Quicherat (5) sur
les puits funéraires. Le second formulait des critiques de bonne
méthode mais aboutissait à des conclusions peu satisfaisantes : les
puits auraient été des latrines (en pleine campagne ?) ou des dépot
oirs. Aujourd'hui enfin, certains donnent à leurs puits une voca-
(1) F. Baudry et L. Ballereau, Les puits funéraires gallo-romains du Bernard
(Vendée), 1873.
(2) Etoc Demazy. Essai sur les Sépultures du Mans et de ses environs, 1836.
Real Enc, article « Vindinum » : 2 inscriptions funéraires.
(3) A. Ledru, Répertoire des Monuments et Objets anciens du département
de la Sarthe, 1911.
(4) F. Lièvre, « Une méprise archéologique : les puits funéraires ». Mémoires
de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 16, 1893. Contre lui : M. Baudouin,
« Preuve scientifique que les puits funéraires ne sont pas des pourrissoirs ».
Bulletins et mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, 6, série 2,
1911 (p. 13 à 23).
(5) J. Quicherat, « Rapport sur l'état de la question des puits funéraires ».
Revue des Sociétés Savantes, 1866. ANNALES DE BRETAGNE 8
tion utilitaire et parlent de puits à eau (6). Mais, de plus en plus, une
autre solution se dessine qui se marque par l'appellation de puits
rituel (7). C'est ce dernier terme que nous avons adopté car il mar
que une vocation religieuse générale, sans éliminer la possibilité
d'un usage funéraire dans certains cas.
Deux conclusions se dégagent actuellement. Il apparaît avec certi
tude que les puits sont liés à un ensemble d'autres coutumes. Déjà
au Bernard, l'abbé Baudry notait la présence de fosses (8) ; à
Sarthe.
(6) Par exemple : S. J. de Laet, « Les fouilles à Dertelbergen », Archéologia,
30, 1969, p. 57-69, ou plus récemment encore M. H. et J. Sautrot, D. Tassaux,
« Le mobilier d'un puits gallo-romain à Saintes », Gallia, 33, 1975 (1), p. 117-158.
(7) Bon état de la question ici même. Annales de Bretagne et des pays de
l'Ouest, 81, 1974 (2), sous la plume de R. Sanquer, « Les puits rituels des
Namnètes », p. 249-251.
(8) Baudry, op. cit., p. 203-235. ANNALES' 9' DE BRETAGNE
Holzhausen, les puits étaient associés à une fortification quadran-
gulaire (9). On découvre ces puits de la Bavière à l'Aquitaine, sur
tout l'espace que les Celtes ont occupé. Usage étrange d'ailleurs
pour un peuple migrateur, qu'on songe au puits n° 3 de Holzhausen
avec ses 35 m de profondeur ! Pour ces deux raisons on n'arrivera
à comprendre le rôle de ces puits que par une vue d'ensemble per
mettant d'expliquer le rite, ses variétés régionales, et elles sont
nombreuses (puits à amphore au nord des Pyrénées, puits à dépos
ition d'animaux dans l'Ouest, puits à sacrifice de Normée [10],.
etc.), son évolution dans le temps, les formes auxquelles les puits,
sont liées ici ou là.
Il est donc nécessaire de continuer le travail commencé ici même
sur les puits des Namnètes (11), d'autant plus qu'il n'existe pas de
publication d'ensemble de puits rituels trouvés dans la Sarthe (12)..
Les découvertes récentes ont été publiées de façon plus ou moins
complète, parfois seulement mentionnées, sans plan ni coupe. Enfhv
une dernière trouvaille mérite d'être étudiée en détail : au printemps
de 1975, le Laboratoire d'Archéologie de l'Institut d'Histoire de la
Faculté des Lettres du Mans a pu faire une fouille à Allonnes, près
du Mans, sans être bousculé par les travaux urbains. Nous avons
trouvé un ensemble cohérent qui peut fournir quelques indications..
Catalogue des puits rituels chez les Aulerques Cénomans.
Abréviations :
B.S.A.S. : Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et
Arts de la Sarthe.
P.M. : La Province du Maine.
R.H.A.M. : Revue Historique et Archéologique du Maine.
V.M. : La Vie Mancelle.
Saint-Rémy-des-Monts
— G. Fleury, R.H.A.M., 10, 1881, p. 104-124 (repris dans Mélanges
d'Archéologie et d'Histoire, t. I, Mamers, 1903).
— E. Aubin, Bulletin de la Société Préhistorique de France, 1909,
p. 13-15.
— P. Vay, B.S.A.S., 4e s., 7, 1970, p. 288-304.
Une trentaine de puits dans une ballastière ouverte lors de l'amé
nagement d'une ligne de chemin de fer, vers 1880. On y repéra l'em
placement villa gallo-romaine, fouillée depuis, au lieu dit « Les
Terres Noires » (!). Quelques puits seulement purent être fouillés.
(9) K. Schwarz, « Zum Stand der Ausgrabungen in der spàtkeltischen Vier-
eckschanze von Holzhausen » dans Jahresbericht der bayerischen Boden-
denkmalpflege, Munich, 1962.
(10) K. Schwarz, op. cit., p. 59-70.
(11) R. Sanquer, op. cit.
(12) Les limites de la civitas des Aulerques Cénomans est un problème
compliqué que nous n'aborderons pas ici. ANNALES DE BRETAGNE 10
De 1,20 m de largeur, ils avaient une forme cylindrique sur 2 m de
profondeur sans revêtement intérieur, creusés dans un banc de
sable argileux assez solide. Fermés par un ou deux lits de pierres
calcinées avec fragments de tuiles, ils contenaient de la poterie et de
gros os avec cendre et charbon de bois au-dessus, cendre, noyaux et
coquilles au fond. Les deux couches étaient séparées par un lit de
terre. Quelques puits avaient une forme évasée (Planche IIi). Ils
étaient distants les uns des autres de 4 à 11 m (sauf deux, proches
de 0,40 m).
Le puits le plus important faisait exception : plus profond, il
comportait un parement intérieur de pierres sèches adossées à un
blocage (planche II2). Le fond atteignait la nappe phréatique et
contenait un coffret en bois de chêne avec couvercle à charnières de
cuir et fermeture par un gros crochet. Il ne s'y trouvait que des
noyaux de pêche et des coquilles de noix. La stratigraphie était fo
rmée de couches de cendres et charbons, séparées par des lits de
terre. Elles contenaient des os, de la céramique grise et noire, des
cornes d'urus, un andouiller et des haches en pierre polie. Une
calotte de pierre recouvrait l'ensemble.
Un puits avait une forme d'entonnoir (planche II3). Les parois
étaient maçonnées d'argile. Les couches se succédaient comme préc
édemment, avec des fragments de sigillée décorée et au milieu un
vase de céramique grise rempli de terre et d'os calcinés (planche II5),
fermé par une brique et recouvert d'un autre vase noir renversé sur
lui. Un morceau de meule, découvert à proximité, provenait peut-
être de la couverture.
Un troisième puits était charpenté. Les madriers carrés de 0,60 m
de longueur su

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